Partie 3 : L'orage (1/3)

Par Elka

L'orage

(15)

Il pleut comme vache qui pisse, désormais. J'ai à peine eu le temps de fourrer mon arme au sec dans mon sac à dos (au milieu de mes vieilles fringues) avant que ça tombe sévère. Du crachin on est passé à l'averse et de l'averse à... disons que je me fais une nouvelle idée de la météo de fin du monde.

Les gouttes sont énormes et me mitraillent la nuque et les épaules alors que je courre dans l'herbe détrempée. Mes chaussures s'enfoncent dans l'eau boueuse et quand je les retire (avec bruit de succion dégueulasse en prime) je manque de les perdre. Le froid me pénètre jusqu'aux os, mes cheveux gras dégoulinent et une mèche, qui finit toujours par se barrer quand je les attache, me colle à la joue comme une grosse sangsue.

J'ai l'impression de ne plus marcher droit ; moi qui croyais avoir relativement bien pioncé (après ma partie de jambes en l'air) je me sens totalement vidé d'errer au pif avec un rideau de pluie devant les yeux et le vent qui me pousse à droite et à gauche. Ce vent qui souffle si fort que j'ai l'impression d'être sourd, qu'il m'est rentré dans les tympans et y balance des bourrasques directement dans mon crâne. D'ailleurs, j'ai mal à la tête. Oh bordel de chiottes de...

Je stoppe net dans la tempête (au point où j'en suis, hein) et essaye de mettre ma main en visière pour une mise au point d'usage. On a beau approcher de midi (peut-être...) il fait noir comme en pleine nuit. Presque noir, gris foncé disons, ce qui me permet de distinguer une silhouette toute sombre plus loin. J'ai envie d'y croire et de foncer vers ce qui ressemble à une maison, mais la désillusion me ferait mal si je me plante.

En même temps je crois que si je me trouve pas un but rapidos je vais juste me laisser matraquer à mort par la pluie sans plus bouger. Après une brève lutte pour arracher ma jambe défectueuse à la tourbière, je reprends mon chemin le plus vite possible. Ça se précise, c'est bien une baraque de deux étages, mais la moitié s'est effondrée. Coup de pot, la porte a tenu le coup et je peux espérer qu'il reste une pièce au sec au rez-de-chaussée.

Je fonce jusqu'au battant et m'acharne dessus avant de réussir à l'ouvrir dans un craquement d'agonie. Je me grouille de le refermer et soudain...

Le silence.

Bon, c'est relatif naturellement, j'ai une nouvelle conscience du cyclone dehors. Ça siffle dans chaque interstice (et accessoirement entre les poutres et les briques démolies sur ma droite) mais je ne reçois plus que des gouttes. Je prends le temps de m'appuyer au chambranle en respirant comme un bœuf qui revient d'un marathon.

Mon genou me fait un putain de mal de chien qui irradie jusqu'à ma hanche, je tremble comme jamais j'ai tremblé et mon cœur cogne si fort que je crains de faire une attaque là, tout de suite. Je glisse sur le sol et frôle le coma d'épuisement, maintenu de justesse à la réalité par la douleur lancinante qui me remonte la cuisse.

Après un moment qui me paraît super long, je me traîne et essaye de me remettre sur mes guibolles. Je suis pitoyable. Me tenant d'une main au mur de l'entrée, je traverse comme un zombie en tournant le dos à la partie écroulée de la maison. Je peux oublier de monter l'escalier, ça ne m'inspire pas confiance... mais le petit vestibule débouche sur un salon. Un salon aux vitres et murs intacts, où il reste canapé, fauteuil et cheminée.

Je m'en fige de stupéfaction et je lâche un « bordel » qui me paraît de circonstance. C'est un peu comme pénétrer une suite quatre étoiles...

Ce n'est pas immense, ça sent le moisi, et je pense que la cuisine et la salle à manger sont du mauvais côté, mais il a l'air de rester du bois près de l'âtre alors je m'approche en claudiquant comme un octogénaire : je n'ai jamais fait de feu mais ça ne doit pas être trop différent d'un barbecue. Par contre, y'a plus de sciure et de mini-branches que de vraies bûches, ça ne tiendra pas.

Mais des planches, y'en a plein la zone effondrée. La perspective d'un bon feu et de la chaleur qui va avec me file des palpitations. Je me force à me calmer : un truc à la fois. Je me débarrasse de mes deux sacs et me fous immédiatement en caleçon. Cool, j'ai à peu près aussi froid avec et sans les fringues. Je me frictionne comme je peux en sautillant d'un pied sur l'autre, ma peau blanche hérissée de chair de poule. J'évite de regarder l'hideuse cicatrice qui me déchire le genou.

L'intérieur de mes sacs a l'air rescapé du Titanic. Je récupère mon flingue miraculeusement sec et un tee-shirt protégé par ma bouffe mise en sac plastique. La prochaine fois, hein, on pensera à juste tout ranger dans des sacs plastique...

J'étale plaid et duvet, sous-vêtements, pantalons (après avoir récupéré un jogging humide), pulls, veste... Bientôt le salon ressemble à un étendage. Je sors le reste de mes affaires et les aligne sur le sol. Je suis bêtement rassuré que mon unique roman ait survécu. Niveau possession personnelle faut avouer que je n'en ai que deux : ce livre trouvé par hasard en pillant des maisons abandonnées, et qui se trouvait être le préféré de ma mère, et la gourmette à mon poignet.

Je replonge les pieds dans mes baskets mouillées avec une grimace et part m'esquinter les mains sur les décombres pour en tirer assez de bois sec pour survivre à la nuit. Il a l'air de faire encore plus noir qu'avant si c'est possible, et je me cogne un peu partout pendant mon expédition.

Je prépare un petit monticule de bois (après avoir déchiqueté de vieux journaux qui traînaient sur la table basse pour aider l'ensemble à bien prendre) et s'en-suit dix minutes d'acharnement avec mon briquet. La première flamme me rend fier comme un paon mais elle tient juste le temps que le papier se consume. Je m'acharne un temps infini avant d'enfin obtenir un feu.

Chaleur et lumière commencent à couler tout autour de moi et les larmes me montent aux yeux. Je les essuie avec rage et m'active de nouveau. Mes fringues se retrouvent sur la table basse rapprochée de l'âtre, j'arrive à accrocher ma veste au montant de la cheminée et j'avance le canapé au maximum avant de m'effondrer dessus.

J'ai faim et soif mais je ne bouge plus, sauf pour attraper mon arme. À la lueur des flammes elle prend un aspect encore plus menaçant. Ce pistolet, mon ami... j'ai l'impression qu'il va se retourner contre moi et m'embrasser de sa gueule béante. Elle dit quoi la musique déjà ? « Hello darkness, my old friend... », ce flingue dans ma main c'est un peu les ténèbres facile d'accès.

(Maav)

Mais je ne vais pas me tirer dans la tête aujourd'hui. Pas alors qu'un bon feu ronronne juste à côté et que j'ai enfin chaud. Je me roule sur le côté mais mes yeux ne lâchent pas mon brillant compagnon d'infortune. Si mes parents me voyaient, parfaitement à l'aise avec cette chose dans la paume, les doigts enroulés autour de la crosse en y trouvant leur place.

(Maav)

Si seulement je savais tirer. Paraît que c'est instinctif, et je veux le croire. J'aurais besoin de lui pour sauver Maav de toute façon, je zigouillerai autant d'aliens que possible. Avec leur (écusson bleu) sale gueule. Hello darkness, my old friend.

(XII)

Quand je me pose au milieu d'une forêt, il pleut déjà bien plus fort qu'avant. Encore protégé par la bulle de ma navette, je regarde en l'air, vers la frondaison des arbres qui me protège tant bien que mal de l'assaut des éléments. Mon système de nettoyage du pare-brise s'affole depuis de nombreuses minutes, luttant contre l'écran de pluie qui revient en brouillant toujours plus ma vision. Atterrir maintenant n'aurait pas pu mieux tomber, j'entends le vent souffler à en arracher les pins, le ciel est désormais d'un noir d'encre et les premiers éclairs qui le strient m'aveuglent. C'est une véritable tempête qui se déchaîne hors de mon abri.

Je ne sais pas si je vais pouvoir marcher jusqu'au village, cela m'étonnerait même beaucoup, mais je n'ai pas le choix. Si mes chefs m'appellent plus tard pour vérifier où je suis et comment je vais, mieux vaut qu'ils n'entendent pas les instruments de bords bipper à tout va pour m'assurer chauffage et bonne visibilité.

Je me détache, récupère mon sac et l'ouvre pour en tirer de quoi me protéger de la pluie. Nos uniformes sont imperméables et notre température corporelle plus basse que celle d'un terrien, mais la météo me prédit quand même que je vais vite avoir froid et être trempé jusqu'aux os. Une précaution supplémentaire ne me semble pas superflue.

La capuche resserrée, je sangle mon sac sur mon torse et, dans un soupir résigné, coupe les moteurs pour sortir. J'ai l'impression que des litres et des litres d'eau ont le temps de rentrer dans la cabine, rebondissant contre les panneaux protecteurs recouvrant le tableau de pilotage et les sièges. La demi-heure suivante est une bagarre entre les éléments et moi pour sortir la bâche dissimulatrice et la placer sur l'astronef. Le sanglage me prend un temps infini, j'avale autant de pluie que d'air et mon visage me donne la sensation d'avoir été giflé cent fois. Finalement, je m'en sors, prends cinq pas de recul pour constater que le camouflage fonctionne – mais me semble d'autant plus inutile qu'il y a peu de chance pour que des terriens se promènent en forêt sous peu.

Je tourne enfin les talons et m'éloigne de là en rapides enjambées. Il n'est malheureusement pas question de mettre les bourrasques dans mon dos : elles tourbillonnent et s'efforcent de toujours soigneusement me frapper de face, coupant ma respiration et rendant ma progression plus difficile encore.

J'en viendrais presque à regretter d'affronter ça pour des humains.

En sortant du bois, je m'octroie quelques secondes pour reconnaître les lieux. J'use autant de mes yeux que de ma mémoire pour dépêtrer un plan du paysage noyé dans la pénombre et balayé par l'orage qui se présente à moi. Je me visualise le village bien plus loin à l'horizon et je sais que je n'y arriverai pas aujourd'hui, pas avec cette tempête qui électrise l'atmosphère et qui a précipité mon atterrissage. La météo n'aide pas l'humeur des terriens, je doute davantage de pouvoir transmettre mes intentions pacifiques avec le ciel qui se déchire. Il faut m'abriter, cependant, et le choix le plus évident serait de tourner le dos à tout ça et d'avancer droit vers la base au sol.

Mais – outre le fait de n'avoir pas envie de rejoindre les miens après m'être efforcé de les fuir – je sais qu'une possibilité d'abri se trouve plus près. Je n'hésite pas une seconde de plus, voûte les épaules pour une meilleure pénétration dans l'air et trace ma route au radar. Il y a des habitations avant le village, d'anciennes fermes je crois. Nous avons ouvert le feu sur la région depuis longtemps, il se peut que je ne trouve que des ruines, mais avec un peu de chance il y aura une ou deux maisons assez épargnées pour que j'y attende la fin de l'orage.

La chance est enfin avec moi, un regain d'énergie me fouette de la tête aux pieds quand j'aperçois la silhouette à demi écroulée d'une bâtisse. Je ne m'étais donc pas trompé, et à son allure je peux supposer que la partie épargnée me permettra de tenir la journée au sec. Mes oreilles sont saturées par le bruit de déchirure des éclairs et le tambourinement de l'averse, ma combinaison supplémentaire n'empêche plus le froid de m'engourdir et ma capuche ne sert plus à rien.

Je fronce les sourcils : la cheminée fonctionne. À peine visible au cœur du déluge mais pourtant là, un filament de fumée s'élève du conduit, preuve que quelqu'un utilise l'âtre. Des survivants ici ? Avec le village à côté cela me paraît improbable que quelqu'un se soit isolé là, et pourtant...

Je chasse une mèche mouillée collée sur mon front et ouvre mon Triva pour percer la pluie et les murs de cette maison. Ce faisant, je me remets à marcher, le monde soudain explosé en deux écrans se chevauchant. Pour les Purs, il est naturel de voir avec leurs yeux et leur Triva, ce qui explique que ce dernier soit ouvert en permanence. Pour nous, soldats, maintenir les deux visions ensemble nous donne la migraine, il nous est plus confortable de conserver notre Triva fermé.

Aujourd'hui, cependant, me paraît une bonne occasion pour maintenir mes efforts. Mon Trigard me permet d'oublier le rideau de pluie qui s'abat sur moi, d'oublier l'obstacle de la maison et de distinguer un salon. Un feu brûle bel et bien dans la cheminée mais je ne vois que le dos d'un canapé. J'hésite à me concentrer davantage, une aiguille s'enfonçant déjà à l'arrière de mon crâne, mais je distingue quelque chose qui me permet de fermer mon Triva sans plus attendre.

Je me trouve aveuglé une seconde mais mes jambes continuent de s'activer par automatisme. J'atteins le seuil et glisse précautionneusement ma main sous ma combinaison pour saisir mon arme. Ma paume libre s'appuie sur le battant qui pivote un peu sur ses gonds : ouvert. Parfait.

Je n'y tiens pas, mais j'ai bien conscience que je risque de devoir me défendre. Je voulais du terrien et me voici servi, ainsi qu'en témoignent les deux pieds qui dépassent du sofa. Je dirais même que je suis tombé sur un spécimen à l'instinct de survie très bas. C'est à se demander comment il a pu tenir jusque là.

(16)

Le grincement de la porte me tire du sommeil en sursaut. Par réflexe je me fige, et je trouve ça dingue, cette capacité à passer du mauvais dodo à l'éveil parfait. Je suis tendu comme si je guettais ce bruit depuis des heures, et pourtant il est plus que certain que j'ai sombré : une nuit profonde est tombée dans le salon que j'occupe, tranchée par le brasier dans la cheminée qui – s'il s'est atténué – continue quand même bravement. Une bûche en plus ne ferait pas de mal mais je ne bouge pas le moindre muscle : quelqu'un est entré.

Quelqu'un qui prend un soin particulier à ne pas annoncer sa présence. Dans mon état d'extrême concentration je ne loupe pourtant pas le « plic ploc » des gouttes sur le carrelage ou le couinement très léger d'une semelle trempée sur le sol. Un froissement de tissu, son délicat qui indique un mouvement unique. Puis plus rien, le silence complet. Mon cœur mitraille dans ma poitrine, mes intestins font des scoubidous et une envie de pisser pressante me rappelle le stress en période d'exam. Je squattais longuement les chiottes avant les oraux ou les écrits.

Je ne peux pas m'empêcher de penser que si c'était un humain qui se tenait dans la pièce, il se serait déjà éclairci la gorge et présenté. Il ne me laisserait pas le deviner avoir pris la pose dans mon dos, attendant mon premier mouvement pour dégainer. Je resserre ma main sur la crosse de mon arme, glisse mon doigt sur la gâchette, arrange imperceptiblement ma position.

À trois, je me redresse et le mets en joue.

(XIII)

J'adopte une respiration lente et posée. J'oublie l'orage, les vagues de chaleur tentatrices qui émanent de l'âtre, la flaque qui se forme sous mes pieds. Je ne pense qu'à rester tranquille et patient, les bras tendus, l'arme assurée dans mes mains.

Et je décompte.

… 2...

(17)

Je bondis et mes coudes trouvent naturellement appui sur le dossier pour viser sans trembler. À genoux sur le sofa, les lèvres pincées, je braque l'intrus qui me braque déjà.

Ma bouche s'ouvre de terreur contenue.

Un alien.

Un de ces putains d'aliens.

Et je vais tirer, je vais tirer pour (maman) ma vie foutue (papa) mes amis perdus (Maav) tout ce merdier depuis six mois.

Mon index se crispe sur la gâchette mais je ne vais pas au bout. J'en crève d'envie, je songe même pas au fait qu'il pourra sûrement tirer le premier, encore moins au détail qui est que je n'ai jusque là jamais pressée cette fichue gâchette.

Je veux tirer mais mon regard est attiré comme un aimant par le petit sigle cousu sur son torse.

Un écusson bleu.

Oh Maav. J'ai enfin trouvé un de ces cons à l'écusson bleu. Je l'ai trouvé et je ne peux pas le tuer. Alors c'est clair : c'est lui qui va me flinguer.

(XIV)

J'ai beau être en parfaite maitrise de mon corps – pas un tremblement, pas une moue, pas le moindre tic déformant ma posture ou mon expression – une inquiétude sourde me serre les entrailles : il va tirer. Pourquoi ne le ferait-il pas ? Je devrais le devancer pour survivre mais je m'y refuse.

Je me refuse de le tuer ou de le blesser. Cela irait à l'encontre de mes principes tout neufs et, au fond de moi, je peux sentir mon traumatisme remuer comme un animal en cage. À travers les yeux de ce mâle, ce sont les yeux de cette femelle que j'ai épargnée qui me fixent et me mettent au défi d'appuyer sur la gâchette. Si je le fais, alors peut-être triompherais-je de ma différence, peut-être pourrais-je reprendre les missions dans un état d'esprit proche de celui qui était mien deux jours auparavant. Peut-être ne serais-je plus Déviant.

Je prends alors conscience, plongé dans ma profonde concentration, que je veux rester Déviant. Que cette voie me rend curieux, que ce mâle terrorisé face à moi m'intrigue.

Parce qu'il ne tire pas. Mes réflexions se poursuivent dans mon esprit, coulent comme un torrent de montagne et s'éparpillent en divers cheminements ; il a déjà eu vingt occasions de me tuer et pourtant il n'en fait rien. Cette « décision » de sa part me confirme ce que je soupçonnais : ce n'est pas un soldat. Pas un combattant.

Il tremble avec violence tout en essayant de se retenir, mais même dans l'éclairage dansant du feu de cheminée en train de diminuer, je peux voir ses jointures blanchies à force de serrer la crosse de son arme, ses veines gonflées sur le dos de ses mains, la tension qui l'agite tout entier et fait tressauter ses épaules. Il se mâchonne la lèvre inférieure avec nervosité, déglutit avec difficulté, ses yeux sont exagérément écarquillés comme pour s'empêcher de ciller et son regard m'étudie de bas en haut, se fixant sur un point précis que je ne saisis pas. Un vrai tueur regarde son opposant sans se laisser distraire. Il reste calme, inspire profondément : ce jeune mâle halète de nervosité. Il me fait pitié.

Comme il n'attaque toujours pas, je tente ma chance et prononce d'une voix claire :

Je ne vais pas tirer.

La surprise l'ébranle mais je ne sais si c'est à cause de mes paroles ou seulement de ma voix. Je crains une fraction de seconde qu'il ne tire sous le coup de l'étonnement mais, fort heureusement, son arme ne fait que sursauter dans l'étau de sa prise. Il m'écoute, c'est certain, alors je répète tout en abaissant mon pistolet :

Je ne vais pas tirer.

Je commence à m'accroupir avec une lenteur exagérée, me libérant une main pour montrer ma paume en signe de paix comme je l'ai vu faire dans plusieurs films. Il se redresse sur le sofa pour observer l'entièreté de mon mouvement : de l'instant où je pose mon arme sur le sol carrelé jusqu'à celui où je suis de nouveau debout.

C'est quoi ce bordel ? crache-t-il. Tu me fais quoi, là ?!

Son accent et sa façon de parler sont désagréables.

Je te prouve ma bonne volonté, réponds-je.

Tu prouves que dalle, ouais !

Je ne veux pas tirer, répliqué-je avec fermeté. Je cherchais à m'abriter de l'orage, je ne vous veux rien de mal.

Il respire fort et je le devine perdu par ma déclaration. Il ne comprend pas, quoi de plus normal ? Je ne sais à quel niveau nous avons bouleversé sa vie, mais il n'a manifestement pas été épargné par notre débarquement et les missions d'exécutions qui ont suivi. C'est un survivant, mais quel en était le prix ?

Sûrement, avant de nous connaître, n'avait-il jamais eu cette apparence suintant l'épuisement par tous les pores. Il ne devait pas avoir de tels cernes bordant ses yeux injectés de sang à force de fatigue, cette barbe mal entretenue, cette maigreur révélant ses pommettes et les tendons le long de son cou. Il ne devait pas être si pâle et si frissonnant. Je prends d'abord conscience des mèches de cheveux échappées de son catogan, puis de la sueur qui lui colle sur les tempes et le front. De la fièvre ?

Je suis trempé, articulé-je. Est-ce que je peux...

Tu te fous de moi ?! hurle-t-il en devinant la fin de ma phrase.

Il a l'air prêt à s'effondrer et pourtant il tient bon, s'appuyant de plus en plus au dossier du canapé pour me maintenir dans sa visée.

Non, plaidé-je, obnubilé par une goutte de sueur qui dévale sa figure. Je suis sincère, je ne vous veux aucun mal.

Vous autres vous passez vot' temps à nous dégommer et j'devrais te laisser une place sur le canap' pour sécher tes petons ?

Je ne suis pas pareil, tenté-je.

Il hausse un sourcil dédaigneux et – je ne sais où il trouve la force – se redresse sans pour autant se lever de son siège. Il m'examine avec dédain et lâche :

Je vois pas de différence, perso !

Et pourtant, assuré-je patiemment sans le quitter des yeux, je suis Déviant.

Mais ta gueule ! s'égosille-t-il.

Cessez de me braquer, je vous prie.

Je suppose que c'était la phrase de trop. Que j'ai, d'une façon ou d'une autre, dépassé les limites. Ses bras se tendent soudain, pointent vers mon abdomen, et je comprends qu'il va tirer.

J'agis avant, ouvre mon Triva et me transfère.

(18)

Une lame me transperce le cerveau. Mes neurones explosent, crépitent, renaissent, me brûlent : le feu s'étend à mon corps entier.

Le monde bascule. Deux vues se superposent.

C'est moi.

C'est moi qui se précipite vers moi pour m'empêcher d'embrasser le sol et la nausée est terrible et je veux dégueuler mais rien ne sort pas ma bouche et la douleur est tellement intense tellement forte et j'ai les mains moites et le feu...

Le feu qui s'attaque à mes orbites quand...

… brusquement je tombe sur mon regard, et c'est le noir.

(XV)

Il ne s'évanouit qu'une brève seconde, mais se réveille tellement abasourdi que j'ai le temps de me redresser et de bloquer ses bras contre son corps. Je l'assoie sur le sol glacé et me mets moi-même à genoux, prêt à bondir sur mes pieds au besoin. Il ne se défend pas tout de suite, respire difficilement, remet son monde à l'endroit comme je l'ai moi-même fait de nombreuses fois avant de m'habituer au Transfert.

J'en profite pour plaquer ma paume sur son front : il est plus chaud que ce que sa moyenne devrait exiger. Un vertige me saisit : c'est ça que nous combattons maintenant. Les petites gens. Des survivants qu'un simple virus pourrait emporter. Ce n'est pas que notre combat me paraît futile (les humains ont signé eux-même leur arrêt de mort) mais à ce stade, nous devrions peut-être envisager des alternatives.

Profitant qu'il soit encore hébété, je le relève d'un seul coup, indifférent au gémissement qui s'échappe de ses lèvres sous l'effort. Je commence à le guider jusqu'au sofa quand il se braque.

Ses yeux font le chemin du canapé, sur lequel il aurait dû se trouver, à moi qui l'aide à marcher, et il s'écarte avec brutalité. Il manque de tomber, se rattrape au dossier d'une main et tend l'autre pour m'empêcher d'avancer davantage. Il cherche ses mots, inspire lourdement et prononce finalement :

Comment ?

Vous alliez faire une bêtise, éludé-je.

Mais comment tu... j'étais là (il désigne le canapé). J'étais LÀ !

Les humains ont vraiment une fâcheuse tendance à crier sans cesse...

Je ne voulais pas vous effrayer, soupiré-je, juste vous déstabiliser. Je suis navré.

NAVRÉ ?!

Il se passe la main sur la figure :

C'est un putain de délire. Oh te Dieu ça y'est, j'ai viré barjo.

Je me racle la gorge pour lui rappeler ma présence. Le feu produit plus de fumée que de chaleur désormais, il ne peut plus rivaliser avec les courants d'air glacials qui filtrent par les interstices de la bâtisse. Dehors, la pluie continue de marteler la terre et de tambouriner contre le carreau de la fenêtre poussiéreuse ; bande-sonore pour la scène qui se déroule dans ce petit salon abandonné. Scène aussi étrange pour lui que pour moi.

C'était quoi ? demande-t-il finalement.

Je saute sur l'occasion :

Je peux vous expliquer, répondre à toutes vos questions. En échange, mettons le reste de côté. Laissez-moi ranimer ce feu et prendre un siège. Discutons, conclus-je.

Il ouvre de grands yeux et je le vois cogiter, peser le pour et le contre, essayer de comprendre.

Ton écusson, souffle-t-il, ça aussi tu me l'expliqueras ?

Je fronce les sourcils et désigne mon insigne pour m'assurer d'avoir bien compris. Il acquiesce et je réponds :

Oui, tout ce que vous voulez.

Un seul geste louche et...

Je laisse mon arme là, promets-je en ravalant mon agacement.

Elle gît toujours à terre, à demi dans la flaque d'eau produite par le goutte à goutte de ma combinaison. Il a l'air d'accord et je m'apprête à déplacer ses affaires, qu'il a étendues sur l'autre fauteuil, quand une légère stridulation retentit dans mon oreille. Je me raidis, il en fait autant, revenu se recroqueviller dans un coin de canapé :

Quoi ? dit-il en reprenant déjà son pistolet.

Je ferme les yeux et espère très fort que la situation ne va pas se remettre à dégénérer à cause de ça :

Mes supérieurs, soufflé-je, ils m'appellent.

Et ?

Pouvez-vous faire silence ? Pour votre sécurité, ajouté-je avec un regard insistant.

Il me croit mais me scrute avec méfiance, fort heureusement en silence. Du doigt, je presse le bouton qui active les conversations et entends immédiatement la voix de mon chef d'unité qui me parle par l'intermédiaire de mon oreillette :

Ayaehl-nahir, tout va bien ?

Très bien, monsieur.

Avez-vous pu vous poser ?

Sans problème, monsieur.

Où en êtes vous ?

 

 

(19)

J'ai trouvé un abri le temps que durera cette tempête, monsieur. Impossible de mener ma mission à bien pour le moment.

Tout en blablatant et donnant du « monsieur » à tout va, l'alien pousse le fauteuil pour le rapprocher de la cheminée, passant mes affaires qui y séchaient sur l'accoudoir de mon canapé. Mais oui, vas-y gars, fais comme chez mémé, je t'en prie !

La tension et l'incompréhension me figent sur mon bout de sofa, flingue en main. Je ne suis toujours pas convaincu que l'épargner était une bonne idée et pourtant... Pourtant je suis encore en vie, non ? Donc il ne m'aurait pas menti ? C'est possible ça ? Et va-t-il vraiment me donner les réponses que je souhaite ?

Mon cœur pompe comme un fou, mes mains tremblent. Je meurs de froid, je crois que j'ai de la fièvre, mais je n'ose pas me détourner de lui pour récupérer mon duvet. Je n'ose même pas foutre une bûche dans l'âtre, même si ça en aurait bien besoin. Je peux juste me concentrer sur ma respiration pour rester raccroché à la réalité. Dehors, la tempête a gagné en intensité, les bourrasques gueulent sur la campagne et des trombes d'eau s'abattent tout autour de nous. Un éclair déchire brusquement le ciel et gobe toutes les couleurs et les ombres pour nous aveugler. Durant une seconde le salon est tout blanc, puis les ténèbres reprennent possession des lieux. L'alien s'est autant laissé surprendre que moi et, poursuivant sa communication, jette un œil par le carreau pour jauger lui-même de la force des intempéries.

Bien monsieur, souffle-t-il au gars que je peux pas entendre.

C'est la première fois, je réalise soudain, que je peux voir un alien d'aussi près. Aucun de nous ne pourchasse l'autre. L'Enfer se déchaîne hors de ces murs mais, ici, il règne une tension paisible ; ça pue le manque de confiance mais nous pouvons nous regarder dans le détail.

Sa peau me répugne, blanche comme s'il n'avait jamais vu le soleil et légèrement translucide. L'arborescence de ses veines est visible de là où je suis, un tracé sinueux de bleu et de vert qui longe son cou, couvre ses joues, trace son chemin sur son front, rejoint ses cornées. Idem sur ses mains et, je suppose, le reste de son corps.

J'étudie ensuite son front. Je me contrefous de ses cheveux blancs (ce gars est limite monochromatique en fait), un peu moins de ses oreilles tombantes, et je préfère ne pas m'attarder sur sa silhouette à la fois proche et radicalement différente de celle d'un humain (un cul et des hanches inexistants, des épaules trop larges pour des bras trop fins) : par contre je suis obsédé par la paupière close entre deux mèches de sa frange.

Il m'observe avec prudence et fait un geste en direction du tas de bois à côté de moi. Il me demande l'autorisation d'approcher pour ranimer le feu. Je me mords la lèvre tellement fort que j'ai peur qu'elle explose dans ma bouche, mais je hoche la tête, le visant alors qu'il s'avance et réveille les braises incandescentes.

Je suppose que c'est sa version de l'imperméable dont il commence à se débarrasser : un tissu gris luisant d'humidité, zippé en trente-six endroits différents. Je ne sais comment il arrive à s'y retrouver entre toutes ces fermetures pour libérer ses bras des manches longues et des gants et s'extirper entièrement du vêtement serré sur son corps mais il y arrive. Il accroche son imper' (ou je-ne-sais-quel nom ils leur donnent) au montant de la cheminée, et je devine que sa discussion touche à sa fin puisqu'il a le pouce sur le petit boitier qu'il a sorti de son sac à dos. À aucun moment il n'a sous-entendu être avec moi. Un piège ? Il raccroche et retire son oreillette pour ranger le tout dans une poche de son sac.

Vous pouvez cesser de me viser, soupire-t-il, je ne ferai rien. J'ai dit à mon supérieur que je me débrouillais.

C'est peut-être un code pour « rappliquez vite m'aider à le descendre », je grogne.

Il me regarde avec un véritable étonnement dans ses yeux clairs, c'est flippant.

Si je voulais vous tuer, pourquoi ne l'aurais-je pas déjà fait ? Je n'ai pas besoin d'appeler mes camarades pour cela.

Pas faux. Mais ça le rend pas tout blanc pour autant. Je réplique :

Tu veux p'tet que je te mène à d'autres personnes !

Je pourrais vouloir ça, admet-il en haussant une épaule. Mais nous avons attaqué ce lieu hier, alors quel serait l'intérêt ?

Il reste des survivants ! je provoque sans réfléchir.

Le con. Je suis un con fini ! Je viens de trahir un village entier d'un seul coup ! Je guette la surprise sur la face de l'alien, le froncement de ses petits sourcils, la seconde où il se jettera sur son téléphone pour contacter ses chefs de retourner à l'attaque. Aucune réaction, pas même un frémissement des zygomatiques.

Nous nous en doutons, me confie-il avec ce qui ressemble à du dégoût. Une équipe sera déléguée à un nettoyage discret sous peu je suppose.

Vous êtes immondes...

Il me regarde en exprimant une immense lassitude. Ses yeux sont d'un vert extrêmement pâle qui a l'air de flamber sous l'éclat du feu ranimé.

Je sais, souffle-t-il.

J'ai à peine conscience que mes bras sont baissés et que la gueule de mon flingue ne regarde plus qu'un coussin. C'est quoi ça ? Cette tristesse et cette dépréciation de son espèce ? J'en fait quoi moi, de ça ? Je le crois ? Je tire ? Mais il a un écusson bleu qui détonne sur le blanc-gris de son uniforme, et Maav justifie bien que j'accorde ma confiance à un alien. Ou du moins que je fasse semblant, en attendant de voir.

Son arme est toujours par-terre, à l'écart, et je peux voir qu'il porte pas de second holster, rien qui fasse un plie inattendu sur sa tenue moulante. Alors je pose mon flingue au sol, près de moi, et le soulagement coule sur ses traits. Je ne dis rien, il a le bon sens de ne pas commenter. À la place, il entreprend d'ouvrir son gilet.

Les boutons – pressions ou pas – ces types ne connaissent pas. Son vêtement, comme son imper, est un jeu de fermetures Éclair parfois cachées sous un plie de tissu. Pantalon, bottes et gilet : même couleur et même coupe. Je n'aimerais pas porter ses fringues en tout cas, ça a l'air tout sauf confortable, y'a pas un pet de place en trop. C'est limite soudé à sa peau.

Il pose son gilet avec précaution sur le bord du fauteuil et reste en sous-pull à col montant, le tout sous mon regard volontairement malpoli. Mais si ses prunelles coulent sur moi de temps à autre, il ne me demande pas de me détourner. Peut-être qu'il respecte ma curiosité.

Il s'assoit, fixant le feu, et je repense à tout à l'heure. Je ne sais pas ce qu'il a foutu pour me désorienter, pour me faire passer du canapé au carrelage et me filer une telle gerbe et une telle migraine, mais ça passait par son troisième œil.

Si vous avez des questions, posez-les, me lance-t-il d'un ton finalement agacé. Vous aimeriez que je vous observe sous toutes les coutures, comme ça ?

Mais j'ten prie, raillé-je. Un petit strip-tease pour ton plaisir ?

Il m'accorde à peine une œillade hautaine qui me met les nerfs en pelote. Au nom de quoi il se permet de me prendre de haut ? Ouais je le dévisage, j'estime en avoir le droit !

Mais il sort :

Je sais tout de votre anatomie. Nous avions des cours à ce sujet.

Quoi ?

Son regard pique sur moi et je me dis qu'il est honnête, qu'on ne peut pas feindre l'expression qu'il arbore et que je ne saurais pas nommer. Ce mélange de honte, de crainte, de provocation, de colère, de... de je sais pas quoi. C'est trop complexe pour être faux. Et c'est sûrement parce que je le crois que j'accuse avec un calme relatif sa déclaration.

Nous avions des cadavres. L'autopsie des terriens est un sujet de cours pour les soldats.

Un profond silence s'abat sur la pièce. Dans la campagne, les éléments s'excitent à s'en casser les bourrasques, la foudre zèbre le ciel à intervalles réguliers et engloutit dans sa lumière blanche nos deux êtres mal à l'aise, autant à l'écart que possible, qui se zieutent furtivement de travers.

Et donc, articulé-je la gorge nouée, t'es un soldat ?

Je pense que l'oscar de la meilleure reprise de conversation me revient.

Oui, répond-t-il sobrement.

Je le sens tout tendu, genre tendu-sur-le-point-de-se-rompre. Son regard se pose un quart de seconde sur sa veste qui finit de goutter sur le sol, ce qui est très bizarre, faut l'avouer. Je me mets à sa place : je suis de la race des envahisseurs qui ont gagné, j'ai comme job de dégommer de l'humain et entre mes cours de maths et d'Anglais j'ai « autopsie ». Si on me perce à jour d'une remarque vaguement hostile, je pense que le mieux serait plutôt de se préparer à sauter sur mon flingue (en ignorant ma veste, naturellement) pour dégommer celui qui m'a repéré. Non ?

Bah non, lui il a l'air tout dépité à l'idée de retourner sous la pluie. Je relance avec un peu plus d'assurance (et un max de suspicion, j'avoue) :

Et tu me feras rien...

Non, m'assure-t-il avec force.

Son attention ne flanche pas en se plantant sur moi. Je ne peux pas m'empêcher de m'assurer que sa troisième paupière reste bien fermée sur son front.

Pourquoi ?

Il ouvre la bouche, se ravise, soupire et recommence :

Je suis un Déviant.

C'est-à-dire...

C'est-à-dire que je ne suis plus comme les miens, récite-t-il avec âpreté, que je ne peux plus vous tuer et m'acquitter de mon travail sans en souffrir. Je ne veux plus tuer. J'ai réussi à ne pas me faire repérer par les miens ou les Purs pour le moment, mais quand ce sera fait on m'exécutera certainement.

C'est... radical.

Un soldat n'a pas à faire preuve de bons sentiments, m'explique-t-il avec tristesse, ce n'est pas notre rôle.

Il réussit à me toucher, cet alien. Je ne sais pas pourquoi ni comment mais je me retrouve à me détendre et à m'asseoir normalement sur le canapé, plutôt que chiffonné contre l'accoudoir. J'ai envie de lui faire confiance. Son honnêteté est aussi déstabilisante qu'agréable. Une part de moi songe que nos espèces ne sont peut-être pas si différentes. Que si un humain peut changer, pourquoi pas lui ?

J'essuie ma paume moite sur mon pantalon et la lui tends en me sentant un peu con parce que plusieurs mètres nous séparent encore. Je dis quand même :

Je m'appelle Sloan.

Il avise ma main et je réalise qu'il ne sait peut-être pas ce que ça veut dire. Mais après une courte hésitation, il saute sur ses pieds et s'avance pour me la serrer. Il a la peau toute froide et le tracé super-visible de ses veines sous son épiderme reste perturbant.

Je suis Ayaehl-nahir, dit-il.

 

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Isapass
Posté le 02/02/2018
Coucou Elka !
Je viens d'avaler ce dernier (mais pourquoi ? pourquoiiii ?!) chapitre avec mon petit dèj, et, au risque de me répéter, je suis encore une fois bluffée !
Sérieux, je trouve ton style et tes choix narratifs brillants. Tu gères hyper bien le changement de point de vue. La différence d'expression entre les deux personnages suffit largement à situer où en est. Et la différence d'émotivité aussi. Et du coup tu utilises cette alternance de manière impeccable pour faire monter la tension.
Au début, on voit venir le truc : la pluie, la maison isolée, la fatigue de Sloan et le "confort" qu'il trouve, et qui lui font baisser sa garde... Tout est propice à leur rencontre et ça ne rate pas. Et pourtant j'ai lu en apnée parce que ce n'est pas le fond qui est particulièrement original dans ce chapitre, mais la forme... WAOUUUUUH.
Tu as VRAIMENT un talent particulier pour tenir ton lecteur en haleine ! Et encore une fois, ce n'est pas une lectrice de SF qui te dit ça. Mais l'histoire aurait pu être transposée dans une guerre entre humains, en fait. Un pays envahi par des fanatiques, par exemple... Et l'un d'eux qui ne veut plus atteindre son paradis par n'importe quel moyen.
Tes personnages sont très interessants. Ils ont chacun leur traits forts, avec les cassures qu'il faut pour les rendre profonds.
Nan mais y a pas photo : si tu hésites, n'hésite plus, et REPRENDS la suite d'Invasion ! Bon j'avoue que c'est aussi intéressé, hein, quand je te dis ça : je veux connaitre la suite !! 
Bravo, bravo, et bonne inspiration pour tous tes projets ! 
Elka
Posté le 02/02/2018

Merci mille fois Isapass pour ton enthousiasme, ça me fait extrêmement plaisir ! Si tu le souhaites je pourrais tout de même te passer l'ensemble en pdf (et après coup je te dirai ce que je modifierai ahaha Un retour de plus sur le tout ne pourrait qu'être bénéfique)
En tout cas c'est certain, tu me donnes envie de le reprendre, ce texte. Je le ferai très très très certainement un jour (parce que mine de rien ben... Je l'aime bien)
Tes compliments me vont droit au coeur !
Elka. 
sidmizar
Posté le 02/12/2016
Enfin la confrontation tant attendue !
 Sloan et Ayaehl-nahir se retrouve face-à-face dans cette maison en ruine et les premières minutes sont pleines d'incertitudes. Pourquoi n'a-t-il pas tiré ? Que veux t-il ? Pourquoi suis-je encore vivant ? Ces questions traversent Sloan quand l'alien (long le nom...) réalise la faiblesse de cet humain qu'il est chargé de traquer. 
Sloan a enfin l'occasion de tuer un de ces aliens à écusson bleu, mais ne le fait pas et, au contraire, l'examine. Il peut enfin regarder de très près ces créatures qui ont détruit sa planète. Même s'il veut le tuer, il ne peut s'empêcher de vouloir croire qu'il n'a pas d'intentions hostiles... du moins pour le moment.
Du coup, cela nous donne un bon huis-clos où nos deux protagonistes, encore méfiants, baissent leur garde et décide de se laisser une chance de se connaître. Les débuts sont évidemment glacials, mais on sent que notre extra-terrestre fait vraiment tout pour rassurer cet humain quand Sloan fait le premier geste en tendant sa main.
Pour moi, c'est très bien amené et j'ai hâte de lire la suite.  
Elka
Posté le 02/12/2016
Re !
Eh oui, elle finit par arriver cette confrontation ! Je suis heureuse que tu aies trouvé ça bien amené et que tu apprécies ce huis-clot. C'est une ambiance qui me plaisait beaucoup et une partie que j'ai aimé écrire pour ça.
Désolée du coup que la suite n'arrive pas tout de suite ><
Merci beaucoup pour tes commentaires en tout cas ! 
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