Partie IV

Jade et Altaïs échangèrent un dernier coup d’œil avant que la reine d’Indeya ne s’approche de la porte. Altaïs recula alors de plusieurs pas, jouant avec les ombres de la pièce pour se dissimuler. Il inspira profondément avant de faire appel à sa magie le plus discrètement possible. Une légère brise caressa sa joue, puis le courant d’air se fit plus franc et l’enveloppa dans une douce étreinte. Il s’immobilisa, tandis que le sort faisait progressivement effet. À défaut de devenir invisible, l’air effaçait sa présence.

Il observa Jade lever la main pour toquer à la porte. Le premier coup fut un peu hésitant, mais le deuxième s’affirma davantage et le troisième résonna longuement dans la pièce.

— Entrez.

Elle frissonna en reconnaissant la voix de Diane, mais actionna la poignée et ouvrit la porte en grand. Lorsqu’elle s’avança, Altaïs se faufila à sa suite, veillant à rester dans l’ombre de ses pas. Elle s’arrêta au bout de quelques mètres, tandis qu’il se glissait contre le mur. Ses poumons le brûlaient de trop retenir sa respiration, mais personne ne parut le remarquer à son plus grand soulagement. L’attention était entièrement tournée vers Jade. Il balaya la pièce du regard, passant rapidement sur son oncle malgré l’étau qui écrasait son cœur, s’attardant un instant de plus sur la reine des Ospales et son bourreau, avant de s’immobiliser sur les deux silhouettes enchaînées contre le mur. Il dut faire appel à tout son sang-froid pour ne pas se laisser submerger par la colère en découvrant l’état dans lesquels se trouvaient les prisonniers.

Jada capta les yeux de diamant de sa mère, après avoir réalisé un rapide tour d’horizon du cachot dans un semblant d’indifférence.

— Bonsoir, Mère, dit-elle avec un calme désarmant. J’ai bien réceptionné le… message. Mais vous savez, si vous souhaitiez me voir, il y avait des moyens bien plus simples. Et plus cordiaux, également.

Elle ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil vers Gina, mais elle se reprit aussitôt.

— Il est toujours difficile d’attirer votre attention, répondit Diane. Elle est si volatile. Cependant, reprit-elle en pivotant vers la silhouette recroquevillée de Gina, je crois avoir trouvé un moyen relativement efficace.

— Je vois. Et vous êtes bien accompagnée. Bonsoir, Lambert, ajouta Jade à l’adresse du bourreau, avant de se tourner vers Elaran. Et voici donc votre nouveau collaborateur ? Peut-être pourriez-vous faire les présentations ?

— Je suis le Grand Conseiller d’Aeldor, répondit celui-ci, les traits impassibles. Inutile de se perdre en faux-semblants, Votre Majesté.

Altaïs serra les dents, mais se retint de bondir hors de sa cachette pour lui sauter à la gorge.

— Je ne joue pas dans les faux-semblants, Grand Conseiller, rétorqua Jade dans une moue contrite. En revanche, je crois beaucoup en la politesse. Mais j’ai bien peur que ce ne soit pas le maître-mot ce soir.

Elle glissa un regard las vers sa mère.

— Alors, j’ai répondu à votre appel, Mère. Pourquoi m’avoir convoquée en ce si charmant endroit ?

Les lèvres pâles de Diane se joignirent en une ligne sévère.

— Je croyais que cela relevait pourtant de l’évidence. J’ai quelque chose ici qui vous appartient, je pensais qu’il vous saurait gré de le récupérer. D’ailleurs, ne deviez-vous pas venir accompagnée ?

Altaïs retint son souffle, cherchant à ralentir les flux de magie qui couraient dans son corps. Il n’osait plus bouger, même pour se rapprocher des prisonniers. Pourtant, il était encore trop loin pour utiliser sa magie avec précision. Il peinait déjà à contenir sa puissance explosive d’ordinaire.

— Accompagnée ? répéta Jade, penchant la tête d’un air interrogateur. Par qui donc ? Si vous voulez parler de mon époux, je suis navrée. J’ai pensé qu’il n’aimerait pas faire votre connaissance dans un cachot. Ne le prenez pas personnellement, le roi Christian n’apprécie pas les espaces confinés.

— Je ne parle pas de votre époux, la coupa Diane d’un ton abrupt. Je veux parler de votre nouvel allié, le prince Altaïs d’Aeldor. Il était également convié à cette réunion.

— Le prince Altaïs ? demanda Jade, sa main se posant sous son menton d’un air pensif. La dernière fois que je l’ai vu, il vidait la réserve de gâteaux à la noisette. Je suis par ailleurs ravie de voir que les cuisiniers des Ospales font toujours des prouesses.

Elaran émit un reniflement dédaigneux.

— Je doute qu’il n’ait fait que ça. Il aime bien trop créer des ennuis pour se contenter d’un buffet.

— Pourtant, je pense qu’il était en bonne voie pour s’engager dans une violente dispute avec les cuisiniers. Il faut dire qu’il a vidé ces plateaux si vite…

— Je crois que vous ne saisissez pas bien ce que je veux dire. Il n’est pas à prendre à la légère. Il pourrait détruire ce château si l’envie lui en prenait. Ces gâteaux ne devaient être qu’une diversion pour lui donner des airs innocents.

Altaïs observa son oncle avec attention. Ses yeux plissés traduisaient son agacement, mais le prince savait qu’Elaran ne tenterait pas d’attaque directe contre Jade. Raisons diplomatiques obligent…

— Si cela peut vous rassurer, continua Jade, levant les mains dans un geste apaisant, il n’a pas uniquement mangé des gâteaux. Il s’est également servi de champagne, mais je crois qu’il ne l’a pas apprécié. Enfin, apprécié ou pas, détruire un château avec des gâteaux et du champagne, je trouve que cela relèverait tout de même du miracle. Je ne sais pas si les plus grands magiciens en seraient capables.

— Oh il le ferait les mains vides, répliqua Elaran.

Altaïs pinça les lèvres avec mépris, et se déplaça sur le côté le plus discrètement possible. Jade était parvenue à capter l’attention. À lui de jouer désormais.

Jade écarquilla légèrement les yeux de surprise.

— Détruire un château les mains vides ? Monsieur le Grand Conseiller, êtes-vous sûr que nous parlons bien de la même personne ? Ce jeune homme chétif à l’air perdu qui se réfugie dans les sucreries ? Honnêtement, je ne crois pas que cet homme puisse détruire quoi que ce soit.

Elle secoua la tête, amusée. Elaran esquissa un sourire froid et avança d’un pas, se redressant de toute sa hauteur. Sa magie bouillonnait autour de lui et contrastait avec son calme apparent. Une sensation oppressante se diffusait dans la pièce.

— Laissez-moi vous expliquer… commença-t-il d’un air menaçant.

— Grand Conseiller, l’interrompit Diane des Ospales, sa voix aussi tranchante de l’acier. Ne prenez pas vos aises. Dois-je vous rappeler que vous n’êtes qu’un invité dans mon château, que j’ai daigné convier à une cérémonie privée ? N’oubliez pas que vous êtes ici parce que je le veux bien. La personne que vous avez en face de vous est ma fille.

Elaran haussa un sourcil, visiblement contrarié.

— Je comptais simplement poursuivre cette conversation en bonne et due forme avec votre fille.

À cet instant, un grand fracas retentit derrière eux. Elaran se retourna brusquement, juste à temps pour voir les chaînes des prisonniers voler en éclats gelés, semblables à une pluie de petits diamants. Alexander se redressa avec vivacité, malgré une grimace douloureuse, tandis qu’un bouclier se matérialisait autour de Gina et lui. Elaran balaya la pièce du regard, comprenant que son neveu se jouait de lui depuis le début, mais il ne put faire le moindre pas ; Altaïs le poussa violemment, devenu aussi insaisissable qu’un courant d’air. Un instant plus tard, il se glissait derrière Diane, une épée de glace appuyée contre sa gorge.

Une ombre fendit l’espace avant qu’un coup féroce percute le torse d’Elaran de plein fouet, le faisant chuter en arrière. Il n’eut pas le temps de se relever car déjà, un poids léger mais non moins encombrant lui écrasa la poitrine. Lorsqu’il leva la tête, il croisa un regard électrique.

— C’était pas très malin de s’approcher de la reine d’Indeya, grogna Gina de sa voix rauque.

Altaïs lui jeta un coup d’œil appréciateur, avant de reporter son attention sur Diane.

— Bien, déclara-t-il, l’air impitoyable. Voilà ce que nous allons faire. Vous nous laisserez repartir et ne vous approcherez plus de nous, en échange de quoi je ne tuerai pas la reine des Ospales.

Il laissa planer un silence lourd de sens avant d’ajouter à l’adresse de son oncle :

— Ne doutez pas un seul instant que j’hésiterai. Je n’aurais pas le moindre remord à déclencher un incident diplomatique avec Aeldor, et vous serez de plus bien en peine de prouver que je suis responsable au vu de vos actes.

— Vous n’oseriez pas prendre le risque d’être accusé de régicide et placer votre royaume dans une position si délicate. L’armée des Ospales vous écraserait, déclara Diane d’un ton égal, levant la tête pour s’éloigner de la lame.

Elle apparaissait plus lasse qu’inquiète.

— Moi, je pense que le risque vaut le coup, intervint Gina dans un sourire carnassier.

Les lèvres d’Altaïs s’étirèrent en un rictus glacial.

— Oh si, j’oserais. Demandez donc à mon oncle de quoi je suis capable puisque vous lui accordez tant de crédit… Ce ne sera de toute manière pas la première fois que je serais accusé, et je suis certain que les mages de l’armée aeldorienne vous donneraient du fil à retordre.

Jade haussa les épaules, se dirigea lentement vers la reine Diane pour se planter devant elle. Son regard rencontra celui d’Altaïs, et le coin de sa bouche se tordit dans un sourire complice.

— Si cela peut vous rassurer, prince, l’armée des Ospales est bien moins talentueuse que ses cuisiniers.

Le rictus d’Altaïs se fit plus chaleureux, jusqu’au moment où la voix d’Elaran résonna dans la pièce.

— Je peux t’assurer qu’Adhara te fera regretter ta petite rébellion.

Altaïs frémit à peine. Ce n’était pas Adhara qu’il craignait, mais la menace sous-entendait clairement qu’Elaran ne resterait pas les bras croisés.

— Je ne crois pas, gronda Alexander.

Une sphère emplie d’une énergie furieuse flottait au-dessus de la paume de sa main.

— Rien ne sortira de cette pièce, confirma Altaïs, en adressant un regard plus doux au Protecteur.

— Absolument rien, renchérit Jade alors qu’elle glissait un coup d’œil vers Diane. Et puis, je ne doute pas que vous saurez garder votre jardin secret, Mère.

Pour la première fois, Diane détourna les yeux, la mâchoire serrée dans un silence éloquent. Satisfaite, Jade fit volte-face pour rejoindre Gina, toujours assise sur le torse du Grand Conseiller. La reine d’Indeya tendit une main à la jeune femme aux cheveux en bataille.

— Décidément, que feriez-vous sans votre reine, Mademoiselle Gina ?

Cette dernière fixa longuement la main tendue dans une grimace irritée. Après quelques secondes d’hésitation, elle s’en saisit avec un grognement.

— Vous auriez jamais dû venir, marmonna-t-elle. Vous êtes complètement folle.

— Je vous remercie, répondit Jade dans un sourire éclatant.

À peine eut-elle saisi la main de Gina qu’elle la serra dans la sienne.

Altaïs fit disparaître l’épée de glace et s’écarta de Diane sans lui accorder davantage d’attention. Il rejoignit Alexander en quelques enjambées. Celui-ci s’était adossé au mur, la respiration sifflante. Altaïs caressa sa joue du bout des doigts.

— Pour une fois, ce n’est pas moi qui me retrouve dans les ennuis, se moqua-t-il gentiment.

Alexander secoua la tête avec un soupir amusé.

— Non, tu te contentes de te jeter dedans.

Altaïs esquissa un sourire, puis il jeta un coup d’œil provoquant à Elaran, qui se redressait lentement, avant d’embrasser Alexander avec fougue. Ils s’éloignèrent au bout de quelques instants, et Altaïs déclara d’une voix méprisante :

— Allons-nous-en.

***

Alexander referma la malle avec un soupir de soulagement – il avait cru pendant un instant ne pas y parvenir, tant Altaïs avait rempli leurs bagages de vêtements et de livres. Il s’étira afin de dénouer ses épaules un peu raides, et esquissa une grimace lorsque ses blessures se rappelèrent à lui. Il regrettait les Guérisseurs d’Aeldor. Pas les mentalités en revanche, quoique le royaume des Ospales ne soit pas beaucoup plus accueillant.

— Tu as fini ? demanda Altaïs.

Alexander tourna la tête vers lui, et ses lèvres s’étirèrent aussitôt en un large sourire. Le prince portait une tunique bleu ciel qui s’accordait à merveille avec ses yeux. Il passa une main dans ses cheveux blonds en acquiesçant.

— Tu as encore rajouté des livres.

— Jade m’a donné quelques éditions rares, répliqua Altaïs avec amusement.

Alexander leva les yeux au ciel avant d’effacer la distance qui les séparait. Leurs lèvres s’effleurèrent avec tendresse. Au même instant, quelques coups sonores retentirent contre la porte, les faisant sursauter de concert. Altaïs haussa un sourcil.

— Entrez !

Une silhouette toute vêtue de vert se glissa dans l’embrasure de la porte. Le regard de Jade se posa sur Alexander, puis sur Altaïs, et un rictus attendri déforma ses lèvres.

— Nous sommes navrées de nous présenter dans vos appartements sans invitation. J’espère que notre arrivée intempestive ne vous dérange pas…?

Un éclat de malice illumina ses yeux pendant un court instant.

— Pas du tout ! répondit Altaïs avec empressement.

Alexander ne put s’empêcher de ricaner en voyant les joues empourprées de son compagnon, ce qui lui valut un regard noir.

— Entrez, ajouta-t-il, l’air espiègle.

— Je vous remercie.

Sans se départir de son sourire, Jade décrivit quelques pas à l’intérieur de la chambre spacieuse. Puis, elle s’arrêta et se retourna vers la porte entrebâillée.

— Je vous l’avais bien dit, claironna-t-elle, moqueuse. Notre présence ne les dérange pas. Maintenant, s’il vous plaît, Mademoiselle Gina, vous avez bien entendu Alexander. Vous pouvez entrer.

Un grognement inintelligible retentit de l’autre coté de la pièce, et finalement, Gina fit son apparition. Dans une grimace agacée, elle rejoignit la reine d’Indeya et jeta un coup d’œil expéditif aux deux hommes.

— Bonjour, marmonna-t-elle.

— Que pouvons-nous faire pour vous ? demanda Alexander, affable.

— J’ai entendu dire au banquet ce matin que vous repartiez tous deux pour Aeldor aujourd’hui, expliqua Jade en observant les malles posées sur le sol. Je vois que votre départ est imminent. Je souhaitais simplement vous dire au revoir. Et Mademoiselle Gina a souhaité m’accompagner.
Cette dernière tourna violemment la tête vers la reine, écarquillant les yeux d’un air outré.

— J’ai jamais dit que je voulais vous accompagner, cracha-t-elle.

Jade pencha la tête de côté, amusée.

— Vous m’avez dit, et je cite « vous ne devriez pas vous promener dans les couloirs seule, encore moins après ce qu’il s’est passé ». Pourtant, ce n’est pas moi qui me suis fait enlever.

Les yeux de Gina furent transpercés par un éclair fugace, mais ses lèvres tremblantes demeurèrent closes.

— J’en connais d’autres dans ce cas, commenta Altaïs en glissant un coup d’œil ironique en direction d’Alexander. N’est-ce pas, Monsieur le Protecteur ?

— C’est bas, répliqua celui-ci, malgré le fin sourire qui ornait son visage. Ne les écoutez pas, Mademoiselle Gina, je suis ravi de vous voir, ajouta-t-il en se tourna vers l’intéressée.

Celle-ci offrit un regard plus apaisé à Alexander, avant d’hocher la tête d’un air sincère.

— Je suis contente aussi. Mais la prochaine fois, il faudra essayer d’être plus prudent.

— Si je me souviens bien, nous nous sommes tous les deux retrouvés piégés, s’amusa Alexander. Je vous retourne donc votre conseil.

Gina souffla d’agacement et croisa ses bras recouverts de taches de peinture.

— C’est vous qui m’avait entraînée dans votre petite enquête. Je vous avais prévenu que Diane des Ospales n’était pas vraiment le genre de reine qui aime bien qu’on fouille dans son château.

— C’est pourtant vous qui m’avez suggéré de faire équipe…

Gina s’apprêtait à ouvrir la bouche pour lancer une nouvelle remarque désobligeante, mais elle se ravisa. Elle baissa les yeux et reprit la parole d’une voix presque inaudible.

— Peut-être bien. Mais le résultat, c’est qu’on les a mis tous les deux en danger.

Ses mots s’éteignirent dans un murmure.

— Ne vous inquiétez pas, répliqua Altaïs. J’ai bien plus souvent mis Alex en danger que l’inverse ! Heureusement qu’il n’est pas rancunier, ajouta-t-il avec un rictus amusé.

Alexander secoua la tête en réprimant un rire, avant de lui effleurer le bras avec tendresse. Jade en profita pour se rapprocher de Gina et posa une main douce sur son épaule crispée.

— Ne vous excusez pas pour une faute dont vous n’êtes pas responsable, dit-elle d’un ton apaisant. Le choix appartenait à la reine Diane et à Elaran, ce sont eux qui ont commis une erreur en s’attaquant à vous. Si seulement…

Un voile traversa ses yeux, mais elle se reprit rapidement, ses lèvres se fondant dans un sourire chaleureux.

— Et grâce à vous, j’ai pu rencontrer des personnes que je respecte beaucoup, avoua-t-elle, son regard se posant sur Altaïs.

— Même si ce n’était pas gagné d’avance, répondit-il, l’air plus doux. Je ne regrette pas d’avoir mis mes préjugés de côté.

— Tu devrais m’écouter plus souvent, le taquina Alexander.

Altaïs le foudroya du regard, mais personne ne pouvait y croire.

— Finalement, votre oncle et ma mère ont commis une grave erreur, intervint Jade, dans un rictus sardonique. Dans leur paranoïa, ils nous ont justement forcés à faire ce qu’ils redoutaient le plus : conclure une alliance.

— N’hésitez pas à prolonger cette alliance en nous rendant visite à Aeldor, dit Altaïs, son visage bien moins fermé qu’à l’ordinaire. Même si ce n’est pas un pays que je recommande, on peut y trouver des endroits charmants.

— Mais un peu froids, ajouta Alexander.

— Nous n’avons pas peur du froid, affirma Jade, avant de risquer un coup d’œil vers sa compagne. Aimez-vous le voyage, Mademoiselle Gina ?

La jeune femme lui lança un regard grincheux.

— Ça dépend.

— Je suis sûre qu’il y a de magnifiques tableaux à Aeldor, tenta Jade. N’est-ce pas, Altaïs ?

Altaïs grimaça.

— Je suis certain que Mademoiselle Gina pourra pallier ce problème.

Les yeux gris de la peintre s’éclaircirent imperceptiblement.

— Peut-être que je pourrais aimer le voyage.