Il n’y avait plus de terre, plus de ciel. Le monde n’était qu’un dégradé déchainé de gris. Une mer aux crocs dévoilés frappait le navire, aidée d’une pluie drue crachée par des nuages convulsionnés. Dans cet enfer, Flavia se tenait accrochée au bastingage, le regard vitreux.
Le bateau émit un grincement de mauvais augure. Flavia tenta de se rassurer en se disant qu’il avait déjà surmonté des tempêtes comme celle-ci. Elle-même en avait bravé plusieurs. Mais cette fois-ci, il n’y avait pas que l’orage.
— Navire à tribord ! cria le courageux matelot qui veillait dans le nid de pie.
Sa voix n’était qu’un murmure au milieu des rugissements du vent, pourtant chacun à bord l’entendit. Ils guettaient avec anxiété cette annonce depuis qu’ils s’étaient jetés dans la tempête.
— C’est la Trinité ! hurla le veilleur, la voix emplie d’angoisse.
— Ils s’obstinent encore ?! s’exclama le capitaine, Dona.
La vieille femme s’avança, le pied sûr malgré le sol qui ne cessait de tanguer. Elle fixa l’horizon irrégulier sans pouvoir déceler la blancheur de la coque de leur poursuivant.
— Je veux le génois, le minimum nécessaire ! ordonna-t-elle.
C’est de la folie, pensèrent simultanément tous ses hommes. Mais tous connaissaient la gravité de la situation. Lorsque le bout de voile fut gonflé par le vent furieux, le mât protesta. Une nouvelle tension s’empara du bateau.
— Il se rapproche !
Flavia, crispée sur le bastingage, vit apparaître le navire ennemi. Une petite tache claire, ballotée par les flots enragés. Il semblait n’être qu’un mirage. Elle serra les dents et se redressa. La petite tache se précisa pour prendre la forme filée d’un bateau militaire. Ses voiles triangulaires caractéristiques de la Trinité étaient partiellement déployées.
Une vague percuta la coque du bateau en fuite, et Flavia sentit sa ligne de vie se tendre. Un tonnerre assourdissant ébranla l’air, mais il ne put couvrir les battements affolés de son cœur.
Une gerbe d’eau l’éclaboussa.
— Ils nous tirent dessus !
L’écume vola de nouveau.
Flavia jeta un regard à son capitaine qui lançait des ordres à peine audibles. D’un geste tremblant, elle détacha sa ligne de vie et se mit à courir le long du bateau, son doigt glissant sur le bastingage. Elle alla de la proue à la poupe.
— Capitaine ! Je déploie une barrière ! cria-t-elle.
Dona se retourna vers elle et hocha gravement la tête.
Flavia retira son doigt. Aussitôt, un mur invisible s’éleva. La pluie s’écrasa, furieuse, sur la barrière, masquant presque totalement la visibilité. Le vent se tut soudain avant de rugir de nouveau, formant des tourbillons encore plus déchainés aux extrémités du bateau. La jeune femme plissa les yeux, tentant de discerner le navire ennemi. Un boulet frappa son bouclier. Elle le vit, il s’était considérablement rapproché. Elle sentit les larmes affleurer ses yeux. Elle ne pouvait pas protéger la coque, seulement ce qui se trouvait au-dessus du bastingage.
— On dirait qu’ils vont tenter un abordage ! cria quelqu’un.
— Impossible dans ces conditions ! fit la voix de Dona. Non, ils essayent de viser !
Au moment précis où elle prononçait cette phrase, un boulet traversa une vague pour heurter la coque.
— On a une voie d’eau ! hurla un marin en remontant des cales.
La panique déferla dans les rangs.
— Préparez les canots ! ordonna Dona.
Au milieu de la tourmente, face à la mort, sa voix restait inchangée.
— Flavia !
Le capitaine s’avança vers elle. Ses rides brunes étaient emplies d’eau ruisselante.
— Tu prends le premier canot, seule.
— Quoi ?
— Tu es la seule Porteuse à bord, il ne faut pas qu’ils te découvrent.
— Mais on a que deux canots !
— Je ne montrai pas à bord du deuxième.
— Non ! On remplit les deux canots !
— Flavia.
Dona lui agrippa les épaules. Ses doigts squelettiques formèrent un étau étrangement doux.
— Tu es plus précieuse que nous tous. Seule, tu auras plus de chance de survivre. On a besoin de toutes nos forces ici. Et le bateau ne va pas forcément couler.
La jeune femme ouvrit la bouche pour protester, mais elle fut frappée par le regard inflexible de Dona. Ses joues étaient inondées, et ce n’était pas par la pluie.
— Tu es comme une mère pour moi… je ne peux pas t’abandonner…. bégaya-t-elle.
Un rictus, quelque chose qui devait être un sourire, se dessina sur les lèvres fripées du capitaine.
— Tu es comme une fille pour moi. Alors je ne peux pas te laisser mourir.
Flavia sentit quelque chose se briser en elle. Elle avait toujours su que cela pouvait arriver. Elle n’y avait jamais vraiment cru.
Elle se laissa guider, hagarde, jusqu’au canot. Des visages sombres qu’elle connaissait depuis toujours défilèrent sous ses yeux écarquillés.
Elle fut installée dans le canot avec des vivres. Sa petite embarcation descendit placidement vers la mer folle.
Flavia fixait Dona, au-dessus d’elle. Pas un mot ne fut prononcé. Le canot se posa doucement sur les flots. La jeune femme vit les amarres tomber près d’elle.
En un instant, elle fut emportée.
La Perle de l’Océan s’éloigna vite, bien trop vite. Et avec elle, tout son monde.
Flavia ne détacha pas le regard du bateau qui s’affaissait jusqu’à ce que celui-ci ait été avalé par l’horizon avide.
*
Elle n’était rien. Un fétu de paille, une poussière, une goutte, non, elle n’était rien. Livrée aux éléments, Flavia avait perdu la notion du temps comme celle du bonheur. Elle était recroquevillée dans son canot, rejetant sur ses joues une pluie intérieure. Les vagues rugissantes s’écrasaient sur la barrière qu’elle avait créée, tout comme le vent et la pluie. Mais même si elle était relativement épargnée, elle savait qu’elle avait peu de chance de survivre.
Et elle s’en fichait.
Ses paupières fermées lui renvoyaient la vision de Dona et tous ceux qu’elle aimait.
Qu’elle avait aimés.
Flavia sombra dans une inconscience agitée de spasmes.
*
Lorsqu’elle émergea de ce cauchemar languissant, la jeune femme fut frappée par la douceur qui l’entourait. Elle était blottie dans un lit aux draps caressants, bercée d’une brise fraîche au parfum salé. Le chant des oiseaux venait égailler l’atmosphère, sans pour autant masquer le bruit rassurant de la mer.
Persuadée qu’elle rêvait, Flavia ouvrit doucement les yeux. La vision d’une cabane de bois sculptée et décorée d’étranges assemblages de perles s’offrit à elle. Elle était allongée juste à côté d’une fenêtre dont les rideaux étaient faits d’osier tressé, déversant sur elle une lumière mouchetée. Flavia se redressa, ignorant le mal de tête qui la saisit. Elle savait qu’elle ne pouvait inventer ça.
Soudain, des pas retentirent dehors. Elle se tendit en voyant entrer un inconnu. Ses cheveux blond pâle étaient tressés et décorés de perles, comme la maison. Il portait des habits étranges et un assemblage de bracelets et de peintures décorait sa peau. Mais plus encore que son apparence, ce fut son regard bleu ciel qui la frappa. Elle y décela une infinie douceur qui la transporta.
Néanmoins, elle se tassa contre le mur et jeta un regard méfiant à l’étranger.
— Qui es-tu ? Où sommes-nous ? siffla-t-elle.
Un sourire incertain naquit sur les lèvres de l’homme. Il la considéra un instant sans mot dire avant de hausser les épaules. Flavia fronça les sourcils.
— Qui es-tu ? répéta-t-elle d’une voix plus dure. C’est toi qui m’a amenée ici ?!
Le jeune inconnu se baissa pour farfouiller dans ses paniers en l’ignorant.
— Réponds !
Il tourna vers elle un regard désolé.
— Gomê, ié içh sibahsar, dit-il.
Flavia s’affaissa contre le mur.
Il ne parlait pas sa langue.
Elle l’observa couper une plante dans un silence tendu. Ayant navigué pendant la majeure partie de sa vie, elle avait côtoyé beaucoup d’autres cultures. Elle avait des notions de réorois, et même d’ibérnien. Mais cette langue-là ne ressemblait à rien de ce qu’elle connaissait. Pourtant, le climat ambiant suggérait qu’elle se trouvait aux alentours de Tessela. Elle détailla la maison, les poutres qui la soutenaient étaient gravées de symboles étranges. Le cœur battant, elle se demanda si elle n’avait pas dérivé jusqu’au légendaire continent de l’Ouest.
- Ćhi, fit le jeune homme en lui tendant une soupe d’herbes.
Elle s’en saisit d’une main tremblante. Ce faisant, elle laissa émerger du drap son avant-bras sur lequel s’étalait une spirale noire. Elle sursauta en l’apercevant et replia immédiatement son bras contre elle, renversant l’écuelle qu’on lui tendait. C’était ancré en elle. Ne jamais montrer la Marque.
L’inconnu, plutôt que de se montrer agressif, lui offrit un sourire rassurant. Il ramassa l’écuelle et son contenu et se détourna pour recommencer sa préparation. Muette, elle ne put que l’observer faire. Chacun de ses gestes était empreint de sérénité et de maîtrise. Elle remarqua alors qu’il devait avoir à peine plus de quinze ans, soit presque dix de moins qu’elle. Pourtant, son regard était celui d’un adulte.
Lorsqu’il lui tendit de nouveau l’écuelle, elle la prit doucement sans cacher la Marque. Elle goûta ce plat particulier et ne put retenir une grimace devant son amertume. Elle risqua un regard vers son hôte, craignant qu’il ne se vexe, mais lui trouva au contraire un sourire amusé. Les lèvres de la jeune femme se soulevèrent légèrement. La tempête paraissait soudain lointaine.
Elle posa l’écuelle et se désigna du doigt.
— Flavia, énonça-t-elle le plus clairement possible.
Le sourire de l’inconnu s’élargit encore.
— Flavia, répéta-t-il en la désignant.
Elle hocha la tête avec enthousiasme. Elle le pointa ensuite avec un air interrogateur.
— Hael, déclara-t-il.
— Hael, murmura-t-elle.
Elle trouva ce nom magnifique.
Des larmes coulèrent spontanément quand elle pensa aux évènements des jours précédents. Elle avait l’impression d’être dans le Monde Céleste.
Hael sembla paniquer en la voyant pleurer, mais elle fit signe de la laisser.
— Mer… merci… bégaya-t-elle.
Un sourire triste s’épanouit sur les lèvres de Hael.
*
Flavia contemplait la mer sans se retenir de pleurer. Hael vivait seul dans une petite maison perchée sur une falaise. Un escalier creusé dans la roche permettait d’atteindre une minuscule plage où gisait le canot qui l’avait menée à lui. À marée haute, la plage était immergée, mais Hael avait pris soin d’amarrer le canot à un pic de roche. Peut-être croyait-il qu’elle allait repartir.
La jeune femme était assise face à l’étendue azurée, ses jambes ballotant dans le vide. L’écume affriolante venait parfois les chatouiller.
Voilà près de deux semaines que Flavia avait échappé au jugement de la Trinité. Et chaque jour, chaque heure, elle se posait la même question : Dona et les autres étaient-ils vivants ? Cela paraissait hautement improbable. Elle se demandait ce qu’elle devait faire. Elle avait parcouru les environs, mais le regard inquiet de Hael et ses signes nerveux l’avaient dissuadée de s’aventurer trop loin de la cabane. Autour, il n’y avait qu’une forêt surplombée par ce qui semblait être les montagnes de Bergusia. Pourtant, Flavia avait l’impression d’être dans un autre monde.
Elle était perdue.
— Flavia.
Elle frissonna en entendant Hael prononcer son nom. Elle se tourna vers le jeune homme qui lui apportait un pain fourré aux myrtilles. Ce n’était pas lui qui l’avait fait. La veille, il lui avait signifié par des gestes empressés de se cacher sous la falaise. Elle avait entendu les pas d’un cheval et une voix inconnue. Quelques minutes plus tard, quand elle avait pu remonter, elle l’avait vu entouré de panier de nourriture.
Il n’était pas seul, et pour qu’il ait autant peur qu’elle soit vue, ceux qui lui apportaient à manger ne devaient pas être aussi tolérants envers les Porteurs de la Marque. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi il l’aidait, partageant le peu de nourriture dont il disposait avec elle. Elle était pleine d’une gratitude qu’elle ne pouvait exprimer.
Elle sursauta soudain quand elle sentit la chaleur de bras l’entourer.
Hael l’étreignait.
Elle se dégagea et le repoussa.
— Non mais ça va pas ?!
Il eut un mouvement de recul et prononça des paroles d’excuses. Ses joues rouges et son regard profondément désolé la calmèrent. Il se détourna, fébrile, et rejoignit sa maison en marchant plus vite qu’à l’ordinaire.
Flavia le fixa, muette. Ses joues aussi étaient en feu.
*
Elle avait cessé de compter les jours, les semaines, les mois peut-être. Elle ne savait pas où aller, mais elle avait réalisé une chose : elle était bien, ici. Les larmes et les cauchemars habitaient toujours ses nuits, mais ils se faisaient de moins en moins fréquents. Hael était toujours là, quand elle se réveillait en pleurs. Il murmurait des paroles douces qu’elle n’avait pas besoin de comprendre. Elle le laissa peu à peu approcher. Désormais, ses étreintes étaient devenues nécessaires. Pour ne plus qu’il dorme sur une natte par terre, puisqu’il refusait qu’elle le fasse, elle avait accepté qu’il s’installe avec elle dans un lit trop petit pour qu’ils ne soient pas serrés l’un contre l’autre. Elle devait avouer qu’elle ne détestait pas ça.
Une nuit, alors qu’elle s’était éveillée doucement sous un clair de lune fragmenté par les rideaux, elle se trouva face à son visage. Déjà, lorsqu’il ne dormait pas, Hael était la douceur incarnée, mais à cet instant, il semblait bien plus que ça. Il était merveilleusement serein. La courbure de ses joues comme le frémissement de ses lèvres, tout était empli d’une bienveillance infinie et absolue.
Flavia caressa doucement sa peau. Il ouvrit les yeux et lui sourit. Elle réalisa alors l’évidence.
Elle l’aimait.
Emportée par un sentiment qu’elle n’avait pas connu depuis longtemps, elle approcha son visage du sien. Il lui sourit. Il avait l’air de s’en être rendu compte depuis longtemps. Leurs fronts se touchèrent. Flavia, s’avança alors et posa ses lèvres sur celles du jeune homme.
Elle le sentit se tendre immédiatement. Avant qu’elle n’ait pu bouger, il l’avait attrapée par les épaules et repoussée loin de lui. Elle vit son visage trouble disparaître lorsqu’il se leva pour sortir précipitamment de la cabane. Elle se redressa, le cœur serré. Elle n’osa pas le suivre.
— Idiote, souffla-t-elle en ravalant ses larmes.
*
Le lendemain, elle réunit assez de courage pour émerger dans l’air frais du début de l’automne. Elle trouva Hael assis au bord de la falaise, comme elle-même le faisait souvent. Elle s’avança timidement vers lui.
— Je… je suis désolée, balbutia-t-elle. Je… je ne voulais pas t’offenser… ou te brusquer…
Hael resta d’abord immobile, la mettant au supplice. Elle resta à une distance raisonnable, tendue. Finalement, il se tourna vers elle. Elle vit qu’il avait pleuré. Pourtant, il lui offrit un large sourire auréolé du soleil levant.
— Je…
Il se leva et s’approcha. Elle le fixa sans savoir quoi faire. Il l’étreignit doucement. Elle entoura ses bras autour de lui. Elle sentit sa chaleur la quitter avec regret quand il recula et, sans se départir de son sourire, alla s’asseoir dans son cercle. Il passait la moitié de ses journées à méditer assis sur ces symboles étranges. Il semblait tellement absorbé parfois qu’il était comme inconscient. Elle avait pris l’habitude de l’observer.
Mais cette fois-là, elle se sentit intruse et préféra descendre l’escalier de pierre qui la mena au canot. La petite embarcation l’accueillit comme toujours. Elle semblait attendre de regagner la mer.
Flavia pensa qu’il était temps de partir.
Cependant, le soir-même, elle dut abandonner cette idée.
Ils mangeaient au bord de la falaise, contemplant le soleil couchant qui rougissait la mer. Elle avait réfléchi toute la journée durant, cherchant un moyen de lui faire comprendre ce qu’elle voulait.
Mais elle n’en eut pas besoin.
Elle grignotait distraitement une galette recouverte d’herbes quand elle remarqua avec effroi une large tache qui dépassa de l’habit du jeune homme.
— Hael ! s’exclama-t-elle.
Il lui jeta un regard étonné. Elle pointa la tache brune. Sans paraître surpris ni inquiet, il retira le haut de sa tunique, révélant la tache dans son entièreté. Cette étrange marque couvrait son ventre, son torse, et débordait jusqu’à ses épaules. Flavia n’avait jamais rien vu de tel. Loin d’être une simple tache, la peau devenue sombre semblait se mouvoir, s’étaler et parfois se résorber. La jeune femme sentit l’angoisse la saisir. Elle croisa alors le regard calme de Hael. Un sourire rassurant se dessina sur les lèvres du jeune homme. Il leva une main presque timide qui vint caresser la joue de Flavia.
Puis, il se leva. Elle le regarda, anxieuse, alors qu’il rassemblait quelques affaires.
Le soleil avait été englouti par l’océan quand une silhouette se présenta avec un hennissement. Hael entoura l’encolure du cheval avec tendresse. Il posa sur Flavia un regard empli de sérénité et monta en selle.
— Où tu vas ?! s’écria-t-elle.
Il se contenta de sourire et talonna sa monture.
Les genoux de la jeune femme cédèrent et l’abattirent au sol.
L’attente devint le sens de sa vie.
*
Cette attente languissante fut longue, si longue. Huit jours qui se parèrent d’éternité. Flavia avait froid quand elle se couchait. Le vent lui soufflait sa solitude quand elle mangeait. Le cercle de méditation semblait incomplet sans Hael.
Elle passa ses journées sur la falaise, caressant un collier de perles qu’il avait porté. Ces parures étaient faites de morceaux de coquillages et de pierre polie par la mer et la main de l’homme. Ils étaient chatoyants sans être trop voyants. Ils étaient doux.
Le soleil du huitième jour se coucha dans l’angoisse. Flavia crut à cet instant qu’il ne reviendrait jamais.
Mais, quelques heures plus tard, le galop d’un cheval vint la contredire.
Hael apparut, vêtu de blanc et d’or, paré d’encore plus de colliers que d’habitude. Son visage rayonnait d’un sourire céleste. Il sauta de selle alors qu’elle courait vers lui. Elle ne se posa pas de question, elle l’étreignit comme si elle voulait qu’ils fusionnent.
— Désolé de t’avoir laissée, je ne pouvais pas t’expliquer tout ça.
Flavia cligna des yeux et fixa le jeune homme.
— Tu… tu parles l’helmët…
— Pas exactement. J’ai demandé à ma sœur de m’appliquer un enchantement, mais c’est temporaire.
— Un enchantement ?
— Je t’expliquerai tout, promis. Mais d’abord, regarde.
Hael mit quelques secondes à retirer les foulards, toges et parures qui le couvraient. Il dévoila enfin son torse. Flavia resta muette. À la place de la tache, une baleine bleue étirait son long corps de son nombril jusqu’à son épaule. Elle n’avait jamais vu un tatouage si vivant.
— Je suis un adulte, maintenant.
Il saisit doucement sa main et la posa sur son cœur. Elle sentit des pulsations chaudes sous ses doigts, elle fut parcourue d’un puissant frisson.
— Flavia.
Sa voix était velours.
Il approcha son visage du sien. Leurs souffles dansèrent ensemble.
— Mêlons nos âmes.
Elle n’eut pas besoin d’explications pour comprendre. Son cœur s’emballa.
Il l’entraîna presque timidement dans sa cabane. Là, il s’assit face à elle et la noya dans le ciel de ses yeux. Le corps de Flavia était en feu. Elle s’assit sur ses genoux et l’embrassa.
Elle s’attendait presque à ce qu’il la repousse encore une fois, mais il n’en fit rien. Au contraire, il lui rendit son baiser avec une douceur empreinte d’ardeur. Elle saisit ses joues et y sentit des larmes.
— Hael…
— Ce n’est rien, souffla-t-il. Je t’aime, et rien d’autre n’a d’importance.
— Je…
Elle n’avait jamais été douée pour les déclarations.
— Moi aussi, je…
Mais il ne lui laissa pas le temps de poursuivre. Il l’embrassa encore, et cette fois les flammes l’emportèrent sur le miel.
Ils mêlèrent leurs âmes.
*
Flavia ouvrit les yeux, saisie par l’absence de Hael dans le lit. Elle se redressa et balaya la maison du regard. Il n’était pas là.
Elle sortit, une brise salée et froide vint l’accueillir. Elle aperçut immédiatement sa silhouette, debout sur la falaise. Il offrait son corps nu à la mer, immobile. Il semblait regarder quelque chose. Elle attrapa un drap et le rejoignit, frissonnante.
— Hael…
Un puissant souffle retentit soudain. Flavia tourna son regard vers l’océan. Un nuage d’écume avait été propulsé au-dessus des flots. La courbure d’une échine interminable se dessina.
Une baleine bleue.
La jeune femme en avait déjà aperçu au large, mais jamais si près de la côte.
L’animal titanesque se rapprocha encore. Il n’était plus qu’à quelques dizaines de mètres de la terre, offrant au regard son immensité harmonieuse. Flavia ne connaissait pas un être plus élégant, elle se sentit prise d’une bouffée d’émotion qu’elle ne sut expliquer.
— Tu entends… souffla Hael, elle me parle…
— Co… comment ça… ?
— Trois fois, déclara-t-il d’une voix étrange, le sang des élus d’Aktzal et de ceux de Mä devra être croisé… Alors les deux dieux se mêleront et naîtra l’enfant des deux mondes… Leur sort reposera sur lui, il les réunira…
La baleine plongea, sa nageoire caudale s’éleva au-dessus de la mer avant de la frapper avec force. Le bruit se répercuta sur les falaises comme celui d’un gong.
— Ou les détruira…
Flavia fixait Hael sans comprendre. Celui-ci tourna enfin son regard vers elle. Il lui saisit sa main, tremblant.
— On va les réunir, les deux mondes, murmura-t-il.
— Q… quoi ?
Il s’immobilisa soudain et posa une main sur le ventre de la jeune femme.
— Flavia… tu es enceinte…
Elle se tendit. Les yeux de Hael revinrent vers la mer, emportant son propre regard vers l’étendue baignée du clair de lune. Elle semblait pleine de promesses comme de dangers.
Flavia frissonna et prit la main de Hael.
- Le monde n’était qu’un dégradé déchainée (déchainé)
- cria le courageux matelot qui veillant (veillait)
- Une petite tache clair (claire)
- Elle serra et les dents (Ø “et”)
- son capitaine qui lançaient des ordres (lançait)
- mais elle fur frappée par le regard inflexible de Dona (fut)
- jusqu’à ce (que) celui-ci ait été avalé
- Qu’elle avait aimés.
- Lorsqu’elle émergea de ce cauchemars (cauchemar)
- la jeune femme fut frappé (frappée)
- Elle était blotti dans un lit (blottie)
- sans pour tant (autant) masquer le bruit
- un assemblage de bracelets et de peintures décoraient sa peau. (Décorait)
- les poutres qui la soutenaient étaient gravés (gravées)
- en lui tendait une soupe d’herbes. (Tendant)
- et ne put retenu une grimace (retenir)
- et ses signes neveux (nerveux)
- Elle se redressa, le cœur serrée. (Serré)
- sans de (se) départir de son sourire
- morceaux de coquillages et de pierre polis (polie)
- vêtu de blancs et d’or (blanc)
merci pour ce ratissage !
Ohhh... Mais ne serait-ce donc pas pour ça que Clervie a fait tomber Asha enceinte ?
J'ai adoré ce prologue, c'est tellement mignon ! Je suppose qu'on ne reverra donc pas ces personnages, puisqu'apparemment ça se passe longtemps avant l'histoire, mais c'est triste :(
Ca me donne très envie de lire la suite !
Je te l'avais dit, tu t'es posée la bonne question au bon moment^^
Oui, effectivement tous les prologues se situent dans la passé
Cool <3 Merci pour ton com' et bienvenue dans la partie 3 !
XD mais qui te dit que ces deux tourtereaux évoluent dans la même timeline que les autres ?
Merci <3
Dis-moi si je me trompe : cette scène là, elle date de longtemps avant non ? C'est pas simultanée avec l'histoire ? Je suppose aussi que Clervie connaissait cette prophétie et que c'est pour ça qu'elle a fait la zinzin... Rah ;v;
T'as tout compris ! Ça se passe exactement 33 ans avant l'historie principale. En fait, dans les prologues, je me suis fixée comme règle de mettre que des évènements passés^^
T'es presque à jour ! Je vais m'en vouloir de poster mon chapitre moi XD
Merci pour ta lecture et ton com' !
Je ne sais pas comment tu t'y en sors pour tout organiser en prenant compte toutes les histoires que tu as oublié sur Plume d'Argent !
Mais là n'est pas la question, je te félicite et j'ai hâte de savoir où nous mènera ces deux loulous...
Puisse-tu goûter aux douces saveurs de l
Ces deux loulous, on ne va pas vraiment les revoir... tu comprendras je pense.
Et toi des arc-en-ciel ~
Merci pour ta lecture, ton com' et ta fidélité !