Nuit sanglante

Notes de l’auteur : Attention ! Ce chapitre est gore à souhait. Mieux vaut avoir le cœur bien accroché.

Alors que je suivais l’odeur qui devenait de plus en plus forte, agressive à mes naseaux, je sentis mon estomac se nouer. Il gronda de telle manière que j’en perçus des tremblements dans tout le corps.

   J’étais alors pris de spasmes incontrôlables que je tentais vainement de calmer par quelques respirations saccadées.

   Et cette odeur qui ne cessait d’accroître, me narguait ; elle me semblait si proche et pourtant j’avais beau, pour le moment, regarder à chaque ruelle, je n’apercevais rien. La ville me restait déserte.

   Puis, je commençai à la sentir ; la faim.

   Pas la petite faim capricieuse d’un instant, non ; c’était celle que l’on ressentait lorsqu’on avait pas mangé durant des semaines et des semaines.

   Ce que je humais me parut alors fort alléchant. Je sentais la chair, le parfum d’une peau. Je me mis donc à imaginer le goût que cette dernière pouvait avoir. J’en étais même venu à saliver.

   Zut ! Ma raison ma raison foutait le camp et la bestialité qui m’animait prit le dessus.

   Ce fut à ce moment que je les entendis. Des rires. Lointain, certes, mais qui parvenaient à mes oreilles devenues affûtées avec la métamorphose.

   Je me dirigeai en direction du bruit, bavant comme jamais, la salive gouttant et martelant le sol sous mes pas.

   Je ralentis alors la cadence, allant plus doucement afin de ne pas attirer l’attention.

   Les rires retentirent plus fort. Ils étaient tout proche. Je luttai alors contre cet appétit vorace, craignant le pire.

   Toutefois, je ne pouvais rien contrôler. J’avais beau forcer, j’hurlais intérieurement pour que la conscience se réveillât et revînt à la surface. Un hurlement intérieur qui devint un terrible cri qui éventra le silence même de la nuit. Quelques lumières s’allumèrent alors, et le réalisant, je me cachai.

   Je patientai sans faire aucun bruit.

   Je les vis sortir d’une rue à, j’aurais dit, quelques mètres un peu plus bas. Deux hommes déambulaient en ricanant, la bouteille à la main.

   Quand mes yeux se posèrent sur eux, l’excitation me prit au dépourvu. Les lumières s’éteignirent. Les malheureux marchaient vers un funeste destin et ils n’en avaient conscience.

   Ce fut là qu’un sentiment de frustration me transperça en pleine poitrine, faisant taire la raison que je m’étais efforcé à garder éveillée jusque-là.

   Les voir comme ça, à goûter de cette joie de vivre, alors que j’étais devenu ce monstre hideux. C’en était insupportable. La raison sombra. Les deux hommes se rapprochèrent de plus en plus.

   L’un d’eux poussa un dernier rire qui s’étouffa au fond de sa gorge.

   Il ne réalisa même pas lorsque les crocs se refermèrent sur sa nuque, lui arrachant nette la tête. L’autre poussa un hurlement qui mourut en un supplice. Le sang s’écoula dans le caniveau, tandis que je dépeçais et dévorais goulûment ces infortunés. La chair était tendre et fondait sous le palet.

   Quelques minutes me suffirent, et je finis par nettoyer les os, laissant derrière moi deux squelettes bien propres.

   Le jour se leva ; l’ombre s’évanouit sous les premiers rayons du soleil. 

 

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nolween_eawy
Posté le 08/12/2022
Amatrice de littérature horrifique et de films d'horreur, j'ai survécu à cette lecture très imagée. Hourra pour moi, il faut dire que le gore est assez mon dada, je me suis forgée une carapace. Très belle plume.
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