Paumé

Les gens qui l’aimaient disaient qu’il était paumé. C’est comme ça qu’on le qualifiait avec tendresse. C’était un garçon paumé depuis le début de sa vie. Il vivait sa vie de paumé en se rendant dans les mêmes trous, les bars sombres où l’on se perd. Il vivait continuellement avec des fumées et des boissons qui désorientaient. Il était le désordre, la déroute, le paumé.

Elle savait toujours où elle allait. Elle n’avait jamais l’air de douter. Sa vie était pleine de sentiers. Elle avait des milliers de destins différents et se sentait en sécurité dans n’importe lequel.
Elle ne s’était égarée qu’une seule fois. Un soir. Et s’était retrouvée dans ce bar rempli d’errants.
Elle y était seule, dans le flou et désappointée, elle s’était fondue parmi les paumés.

Au milieu du trouble, ils ne s’étaient pas croisés. Il avait fallu qu’il s’effondre, déboussolé pour la nuit, à la sortie du bar pour qu’elle le remarque.
À la seconde où il avait rouvert les yeux, où il l’avait vue, elle, dans cet appartement ordonné, il s’était trouvé un refuge.