Je suis un cornichon trop cuit.
C’est là l’horrible vérité qui me tira de mon sommeil en cette folle matinée d’octobre. Je sais ce que vous vous dites : Qui aurait l’idée de faire cuire un cornichon ? Cru, ce n’est déjà pas très bon, alors cuit n’en parlons pas …
C’est pourtant la meilleure description de ma vie que j’ai pu trouver (c’est vous dire si je m’éclate).
Ah, mais entendons-nous bien : les cornichons ont du charme. Un charme unique, certes, qui se base pour beaucoup sur leur lointaine parenté avec le populaire concombre, mais un charme tout de même. D’ailleurs, on en met dans les burgers. Si ce n’est pas une preuve … (une preuve de quoi ? aucune idée).
Sans transition aucune, laissez-moi me présenter : je m’appelle Cunégonde et j’ai soixante-quatre ans. Je sais, je ne les fais pas. C’est mon masque de beauté, une vraie révolution ! Deux tranches de reblochon mixées avec des œufs et hop ! Sur la figure. Laisser poser huit heures.
Bon, j’avoue, je n’ai que vingt ans. Et je ne m’appelle pas Cunégonde, mais ça c’était évident. Qui s’appelle encore Cunégonde ? Pas moi, Dieu merci.
Mes parents ont opté pour Maïwenn. Plus breton, tu meurs. Plus galère à écrire, aussi. Ça fait des points au Scrabble, mais c’est tout. Ce n’est pas chic, pas branché, pas mignon. Le seul qualificatif que l’on peut trouver à ce prénom, c’est sa bretonitude. A- ffli - geant.
Mes sœurs ont eu droit à « Charlie » et « Laura », et moi je me farcis « Maïwenn ». La vie est vraiment injuste.
Mais, consolation s’il en est, je m’en tire assez bien dans la répartition des neurones (à défaut d’avoir gagné à la loterie génétique). Je touche ma bille en intellect, comme dirait l’autre. Et heureusement d’ailleurs, sinon je m’ennuierais beaucoup.
La vie, vous voyez, c’est comme un muffin. Un bon gros gâteau au chocolat recouvert de crème au beurre et de petits-trucs-colorés- qui-ne-servent-à-rien-mais-font-joli. Ça a l’air appétissant, comme ça, mais ça a un potentiel déceptif énorme. Soit la crème est fade, soit le gâteau est bourratif, trop cuit, pas assez, il y a des grumeaux dans la pâte …
Vous aviez déjà remarqué à quel point grumeaux ressemble à jumeaux ? Non, ça n’a aucun rapport. Oui, c’est parfaitement inutile (et probablement fortuit). Ne me remerciez pas, surtout. Bande d’ingrats.
Mais je divague (« vague »). Revenons à nos cochons.
Où en étais-je ? Ah oui, j’affirmais en modestes termes être le génie de la famille. En même temps, je n’ai pas beaucoup de mérite : mes sœurs font baisser le QI national. Ou au moins une d’entre elle. L’autre a juste mauvais caractère (c’est bien suffisant, si vous voulez mon avis. Vous avez déjà essayé de vivre avec Victor, l’enfant sauvage ? Non ? Eh bien faites-le. On en reparle après).
Je vous entends d’ici, vous criez à l’infâmie. À la traîtrise. Pire, à la banalité ! Vous m’accusez de déprécier mes consanguines colocataires dans le but mesquin et trompeur de me faire paraître meilleure. C’est bien mal me connaître ! Je suis un cornichon, mais un cornichon honnête. Je vous rapporte les faits tels qu’ils se produisent, sans adjonction ni jugement de quelque sorte que ce soit. Et c’est d’un ennui mortel.
Nous sommes le 19 octobre, il est onze heures. Le soleil brille quelque part dans le monde, les oiseaux volent, les poissons nagent, ou inversement si le cœur leur en dit. C’est une journée ordinaire dans un mois ordinaire dans une vie ordinaire. Et j’ai envie de chips.
Et bravo ! Comme c'est rafraichissant de lire quelqu'un qui ne se prend pas au sérieux ! J'ai tout de suite pensé à Bobby Lappointe en te lisant. C'est aussi délicieusement loufoque, succulament absurde et absolument culotté que les chansons du grand Bob. Bravo ! Tu files direct dans ma Pal !!!
C'est très rigolo ! Fallait assumer et gérer correctement le récit, et pour le coup c'est effectivement très réussi XD
J'ai hâte de suivre les aventures de ce petit cornichon breton
Au plaisir de te lire,
Milyana
Comme d'autres c'est le titre qui m'a attiré (peut-être parce qu'il m'a vaguement fait penser à "Ma vie de courgette"). Je pensais vraiment partir sur les divagations vinaigrées d'un cornichon (âme de Rick et Mort, kheur kheur). Mais il semblerait qu'on aille sur une forme d'autofiction.
Le point fort c'est le rythme et la gestion du narrateur : la vitesse et la gestion de ponctuation donne un rythme vraiment dynamique qui donne de la saveur à la lecture, et s'additionne très bien à l'humour. Le problème de ce style c'est qu'il peut vite enfermer l'auteur et surtout qu'aucune chute de débit n'est permis, ça se verra tout de suite. D'un autre côté ça offre la possibilité de belles ruptures de ton, si c'est bien manié.
Le plus gros risque c'est dans la construction de "l'histoire". J'ai hâte de voir comment tu vas te débrouiller !
Voilà ! Petit avis rapide et je passe au chap 2 !
J'ai bien conscience de la difficulté de l'exercice. Je tâcherai de ne pas me faire enfermer ;)
Au plaisir de te lire !
Milyana
Pas de rapport. Un rat est un rat et un porc est un porc.
Bon, trêve de plaisanteries :)
Je trouve que tu as une belle capacité à mener le récit avec des phrases à la fois agréables à lire, et bien construites, et l'humour en plus ! chapeau !
Tu ferais une excellente écrivaine. Qui aurait eu l'idée de raconter la vie d'un cornichon ? :)
Le titre m'avait interpellé et je ne suis pas déçue d’être venue lire :)
Je continuerais bien tiens ;)
Fy
Ton commentaire me va droit au coeur !
Le chapitre 2 n'attend que toi, et le 3 arrive bientôt !
Au plaisir de te lire,
Milyana
Ok, c'est drôle, on s'entend déjà bien avec cette narratrice.
Ce ton-là, c'est celui d'un carnet, d'un journal intime, d'un blog (qui justifie le "je vous entends d'ici) ; ça peut aussi être la ritournelle d'un cerveau trop bavard et en surchauffe. Un détail me titille tout de même : l'âge de ton cornichon. Vingt ans. Vingt ans c'est l'âge où on est dehors, confronté aux études, aux sorties, l'éloignement de cette famille qui justement semble si présente (à moins que ?).
Je crois bien que je vais lire la suite, dis.
Quand tu traîneras dans une librairie, et si tu ne l'as pas déjà lue, je crois que tu adoreras l'héroïne de "En même temps toute la terre et tout le ciel" de Ruth Oseki, une ado japonaise aux parents absents, qui adore écrire dans les maid's cafe, et dont une écrivaine canadienne retrouve le journal échoué sur une plage... Le changement de ton entre les deux narratrices montre tous les nuances subtiles de vocabulaire, de priorités, de recul entre deux générations. Et puis, elle est toute drôle comme toi, Nao.
Au plaisir d'un prochain chapitre !
Y a-t-il deux vies identiques ? Vingt ans c'est mon âge, et je suppose que cette histoire prend un tournant vaguement autobiographique à mon insu.
N'oublions pas non plus que le chapitre 1 commence fin octobre, donc le chapitre 2 peut se passer (et se passe clairement, dans mon esprit) pendant les vacances de la Toussaint. D'où le rassemblement familial.
Mais le prochain chapitre apportera plus de précisions à ce sujet ;)
Merci pour le conseil de lecture ! Ce livre a l'air intéressant, en effet.
Au plaisir de te lire,
Milyana
Au plaisir de vous retrouver le cornichon et toi !
J'ai supprimé ledit passage, il semblait en effet qu'il alourdissait inutilement le texte. Merci pour ton retour !
Héhé oui, j'aime beaucoup ce titre. Il accroche le regard mais ne dit rien de l'histoire ...
Au plaisir de te lire !
Milyana
Ce cornichon blablate beaucoup, divague (vague) mais c'est fun. Il peut, à l'avenir, nous faire partager ses réflexions sur tout plein de trucs, nous faire partager tout plein de souvenirs. Il y a tellement à faire avec un cornichon. Le fait que l'on ait une date, à la fin, me laisse à penser que l'on peut avancer dans le temps, reculer, coller à la réalité des fêtes et jours fériés. Bref, tellement de potentiel !
J'ai repéré quelques répliques qui, pour moi, mériteraient d'être cultes :
"C’est une journée ordinaire dans un mois ordinaire dans une vie ordinaire. Et j’ai envie de chips."
"La vie, vous voyez, c’est comme un muffin."
"Je suis un cornichon, mais un cornichon honnête"
A bientôt pour la suite !
Je prends beaucoup de plaisir à écrire cette histoire, du coup elle devrait paraître plus régulièrement que d'autres de mes oeuvres ;)
La preuve, le chapitre 2 est déjà là !
Au plaisir de te lire ! (Ornikar est le prochain livre sur ma PAL !)
Milyana
écriture maîtrisée, bon rythme, mais déjà quelques longueurs à mon avis (le passage de la divagation). Et on n'a du mal à imaginer une suite à cette entrée plutôt originale : un cornichon, ça se mange en général vite, donc l'histoire risque d'être courte.
La version que tu as lue était loin d'être définitive. J'ai posté ce chapitre un peu "inabouti", brut, pour savoir avant de me lancer si le ton de l'histoire allait plaire aux lecteurs. Vu que c'est le cas, je continue.
Car non, l'histoire ne sera pas si courte que ça !
Le deuxième chapitre est déjà disponibles, et d'autres arrivent ensuite.
Au plaisir de te lire !
Milyana
Une suite est prévue ;)
Au plaisir de vous lire !