Des pleurs déchirèrent le silence angoissant dans lequel se trouvait la chambre. Un sourire de soulagement apparut sur le visage du médecin royal, de même que sur les servantes qui l’avaient accompagné. Les lèvres d’Elirane, la reine, tentèrent de se mouvoir mais sans succès, affaiblie qu’elle était par les efforts qu’elle venait de mener.
— C’est une fille, lui annonça le médecin pendant qu’elle fermait les yeux.
Il n’osait rien dire, pas devant les servantes, au risque de les inquiéter, mais qu’elle soit encore en vie relevait presque du miracle. Elirane était de constitution fragile, souvent malade et tout aussi régulièrement aux portes de la mort, survivant à chaque fois miraculeusement. Il pensait qu’aujourd’hui, en donnant la vie, les divinités ne l’épargneraient pas, prenant la sienne pour permettre à sa fille de naître. Il était néanmoins soulagé de constater qu’il avait tort, qu’elle semblait aller bien, malgré la fatigue qui s’abattait désormais sur elle. Les Etoilées, soient-elles louées, devaient avoir agi en faveur de la souveraine.
— Hei…rya, murmura-t-elle avec toute la force qu’il lui restait.
Pendant qu’elle s’endormait, le médecin laissa le soin à la Haute Prêtresse d’effectuer les sacrements. La princesse, à peine née, n’avait pas droit au même repos que sa mère. Ainsi, la Haute Prêtresse vint lui appliquer sur son front de l’eau astrale pour former le symbole des Etoilées. Il s’agissait d’une étoile à six branches au centre d’un cercle. L’eau sembla briller quelques secondes, d’une lueur bleutée, signe que les Astres reconnaissaient la princesse comme héritière de Rencter. Elle put ensuite immerger le bébé dans une bassine d’eau pure. Elle l’y nettoya, dans un rituel de purification que les servantes observèrent en silence. Pendant ce temps, le médecin auscultait la reine pour vérifier que tout allait bien pour elle. Soulagé, il demanda aux domestiques de laisser la souveraine se reposer une fois le nettoyage effectué.
La porte s’ouvrit alors, pour permettre à une adolescente de rentrer dans la pièce. Vêtue d’une tunique bleue foncée, ses cheveux roux détonnèrent dans la pièce. Elle s’inclina respectueusement face à la reine et à la Haute Prêtresse et s’approcha de la princesse. Elle tenait dans ses mains une fiole qu’elle ouvrit pour s’imbiber les mains du liquide qu’elle contenait. Transparent, il avait une douce odeur de rose. La Haute Prêtresse maintint le bébé pendant que Kellua, jeune magicienne royale, dessina un croissant de lune près de son oreille. Une légère lueur bleutée s’en échappa pendant que cela s’incrustait en Heirya, dans une similitude à un tatouage. Il s’agissait de la marque des Terfra, la famille royale de Rencter dont Heirya était l’Héritière. De par le caractère magique de la marque, nulle autre qu’elle ne pouvait la porter, et tout imposteur pourrait être démasqué grâce à cela.
Enfin, le rituel s’acheva par tous qui s’inclinèrent face à la princesse nouvelle-née. Un sourire se dessina sur les lèvres de la Haute Prêtresse, heureuse d’avoir mené sa tâche à bien. L’adolescente, elle, avait une sensation étrange chaque fois que ses yeux se posaient sur le bébé. Elle ignorait ce dont il s’agissait mais elle se promit de le découvrir…
Les années passèrent après la naissance de la jeune Heirya. Choyée, ardemment protégée, elle grandit au sein du palais d’hiver de Rencter, son reinaume dont elle hériterait un jour. Elle était ainsi aux côtés de sa mère, la reine Elirane, dont la santé déclinait de jour en jour et l’avait poussé à donner plus de pouvoirs royaux à son mari. Heirya grandit la majorité du temps sans son père, mais heureuse grâce aux dames de compagnie de sa mère, des magiciens, ou encore les dames chargées de s’occuper d’elle. Cela lui permit de vivre cinq années dans la joie, loin de la guerre avec l’Empire voisin qui cherchait à conquérir Rencter.
C’était lors d’une journée estivale où la chaleur plongeait le palais dans le calme qu’un page se présenta aux portes, où les gardes royaux l’accueillirent. Leurs visages devinrent livide quand ils entendirent son annonce et un étendard noir fut tiré aussitôt, flottant au-dessus de l’entrée. Le page fut conduit en urgence auprès de la souveraine. Allongée sur des cousins, elle était dans une légère robe jaune qui venait faire ressortir son teint pâle ainsi que ses veines et ses cernes. Sa santé, qui avait toujours été fragile, se détériorait au fil du temps et le médecin s’était montré sans équivoque. La souveraine n’avait plus que peu de temps devant elle, peut-être quelques jours, au maximum quelques semaines. Ses cinq dames de compagnie se tenaient autour d’elle, l’une d’elle avait Heirya sur ses genoux, qui pépiait joyeusement en direction de sa mère.
— Et zou, il s’est caché ! finit-elle de raconter.
Ses mains vinrent taper l’une contre l’autre, pendant que son sourire s’agrandissait. Sa mère lui tendit sa main, fine et avec peu de force. Heirya la lui attrapa, la fraîcheur de sa main venant apporter un peu de confort à la reine que la chaleur assommait. Ce moment de joie simple vint être brisé par le page, qui demanda à parler à sa souveraine. Quand il vit la princesse, le coeur du page se serra. Les yeux d’Elirane, remplis d’une angoisse qu’elle tentait de dissimuler, se posèrent sur lui et le poussèrent à parler. Il oublia toute formule de politesse pour ne pas faire tarder son message :
— J’ai le regret de vous annoncer que Son Altesse le prince consort a rejoint les astres.
Un hoquet de stupeur vint suivre sa déclaration, avant que chacun ne vint disposer ses mains dans le symbole de l’étoile sur leur front, un signe de prière.
— Que leur lumière lui apporte le repos et la paix, soufflèrent les dames de compagnie.
La reine ne parvint à prononcer aucun mot, sous le choc. Sa respiration s’emballa, son coeur lui sembla exploser dans sa poitrine et le monde devint noir autour d’elle. Elle ne voulait y croire. Son mari, le père de sa fille, son allié sur le trône… Le goût du sang se diffusa dans sa bouche, elle entendit des voix s’agiter autour d’elle, des larmes couler, mais son corps ne lui répondait plus. Avait-elle fermé les yeux ? Elle ne s’en rappelait pas. Un bourdonnement vint camoufler tous les autres sons et elle se sentit loin de son corps, la douleur qu’elle ressentait au quotidien lui paraissait soudain comme une illusion lointaine… Ne restèrent alors que le silence, l’obscurité et le calme autour d’elle. Elle pleura en silence, jusqu’à ce qu’une main chaude vint glisser sur sa joue et qu’elle puisse ouvrir les yeux. Là, face à elle, se tenait son époux. Elle sut alors qu’elle avait, à son tour, rejoint les astres. Elle se lova contre son mari et ils pleurèrent ensemble, pour leur fille désormais seule…
Le silence emplit le Premier Salon de la reine. Tous étaient sous le choc de ce qui venait de se passer et contemplaient sans agir le corps désormais sans vie de leur souveraine. Seule Heirya ne semblait pas avoir saisi ce qui venait de se passer, toujours dans les bras de la dame de compagnie de sa mère. Après une poignée de minutes, la princesse finit par bouger, une lueur inquiète dans les yeux, vers sa mère.
— Mama ? l’appela-t-elle.
La dame de compagnie qui la tenait un instant plus tôt eut la sensation que son coeur se déchirait. L’enfant n’avait pas encore compris que sa mère n’était plus, comme son père. La première des dames de compagnie, Aliza, la prit dans ses bras avant qu’elle ne puisse la toucher.
— Votre Altesse Royale, s’adressa Aliza à Heirya, la reine… Elle a rejoint les astres.
La princesse ne sembla pas comprendre avant que ses yeux ne s’humidifient brusquement.
— Ce- c’est pas vrai, elle est toujours là, hein ?
Avec difficulté, Aliza secoua la tête, retenant ses propres larmes pour ne pas plus peiner l’enfant. Elirane était sa meilleure amie depuis l’enfance, elles avaient été élevées presque comme des soeurs. Elle avait quitté son pays pour Rencter et avait été celle qui avait conduit Elirane jusqu’à son mari lors de leur union devant les Etoilées, elle qui avait été présente lors de la naissance de sa fille, qui avait été désigné comme marraine au cas où… Malheureusement, cette précaution ne s’était pas avérée inutile. Aliza aurait préféré rester à vie une simple marraine de nom, comme pour la majorité des souverains. Ce titre en faisait la tutrice officielle de la princesse jusqu’à sa majorité. Il paraissait impossible qu’un enfant de cinq ans seulement dirige un pays entier, surtout aussi grand et puissant que Rencter…
— Votre Altesse Royale, le Conseil des Magiciens vous demande. Duchesse Tervei, ils vous convoquent également, l’informa une domestique qui venait d’entrer.
Aliza acquiesça. Puisqu’il s’agissait d’un ordre, elle ne pouvait refuser. Une femme et un homme entrèrent dans le Premier Salon, sûrement pour s’occuper du corps d’Elirane. Dans un désir d’éviter cette vision à Heirya, elles partirent sans attendre en direction de la Salle des Magiciens. Les appartements de la reine se trouvaient au deuxième étage, dans l’aile sud du palais, de sorte que les fenêtres donnent vue sur les jardins royaux. Le Salle des Magiciens se trouvaient dans l’aile est, au premier étage, ce qui représentait une petite distance pour la princesse. Elle la garda donc dans ses bras, lui frottant le dos dans l’espoir de lui apporter un peu de réconfort tandis qu’elle pleurait.
Après avoir passé plusieurs pièces, elles sortirent enfin des appartements de la reine et débouchèrent dans le couloir où de nombreux courtisans étaient déjà attroupés, dans la quête de la moindre information. Les gardes chargés de la protection de la reine permirent à Aliza et Heirya de se frayer un chemin dans la foule, et ceux de la princesse prirent le relais une fois arrivées à l’escalier sud. En temps ordinaire, Aliza trouvait le palais magnifique : les tapisseries bleu et violet venaient entourées les multiples tableaux et statues qui décoraient les murs, le sol était fait dans une moquette d’un bleu nuit décoré de blanc pour symboliser la voûte céleste… La richesse de Rencter inondait l’étage de la reine, pour rappeler à tous ceux qui avaient le privilège de pouvoir y accéder ô combien leur souveraine était grande. Néanmoins, en ce jour funeste, même la lumière des lustres dorés ne semblait pas réchauffer le palais.
Une fois au premier étage, elles passèrent par le couloir aux dalles noires et blanches, réservé aux ministres. A côté de chaque porte, une toile symbolisant la fonction du ministre était accroché au mur. Au mur du Ministre de la Justice, la toile représentait une femme aux yeux bandés, à la bouche ouverte et qui tenait une balance dans la main. A l’intérieur, des hommes et des femmes étaient dépeints. La femme se tenait dans le ciel étoilé, en tant que représentante des Etoilées. Cela symbolisait le fait que la justice était rendue au nom des Astres et devait donc être impartiale, qu’importe ce qui se retrouvait dans la balance. Son beau-père, l’ancien Duc Tervei, était Ministre de la Justice avant qu’il ne soit remplacé par son fils. Elle connaissait donc bien cette pièce. Aliza hésita un instant quand elle passa devant la porte et finit par se décider. Elle demanda une seconde et toqua. Un serviteur attribué à son mari ouvrit sans attendre et s’inclina bien bas quand il reconnut la jeune princesse et appela le Duc.
— Liz, qu’est-ce que… ?
— J’ai peur de ce qu’ils vont décider. Elle est si jeune et ses seuls parents sont désormais si loin…
La princesse se tenait fortement contre la Duchesse, ses larmes s’étaient taries.
— Je ne suis que le Ministre de la Justice mais je peux t’accompagner si tu veux. Tu es sa marraine, donc ma voix comptera peut-être un peu…
Il leva la main pour lui caresser la joue, pour la rassurer, mais il se retint. La princesse était dans ses bras et malgré son haut statut, en de pareilles situations mieux valait éviter que son geste soit mal interprété.
Sans attendre plus longtemps, ils continuèrent vers la Salle des Magiciens, bien entouré par des gardes du corps. Le couloir aux dalles noires et blanches composait l’aile sud du palais et conduisait ainsi aux ailes est et ouest, respectivement l’aile des Magiciens et l’aile dite internationale. L’aile est était très différente de l’aile sud, bien plus sobrement décoré et au dallage uniquement d’un bleu sombre. Au mur se trouvait néanmoins le tableau préféré d’Aliza. Un peintre y avait représenté la famille royale : le prince consort Kaen, la reine Elirane et leur fille pour son cinquième anniversaire et avait été accroché quelques semaines auparavant. Il n’avait pas longtemps été d’actualité et les yeux d’Heirya s’humidifièrent à nouveau quand elle reconnut les traits de ses parents.
— Mama… Papa… sanglota-t-elle.
Aliza sentit les mains de l’enfant serrer son haut et elle lui caressa doucement le dos, tâchant de ne pas laisser ses larmes couler également. La présence de son mari l’aidait à garder contenance. Elle pourrait se lâcher plus tard, quand le plus urgent serait réglé.
La Salle des Magiciens était l’une des plus anciennes du palais, ou du moins l’une des rares à n’avoir pas été transformé depuis l’installation de la famille royale de Rencter. La porte était faite d’un bois que le temps avait fait vieillir et elle impressionnait tous ceux qui s’y confrontaient. Quand elle s’ouvrit, la Duchesse manqua reculer face à la beauté de la pièce. La grande table où siégeaient le Conseil était aussi faite de bois et la lueur des lumières venaient y mettre un doux éclat. La tapisserie était violette, le sol bleu et quelques objets historiques venaient compléter le tout.
A leur entrée, les magiciens se redressèrent, pour s’incliner face à l’héritière du trône. Salan, Magicienne en cheffe, les imita. Rares étaient les personnes face auxquelles elle s’inclinait et Aliza se retint de faire la révérence à son tour.
— Votre Altesse Royale, Vos Grâces, je suis désolée de vous recevoir en de telles circonstances. Il est néanmoins de mon devoir en tant que conseillère de la reine de procéder à ses dernières volontés mais également de veiller au bien du reinaume.
— Deux sièges ont été ajouté, vous pouvez vous y installer, les informa Kellua avec un sourire.
A l’entente de sa voix, le visage d’Heirya s’anima et elle tendit les bras vers la magicienne. Désormais âgée de vingt-deux ans, Kellua était devenue membre officiel du Conseil, grâce à son niveau neuf sur dix de magie. Depuis la naissance de la princesse, elle était restée en contact étroit avec Elirane pour comprendre ce qu’il s’était passé ce jour-là. Heirya qui l’avait souvent vu aux côtés de sa mère en avait rapidement conclu qu’il s’agissait d’une alliée et, sans se l’expliquer, un lien s’était tissé entre elles. La bienséance obligea néanmoins la magicienne à refuser de prendre la princesse dans ses bras. Bien que Kellua fut une des protégées de Salan, elle doutait que celle-ci apprécierait de la voir braver le protocole en un tel moment clé.
Aliza et Tiergan, son époux, s’installèrent aux chaises qui leur fut indiqué et la séance commença. Aucune chaise n’était vide, ce qui démontrait de son importance et une ambiance pesante remplissait la pièce. Heirya avait séché ses larmes et regardait sans comprendre ceux qui l’entouraient.
— Comme je vous l’ai déjà dis, nous ne pouvons être dirigé par une enfant de cinq ans ! Il faut une régence ! fit un magicien près de Salan.
— Rencter refusera de se soumettre à quelqu’un d’autre qu’un Terfra, Yvon, rétorqua une magicienne du nom d’Ester.
— Il le faudra bien, quelle solution voyez-vous donc ?
— Il faut en première chose protéger la princesse, leur rappela Salan.
La Magicienne paraissait imperturbable et une aura impressionnante se dégageait d’elle. Aliza n’eut aucun mal à comprendre pourquoi elle les dirigeait.
— J’ai pensé à quelque chose, au vu de la situation délicate dans laquelle nous sommes. Nos souverains sont morts mais cela n’impacte pas que la couronne. Notre armée est en difficulté aux frontières, les magiciens peinent à soigner les soldats face à Zvernos, et avec la ligne de front qui bouge de jour en jour, le peuple est lui aussi touché. Nous n’avons, à mes yeux, aucune chance de les vaincre dans la situation actuelle.
— Tu ne penses pas que c’est un peu… extrême d’en conclure ça ? demanda Ester.
— Trois villages ont été rasés en moins d’une semaine, plus de mille soldats ont succombé de leur blessures en trois jours et plus encore sont morts, vingt-trois magiciens ont péri également alors qu’ils étaient parmi nos meilleurs éléments… Contre zéro signe d’avancée de notre côté. J’ai plutôt tendance à penser que cela n’est pas le signe d’une victoire, mais peut-être auras-tu une opinion différente ?
Ester ne répondit pas, mortifiée d’avoir ainsi été rabroué en pleine séance, et se fit toute petite dans son siège.
— Quelle est donc ta solution ? s’enquit Kellua.
Salan inspira avant de répondre :
— Elle ne va sans doute pas vous plaire mais vous savez que ma loyauté va à Rencter et à sa dirigeante. J’en ai fais le serment devant les Etoilées et je serai prête à le refaire si nécessaire. Je propose d’user du Gel Temporel et de confier Heirya à son oncle et à sa tante.
Un brouhaha emplit la salle et Aliza regarda son époux sans comprendre.
— Gel Temporel ?
— Elle veut geler Rencter dans le temps. Il s’agit d’un sort très puissant mais je n’en connais pas la portée exacte.
Lorsque le calme fut revenu, Salan se tourna vers Heirya.
— Votre Altesse Royale, sachez que j’ai hâte de pouvoir vous servir correctement lorsque que vous reviendrez dégeler Rencter.
— Que va-t-il se passer exactement ? demanda Aliza, inquiète pour la princesse.
— Rencter sera geler dans le temps. Cela signifie seulement que le temps ne s’écoulera pas ici, que le peuple et tout être vivant dans la surface du sort ne vieillira pas jusqu’à ce que la princesse le rompe. Elle sera la seule à pouvoir le faire donc même si Zvernos entre dans Rencter, ils n’y trouveront rien puisque le temps étant arrêté, aucune culture ne poussera, etc… Ils n’auront aucun intérêt à continuer la bataille et ils ne pourront pas détruire le sort.
— Il nous faut néanmoins votre accord, en tant que marraine de la princesse, Votre Grâce, l’informa Kellua.
— Et… Je ne peux pas l’accompagner ? Je suis de Tymine, je pourrais lui être utile.
Salon secoua la tête.
— L’énergie que nous demandera le sort ne nous permettra que de protéger Heirya, je suis désolée. Ne vous inquiétez pas, elle sera en sécurité là-bas.
Aliza acquiesça. Elle allait devoir quitter Heirya si elle comprenait bien… C’était néanmoins la meilleure décision en l’état et elle était certaine que la princesse reviendrait quand tout irait mieux. Quand, elle l’ignorait mais elle voulait croire qu’elles se reverraient un jour.
Les magiciens se mirent en cercle une fois qu’une lettre fut rédigée par Salan et confiée à Heirya. Les mains jointes, ils psalmodièrent dans une langue qu’Aliza pensa être de l’ancien rirtysien et tout devint lourd. Heirya, qui n’avait pas tout suivi de ce qu’il se passait, tenait avec force la lettre dans ses mains, et sursauta quand une pierre violette apparut à son poignet. Quand elle releva la tête, elle n’était plus dans la Salle des Magiciens.
Deux trônes lui faisaient face, accessibles par des marches blanches décorées d’un tapis argenté. Un homme et une femme y étaient assis, si majestueux et imposants qu’elle recula d’un pas.
— Par les astres, mais tu es Heirya !
L’homme dévala les marches et ce n’est que lorsqu’il fut près d’elle qu’Heirya le reconnut. Il s’agissait de son oncle, l’empereur de Tymine. Sa mère, Elirane, en était originaire et avait quitté son pays pour épouser son père. L’enfant tendit la lettre à son oncle qui la lut sans attendre.
— Que se passe-t-il ? lui demanda son épouse.
— Elirane et Kaen sont morts.
Seules quelques personnes étaient présentes dans la Salle du Trône et tous firent le symbole de l’étoile. Ralysa, la tante d’Heirya et Impératrice de Tymine, quitta son trône pour s’approcher de sa nièce. Vêtue d’une longue robe argentée qui traînait derrière elle, elle parvenait à maintenir une élégance qui émerveilla la princesse. Quand elle fut à hauteur de son époux Phémen, celui-ci lui expliqua la situation décrite dans la lettre. Une fois qu’elle eut tous les éléments en main, Ralysa s’abaissa pour être à hauteur d’Heirya. L’enfant avait arrêté de pleurer et triturait ses manches, inquiète de ce qui allait lui arriver.
— Ne t’inquiètes pas, tu es en sécurité à Tymine. Nous te protégerons, en souvenir de ta mère, ancienne Duchesse de Tymine.
Ralysa se tourna ensuite vers un domestique.
— Appelle les Présidents des Conseils, lui ordonna-t-elle.
Quelques minutes plus tard, un homme et une femme entrèrent dans la Salle du Trône. Ils représentaient tous deux un des deux Conseils qui permettaient le bon fonctionnement de Tymine. Le premier dirigeait le Conseil des Communs et était le représentant du peuple, là où la deuxième s’occupait du Conseil de la Noblesse et était la représentante des nobles. Elu par leurs pairs, leur parole était celle de leurs représentés.
— Voici Heirya, fit Ralysa avant de leur expliquer la situation.
Ils l’écoutèrent sans rien dire, hochant la tête de temps à autre et firent le symbole de l’étoile quand ils apprirent le décès de la reine et du prince consort de Rencter.
— En tant que tante d’Heirya et chargée de sa protection à la demande du Conseil des Magiciens de Rencter, je propose de l’adopter et d’en faire une princesse de Tymine, sans droit sur le trône. Qu’en pensez-vous ?
— Au vu des circonstances actuelles, cela me paraît être la meilleure solution pour protéger la princesse face à Zvernos. Vous êtes ses derniers parents et du fait de son jeune âge, cela lui permettra de vivre correctement, acquiesça le Président.
— Je suis de son avis. De plus, sur le long terme cela ne pourra que renforcer Tymine et nos relations avec Rencter. Notre position sur le plan international n’en sera que plus forte et nous pourrons profiter des relations de Rencter avec les autres pays.
— Très bien, c’est donc décidé, Heirya deviendra princesse adoptive de Tymine, déclara Ralysa.
Les détails durent encore être négociés, sans pour autant que cela ne soit au désavantage de la princesse comme l’exigea Phémen, en souvenir de sa soeur. Enfin, quand l’accord fut scellé, Ralysa se tourna vers Heirya et la prit dans ses bras.
— Bienvenue dans ta nouvelle maison, sourit-elle.
Tout d'abord bravo pour ce premier chapitre! J'ai pris beaucoup de plaisir à le lire et j'ai hâte de voir ce qui va arriver à Heyria. J'ai particulièrement aimé la partie sur le rituel juste après sa naissance et les descriptions du palais. On se laisse facilement porter par ton texte et tu arrives à bien planter le décor ainsi que le contexte géopolitique de ton histoire.
J'ai pu remarquer quelques erreurs qui n'empêchent en rien la lecture par exemple:
Quand le page arrive au palais "Ce moment de joie simple vint être brisé par le page" ici on comprend l'idée mais je pense que "fut" serait peut être mieux que "vint".
Ou bien "La porte était faite d’un bois que le temps avait fait vieillir" Je trouve cette phrase un peu redondante, elle gagnerait peut être à être reformuler.
Bref je te souhaite bon courage pour la suite de ton histoire et j'attends avec impatience ton deuxième chapitre!
Merci pour les remarques sur les erreurs, je me les note pour les corriger lors de ma réécriture !