Une fois rentré chez moi, je m’allongeai sur mon lit. Je regardai l’obscurité s’engouffrer de plus en plus au dehors, en silence. J’essayai de me reposer un peu, car je savais que je n’allais que peu dormir, cette nuit là. Pour mes parents, même pour Bastien, la journée était terminée. Mais pour moi, il me restait encore quelque chose à faire. Quand la nuit fut parfaitement installée, je me levai de mon lit, pris une lampe, mon sac et je m’engouffrai au dehors de ma maison, me dirigeant en courant vers l’hôpital.
L’ambiance de la ville de nuit était en tout point différente de ce que je pouvais expérimenter constamment en journée. Plus de voiture, plus de passants, quelques chats vadrouillaient en quête du jour, ou de quelque chose à manger. Quelques lampadaires dont la lumière vacillait accompagnaient ma route. Une fois devant l’hôpital, j’entrai le plus discrètement possible jusque dans le couloir sombre. Il n’y avait personne dans le couloir, pas même l’infirmière, ce qui m’arrangea beaucoup. J’ouvris la porte doucement, et je fis face à une pièce endormie dans un noir profond. Évidemment, à cette heure-ci, Béryl dormait, mais ça ne m’arrêta pas. Je fermai la porte, m’approchant le plus doucement possible. Ma sœur fut réveillée très rapidement après quelques brèves secousses. Pour l’empêcher d’avoir peur, je chuchotai :
« Béryl, c’est moi, Aïden.
– Aïden ? »
Choquée, elle avait néanmoins compris qu’il n’était pas le moment de faire du bruit. Elle protesta néanmoins assez vivement :
« Tu es vraiment gonflé, Aïden ! Je t’ai attendu toute la journée comme une folle, tu m’avais dit que tu viendrais aujourd’hui !
– Et bien, je suis venu aujourd’hui. »
Ne trouvant rien à redire, Je sentis Béryl se redresser et croiser les bras en signe de désapprobation.
« Bon, on a pas beaucoup de temps. Enfile ça, et je t’embarque.
– Quoi ?
– Je te l’avais dit, non ? »
Ne cherchant plus à comprendre, Béryl se leva, agile dans l’obscurité et alluma la petite lampe sale. Elle me vit poser tout un tas de vêtement en toute hâte sur son lit.
« Mais… Aïden, qu’est ce que tu fais ?
– Lunettes de soleil, écharpe, pantalon rembourré, masque, gants, chaussettes de ski. Allez, enfile ça ! On a pas beaucoup de temps. »
Parfois, quand l’incompréhension est trop grande, on arrête de réfléchir. Ce fut sans doute le cas pour Béryl cette nuit là. Elle m’obéit, enfilant bottes, pantalon, sweat, capuche et lunettes de soleil. Alors que je la contemplai une fois tout enfilé, je déclarai :
« Non, enlève les lunettes de soleil et l’écharpe pour l’instant. On va se faire repérer.
– Comment je vais faire, alors ?
– Tu vas juste fermer les yeux, très fort, et ne pas les ouvrir avant que je te le dise. Tu t’agripperas à mon bras et tu vas me suivre, ok ? On va faire vite.
– D’accord.
– Tu es prête ? »
Elle rangea les lunettes dans la poche du sweat, éteignit la lumière de sa chambre, et sentis sa main s’agripper à ma veste. Je hochais la tête, pour moi même, et j’ouvris la porte vers la liberté.
J’essayai de rester calme, mais en vérité mon cœur battait la chamade. Il me sembla exploser encore plus quand nous allions quitter le petit couloir sombre pour l’aile principale de l’hôpital. Je soufflai à nouveau :
« Tu es prête ?
– Oui.
– Tu baisses la tête, tu fermes bien les yeux et tu ne me lâches pour aucun prétexte. Ok ?
– Ok. »
Je sentais la tension palpable de ma sœur et mon cœur explosait davantage. Mais je passais la porte, vers la lumière. Jamais celle ci ne me parut si aveuglante. Concentré pour paraître normal face au monde nous entourant, je marchai d’un pas rapide et en silence. Ma sœur me suivait à la perfection, presque moins suspecte que moi. Et sans encombre, nous passâmes la porte de l’hôpital.
Je m’éloignai un peu dans la rue sombre avant d’éclater de rire nerveusement. Ma sœur leva la tête vers moi, sans ouvrir les yeux.
« C’est bon, on est dehors, Beryl !
– Oui, je sens ça... »
Elle était perturbée, il n’y avait même pas besoin de la voir pour que je le sache. A vrai dire, moi aussi je l’étais ; c’était la première fois que j’étais dans le monde extérieur avec ma sœur. Mais je ne perdis pas les pédales pour autant.
« Bon, mets une écharpe en plus du masque, et mets tes lunettes de soleil avant d’ouvrir les yeux.
– On est pas dehors ?
– Oui, mais je ne sais pas si la lumière des lampadaires est trop forte pour tes yeux. »
Sans protester, elle enfila avec des mains tremblantes l’écharpe et les lunettes. Quand je vis s’ouvrir ses yeux derrière le verre noir, je compris qu’elle n’était pas loin de pleurer. Je la serrai fort dans mes bras.
« On a réussit le plus dur, Beryl !
– Oui, mais il fait nuit… Comment veux-tu me montrer le soleil ?
– Ne t’inquiète pas, je sais ou on va le trouver. Suis moi. »
Je lui pris sa main gantée pour l’emmener jusqu’au vélo de Bastien. Celui-ci l’avait équipé exprès d’un petit siège supplémentaire pour ma sœur. Je le remerciai mentalement, quand ma sœur fixait l’appareil sans trop comprendre.
« C’est un vélo, on va s’en servir pour aller à l’endroit où je veux t’emmener. Attends, je vais t’aider à t’installer. »
Je l’aidai à s’asseoir dessus, alors qu’elle restait comme incapable de comprendre ce qui se passait. Elle me prit le bras, et je vis qu’il tremblait. Inquiet, je lui demandai :
– Ça va ?
– Oui… »
Elle avait le regard dans le vague, grand ouvert sur le vide. Sa main se referma davantage sur mon bras, serrant de plus en plus, jusqu’à presque me couper la circulation, mais le reste de son corps restait totalement immobile. Sa respiration commençait a accélérer, et je compris un peu tard qu’elle était en état de choc. Je me mis devant ses yeux vitreux.
« Hé, Béryl, si ça ne va pas, je te ramène, ce n’est pas grave. Je ne veux pas te faire de mal.
– Non, non… Je veux pas…
– Béryl ? »
Je me stoppai instantanément.
« Tu veux qu’on arrête ? »
Elle se mit alors à pleurer, assise sur le vélo, et son corps commença à se tortiller nerveusement. Perdu, je ne savais plus ce qu’il fallait que je fasse. Embêté, je lançai.
« Bon… Je te ramène, alors ?
– Non ! »
Elle avait presque crié, ce qui me figea de surprise.
« Non… Je veux voir. c’est juste que… C’est trop… C’est beaucoup… »
Je commençai alors à comprendre pourquoi la plupart des nouveaux-nés pleuraient à leur premier jour sur terre. Je la serrai contre moi, affectueusement.
« C’est beau, le monde, hein ?
– Oui…
– Bon. Je vais te laisser un peu de temps pour emmagasiner le choc. Dis moi quand tu es prête pour continuer. »
Béryl hocha la tête, et continua de pleurer, immobile. Malgré l’épaisseur de vêtement dont je l’avais couverte, j’avais peur qu’elle prit froid, et restai contre elle pour la protéger du vent. Elle ne dut pas m’en vouloir, car ses mains s’agrippèrent à mon dos. Malgré son état de mutisme, je continuai à lui poser des questions. Après tout, moi aussi j’étais remué.
« Tu n’as pas trop froid ? Pas trop chaud ? Tu te sens bien ? Tu n’as pas de vertiges, pas de mauvaises sensations ?
– Non… Mais tout est nouveau… »
Je m’assis à terre, face à elle. Sans doute que la regarder sans lui parler pouvait la stresser davantage, mais je ne pouvais pas me résoudre à ne pas être prêt à la moindre aggravation. Je forçai ma respiration à se calmer, et je prenais de l’air le plus lentement possible, l’incitant à m’imiter. Au bout de quelques minutes, je l’entendis renifler dans son masque, et elle me regarda intensément a travers ses lunettes.
« Je suis prête.
– Ok… Alors tu t’accroches bien à moi et tu ne me lâches sous aucun prétexte ! On va décoller. »
Je m’installai sur la selle et lançai un léger coup de pédale. Le vélo parti presque instantanément d’un coup sec, et ma sœur cria de surprise. Je me mis à pédaler assez calmement tout d’abord, de peur que ma sœur fasse une nouvelle crise de panique, mais une fois le premier plongeon fait, le reste semblait bien plus facile à avaler. Sous l’effet de la sensation du vent frôlant nos oreilles avec la vitesse, j’entendis Béryl crier de joie, et alors j’accélérai la cadence le plus vite possible, les lampadaires se succédant à toute vitesse.
« Tu arrives à voir la ville, malgré les lunettes ? Criai-je.
– Oui ! »
Elle était encore en train de pleurer, je crois que cette fois ci, c’était de joie.
Je sortis de la ville en silence, m’éloignais des lampadaires. Bientôt il faisait nuit noire, la route éclairée seulement par la petite lampe du vélo de Bastien. Le vent froid qui soufflait dans mes cheveux, s’engouffrant dans les manches de ma veste, ne faisait que me rappeler la chaleur agréable dans mon dos, qui s’agrippait de toute ses forces pour ne pas tomber. A force de pédaler, je me retrouvais bientôt sur les routes caillouteuses des champs aux alentours de mon lycée. Alors je ralenti et m’arrêtai en douceur au milieu du chemin en me tournant vers Béryl.
« Il va falloir descendre, princesse ! La suite du chemin se fera à pied. »
Elle hocha la tête, encore tremblante et descendit avec nervosité. Je posai avec attention le vélo de Bastien sur le bord de la route. Une fois le véhicule un petit peu camouflé, je pris la main de ma sœur.
« Si ça devient trop dur pour toi, dis-le moi, je te porterai. »
Elle acquiesça. Nous commençâmes l’ascension sur le petit plateau où j’allais si souvent. Comme je le pensais, il ne lui fallut pas quelques minutes avant de finir complètement essoufflée, son corps étant totalement amoindri par ses longues années d’inactivités. Très vite, je pris pitié en la voyant traîner la patte, alors je m’arrêtai, mis mon sac sur le ventre, la prit sur mon dos, et continuai l’ascension. Je me rendis compte à quel point elle était légère, alors que je grimpais, presque à quatre patte, a un rythme que je pouvais tenir. Elle me semblai très fragile, sa tête posée contre la mienne, son souffle chaud contre mon oreille. Et pendant que je montais, je sentis son bras prendre ses lunettes et les retirer. Je demandai :
« Tu n’as pas mal ?
– Non, ça va. Il n’y a quasiment plus de lumières, ici. »
Effectivement, le champ de tournesol était tout comme mon lycée un peu en bordure de notre petite ville sur la montagne. Il n’y avait plus d’éclairage public, plus de phare, plus de lumière de vélo. Je marchai dans l’obscurité la plus pure, sous un ciel étoilé, les yeux grand ouverts et attentifs sur le peu que je voyais du sol. Ma sœur murmura encore :
« Tous ces points dans le ciel, ce sont les étoiles, n’est-ce pas ?
– Oui. Ça fait longtemps, hein ?
– Dans ma chambre, les volets sont scellés, pour être sûr que je ne fasse aucune bêtise, involontairement ou non. Et je n’ai pas le droit de sortir sous aucun prétexte… »
Elle eut l’air de réfléchir pendant une courte inspiration.
« Je crois qu’avant, quand j’étais encore à la maison, je pouvais les voir. Avec la lune.
– Oui, on regardait souvent les étoiles à travers le velux du grenier. Je crois que papa l’avait fait installé exprès, d’ailleurs. Si le jour tu n’avais pas le droit de sortir de ta chambre sombre, la nuit on était bien plus libre, tant que tu étais avec moi. Tout s’était toujours bien passé, je crois, non ? »
Je sentis sa tête acquiescer contre la mienne. Elle reprit alors :
« Pourquoi il n’y a pas de lune, aujourd’hui ?
– Parce que c’est une nuit de nouvelle lune. C’est le début du cycle, entre la pleine lune ou la face visible est totalement éclairée par le soleil, et le premier croissant, ou seule une toute petit partie de la lune est éclairée.
– Tu expliques mal. »
Elle avait un ton légèrement moqueur qui me piqua au vif. Au fond de moi, je ne pus m’empêcher de regretter d’avoir fait que dormir pendant mes cours de physique.
« Mais ça veut dire alors qu’il existe régulièrement des moments ou on est plus du tout éclairé par le soleil sur terre ?
– Je ne sais pas si un astronome serait bien d’accord avec toi, mais je pense que oui, tu peux le comprendre comme ça… »
Et je sentis son corps se détendre davantage dans mon dos. Elle semblait heureuse. Je rajoutai :
« Et tu sais quoi ? Les nuits de nouvelles lunes sont très appréciées pour les amateurs du ciel. Déjà, elle considéré comme le renouveau, le point de départ du cycle, et ensuite l’absence de la lune permet de pouvoir bien mieux observer les étoiles qui peuvent être effacée par la lumière de la lune d’ordinaire… C’est plutôt bien, non ? »
La tête de ma sœur se décolla de la mienne, et se redressa en l’air. Elle du rester jusqu’à mon arrivée ainsi, a contempler ces millions de petits points brillants et faible, posé comme au hasard dans l’immensité du ciel noir. Quant à moi, je manquai de trébucher plusieurs fois, mais j’arrivai à bon port jusqu’à mon point de vue ou j’allais d’ordinaire. Je m’arrêtai, et posais Béryl à terre sans un mot. Même si elle était très légère, je fus quand même heureux d’être arrivé.
Béryl avait des grands yeux ronds qui s’activaient sur le moindre recoin du panorama. Il y avait beau avoir très peu de lumière, nous étions habitués à l’obscurité, et nos yeux ainsi pouvait admirer la beauté du paysage nocturne. En contrebas, les tournesols, fidèles et fragiles, tremblaient au fil du vent. Je m’assis à terre, et ma sœur me suivit. Bientôt, elle était collée à moi, sa tête sur mon épaule, mon bras retenant son corps. En silence, nous apprécions ce trésor rare et précieux que l’on s’était offert, et qui ne risquait sûrement pas de se reproduire, de pouvoir admirer tout simplement un même paysage, ensemble, au même moment. Après un long moment de silence et d’émerveillement, Béryl me demanda enfin d’une voix douce.
« Il est où, alors, ton soleil ?
– Tu ne le vois pas, en bas ? C’est le champ de fleur, en contre-bas.
– Ce sont des soleils ?
– Oui, c’est comme ça qu’on les appelle, en tout cas. Les tournesols. »
Et d’un bref mouvement, je pris à nouveau mon sac, et en sortait une des fameuses fleurs de soleil.
« Tiens, en voilà un pour toi. En souvenir. »
Elle eut un moment d’incompréhension. Pendant quelques minutes, elle se contenta de fixer simplement, la fleur jaune immense, dont le cœur devait bien faire la taille de ma main. Après une longue hésitation contemplative, elle se risqua à frôler le bout de ses doigts gantés sur la tige. Le contact dut lui paraître étrange, car elle retira sa main, comme si elle avait été brûlé.
« C’est vraiment pour moi ? Comme c’est joli…
– Je ne pouvais pas te la montrer sans te montrer l’endroit où je l’ai recueillie, expliquai-je, heureux de l’effet de mon cadeau. Tu peux la toucher, ne t’inquiète pas, ça ne pique pas. »
Elle ne pouvait plus en détacher son regard, caressant les longue pétales flamboyantes du bout des doigts, humant l’odeur.
« Pourquoi ne l’as-tu simplement pas cueillie tout à l’heure, avant de monter ? Elle aurait pu s’abîmer, dans ton sac…
– Le pollen des fleurs de tournesol est assez fort. J’avais peur que tu en sois allergique, donc j’ai préféré en sécher une, pour qu’il y ait moins d’ennui. Et aussi, je pense que si j’avais coupé une fleur au hasard, sans en parler à ma future patronne avant, je me serai fait dévisser la tête !
– Ta future patronne ?
– Oui, je vais bientôt travailler quelques mois dans ce champ. Je vais passer mon temps au milieu des tournesol, à les soigner et essayer de les reproduire.
– Je suis donc à un endroit ou tu vas régulièrement ?
– Oh, tu n’as pas idée ! Il y a beaucoup de photos que j’ai prises d’ici, d’ailleurs. Mon lycée est pas très loin… »
Si pour moi, ça ne semblait pas si important, je crois que ma sœur rayonna davantage. L’idée de ne pas être dans un endroit spécialisée pour elle devait lui être incroyable. Mais elle ne répondit rien. Elle serra sa fleur séchée contre elle, sincèrement émue. Je demandais alors avec une petite voix gênée :
« Bon… Je suis désolé, ce n’est pas un vrai soleil… Mais ça te va quand même ?
– C’est parfait. Merci, Aïden. »
Et posant sa fleur sur les genoux, elle reposa sa tête sur mon épaule. Une petite goutte d’eau me tomba sur le genoux, et je me sentis stupide d’avoir pensé quelques secondes à une quelconque pluie. Je la serrai davantage contre moi. Et dans ma tête, cet instant se grava à jamais.
Très vite, néanmoins, la fatigue nous prîmes à revers. Béryl n’avait sûrement pas l’habitude de veiller et de mon coté ma journée avait déjà été très longue. Sentant son corps s’appuyer de plus en plus contre moi et mes yeux se fermer tout seul, je me frappai énergiquement les cuisses.
« Bon ! Il ne vaudrait mieux pas s’endormir là. On rentre ? »
Même si ma sœur avait eu l’envie de protester, son état de fatigue ne lui permit pas de lutter. Je la repris sur mon dos, descendant en silence le chemin vers la plaine. Ma sœur dut s’endormir sans doute un peu sur mon dos. Toute adrénaline m’avait quitté ; j’avais accompli ma mission, elle était un succès. Désormais, tout pouvait arriver, ça m’était égal, car j’avais accompli le plus important à mes yeux. Je retrouvai avec un peu de peine le vélo de Bastien dans l’obscurité. Nous retournions à l’hôpital, avec une vitesse réduite et une énergie moindre ; comme si nous venions de parcourir un monde entier en l’espace de quelques heures.
Une fois devant l’hôpital, il fallut refaire la manœuvre que nous avions faite pour sortir. Béryl ferma les yeux, enleva ses lunettes de soleil remise à l’entrée de la ville, ferma les yeux et s’accrocha à ma manche. Mais le stress était réduit, désormais ; même si nous étions pris, le mal était fait, et plus rien ne pouvait y changer. Mais nous ne fûmes pas arrêté ; le retour jusqu’à la chambre sombre fut sans encombre. Béryl se changea pour sa tenue d’hôpital alors que je récupérai calmement mes affaires. Elle posa sa fleur de tournesol séché sur la table et s’allongea dans son lit, se tournant vers moi. Elle me fixa de ses yeux rouges et bleus clairs, avec un petit sourire comblé à mon encontre. Je lui souris en retour, et lui fis rapidement un petit bisou sur le front.
« Bonne nuit, Béryl ?
– Bonne nuit, Aïden. »
Je me dirigeai vers la porte, m’en retournant vers la sortie, quand Béryl m’appela à nouveau.
« Aïden ?
– Oui ?
– Merci, Aïden. »
Le mot était si simple, et pourtant il sembla couler en moi comme quelque chose d’extraordinairement bon. Mon cœur battit a nouveau comme à l’annonce d’une course, et semblait couler dans mes veines un tout nouveau sang, mieux oxygéné. Je ne répondis rien d’autre qu’un sourire, qu’elle ne dut peut être même pas voir, avant de passer la porte. Je sortis tranquillement de l’hôpital, essayant de paraître normal parmi les malades de nuit, mais une fois passé la porte de sorti de l’hôpital, je courus jusqu’à chez moi comme un voleur heureux de son larcin.