Patrick, Cédric et Dominique

— Qu’en est-il de Patrick, et toute sa clique ?

— Mmmh… tu veux dire Cédric et Dominique ? Les cousins de Jérémique ?

— Jérémique, oui. Celui qui a toujours la trique. Un homme très dynamique.

— Et peu pudique. Mais pas moins photogénique.

— N’empêche, moi j’y vois un hic…

— (Moi j’en vois plein, et c’en est presque poétique.)

— … C’est-à-dire qu’il fait toujours tout un cirque…

— Quand on parle politique ?

— Ou même mathématiques.

— En effet, à chaque fois, c’est la panique.

— Ça doit venir de ses problèmes gastriques.

— Ou bien de tous ses tics.

— L’as-tu déjà vu jouer de sa musique, en public ?

— Oh que oui, du temps où je vivais en Belgique ! Il chantait avec Ludovic et Yannick : l’un à la guitare acoustique, et l’autre à la section rythmique. Leur groupe s’appelait Triptyk. Si je me souviens bien, c’était de la musique folklorique, à tendance psychédélique. Mais leurs performances scéniques étaient plutôt catastrophiques… Et la plaine de leur inspiration, désertique.

— Pourquoi était-ce si dramatique ?

— Disons que sans son humeur volcanique – sans être hyperbolique –, leurs concerts auraient été soporifiques. Sans parler de ses lyrics écrites au bic, que jamais il ne sophistique.

— Je te trouve bien critique, quant à sa pratique artistique.

— C’est-à-dire qu’il n’a pas un lexique des plus classiques. Doublé de problèmes syntaxiques.

— En gros, il est dyslexique.

— Tel a été mon diagnostic.

— Ce n’est pas lui qui penche la tête, lorsqu’il lit en italique ?

— Si, mais c’est une autre histoire ça, et pas des plus comiques. Il a eu un sacré problème, d’un point de vue neurologique, du temps où il n’était qu’un p’tit loustic… Un malheureux accident domestique, impliquant un vieux vase en céramique… Ou bien je ne sais plus, peut-être une ou deux briques.

— Il aurait pu finir tétraplégique ! Adieu le ski nautique !

— Oui, et le temps qu’on le décortique… Un peu plus et c’était couic ! Depuis, il a un crâne un peu bionique.

— C’est donc ça le son métallique, lorsqu’on lui lance des élastiques.

— Euh… je trouve ça un peu sadique.

— C’était ironique. … Véridique.

— … Ce qui est vraiment merdique, depuis, c’est qu’il faut toujours qu’on lui explique, à chaque note humoristique.

— Oui, bon… Mais tout ça, c’est ce qui le rend unique !

— Si on veut… Mais j’ai du mal avec son côté lunatique. Voire bordélique, pour ne pas dire chaotique. Je n’arrive en fait pas à le cerner : il est autant passionné de physique quantique que de culture ésotérique.

— Oui, c’est encore une fois pas trop logique. Je veux dire : pathologique.

— Sa mère, Monique, a souhaité remplacer ses antibiotiques par de l’arsenic.

— Ah. Ça c’est problématique. Je doute que ce lui soit bénéfique.

— Bénéfique ? À Monique ? Non. Du moins… pas pour son arbre généalogique.

— Il y aurait eu polémique. Et la venue de quelques flics. Pas très chic.

— Non, tout comme son esthétique gothique, à Jérémique, lorsqu’il ne porte pas de tunique.

— Je reste moi aussi sceptique… Mais on ne peut lui retirer ce côté authentique et atypique, aux antipodes du générique.

— Ce n’est d’ailleurs pas lui qui se maquille à l’acrylique ?

— Hem… si. Emblématique, chez cet excentrique. Par chance, il n’en est pas allergique.

— C’est ça quand on n’a pas le fric. Cela complique le schmilblick.

— Des sommes modiques deviennent astronomiques…

— Allez, j’abdique. Je veux dire : je te laisse, j’ai rendez-vous avec le soleil des tropiques, en Armorique.

— Fantastique ! Tu me rends nostalgique… N’oublie pas ton appareil photo numérique !

— Tu oublies que je ne l’ai plus depuis cette excursion en Amérique, où nous avons finalement fui pour le Mexique.

— Crotte de bique.

— Allez, passe le bonjour à Véronique ! Bisous magiiiques !