Une rivière d’étoiles se déroulait paisiblement entre les feuilles émeraudes de la forêt assoupie. Asha se glissait sous ses berges broussailleuses, suivant le chemin de terre éclaboussé de l’argent du ciel. De temps en temps, elle jetait un regard en arrière pour s’assurer que personne n’était à ses trousses. Elle était partie précipitamment et n’avait pas pris toutes les précautions nécessaires à son excursion nocturne. Heureusement — ou plutôt malheureusement — l’épidémie qui sévissait au village occupait tous les esprits et nulle âme ne semblait avoir remarqué son absence. La petite fille avait été malade quelques jours auparavant, mais elle s’en était sortie après une courte fièvre. Sa gorge se serrait lorsqu’elle se remémorait les rangées de corps agités de soubresauts. Elle faillit plusieurs fois faire demi-tour, mais l’envie de revoir Conan était plus forte. Cela faisait bientôt trois mois qu’ils ne s’étaient plus rencontrés.
La demi-lune était haute, ce soir-là. Éclatante et souveraine. Elle guida la jeune Sylvienne jusqu’aux portes du monde des hommes.
Asha étendit le cou pour observer le paysage. Quelques lumières fragiles brillaient encore au village, vers le centre, mais du reste, les habitations étaient plongées dans l’obscurité. Une route semée de tourbière longeait la bourgade, menant droit à l’autel sacrificiel qui dressait sa blancheur meurtrière au sommet d’une petite colline. C’était ici qu’elle devait retrouver son ami secret.
Elle posa pied à terre et caressa les naseaux duveteux de Melys.
— Merci de m’avoir amenée ici, souffla-t-elle. Je sais que tu préfèrerais te reposer.
Soudain, un bruit sourd la fit sursauter. Elle bondit en arrière alors qu’une masse surgissait des broussailles.
— Flaé ! s’exclama-t-elle en se raccrochant à un tronc d’arbre.
Le poulain hennit fièrement et enfouit sa tête dans son cou.
— Mais… qu’est-ce que tu fais là ?! Tu m’as suivie ?
Il caracola autour d’elle, ignorant son regard inquiet.
— Tu ne peux pas rester là… rejoins le troupeau s’il te plaît, tu vas me faire repérer.
Flaé se figea, fixant un point derrière son amie. Avant qu’elle n’ait le temps de se demander ce que c’était, il bondit en avant et franchit la Frontière, galopant à découvert vers les maisons humaines. Asha retint un cri et se lança à sa poursuite.
Son cœur s’emballa lorsque la couverture de la forêt la quitta brusquement. La traversée de la Frontière lui arracha un frisson, mais elle ne s’arrêta pas.
— Flaé ! siffla-t-elle en un mélange de cri et de murmure.
Le jeune cheval sa cabra face à une barrière qu’il n’avait pas vu. Il stoppa net sa course devant un enclos. Quelques uns de ses congénères y sommeillaient, debout ou allongés dans l’herbe humide. Ils furent cependant vite tirés de leur torpeur par les hennissements de leur homologue sylvestre.
— Flaé, chut ! ahana Asha en parvenant à sa hauteur.
Elle attrapa son crin et entreprit de le tirer vers la forêt.
— Flaé, s’il te plaît !
Elle tenta de faire passer toute sa détresse par le Lien qu’ils entretenaient, mais ce dernier n’était pas encore assez fort pour arracher le poulain à sa curiosité. L’équidé tendit les oreilles vers ses semblables, puis tata la barrière qui les retenaient sans comprendre.
— Flaé… supplia Asha.
Elle renifla, s’arc-bouta, pesta, en vain. Ses prunelles embuées parcoururent rapidement le village. Les premiers habitations n’étaient qu’à quelques pas. Il aurait suffit qu’un humain regarde par sa fenêtre pour la surprendre.
— Flaé ! cria-t-elle en lui frappant la croupe.
Le poulain fit un bond sur le côté avant de s’enfuir au triple galop. Mais ce n’était pas à cause d’Asha.
Une main gantée vint saisir fermement le menton de la fillette qui fut violemment tiré en arrière. Elle se débattit, le cœur raffolé, cherchant à voir son agresseur sans y parvenir. Elle fut trainée, malgré ses ruades, à l’ombre dense d’un cabanon qui jouxtait la route. Les larmes cisaillaient ses joues enserrées par la main d’acier.
— Moins de bruit, ou il va t’entendre ! vociféra une voix en helmët.
Elle se figea et se tordit le cou pour apercevoir un morceau d’iris froid. L’humain la colla contre lui et s’accroupit, soudain silencieux. Elle n’osait plus bouger. Ses muscles étaient raidis à leur maximum, elle se sentait incapable d’esquisser le moindre mouvement. Seul son cœur qui tambourinait furieusement dans ses tempes lui rappelait qu’elle était encore en vie.
Au loin, un grondement se fit entendre. Il prit la forme d’un galop net.
Un cheval aux flancs écumants déboula, harcelé par son cavalier. Asha fut repoussée soudainement par son agresseur qui se saisit de son arc. Elle le vit bander la corde et écarquilla les yeux.
— Attention ! hurla-t-elle.
La cavalier se retourna, mais c’était trop tard, une flèche le frappa dans le dos. Il tomba de selle avec un grognement tandis alors son cheval ne daigna par ralentir. Il fut trainé sur quelques pas avant que l’équidé ne poursuive sa course seul, disparaissait derrière la colline de l’autel.
Le tueur avait déjà couru jusqu’à sa victime.
— Pitié ! gémit cette dernière.
— Pitié ? rugit son opposant. Comment oses-tu demander pitié après ce que tu as fait ?! Ce n’est que juste vengeance !
— Non je ne voul…
Sa phrases se perdit dans un gargouillement. Quelques spasmes le prirent avant qu’il ne retombe mollement au sol. Cette immobilité glaçante donna à Asha la force de délier ses muscles. Elle courut ventre à terre jusqu’à la forêt. La Frontière l’accueillit, caressante. Elle s’appuya contre un arbre, essoufflée.
Là-bas, entre deux branches feuillues, elle pouvait voir l’assassin qui observait sinistrement son œuvre. Elle s’empressa de s’éloigner de la scène macabre. Les larmes troublaient sa vision et elle trébucha plusieurs fois.
Un doux hennissement la fit sursauter, alors qu’elle rejoignait Melys.
— Je veux pas te voir ! hoqueta-t-elle en repoussant Flaé.
Ce dernier la fixait, l’encolure basse, il tenta de nouveau une approche mais se fit bousculer sans ménagement.
— Je voulais pas voir ça ! pleura Asha.
Le poulain pencha la tête, penaud. Cette attitude lui fit perdre le peu de force qu’il lui restait. Elle s’affala contre un arbre avec un sanglot.
Après un temps à fixer l’herbe argentée, une question intruse vint à ses lèvres.
— Tu crois qu’il est heureux, maintenant ?
Le jeune cheval la contempla, immobile.
— Celui qui s’est vengé, tu crois qu’il est heureux, maintenant ?
Elle se mordit la lipe.
— Est-ce qu’on peut être heureux… d’avoir tué quelqu’un ?
Flaé renâcla, elle enfouit sa tête dans ses bras.
— Moi je ne pourrais pas, souffla-t-elle. Si… si jamais ça arrive alors… je crois que je serai perdue.
Cette dernière remarque fit couler de nouvelles larmes sur ses joues. Au loin, du côté des humains, des exclamations se faisaient entendre. Plusieurs lumières naissaient dans la nuit. Melys émergea alors des broussailles, l’air inquiet.
— Rentrons, murmura Asha. Ce n’est pas aujourd’hui que je verrai Conan.
Elle remonta en selle et talonna sa monture, abandonnant derrière elle le batifolage assassin des torches humaines.
En tout cas GOOD JOB et bonne continuation
Je ne me rappelle pas t’avoir vu.e en commentaire sur le tome 1, tu l’as lu ?
<3 <3
Je dois dire que si d'un point de vue stylistique ce premier chapitre est très cool, j'ai trouvé que le fond n'était pas très clair. Je ne suis pas certaine d'avoir saisi tout ce qu'il s'était passé, j'ai compris pour Flaé, Asha et Conan, mais la scène où Asha est prise à part et qu'il y a un assassinat était un poil confuse pour moi hahaha j'suis pas certaine d'avoir tout saisi
En tout cas, c'était une très bonne idée de commencer par ce petit flashback, ça me remet bien en jambes pour la suite !
D'un point de vue stylistique, càd ? Quand tu dis fond tu parles des thèmes ?
Ah mince c'est quoi qui était pas clair ? Le déroulé des événements, la localisation des perso ?
C'est ce que je me suis dit^^À la base je devais commencer par autre chose avec un autre perso, mais commencer un tome de DE sans Asha, ce n'est pas possible