Chapitre 1
J'ouvrais les yeux. Un homme, penché au dessus de moi, me secouait :
« Allez, viens. Il faut partir d'ici.»
Je le détaillais un peu : grand, nordique, solidement bâti, qui me secouait des ses grosses paluches de paysan. Il portait des frusques brunes en cuir, d'aspect impeccables et de lourdes bottes. En me relevant je voyait ma geôle, puisque c'était ici que je me trouvais, et aperçu la porte ouverte : encadrée par deux autres hommes vêtus l'un d'un tablier de forgeron, l'autre de braies en tissu ocre, mais ceux-ci armés. Mon regard se posa instantanément sur le sang maculant leurs épées, puis sur le cadavre du garde devant la porte... Enfin, ce qu'il en restait... Il s'était visiblement battu.
Un homme m'arracha de ma rêverie en m’empoignant le bras.
« T'est fou ? La garde va revenir ! On dégage !
-Attends, qui est-tu ? Ou est-on ?
-Pas le temps, magne toi. »
Pas le choix. L'homme ramassa la lame du garde et me la tendit. Je grommelais un « Merci » avant de le suivre. Je remarquais bien vite que lui et ses compagnons libéraient consciencieusement tous les pauvres bougres enfermés. Une fois à la porte, nous étions une vingtaine.
Je me dirigeais vers la porte centrale, essayant d'ignorer les ossements et les membres arrachés gisants autours de nôtre groupe. Soudain, le meneur, celui au tablier de forgeron, leva son poing à hauteur de sa tête. Comme un seul homme, la troupe stoppa net, dans un bruit métallique. Car si moi j'avais reçu une épée lambda, d'autres maniaient des haches, des dagues, voir même des pioches où des fourches. Le forgeron, je le nommait ainsi, grommela quelques mots à un des hommes et celui-ci avança la tête, avant de la retirer aussitôt. Son visage arborait une expression paniquée, et il bredouilla rapidement :
« Des... Des gardes, quatre, tous armés, ils surveillent une grille, et... et on voit dehors ! » Acheva-il
Le meneur grogna, puis, sans dire un mot, s'avança dans la salle. Sa hache d'armes balançant entre ses mains, il marchait d'un pas lourd, et les gardes se détournèrent de leurs bières pour attraper mollement une épée. Un seul prisonnier, aucun risque, mais quand une vingtaine d'autres débarquent dans la foulée en braillant... Les gardiens bondirent alors sur leurs armes, mais il était trop tard. Pour ma part, je n'en avais tué aucun, restant à l'écart.
Le combat se déroula à l'image de ceux avec les autres gardes assassinés auparavant : bref et sanglant. La confusion due à un quatre contre vingt fit que les seuls blessés de nôtre camp le furent par des lames alliées. Les funérailles des gardes se résumèrent à une fouille sommaire pour trouver une clé, puis une grosse hache en fer qui vint se planter dans le crâne de l'un d'entre eux, habilement maniée par un homme à la peau mate.
« Quels bande de chiens »
Il s’attela à la lourde tache de soulever la grille, aidé de quelques hommes parmi les plus solides. Lorsque l'on poussa les derniers remparts nous séparant de l’extérieur, le forgeron se plaça devant nous et pris la parole.
« Mon nom est Orikur, je suis le forgeron de Volngard, la ville plus au nord. Cette prison n'est pas légale, elle appartient a une puissance inconnue. La seule chose dont nous soyons sûrs, c'est que ces types nous veulent du mal. En augmentant les effectifs, on peut organiser le révolte Nous allons trouver cet ennemi, et l'éradiquer avant qu'il ne nous sépare à jamais de nos famille ! »
Des cris de victoire retentirent dans tout le bâtiment, les paysans levant bien haut leurs armes. Je ne savais pas trop dans quoi je m'embarquais en suivant Orikur.