- LAURAAAAAAAAAA !! Sors de cette salle de bain tout de suite !
Un grognement indistinct me répond, m’indiquant que ma sœur est encore dans sa phase ours (celle-ci précédant la phase princesse de deux bonnes heures environ). Sachant pertinemment, ayant une longue expérience de la chose, que ma chère consanguine ne daignera pas libérer la place avant mon centième anniversaire, je me fais une raison et décide de sauter l’étape « coup de peigne », n’en déplaise à môman. De toute façon, cela fait longtemps que mes cheveux et moi avons décidé, d’un commun accord, de faire sécession. Ils vivent leur vie et je vis la mienne, et j’y gagne un temps fou. Plus de brossage, lavage, brushing, séchage, lissage et j’en passe … Une queue de cheval faite à la va-vite, et je suis prête.
Prête pour quoi ? Pour le grand jour. Aujourd’hui, j’ai vingt-et-un ans. J’entre dans le deuxième cinquième de ma vie, et ça n’arrive pas tous les jours ! Pour l’occasion, je me permets de dévaler l’escalier en courant. Naturellement, je manque la dernière marche et m’étale de tout mon long dans une chute malgré tout gracieuse et maîtrisée (c’est ce que j’aime me dire, en tout cas, mais il semblerait que ce ne soit pas l’avis commun …). Nullement désemparée, je me relève avec panache et cours vers ma génitrice, que je salue d’un très conventionnel « Maman, t’es sûre qu’on est sœurs Laura et moi ? ».
Soupir de ladite génitrice, doublé d’un regard réprobateur.
- Malheureusement, je n’ai pas de doutes : vous êtes tous de moi. Quant à savoir à quel moment vos gênes ont muté pour faire de vous ce que vous êtes actuellement, ça … c’est un mystère !
Elle est comme ça, ma môman. Elle aime nous prouver son amour à chaque instant.
- … Qu’est-ce que ta sœur a encore fait ?
Ah, enfin ! On en vient à l’objet de ma révolte ; je vais pouvoir plaider ma cause.
- Alors, figure-toi que, en jeune fille bien éduquée que je suis, j’ai voulu ce matin appliquer à la lettre tes judicieux conseils et …
- En version courte, Maïwenn.
Soupir.
- Maman, tu es une entrave à mon génie créateur.
Regard blasé de la matrone.
- … Bref. Je voulais me peigner un peu, pour une fois, mais Laura monopolise une fois de plus la salle de bain !
- … Et ?
- Et elle fait ça tout le temps ! C’est agaçant ! Tu ne pourrais pas lui expliquer que cette pièce n’est pas une annexe de sa chambre ?
Nouveau soupir maternel. Môman soupire beaucoup, ces temps-ci. Enfin, ces temps-ci … depuis ma naissance, en fait. Ou bien était-ce celle de Charlie ?
Je ne sais jamais trop si elle soupire parce que nos gamineries l’indiffèrent, ou parce qu’elle se demande ce qui lui a pris d’avoir des enfants. Sûrement un peu des deux.
Toujours est-il que sur ce coup-là, elle ne m’aidera pas, mais peu importe. De toute façon, ce n’est pas comme si j’avais vraiment eu l’intention de me peigner … En fait, frapper à la porte de la salle de bain de bon matin, lorsque Laura pense pouvoir profiter des lieux tranquillement, figure sur la liste de mes hobbys. Plus j’embête ma sœur, et mieux je me porte. Qu’est-ce que vous dites ? Une peste ? Moi ? Oui, tout à fait. J’assume.
Pour ma défense, je suis la plus récemment née dans la famille, ce qui fait de moi « la petite dernière ». Loin d’être le statut idéal que décrivent les aînés, jaloux de me voir offrir des jouets qui n’existaient pas du temps de leur enfance, être la plus jeune a beaucoup d’inconvénients.
Déjà, le reste de ma fratrie s’est très vite désintéressé de mes « jeux de bébé » et autres parties de chat perché. J’étais trop jeune encore pour les parties de Monopoly, et à leurs yeux je n’existais donc pas (jusqu’à ce que je déchire tous les billets, et la règle du jeu pour faire bonne mesure. On ne m’ignore pas impunément. Nyark.).
Ensuite, plutôt que de m’aider pour mes devoirs et mes leçons, mes adorables colocataires préféraient rire de mes (rares) difficultés, au doux refrain de « quoi, tu bloques là-dessus ?! Mais c’est super facile !! Attends un peu de voir les équations du second degré, tu rigoleras bien avec ta table de huit … ». Bref, un bel esprit d’entraide et de collaboration régnait à la maison.
Enfin, s’il fallait citer une injustice de plus, étant la « petite dernière » j’étais surprotégée. Ce n’était pas désagréable au début mais, les années passant, on se lasse des tours de vélo dans la cour « sous la supervision d’un aîné », des sorties entre amies accompagnées par les parents et autres « je veux les noms et numéro de téléphone de tous les gens chez qui tu dors ».
Donc, je suis une peste. J’aime assez l’idée d’être crainte de ma fratrie, autant que celle de rendre au quadruple la monnaie de leur pièce pour tous les mauvais coups qu’ils m’ont joué étant plus jeunes.
Eh, quoi ! Ça vous choque ? Un peu de sadisme n’a jamais tué personne ! Et puis entre nous, chacun fait sa vie avec les cartes qu’il a et essaye d’en tirer le meilleur jeu possible. Et tout le monde sait qu’au poker, l’intimidation paye.
Du coup j'apprends à mes consanguins à allonger la monnaie. Il faut bien qu’ils se fassent à l’idée : à la fin c’est moi qui gagne.
Je n'ai pas eu de soucis au niveau du dialogue (hormis qu'il manquait les tirets cadratins :P). Mais les dialogues en soi ne m'ont pas gêné.
A bientôt pour la suite, Mily ! :*
Eh oui, ce récit recèle une assez grande part de biographie. J'ai été une peste, pendant très longtemps (les mauvaises langues diront que je le suis encore).
Que sont donc des tirets cadratins ?
La suite risque de ne pas arriver tout de suite, hélas, boulot oblige ... :(
Au plaisir de te lire !
Je saurai attendre la suite, sans soucis. Hâte de voir de quoi tu… la peste...euh… le cornichon est capable ! :P
Finalement (comme toujours en fait) il suffit que j'affirme que je n'écrirai pas avant longtemps, pour que l'envie me prenne de noircir des pages et des pages. L'inverse est vrai également : quand j'affirme qu'un chapitre sera en ligne à une certaine date, tu peux être sûr que ça ne sera pas le cas.
Bref, la suite arrivera peut-être plus vite que prévu. Ou peut-être pas :P
En bref, je reviendrai pour le troisième chapitre !
La digression est un peu ma marque de fabrique, donc je ne m'imagine pas écrire un chapitre qui en soit dénué. Je peux en diminuer la longueur ou en accentuer la pertinence, mais les supprimer ... ça me paraît difficile.
Mais, comme tu le dis si bien : attendons de voir le prochain chapitre !
Au plaisir de te lire,
Milyana
C'est troooooop bien ! C'est plein d'humour, accrocheur... En un mot : j'adore !
S'il y avait quelque chose à améliorer, selon moi, ce serait les dialogues. Je les ai trouvés un peu trop superficiels et un peu trop courts (ou pas assez nombreux?). (/!\ Ce n'est que du détail, je ne pense pas faire mieux !). :-)
Sinon le reste est GENIALISSIME !!! Non, c'est vrai, j'ai lu le premier chapitre et le deuxième d'affilés ! Il me manquait le troisième... ;-) Ce n'est pas pour rien que je l'ai mise dans ma PAL !
Merci pour ton commentaire ! J'ai conscience que les dialogues ne sont pas au top, mon point fort c'est la narration ^^' . Je reprendrai tout ça quand j'aurai écrit quelques chapitres de plus, histoire de rendre les dialogues plus prenants.
Au plaisir de te lire !
Milyana