Mes joues sont rougies par le froid. Le vent me fouette le visage et les gouttes de pluie me piquent la peau. Voilà, c'est le début. Je me lève et regarde autour de moi. Tout va encore bien, tout est à sa place mais pour combien de temps ? De toute façon, il faut avancer. Alors j'avance. Sans trop savoir où je vais mais je ne dois pas rester là. Le tonnerre gronde. Le ciel est gris et tout ce qui m'entoure est fade, sans vraiment de couleurs. Je ne sais pas trop où je suis. On dirait une rue. Mais on dirait aussi la plage. En tout cas je vois la mer qui s'énèrve un peu plus à chaque secondes. Je continue d'avancer. La pluie s'intensifie et mes vêtements sont trempés, ils me collent à la peau. J'essaie de m'abriter d'un pan de ma veste mais je n'épargne de l'eau qu'un bout de ma tête et pendant un court instant. C'est inutile. J'accélère le pas. Le vent se fait plus violent. Je reçois des rafales de pluie par intermittence selon son bon vouloir. Je me protège le visage de mon bras et je continue d'avancer. Les arbres se plient, s'agitent comme s'ils voulaient fuir aussi la tempête qui redouble de force. Les feuilles sont devenues folles, elles se frappent, elles s'arrachent et jouent maintenant à celle qui s'enfuit le plus loin. Au passage quelques unes me giflent. Dans la panique, on ne fait jamais vraiment attention à qui on bouscule. Je suis ralentie par ce mouvement de foule mais continue d'avancer.Les bourrasques me freinent davantage et j'utilise toutes mes forces pour ne pas me laisser emporter. Je fais bientôt du sur-place. Mais je vois mon objectif alors je dois y aller très rapidement. Je prends sur moi et entre deux souffles de vent et de pluie, j'accélère. Quelques pas seulement me séparent de mon abri mais j'ai l'impression de mettre un temps infini pour y arriver. J'atteins presque les portes. Je me prends des claques, on me pousse, on veut me forcer à rester dehors sur la route, dans le bruit et dans le froid, à me faire mouiller et balloter d'un coin à un autre. Mais un petit effort de plus et j'arrive à me faufiler dans le refuge. Les portes se referment et je peux souffler. Je tombe à genoux, je m'assoie et je tremble. Je suis épuisée et j'ai froid. Je me déshabille et regarde à l'extérieur. Les arbres continuent à se déchainer au rythme effreiné des rafales de vent et du déluge. Les plus costauds plient et s'affolent en agitant furieusement les branches et les feuilles, les plus chétifs se brisent presqu'instantanément et s'envolent au loin en se laissant entrainer par le cyclone. Le ciel est gris maintenant, on dirait presque qu'il fait nuit.Bien à l'abri d'un tel spectacle, je me détends un peu et la fatigue me fait sombrer.Mon sommeil est entrcoupés des bruits de l'extérieur où l'ouragan ravage tout sur son passage.Lorsque je me réveille, tout est calme dehors et le ciel est bleu de nouveau. Je ne sais combien de temps j'ai dormi et la faim commence à se faire sentir. Rien à manger dans ma planque, il faut que j'aille en chercher ailleurs. Je me risque à sortir de ma cachette. Le paysage est en ruines, tout est saccagé et il fait encore froid. Je regarde au loin mais la mer est encore agitée et des nuages toujours aussi noirs avancent vers moi. Tout n'est pas fini, je ne suis que dans l'oeil du cyclone. Je profite de ce moment de calme pour repérer un autre endroit où m'abriter. Je ne vois rien d'autres que des débris. Je marche au hasard dans les décombres. Une brise m'effleure la nuque. J'accélère le pas. Je sens quelques gouttes sur mon front. Je relève les yeux et le ciel se fait avaler par les nuages au dessus de moi. Derrière, des grondements s'intensifient. Une sale impression de déjà vu. Mon regard affolé cherche un refuge. Mon sang boue, j'ai des sueurs froides. Rien ne se présente. Je marche très vite à présent. Le vent se renforce, les gouttes de pluies sont plus grosses. Soudain, s'élevant au milieu des débris, je vois mon asile. Il est encore loin. Je me presse. J'entends un grand fracas dans mon dos. Sans me retourner, je continue. La porte n'est plus très loin.
Je trouve ça chouette, cette idée de partir d'un mot pour broder un texte court. D'ailleurs, comment est ce que tu procèdes pour le choix du mot ? Et pour en dérouler une histoire ?
Très intriguée aussi par les versions audio ! Je m'y plongerai une fois de retour chez moi :-)
À bientôt
Linė
je viens de lire tes trois textes, et j'ai beaucoup aimé !
Chacun nous plonge dans une ambiance très différente, mais on reconnait tout de même un style d'écriture commun aux trois, la grande classe ^^
Dans le premier, j'ai beaucoup aimé le côté "animal" du personnage. Si ce n'étaient les toutes premières descriptions dans lesquelles tu parles de "joues", ou de "vêtements", sinon par la suite, le protagoniste pourrait tout aussi bien être un renard, ou un lièvre,... je me suis vraiment retrouvée à la première personne, dans les yeux du persos : )
Dans le second, j'ai beaucoup rigolé, surtout la fin qui est tombe très bien.
Je n'ai pas bien compris par contre le commentaire de l'homme dans le bus : qui attend la sortie de quoi ? Mais bon, c'est un détail : )
Dans le troisième, l'ambiance est très réussie, le décalage entre ce que vit l'enfant, et ce que pensent les adultes est très fort. Pour eux c'est une banale punition, pour elle c'est la fin du monde ! C'est très bien vu.
Bravo et vivement les prochains ! : D
Ça me fait toujours bizarre quand on me parle de mon style d'écriture parce que j'ai du mal à le reconnaître moi même x) mais ça me fait plaisir :3
Aah pour le côté animal c'est indépendant de ma volonté du coup. Je sais que je devrais plutôt dire "Haha mais oui tout est calculay ! " mais en fait non ^^
C'est vrai que je voulais mettre l'accent sur la violence de la tempête donc ça a pu se ressentir dans le comportement du personnage. Si tu as aimé alors c'est super :3
Ah oui pour ce deuxième texte ça peut être un peu flou du coup, je ne pensais pas que ce serait gênant x) désolée.. en fait cette histoire m'a été inspirée du bus que je prenais pour rentrer du lycée. Et des personnes qui le prenaient en même temps que moi qui revenaient d'une sortie, qu'on peut dire "de loisir".. Une anecdote que je ne sais pas comment aborder et que j'hésite à partager ici.. mais les personnages et la situation sont complètement imaginaires. ^^
Et oui du coup le troisième texte à rempli sa mission ! \\o/
Merci beaucoup d'être passée et à très bientôt j'espère :3 <3