PARTIE 1 (1/5)

Notes de l’auteur : La Brisecyle est une nouvelle de fantasy qui se passe dans le monde du Darrain.

Je l'avais écrite pour l'AT des 30 ans de Mnémos, sur le thème de la mémoire.

Pour ceux qui connaissent le Darrain, la nouvelle se déroule en Hérand, une île volcanique tout au Nord, d'où est originaire l'Elfe Heilendi du roman.

J'ai bricolé une couverture avec un dessin griffonné par mes soins qui montre un "gardecyl".

N'hésitez pas à poster un petit message dans la section commentaire, ça me fera plaisir, même si vous défoncez la nouvelle ! Je cherche toujours à m'améliorer.

(d'autant que la nouvelle a été écrite très vite et peu corrigée, par manque de temps avant la deadline. Et c'est la première fois que j'écris une nouvelle)

Merci encore à Raza pour sa BL :-)

Bonne lecture !

« Changer pour avancer », pensa Brynhildur, en glissant une mèche noire derrière son oreille pointue.

Elle se sentait de plus en plus mal vis-à-vis de la demande. Elle réprima les tremblements dans ses doigts, le poing serré autour du parchemin. La porte du capitulaire coulissa. Un courant d’air froid amena dans la pièce la fragrance résineuse des pins, mêlée à l’odeur de soufre émanant des bassins du premier jardin. L’Elfe suivant entra sans un bruit. Debout face aux deux gardiens, il réalisa le salut officiel, un rond de la main droite proche de sa tempe.

« Gloire aux cyls ! lui cria Brynhildur, d’un air sévère.

— Gloire aux cyls », souffla le pèlerin, la tête rentrée dans les épaules.

Il prit place sur une petite chaise, sous le regard inquisiteur de Brynhildur et de dame Nott. Naturellement, on arrivait toujours avec un peu d’appréhension au terme d’un cyl, sans savoir de quoi l’avenir serait fait. Ce jeunot maigrichon au crâne rasé qui flottait dans sa tunique en lin ne faisait pas exception. Il jouait avec le lobe de ses oreilles pointues, ratatiné sur son siège. Toutefois, la ligne franche de ses sourcils épilés et son regard droit contrastaient avec son allure hésitante et lui conféraient une expression digne, signe qu’il était prêt à entrer dans son nouveau cyl. Derrière lui, au-delà des épaisses colonnes en bois blanc, d’autres pèlerins déambulaient dans le troisième jardin. Brynhildur entendait le bruit de leurs pieds nus effleurant les lattes en paille tressée et le mugissement des eaux crachées par les dragons en pierre.

« Melar de Hérand, nous avons étudié votre cas, récita Brynhildur. Votre dernier cyl est passé et je devine combien vous devez être impatient d’oublier et d’en changer. » Elle consulta le parchemin devant elle, marqué du sceau de Sébune, la lointaine capitale, réalisant que sa main droite serrait toujours la missive enroulée. Des phrases de la lettre rejaillirent de sa mémoire, telle une fontaine glacée :

… étourdie par l’éternité

Elle la repoussa dans un tiroir, réajusta la lourde coiffe de cérémonie sur son crâne, puis se reconcentra sur le document officiel devant elle, à plat sur le bureau :

« Vous étiez contremaître, puis soignant, puis tailleur, puis berger, lut-elle d’une voix égale. Nous avons parcouru vos propositions et sommes ravis de valider votre seconde requête. Au cours de votre prochain cyl, vous deviendrez Glordal, mousse sur la barre L’Aigrette, à Ioel. »

À chaque cyl, tous les cinquante ans, les Elfes entamaient leur Chrysalie ; nul ne pouvait s’y soustraire. Ce système était crucial pour prévenir le vertige qu’éprouverait tout immortel devant le gouffre infini de l’éternité.  

« Félicitations, cincylien ! s’exclama dame Nott, droite à côté de la frêle Brynhildur, ses bras musclés posés sur les accoudoirs. Faire partie de notre marine a fait de moi l’Elfe que je suis. Changer pour avancer ! cria-t-elle, accompagnée du salut officiel de la main.

— Changer pour avancer ! » répéta le cincylien.

Il lui sourit à pleines dents. Tout Hérane effectuait, un jour, un cyl en tant que marin. Derrière ses paupières, Brynhildur se revoyait à sa place, il y avait des siècles. À l’inverse de ce pèlerin, elle avait failli tomber de sa chaise à l’annonce de son cyl de marin, effrayée par l’idée d’affronter des batailles sur le pont d’un bateau. Elle se rappelait la beauté de la mer dorée et le parfum des embruns, mais surtout du dur travail à bord, de la promiscuité, de la puanteur des cales. Elle secoua la tête. De loin son pire cyl !

« Foutrecyl ! » jura dame Nott, son poing heurtant le bureau en un gros bruit.

Les statues en porcelaine sur la table s’entrechoquèrent. Brynhildur revint à elle, réalisant que la salle était vide. Le pèlerin devait être sorti depuis un moment.

« Encore cent comme lui et nous aurons fini », poursuivit dame Nott, en s’étirant.

Ce n’était pas tout à fait correct ; il leur restait une vingtaine de cyls à attribuer cet après-midi. Brynhildur s’apprêtait à corriger sa collègue, mais à la vue des plis aux coins de ses yeux pétillants, elle comprit qu’il devait s’agir d’une sorte de plaisanterie et elle esquissa le sourire approprié.

Profitant d’une courte pause entre l’entrevue de deux pèlerins, Brynhildur rouvrit le tiroir, s’empara de la missive et la parcourut une fois de plus.

… étourdie par l’éternité

… comment oublier

Le parchemin froissé gondolait ; une traînée d’encre avait coulé vers le coin inférieur gauche. À force de l’enrouler et de le dérouler, les lettres étaient presque effacées, mais Brynhildur connaissait chaque ligne par cœur. Comment oublier ?

Elle relut la demande singulière qui, telle que Brynhildur l’envisageait, l’aurait poussé à entreprendre une expédition à l’autre bout de l’île de Hérand, jusqu’aux pieds du volcan Pelu.

… près du rocher au Troll

Elle avait écarté l’idée d’une telle aventure. Avec la masse de travail à abattre avant la Chrysalie, impossible de quitter le temple dans le but d’aider une connaissance d’antécyl. Et quand bien même l’aurait-elle voulu, c’était interdit. Paradoxalement, elle aurait jeté le parchemin et n’y aurait plus pensé, sans dame Nott.

Après la Chrysalie, les anciens copistes, archivistes, prêtres, et serviteurs en bout de cyl s’en étaient allés ; des novices arrivaient au temple, au compte-goutte, pour les remplacer. Attablés à leur pupitre les uns derrière les autres, ceux-ci se penchaient sur d’épais manuscrits. Le bruit de leurs voix mêlées au grattement des plumes sur le parchemin s’élevait dans la vaste salle au haut plafond ornementé. Tous les noms, tous les cyls, anciens et nouveaux, tout était consigné depuis des temps immémoriaux. Brynhildur vérifiait une liste de cyls, écrite de façon maladroite par un novice, quand dame Nott ouvrit la porte à grand bruit, comme si elle l’arrachait de ses gonds. La géante amenait avec elle un tourbillon d’air frais qui souleva les pages des livres. D’une démarche assurée, elle parcourut l’allée entre les copistes, un balai à la main, une pile de manuscrits en équilibre sur son bras musclé, probablement à destination des scribes de la grande salle. Brynhildur imaginait toujours cette Elfe massive, aux épaules carrées, tout en muscles, une épée à la main sur le champ de bataille, non recluse dans l’ambiance studieuse d’un temple. Remarquant la présence de Brynhildur, accoudée à un pupitre, dame Nott avança vers elle, heurtant au passage l’épaule d’un serviteur.

D’un geste brusque, elle posa sa pile de livres sur un coin de table. Avec le manche du balai, elle renversa un encrier. Le copiste assis là s’empressa de jeter un bout de tissu sur la tache noire, avant qu’elle n’atteigne ses feuillets, sans oser rabrouer dame Nott. Brynhildur remarqua alors les joues rouges de sa collègue dont les yeux baissés vers elle étincelaient.

« Tout est en bon ordre ? » demanda Brynhildur, les sourcils arqués.

La géante renâcla et Brynhildur eut peur qu’elle ne crache au sol et salisse le parquet brillant, mais elle ravala ses glaires et s’exclama :

« En bon ordre ? Ce serait le cas sans ces trouble-fêtes. Nous devons nous charger de deux brisecyls !

— Deux brisecyls ? réagit Brynhildur. En êtes-vous sûre ? Peut-être ne s’agit-il que d’un retard ? Les routes sont toujours encombrées après les Chrysalies. Et avec cette pluie, les novices sont peut-être coincés quelque part. Attendons encore un peu, avant de tirer des conclusions. »

Une moue désapprobatrice tordit la cicatrice qui barrait les lèvres de dame Nott.

« Même s’il est dur de l’entendre, nous avons bel et bien affaire à des brisecyls, insista-t-elle. Un courrier vient d’arriver de la ferme Breydja. Un hérétique y a été écroué. Il blasphémait contre les cyls, refusait la Chrysalie et a donc été mis aux fers. Comme il est enregistré ici, dans notre temple, c’est à nous de nous en occuper. »

Brynhildur s’empara d’un manuscrit et en parcourut les pages, son index effleurant le parchemin.

« Comment avez-vous dit qu’il s’appelait ?

— Arnljótur.

— Il est bien dans nos listes, constata Brynhildur après un temps passé à feuilleter l’épais document. Et qu’en est-il du second ?

— La seconde, corrigea dame Nott. Elle se terrerait du côté du Rocher au Troll. La concernant, on parle d’une histoire de lettre. »

Une histoire de lettre ? Brynhildur eut un coup au cœur. Elle faillit lâcher le livre qu'elle referma d'un geste brusque. Existait-il un lien entre cet incident et la missive, reçue quelques jours avant la Chrysalie ? Un frisson glacé dévala dans son dos.

« Des dégénérés ! tonna dame Nott de sa voix grave, en laissant tomber le manche du balai dans son poing. Qu’ils se moquent de leur cyl, soit, mais qu’ils viennent ternir le nôtre, ça non ! »

Brynhildur se débattait avec un souvenir désagréable. Tandis qu’une perle de sueur froide glissait le long de sa tempe, elle lut et relut la devise gravée en lettres d’or dans les colonnes en bois : Changer pour avancer, pour y puiser de la force.

« Nous suivrons la voie des cyls, dit-elle d’un ton dur. Nous accompagnerons ces déviants dans le cyl d’Après-Monde, comme d’habitude. »

Malgré ces mots pleins d’âpreté, elle s’appuya contre la colonne, défroissa les rides sur son front et se reconstitua un visage impassible. Il fallait qu’elle relise la lettre ! Où l’avait-elle rangée ? Elle tâtonna ses poches.

« Peut-être arrivera-t-on à les raisonner, avant l’exécution ? ajouta-t-elle. De funestes événements ont dû les conduire à la brisure. Imaginez la détresse de ces pauvres hères, éloignés des cyls.

— Vous voilà bien affable ! Cela ne vous ressemble guère. »

Dame Nott fouetta l’air du manche de son balai, comme s’il s’agissait d’une épée. Elle l’abattit sur le bureau en un bruit sec qui fit à nouveau sursauter les copistes alentour. Les plus courageux levèrent des sourcils intrigués, mais les plus anciens gardèrent le nez dans leurs livres, de peur d’attirer l’attention des deux gardecyles.

« Ne vous méprenez pas, dit Brynhildur, le poing serré. Ces déviants ne nous échapperont pas. Je les retrouverai et les punirai. »

Mais cette fois-ci, en serait-elle capable ?

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Sebours
Posté le 04/03/2025
Salut Péridotite !

Yes ! Enfin je vais pouvoir lire une de tes nouvelle et approfondir les mondes de ton univers.

Déjà, j'adore dame Nott. Je ne sais pas si c'est parce que tu caractérise bien les grand(e)s bourrus ou bien s c'est parce que j'affectionne ce type de personnages, en tout cas dame Nott me fascine déjà.

Je vais enfin en savoir plus sur les cyls. Tous tes néologismes sont parfaitement compréhensibles et logiques. Ils permettent même de rapidement saisir l'idée cachée derrière le mot. Antécyls, brisecyl, foutrecyl, cylien, chrysalie ... même pas besoin d'une note de bas de page pour expliquer leur sens.

Quand dame Nott dit :
"Il blasphémait contre les cyls, refusait la Chrysalie et a donc été mis aux fers. Comme il est enregistré ici, dans notre temple, c’est à nous de nous en occuper. "
Cela fait quand même explication à un novice. Brynhildur vient-elle d'entrer dans sa cyl? Si c'est le cas, cela n'a pas été expliqué clairement pour moi. Sinon en temps que lecteur, je me demande pourquoi dame Nott dit cela à Brynhildur. Avec de l'expérience, la gardecyls a parfaitement conscience de cette information et on peut percevoir ce court passage comme une exposition forcée.

Cette première partie état vraiment cool à lire.

Ah! Et je m'attendais à avoir une fin de chapitre avec un cliffhanger sur le détail de la missive secrète, mais tu as fait le choix de conserver le mystère.
Peridotite
Posté le 05/03/2025
Coucou Sebours,

Merci pour ton message :-) Contente de te voir ici !

J'aime bien les persos bourrus comme Dame Nott et j'ai pas pu m'empêcher d'en caser un ! C'est pour ça que j'aime bien Geralt (du Witcher) ou Uthred (des Chroniques Saxonnes). J'ai tendance à me projetter sur ces persos badass alors que je suis plutôt dans le genre frêle dans la vraie vie, allez comprendre !

Faut que je retravaille un peu cette nouvelle ; elle est quasi à l'état de premier jet, mais j'ai pleins d'idées pour l'améliorer. Je posterai bientôt la 2e partie (il y en a 5 en tout), mais ensuite, je m'attelerai aux corrections qui me prendront un peu de temps (la fin est trop abrupte en l'état, faut que je ponce ça).

Tu me fais penser que je t'ai pas envoyé mon bilan (retour de beta-lecture) sur les Guerres lemniscates. J'ai pleins de trucs à dire, va falloir que je fasse ça !

Aussi, je suis au milieu de la 3e intégrale des Aventuriers de la mer. Elle est hyper addictive cette saga, j'aime beaucoup ! Merci encore pour ton conseil de lecture,

A bientôt :-)
Sebours
Posté le 06/03/2025
Et derrière, tu peux enchainer avec Les cités des Anciens. Tu y retrouveras certain des personnages.
Bref, encore un peu de lecture en perspective.

Pour le retour, si tu préfères le faire en privé, mon mail c'est : sebours@yahoo.fr

Je pensais en avoir fini avec mon histoire, mais j'ai plein d'idées et de modifications qui me viennent en tête régulièrement. Je commence à comprendre le temps que tu as passé à la réécriture du Darrain.
Peridotite
Posté le 07/03/2025
Faut que je modifie 2-3 trucs à cette nouvelle. Je voulais poster la suite, mais maintenant, comme toi, pleins d'idées me viennent !

Pour Brinhildur, c'est l'inverse, elle est en fin de cyl. Va falloir que je change cette phrase.

Franchement, il y a 2-3 défauts aux Aventuriers de la mer, mais je passe un super moment. À midi, je me réjouis de m'eclipser pour lire la suite ! J'enchaînerai sans doute avec Les Cítés des anciens. J'aime beaucoup le style de Robin Hobb ; il est fluide et immersif.

Haha je te l'avais dit ! Que tu risquais d'y passer du temps ! Ça a été pour moi un vrai plaisir de bosser sur le Darrain, d'y revenir régulièrement, puis quasi chaque jour. T'es encore dans les corrections de fond, mais ça m'avait mis un an de plus pour les corrections de forme elles-mêmes (reflexions sur l'enchaînement des phrases, où couper, travail sur le rythme, dialogues à peaufiner, recherche des dernières incohérences, noms à changer pour la cohérence) - et encore, même maintenant j'aurais 2-3 trucs que je pourrais modifier.

Faut vraiment que je t'envoie mon bilan dans ce cas, j'aurais une liste de trucs à dire ! Je m'y attelerai bientôt. Là j'ai un peu la tête sous l'eau avec la vie IRL.
Sebours
Posté le 07/03/2025
Moi c'est comme toi, j'ai pas assez de temps dan ma vraie vie ! Là je suis focus sur la préparation du concours parce que l'oral se prépare dès à présent. Maintenant que j'ai été admissible, je le sais. Donc je passe beaucoup de temps à me forger une culture ministère. Pour cela, j'ai du rogner sur mes activités créatives et culturelles.

Ne t'inquiètes pas pour le bilan. Tu feras ça si tu as le temps. l'important c'est ta vie IRL et prendre soin de tes proches.

Au fait, j'ai fais une erreur. J'ai acheté un Terry Pratchett dans une gare pour un déplacement en TGV. Je crois que je vais lire l'ensemble des annales du disque-monde ! C'est totalement ma cam ! Mais où vais-je trouver le temps ?
aranck
Posté le 28/02/2025
Hello Peridotite !

Voici un premier chapitre très riche avec un gros point d'interrogation : que contient donc ce parchemin qui semble faire hésiter Brynhildur sur les décisions à prendre. De quoi avoir envie de connaître la suite.

Toutes tes descriptions sont vraiment chouettes, (l'environnement [odeurs, sons], plume qui grattent, Dame Nott et son physique de caterpillar, etc.)

Contrairement à Artichaut, je n'ai pas lu Le Darain, c'est pourquoi je pense que tu devrais étoffer ta nouvelle avec quelques précisions (même courtes), en particulier sur ce que tu nommes les pèlerins et les cyls, car pour moi ces cyls correspondent à la fois à des cycles, mais également à des sortes de guildes et je ne suis pas certaine d'avoir bien compris.

Je rejoins par contre Artichaut sur le balai et les copistes. Peut-être faut-il prendre le temps de planter le décors dès le début.

"La porte du capitulaire coulissa." peut-être précisé qu'on s'y trouve dans ce capitulaire et expliquer rapidement à quoi sert cet endroit

"Ce système était crucial pour prévenir le vertige qu’éprouverait tout immortel devant le gouffre infini de l’éternité. " Très belle et phrase et pensée fort profonde.

Le fait que Brynhildur repense plusieurs fois aux mots de la lettre coupe un peu la lecture, ça déconcentre Brynhildur, mais le lecteur aussi, peut-être qu'au début et à la fin, ça suffirait.

En bref, mais je pourrai t'en dire plus si tu le souhaites, je trouve l'ensemble un peu fouillis, comme si tu avais voulu te dépêcher de tout dire parce que c'est une nouvelle et que ça doit être court. Je ne suis pas spécialiste des nouvelles, mais il me semble que décors et personnages devraient être posés avec plus de précisions, sans perdre le lecteur dans autant d'actions quitte à ce que ça rallonge l'ensemble (surtout pour des lecteurs qui ne connaissent pas le Darain) : le pèlerin + la lettre + les cyls +,Brynhildur qui angoisse et n'est pas entièrement à ce qu'elle fait, + Dame Nott et ses propres intérêts, + les scribes en toile de fond, la chrysalie, les anticyls, etc. ça fait beaucoup pour un seul chapitre.

J'ai également quelques petites remarques :

se reconcentra sur le document officiel devant elle, à plat sur le bureau : il me semble que les précisions ne sont pas toutes forcément nécessaires "se reconcentra sur le document officiel posé sur le bureau" me semble suffisant.

Le pèlerin devait être sorti depuis un moment. : pourquoi devait ? S'il n'est plus là, "le pèlerin était sorti" devrait suffire. D'autant que ses réflexions ne semblent pas avoir duré si longtemps.

"Malgré ces mots pleins d’âpreté, elle s’appuya contre la colonne, défroissa les rides sur son front et se reconstitua un visage impassible." Je trouve cette phrase un peu lourde, je supprimerai "défroissa les rides de son front", qui bien qu'animée d'un verbe intéressant, me semble être une phrase de trop.

Bref, l'ensemble du chapitre est foisonnant, on sent qu'il y a derrière tout ça un univers extrêmement riche et ordonné, des personnages consistants et une longue histoire, du coup, tirer une nouvelle de l'ensemble est risqué parce que tu connais très bien (trop bien) ton monde. Je pense cependant que tu peux revoir un tantinet l'articulation de ta nouvelle en posant décors et personnages tranquillement. Si tu as quelques pages en plus, ça ne devrait pas être gênant.
Et n'hésite pas à me demander si tu veux des éclaircissements sur ce que je te dis.
Peridotite
Posté le 03/03/2025
Coucou Aranck,

Merci beaucoup pour ton message et désolé pour ma réponse tardive, j'étais partie en week-end.

T'es commentaires rejoignent beaucoup mes réflexions initiales. Pour ceux qui connaissent l'univers du Darrain, cette intro est trop longue. Pour ceux qui ne connaissent pas, elle est trop courte. Je pense qu'il va donc falloir rallonger.

Le fait qu'il y ait deux scènes est peut-être de trop, à moins que je n'en fasse deux, plus longues, clairement posées.

Merci beaucoup pour tes remarques sur les phrases. Elles vont me permettre de revoir ces paragraphes.

Dans l'ensemble, j'ai l'impression que j'ai écrit la nouvelle trop vite. Elle mérite d'être allongée et poncée. Je souhaiterais allonger une loop de plus par la suite. Je m'y attelerai d'ici peu, avant de poster la suite.

Je passerai dans la semaine lire le début de ton roman 🙂
Artichaut
Posté le 27/02/2025
Hello Peri,

Je passe par ici pour découvrir ta nouvelle.
Je me demandais s'il serait facile de tout saisir sans avoir lu ton roman, et c'est le cas. J'ai assimilé tous les éléments contextuels sans aucun souci. Ce qui est une qualité certaine pour une nouvelle fantasy.

Il y a de très jolies phrases descriptives. J'en cite une qui m'a particulièrement plu : "Le parchemin froissé gondolait ; une traînée d’encre avait coulé vers le coin inférieur gauche. À force de l’enrouler et de le dérouler, les lettres étaient presque effacées, mais Brynhildur connaissait chaque ligne par cœur." La description très visuelle au service des enjeux dramatiques fonctionne complètement ici.

J'ai beaucoup aimé aussi les petits détails immersifs, comme le juron foutrecyl juste après le slogan "gloire au cyl". Ça donne un aspect entier à ton monde.

Globalement, j'aime cette histoire de cyl / brisecyl et ces elfes sous le joug d'un système ancestral qui va à l'encontre du libre-arbitre (et de l'image de sagesse qui leur colle à la peau). Ça annonce de belles choses pour la suite.

Petit bémol rythmique, je trouve que la pause "Profitant d’une courte pause entre l’entrevue de deux pèlerins" vient casser un peu la tension. En fait, je me suis demandé ce qu'elle venait faire là, pourquoi dame Nott revenait avec un balai, pourquoi il y avait soudain des scribes dans la pièce, etc ? et ce que ça apportait vraiment au récit. Comme on est dans une nouvelle, j'ai tendance à penser qu'il faut être plus dynamique encore que dans un roman. Cette pause me semble arriver un peu vite du coup.
N'aurait-il pas été plus punchy de tout faire en continu, sans pause ? Avec un assistant inquiet qui vient les déranger en pleine attribution de cyl, pour leur dire "deux Elfes manquent à l'appel et vont briser leur cyl" par exemple ?

Autre interrogation que je me pose à propos de la lettre, tu en fais plusieurs fois la mention. Brynhildur triture la lettre, la range, la ressort, la re-triture. J'ai eu un peu un sentiment d'aller-retours. D'autant qu'à l'issue de cette intro, on a que des bribes de son contenu.
D'ailleurs, ne serait-il pas plus haletant de ne pas dévoiler la lettre d'emblée, pour monter la tension et le suspense crescendo ? Exemple : on apprend qu'une brisecyl a envoyé une lettre depuis le Rocher au Troll, Brynhildur blémit, Dame Nott lui demande si ça va, elle feint un léger malaise, regagne sa chambre, ouvre le tiroir de sa table de chevet et là on découvre qu'elle a la fameuse lettre en sa possession ?

C'est du chipotage. En vrai, c'est très plaisant à lire et ça fonctionne totalement en l'état ;)
À bientôt.
Artichaut
Peridotite
Posté le 27/02/2025
Coucou Artichaut,

Merci pour ton passage par ici :-)

J'ai pleins de trucs à retravailler dans cette nouvelle ! Je n'ai pas réussi l'exercice de la boucler dans les temps pour l'appel à texte ! Au final, j'ai quasi envoyé un premier jet, surtout la dernière partie (où il y a encore des fautes d'orthographe qui trainent, pour dire !) que je vais retravailler avant de poster ici.

C'est vrai que je pourrais être plus directe et ne pas changer de scène. Mais on ne verrait jamais ce travail de copiste des gardecyls, cette espèce de bureaucratie lourdingue.

J'aime bien l'idée de l'assistant qui vient leur annoncer que deux manquent à l'appel. T'as raison, il ne faut pas démultiplier les scènes. Je pourrais montrer les copistes au fond, tandis qu'ils font passer ces entretiens. Je vais y refléchir et faire les changements adéquats.

J'ai un peu ce ressort narratif - le fait qu'elle triture la lettre -pendant toute la nouvelle. Je ne sais pas si c'est la meilleure façon de montrer qu'elle est obsédée par la lettre. Ça peut en effet créé des répétitions d'idée à force.

Aussi, je me suis demandée s'il n'y avait pas trop souvent le mot "cyl".

Pour la suite, je vais un peu recorriger - j'ai déjà 2-3 trucs en tête - avant de poster.

Merci encore !
Artichaut
Posté le 27/02/2025
"Aussi, je me suis demandée s'il n'y avait pas trop souvent le mot cyl."
>
Personnellement, ça ne m'a pas dérangé du tout. J'y ai vu plus comme un rituel incontournable - presque dystopique.
Là où l'aspect "lourdingue" de cette bureaucratie m'a en revanche échappé.

Pour l’obsession de la lettre, je la comprends. Mais ne devrait-elle pas être plus insidieuse ? Cérébrale ? Je veux dire, Brynhildur ne risque-t-elle pas gros à la traîner avec elle partout, ou à la ranger dans un tiroir "public" ? Perso, si elle me mettait en danger, je la brûlerais par sécurité (ce qui n'est pas incompatible avec le fait d'en connaître le contenu par cœur ou d'être hanté par son souvenir).
Après, je ne suis pas dans la tête de ton héroïne. Peut-être que cette lettre a une valeur sentimentale également ?
Peridotite
Posté le 27/02/2025
Attention, si tu lis la suite, il n'y a pas de soucis avec cette lettre. En fait, tout le monde en connait son contenu. C'est un des twist 🙂
Nathalie
Posté le 26/02/2025
Salut Peridotite

Très intéressante plongée dans le coeur des elfes. Comment contourner le problème de l'immortalité et pourquoi s'y opposer. Un début prometteur qui donne envie d'en savoir davantage.
Peridotite
Posté le 27/02/2025
Coucou Nathalie,

Merci pour ton message :-)

J'ai écrit une petite nouvelle dans le monde de Heilendi pour exposer le système des cyls.

J'en ai une autre à venir d'ici peu.

J'ai lu la suite de Harmonies enchantées et faut que je vienne commenter. J'avais des trucs à dire sur le début du 3e chapitre !

A bientôt,
Vous lisez