L’arrivée
Le choc prit Camille par surprise et il cria. Il se retrouva projeté en avant. Comme ses mains étaient liées dans son dos, il s’étala de tout son long. Il sentit la poussière s’envoler autour de lui et l’odeur du sable dans ses poumons. Un coup dans ses pieds le fit se recroqueviller. Une botte s’appuya contre ses reins et le poussa tout entier sur quelques centimètres, sans douceur. Il roula. Son bâillon l’étouffait et le sac en tissus sur sa tête le désorientait complètement. Il entendit un cliquetis derrière lui et se raidit. Il voulut crier.
« Non ! Pitié ! Ne me tuez pas ! »
Mais il ne réussit qu’à émettre un grognement assourdi. Il avait joué, il avait perdu. Il connaissait les risques, il avait accepté les clauses du contrat en connaissance de cause. Et il avait perdu.
Une vibration entêtante s’éleva autour de lui. Les pas, il les entendit s’éloigner. Son cœur s’arrêta de battre. Est-ce qu’il avait réussi, est-ce qu’il avait échoué ? Un bruit de porte métallique, puis plus rien. Bon sang, bon sang, bon sang de merde… est-ce qu’il avait réussi ou est-ce qu’il allait mourir ? Cette situation était insupportable.
Comme personne ne semblait plus vouloir le maltraiter, il tenta de se débattre contre ses entraves. Il avait appris que les liens de serrage cassaient facilement quand on pouvait faire un grand geste brusque qui écartait les mains de force, mais dans le dos, ça ne lui était pas utile. Il avait aussi appris comment frotter son visage contre le sol pour retirer un bandeau sur ses yeux. Il se démena, petit à petit la toile céda du terrain. Il perçut d’abord de la lumière, une lumière féroce et crue. Puis il vit le volcan. Le sac lui faisait désormais un bonnet sur la tête, il était probablement ridicule, mais il ne pouvait plus quitter le panache de fumée du regard. Il avait triomphé. Il y était arrivé. Il était entré dans le sanctuaire ultra fermé, ultra protégé et ultra secret d’Éïr.
Il aurait pu en pleurer. Sauf qu’il y avait plus urgent à faire. Il força sur ses liens, se fit mal, pas moyen. Il ne parvenait pas à se libérer.
Il avait réussi ! Oh bon sang ! Il avait réussi. Il l’avait fait !
Le soleil était brûlant. La chaleur formait des vagues sur la ville qui s’étendait sous ses yeux. Encore un peu et il ne serait pas surpris d’y voir des mirages. Il fallait qu’il se dégage avant de mourir d’une bête insolation.
Eïr. Il était à Eïr. C’était vrai, c’était réel. Il ne rêvait pas. Il l’avait bel et bien fait !
Il se débattait toujours lorsqu’il aperçut quelqu’un qui approchait. L’apparition était sans doute une illusion. C’était une silhouette élancée avec un pantalon de flic bleu marine, de gros godillots de chantier et une veste épaisse. C’était beaucoup, beaucoup trop chaud pour ces latitudes. Pourtant, l’homme portait sa tenue fermée, sans une ouverture.
— Eh ! Je t’ai vu ! C’est bon, je vais te détacher, précisa-t-il. Arrête de te débattre, tu vas te blesser.
Camille poussa un soupir de soulagement. Il avait mal partout et avait l’impression qu’il allait encore se faire frapper. Mais l’homme s’agenouilla près de lui et commença par lui retirer le sac et le bâillon.
— Tu es un prisonnier, c’est ça ? Tu aurais dû aller en taule et tu t’es retrouvé ici ?
— Crime politique, confirma Camille dès que sa bouche fut libre.
— Politique ? C’est à la mode en ce moment.
Il sortit un grand couteau et lui délia les mains. Camille put enfin se relever. La chaleur lui faisait tourner la tête, mais il était vivant, et c’était bon de se sentir en vie. Terriblement bon.
— Je m’appelle Stéphane, se présenta l’espèce de flic. Je suis un membre de la Brigade des Limbes. Et la Brigade, c’est un peu tout ce qui réussit à maintenir l’ordre dans cette ville tout en protégeant des attaques.
— Moi, c’est Camille Conti. Je suis le fils d’Antony Conti.
— Tu sais, les personnes célèbres de l’extérieur, ça ne me parle pas tellement.
— Non, insista Camille. C’est quelqu’un d’ici. Il est là depuis le tout début, depuis que le mur a été dressé. Quand il se présente, il dit juste Tony.
Le milicien hésita. Il plissa les yeux et mit sa main en visière.
— Oh putain, tu es le fils de Tony. Oh non… je suis désolée, mais ton père il est… bah il est mort !
Quoi ? il lui annonce la mort de son père de cette façon ? Sérieux ! Bon, je vais continuer, parce que là, j'ai pleins de questions, et tu ne me répondras pas alors ; GO😂 je vais de ce pas vers un prochain épisode !
Au plaisir
Merci pour ta lecture et à bientôt !
J'étais un peu perdu au départ, mais avec la fin tout prend sens, bien joué :)
Pour être sûr d'avoir bien compris, ceux qui ont commis des crimes de l'autre côté peuvent être envoyé dans les limbes au lieu d'être emprisonné ?
Est-ce eux qui choisissent ou bien le juge ?
Merci pour la lecture :)
Alors… ce n’est pas tout à fait ça. Ce sera expliqué un peu mieux plus tard, mais disons que… vu que la zone est sinistrée et coupée du monde, y envoyer des personnes dont on se passerait bien peut s’avérer pratique. Donc ça n’a rien de légal. C’est du règlement de compte.
Merci pour ta lecture !
La fin claque, bien sûr. Merci et à bientôt!
C’est noté, pour la coquille (l’accent jurassien qui ressort)
Merci pour ce commentaire !