Une autre journée se levait au café.
— Et du coup, nous aurons un bûcher de dix mètres de haut, et deux autres plus petits.
— Il n’y en avait qu’un seul l’année dernière pourtant Monsieur le Maire, répondit André.
— Justement ! Là les jeunes pourront commencer à sauter au dessus du feu plus tôt dans la soirée, pas besoin d’attendre que le grand soit presque entièrement consumé. Et nous aurons sans aucun doute le feu le plus grand de l’agglomération ! Ce sera une réussite sans précédent ! s’enorgueillit le Maire.
— Je vous crois, je vous crois.
André n’était pas convaincu que tout cela en valait la peine, mais affichait une mine réjouie, comme d’habitude. Il savait brosser les gens dans le sens du poil. Non pas qu’il soit manipulateur, mais il estimait que c’était la manière la plus logique de ne pas provoquer de problèmes. Pendant ce temps, Robert discutait avec un homme d’environ vingt-cinq ans à une petite table au fond de l’établissement.
— Et en parlant de la Grande Guerre, tu sais pas quoi François ?
— Dis-moi donc.
— René, il est mort hier. Il ne s’était jamais remis des tranchées. En plus d’y avoir perdu une jambe, il était complètement sous le choc, tout le temps. Il tremblait presque en continue. Sa femme disait en ville qu’il faisait des cauchemars toutes les nuits. Et voilà que maintenant, son coeur a laché… C’est triste à dire, mais c’est sans doute mieux comme ça.
— C’est moche. Tu avais été mobilisé toi aussi ?
— Oui. C’était une sale époque. J’ai eu la chance de me retrouver chauffeur dans un coin qui ne bougeait pas trop. On a eu des bombardements comme tout le monde, mais rien à voir avec Verdun, ajouta-t-il d’un ton triste.
— Et toi ça va ? Je veux dire, pas de tremblements ni de cauchemars ?
— Pas plus que quelqu’un d’autre. Par contre il y a quelque chose… Tu me promet de n’en parler à personne ? demanda Robert d’un air conspirateur.
— Promis juré, chuchotta François en se penchant vers son interlocuteur.
— Depuis que je suis rentré ici… Ne te moque pas de moi. Je vois un… Je vois un nain de jardin absolument partout. Dans la rue, dans mon jardin, dans le jardin du voisin, chez l’épicier… Je suis sûr qu’il est dans ce café aussi. Le même. Tout le temps.
J'aime vraiment cette histoire, façon brève de comptoir ( bah c'est le cas en fait ^^) c'est super fluide !
je vais arrêter de dire que j'aime à force ça doit souler xD
Les nains de jardin, c'est vraiment un sale bail...
Sinon, j'aime bien le découpage en scénettes, ça donne une bonne ambiance !