Une déchirure lumineuse zébra le ciel en une ramure éblouissante. Le tonnerre vibra et éclata. Il gronda peu après, annonçant un déluge imminent. Une première goutte s'échoua sur une pierre aiguisée, ouvrant la voie à une myriade de perles d'eau qui s'écraseraient sur le sol rugueux. Un mur liquide s'abattit sur le piémont Astiracien sans que le convoi marquisal ne pût se mettre à l'abri dans un refuge accueillant. La voiture ornementale arrêta son avancée sous un saule pleureur providentiel. Le Marquis et sa suite se pelotonnèrent comme raisins en une grappe dans la caisse qui n'était conçue que pour accueillir quatre passagers.
— Savonnette, toi qui dis ne rien craindre, tu n'pourrais pas attendre sous ce déluge pour que ton maître soit à ses aises ? Ou à défaut, ne veux-tu pas retourner sous la banquette ? Tes moustaches m'asticotent les badigoinces et me chatouillent les pommettes.
Bulle de Savon, coincé entre l'imposant Marquis et le jeune cocher, sortit de sa poche une paire de dés. Malicieusement, il déclara :
— Marquis, que diriez-vous de miser autre chose que de la piécette, pour une fois ? Un lancer et le vaincu prend une douche bien méritée ?
Krone se savait imbattable au lancer de dés, il pouvait le modifier à volonté dans son monde de marbre. Il participa aux enchères de bon cœur, laissant ses troubles récents se noyer sous l'averse :
— Le perdant en profitera pour trouver un abri pour nos trois compagnons de route. Nous ne pouvons décemment laisser nos chevaux sous un tel déluge. Ce ne serait pas correct de notre part.
Peu habitué à ce que Krone participât spontanément aux défis de dés, Fil eut une révélation. Si son protégé usait sans scrupule de son Don, Bulle de Savon, de connivence, pourrait également profiter du monde de marbre pour ajuster ses lancers. Ces deux-là ne se jouaient-ils pas de lui depuis des lustres pour partager secrètement les bénéfices obtenus sur son dos ? Suspicieux, le Marquis des jeux s'opposa à ce projet :
— J'refuse de rentrer dans votre truanderie manifeste !
— Je joue.
Tout le monde se tourna vers Ombelyne et s'étonna de cette participation inattendue. Cette dernière se trouvait plus à l’aise de son côté de la voiture car elle ne partageait son assise capitonnée qu’avec Krone. La jeune Demoiselle saisit les dés dans la paume ouverte de Bulle de Savon. Aussi sérieuse qu'impérieuse, elle déclara :
— J'ajoute que le perdant devra, pendant une semaine durant, donner une pièce d'argent à chaque membre de la suite pour chaque grossièreté dite ou manifestée. Valet comme Marquis.
Par une telle proposition, la Marquise de Fleurys espérait acquérir le soutien de Krone et de Bulle, qui verraient dans ce gage, un moyen d'enrichir leur bourse au détriment du Marquis vulgaire. Toute l'assemblée présente dans cette caisse comprit les enjeux de ces conditions si particulières. Fil sentit le piège se resserrer autour de lui. Il remarqua les sourires malicieux de ses deux compères et discerna dans leurs yeux rieurs la cupidité railleuse scintiller ouvertement.
— Je ne suis pas contre des pièces supplémentaires.
Edwän, qui savait le Marquis excentrique, s'était étonné de la familiarité avec laquelle les valets s'adressaient à leur maître. Avant de les rencontrer, jamais il n'avait imaginé que des domestiques pussent parier avec leur seigneur. Quelques jours en leur compagnie et ces familiarités extraordinaires lui paraissaient comme établies.
Parfaitement lucide du guet-apens, Fil se tourna vers le jeune cocher :
— Voilà que le Rouquin s'y met ! Ton Marquis n'a-t-il pas été assez généreux avec toi pour que tu risques de perdre tout ton précieux pécule ?
— Votre Seigneurie a été plus que bonne avec moi. Je ne la remercierai jamais assez. Cependant, je pense être assez poli et courtois pour, même si je perdais au lancer, ne pas m'appauvrir. Le risque de perte est bien moindre face aux bénéfices éventuels. Je suis prêt à prendre le pari. Ce ne sera pas la première fois que je m'occuperai de chevaux sous une tempête diluvienne.
Fil ne voyait pas d'échappatoire à ce guêpier. Il joua son ultime atout pour se soustraire à ce pari perdu d'avance. Le jeune cocher ignorait la véritable identité des protagonistes présents dans cette voiture, Fil le sermonna :
— Pourquoi parierai-je alors que je pourrais te demander d'exécuter mes ordres sans discuter ! Petits impertinents ! Je suis votre maître ! Ma générosité vous fait oublier vos bonnes manières et votre devoir d'obéissance ! Pensez-vous ma langue si légère et mes manières si agrestes pour envisager de me ponctionner de ma belle monnaie ? Serait-ce donc ainsi que vous traitez votre seigneur ?
Fil savait que le secret de leur couverture pesait davantage que des pièces sonnantes et trébuchantes. Le cocher le prenait pour un véritable Marquis en présence de sa suite. Il ne se doutait nullement côtoyer les démons qui menaçaient la Paix du Parakoï. Il n'avait fait aucun rapprochement entre l'allure atypique de Bulle de Savon et les rumeurs courant sur les singularités du Seigneur des Ténèbres. Son sourire figé, bien que dérangeant, s'était effaçé devant la sympathie du personnage. Un homme si jovial ne pouvait être, selon lui, dangereux.
— Vous avez tous l'air de mèche pour dépouiller votre bienfaiteur ! Ces dés seraient-ils pipés pour que vous affichiez une assurance si vigoureuse ? Et vous, ma mie, j'croyais que nous formions une seule et même individualité qui s'opposerait contre vents et marées à toutes les attaques contre notre dignité ! Vous abaisseriez-vous à cette mascarade ?
Ombelyne releva le menton. Elle sourit faussement vers son supposé époux et entra dans son jeu :
— Voyons mon tendre, ma considération pour vous et votre parole est sans limite. Je vous suivrai jusqu'aux confins de ce monde et ceux que j'ignore. Je ne suis pas opposée à vous. Bien au contraire, je vous soutiens et j'encourage tous vos projets. N'est-ce pas vous l'origine de ce pari ? Ne nous laissons pas impressionner par nos serviteurs. Montrons-leur comment leur Marquis et leur Marquise s'unissent devant cet affront. Donnons-leur une leçon d'humilité, vainqueurs ou perdants de ce lancer de dés.
Fil ne pouvait contredire la déclaration mensongère de sa dulcinée devant un simple cocher. La jeune Demoiselle l'avait piégé. Admettre qu'elle avait emporté ce petit jeu de dupes égratigna son humeur joyeuse. Bulle de Savon n'ignorait en rien les états de son ami. Il chuchota espièglement :
— Marquis ? Votre dame peut-elle lancer ?
Résigné, il acquiesça et les dés roulèrent.
***
Bien qu'il n’eût pas perdu, Edwän ne pouvait décemment laisser son maître s'humilier sous ce grain si abondant. Il avait empoché l'une des quatre pièces que le Marquis avait distribuées à la découverte des résultats. Il était descendu de la caisse pour tendre une toile cirée au-dessus des chevaux et enrouler l'attache autour du tronc du saule voûté. Ce système ingénieux, qu'il n'avait jamais rencontré auparavant était, pouvait-il le reconnaître, astucieux. Le jeune homme, encore adolescent, dont la stature et la poussée propres à cet âge tardaient à se manifester, n'eut aucun mal, malgré sa petite taille, à mener sa corvée à bien. L’habitude guidait ses petits gestes agiles.
Edwän avait quitté la pension dans la seconde sans que la bourse pleine n'influât sur sa décision. L'acariâtreté de son ancien maître l'avait convaincu bien avant la rencontre du Marquis. Edwän était assez perspicace pour comprendre que le trésor qu'il avait reçu comme premier gage lui imposait la discrétion et que le Marquis étouffait une curiosité malvenue. Les secrets de ce personnage détonnant ne l'intéressaient guère.
Les lourds nuages orageux simulaient une nuit pourtant encore loin de prendre ses droits. Le soleil invisible, privé de son prestige par ce rempart cotonneux, culminait bien haut dans le ciel. Petits rongeurs comme grands rapaces avaient cessé leurs activités diurnes en attendant une accalmie imprévisible. La pluie martelait la toile cirée en des milliers de percussions indélicates.
Sous l'abri de fortune, les trois équidés trempés s'ébrouaient à tour de rôle. Ils recevaient avec reconnaissance les seaux d'orge qu'Edwän sortit des coffres latéraux de la charrette. Pour leur confort, le jeune homme les frotta avec une grande serviette légèrement rêche pour réchauffer des muscles refroidis par les caprices de la nature. Ce simple instant de partage le combla. Quelques jours auparavant, il n'aurait pu songer à détenir cette richesse qu'une vie entière de travail n'aurait permise. Détaché de son maître tortionnaire et désormais riche comme un bourgeois, il espérait ne jamais se réveiller de ce rêve enjôleur.
Un léger bruissement le fit se retourner. Les branches du saule, alourdies par la pluie, formèrent un rideau improvisé qui empêcha le cocher d'identifier la source de cette alerte.
Soudain, un éclair accrocha une forêt de fourches métalliques. L'imperceptible se révéla subitement. Autour du carrosse, en un cercle hermétique, une cinquantaine d'hommes modestement vêtus brandissaient ces armes improvisées. Leurs regards hargneux et leurs vilains rictus traduisaient leurs intentions inamicales ; pire, belliqueuses. Leurs tuniques collantes de pluie et leurs houseaux boueux soulignaient l'origine paysanne de leurs propriétaires. Malgré l’averse, une plume bleue se dressait fièrement sur chacun des capuchons rabattus. L'un d'eux approcha et apposa la lame de sa faucille sous le menton offert d'Edwän.
— Nous ne te voulons aucun mal petit. C'est ton maître qui nous intéresse. Si tu cries, je t'égorge.
Le cercle se resserra. Les fourches pointèrent harmonieusement vers le carrosse flamboyant. Des dizaines de pas laissèrent une empreinte profonde dans la bourbe environnante. Une marée de piques, rouillées pour certaines, acérées pour d'autres, cernaient la caisse du Marquis. Elles ne lui laissaient aucune échappatoire, aucun espoir de fuite.
Lorsque le piège fut en place, le paysan à la faucille frappa fortement à la portière et beugla :
— Grand de ce monde, votre heure est venue !
Accompagnée par les vociférations de la foule téméraire jusqu'alors discrète, cette menace directe concurrença l'éclat du tonnerre.
Le Marquis, surpris par une interpellation aussi véhémente qu'inattendue, tira brusquement le lourd rideau violet. Après une analyse brève de la situation, il déclara avec le ton qui seyait à un personnage de son rang, nullement impressionné :
— Que font tous ces pétrousquins ici ? J'espère que vous n'avez pas molesté mon pauvre cocher pour toquer gentiment à ma porte ? Serait-ce le carnaval des horreurs et personne ne m'en aurait averti ?
L'homme à la faucille ne répondit pas à l'insulte. Il déclara :
— Nous sommes les Suppôts d'Outremonde ! La Justice du Parakoï doit tomber, tous les Grands de ce monde doivent expier leurs fautes, et vous Monsieur, avec votre perruque ridicule, vous serez éliminés dès ce soir !
Des cris de rage, des insultes sorties de la foule s'élevèrent et en alimentèrent de nouveaux.
— Des Suppôts de quoi ? Je n’vois que des gueux malfamés avec de la rouille pour arme et le nombre pour courage. Que signifie cette plume bleue que vous arborez misérablement ?
— Nous portons la plume bleue en signe d'allégeance au roi des démons. Il ne devrait tarder à envahir notre monde pour faire chuter le Parakoï ! Nous ouvrons la voie à notre futur roi et terrassons ses ennemis. Il saura nous récompenser le temps venu. Finis vos privilèges mesquins pendant que nous crevons tous de faim ! Une nouvelle ère s'ouvre, celle où les crève-la-dalle dominent les Grands asservis !
Fil, confronté à une armée qui se retournait, sans le savoir, contre leur véritable dirigeant, joua son rôle de Grand bafoué :
— C’est qu'il n’parle pas si mal que ça le galvaudeux. J'ouïs cette attaque à la plume que notre Parakoï Adoré a dû surmonter. Pauvres Petits, si cette plumerie a pour but de me déplumer de tous mes sous, vous serez fort déçus du contenu de mes bagages.
L'homme au courbet cracha par terre. Porté par les menaces de ses frères d'armes, il vociféra sous la pluie battante :
— Descendez de là ! Nous vous couperons nous-mêmes vos bourses et vous les enfoncerons dans le gosier ! Vous n'avez pas l'air de saisir ! Vos plumeries, comme vous les appelez, se multiplient dans les campagnes des Trois pays. Les Grands sont égorgés, castrés et pendus, pour que leur sang abreuve et nourrisse la terre de notre roi à venir ! Vous devez purger tous les maux que vous avez semés ! Votre sang sera votre unique prix. Le roi d'Outremonde arrive ! Il a pris femme humaine à ses côtés et son armée se déploie contre ceux qui s'opposent à lui !
Fil fut étonné d'entendre que la rumeur du mariage du roi des Enfers avec la chère Marquise avait pu fuiter si rapidement des murs du bourg de Tesquieu. Plus rapide que vent en pleine mer, les événements se répandaient des centaines de lieues à la ronde. Des indiscrets du bourg, camouflés derrière leurs volets faussement clos, avaient ébruité les tractations secrètes. Fil s'était attendu à une telle fuite mais, devait-il l'admettre, pas si prestement. Le peuple tiraillé par la faim, soumis aux privilèges des gras perruqués, se réveillait. Ce roi souterrain, ennemi affirmé du Parakoï, ralliait à lui tous ces désespérés faméliques. Fil ne pouvait décemment étouffer cette révolte qu'il appelait de ses vœux. Faire usage de son Don, même dans une situation si périlleuse, était inenvisageable.
Voulant des détails supplémentaires sur ces plumeries sanglantes, il recula l'échéance où le Marquis et sa suite seraient réduits en charpie. Il interrogea :
— Avez-vous déjà fait subir ce châtiment que vous me réservez ?
La foule poussa une acclamation tonitruante. La réponse était claire mais leur porte-parole précisa :
— Nous revenons tout juste de la demeure du seigneur de ces terres. Disons que sa tête orne désormais le fronton de sa résidence.
Apparut alors la tête confondue de la Marquise. Devant cette assemblée guerrière et pugnace, Ombelyne restait interloquée. La pluie battante fouettait les visages crasseux. Le vent, jusqu'alors absent des débats, souffla en une bourrasque renversante. La jeune Demoiselle qui reconnaissait la détermination dans les yeux de ces hommes, balbutia sincèrement :
— Vous n'oseriez pas vous en prendre à une Dame sans défense ?
La foule la conspua. Un sabot de bois vint frapper la caisse à un doigt de distance de son visage. Le meneur de la troupe bouillonnait de haine. Il rit devant cette défense naïve.
— Vous resterez bien vivante gente Dame. Vous porterez, en témoignage de notre détermination, les bourses de votre mari autour du cou et sa verge en pendentif ! Si vous ne vous débattez pas trop, on évitera pour vous ce que la dame de sa seigneurie a subi.
— De quel supplice parlez-vous ?
Les rires gras noyèrent la Marquise sous une appréhension réelle. Fil, habitué à répondre à des menaces fictives ou non, prit plaisir à ce que cette torture morale durât et resta coi.
— Peu coopérative, l'épouse de notre bon seigneur a refusé de porter le magnifique trophée pendant qu'on l'attachait au balcon de sa chambre. Et bien, nous l'avons bâillonnée avec le pendentif dans le goulot !
De nouveaux éclats accompagnèrent cette révélation morbide. Les yeux exorbités par la terreur, la Marquise s'éloigna de la portière et chercha une issue clémente de l'autre côté. Elle fut accueillie par des insultes et des fourches menaçantes. Ombelyne cria par-dessus la masse une menace vaine :
— Ne craignez-vous donc pas la réponse de la Justice ? Elle sera terrible !
Une voix trop fluette pour être celle d'un homme accompli lui répondit depuis le tumulte :
— La nôtre le sera davantage !
Les paysans, transcendés par ces perspectives sanguinaires, posèrent leurs mains noueuses sur la voiture et la firent chanceler dangereusement. La secousse violente fit perdre l'équilibre de la jeune Demoiselle qui chuta entre les deux banquettes.
Le trio, comme si leur vie n’était menacée, discourait dans le calme. Fil retint d'une main sa perruque qui menaçait de tomber et de l'autre le dossier du banc pour rester en équilibre :
— Et bien, la marmaille, on peut dire que notre armée dévouée a du mal à contenir son enthousiasme. Bon, on passera sur les quelques gouttes de sang et les trophées douteux ; une médaille en vaut bien une autre.
Ombelyne n'appréciait nullement le ton satisfait du grossier personnage. Elle l'invectiva :
— Sortez-nous de cet enfer au lieu de vous pavaner de la sorte ! N'avez-vous pas entendu le sort qu'ils nous réservent ?
Bulle de Savon, que le spectacle amusait visiblement, fit un petit saut vers le sol. Il fouilla dans une sacoche renversée. Dans un rire contenu, il souffla :
— Imaginer Brindille allégé de ses parties intimes est bien réjouissant. Nous ne pouvons cependant les laisser agir. Comment Fil le couillu pourrait honorer son gage, ne pouvant nous donner piécettes pour toutes les grossièretés qu'il proférera pendant sa castration ?
— J'te remercie Savonnette de t'inquiéter pour mon intégrité. Jamais...
Sous les secousses persistantes et les vociférations grandissantes, Ombelyne hurla de rage :
— Mais vous n'avez pas fini avec vos inepties ! Toi, le grand dadais, tu ne comptes rien faire ? Sors-nous de là !
Droit contre son dossier, Krone regardait les larmes de détresse rouler sur les joues rougies de la jeune fille. Après un échange de regards convenus avec Fil, il invoqua son monde de marbre.
Le silence. Un répit dans ce vacarme étourdissant. Les gouttes en suspension avaient stoppé leur chute inexorable en un incroyable rideau de perles d'eau. Les bouches insultantes grandes ouvertes, les postillons incontrôlés en équilibre précaire et les fourches s’étaient figés simultanément. Les plumes bleues courbées par le vent s'inclinaient rigidement dans une direction commune. Une des roues du carrosse, sous la pression des mains hargneuses, lévitait et s'affranchissait de la pesanteur.
Bulle de Savon sortit de la sacoche la cape sombre. Il l'enfila en un mouvement. Son visage encapuchonné fut plongé dans les ténèbres. D'un geste, il lança à Krone une autre longue cape noire que le jeune homme vêtit aussitôt pour endosser sa partie démoniaque. Ne pouvant ouvrir la portière, bloquée par la masse enragée, Krone se faufila par l'ouverture de la fenêtre. Il grimpa sur le toit de la voiture comme un chat sur une gouttière. Il tendit sa main vers Bulle de Savon qui s'en saisit pour le rejoindre sur ce point culminant. Derrière le cercle d'hommes en armes, Krone aperçut le cocher en livrée complètement effaré par cet assaut incontrôlable. Bulle de Savon remercia son ami pour son aide et lui proposa :
— Allongeons-nous pour rester indétectables. Apparaissons à ces gens en même temps que le prochain éclair. Cette entrée foudroyante marquera notre légende.
Le monde de marbre s'écroula et le tumulte s'anima. La fatigue frappa Krone en un coup violent derrière le crâne. Ses paupières se fermèrent sous ce poids insaisissable. Il lutta contre cet ennemi invisible et s'efforça de maintenir ses yeux ouverts. Le carrosse trembla. Les talons alourdis de boue épaisse labouraient le sol en des sillons collants.
Un paysan attrapa la poignée de la portière. Il tira dessus violemment, ouvrant au vent et aux intempéries l'intérieur de la caisse. La Marquise se releva et poussa un nouveau cri désespéré. Devant l'horreur, elle ne remarqua pas l'absence de ses deux domestiques.
Un homme lui saisit la cheville et la tira en dehors. La foule s'écarta. La jeune Demoiselle s'aplatit dans une flaque d'immondices. Des crachats accompagnèrent sa sortie misérable et les vivats euphoriques l'assaillirent. Recouverte des sécrétions ragoûtantes et du limon glacé, Ombelyne pleurait. Elle regrettait, en cet instant présent, tous ses plans ambitieux. Le Marquis, menacé par une fourche pointue, ne pouvait venir en aide à sa dulcinée malmenée. Fil s'en accommoda et ne bouda pas son plaisir malsain. Les quatre pièces d'argent qu'il avait perdues par la faute de sa Marquise méritaient bien cette petite bousculade quelque peu virile.
— Maintenant, qu'on lui attache son pendentif !
Les yeux se tournèrent vers le Marquis stoïque.
— Qu'on lui coupe les baloches !
Les bras se soulevèrent en une vague submergeante.
— Qu'on lui arrache la biroute !
Le tapage fut incontrôlable.
— Qu'on lui coupe la tête !
Les doigts crasseux et les ongles noircis agrippèrent la manche en velours pourpre du Marquis. À cet instant, un éclair fabuleux étala dans le ciel gris ses dizaines de branches éblouissantes. Le tonnerre fit trembler la terre. Deux silhouettes apparurent sur le toit de la charrette comme envoyées par cet éclat divin. Le clapotement de la pluie remplaça les hurlements. La vague assassine stoppa son avancée. L'arrivée fantastique des deux démons fut remarquée par toute la foule médusée.
Ombelyne essuya une glaire qui lui coulait sur la joue. Elle se redressa sur un coude douloureux. Les cheveux souillés et la robe déchirée, elle se releva sans que quiconque ne la retînt. Elle pointa un doigt enragé vers ses deux compagnons et éructa :
— Vous ! Que faites-vous là ?
Ses propos sous-entendaient des questions que la foule ne comprenait pas. Pourquoi avaient-ils tardé ? Pourquoi n'étaient-ils pas intervenus plus tôt ?
Les paysans abaissèrent leurs fourches et murmurèrent :
— Les démons... ils nous ont entendus... ils sont arrivés avec la foudre.
Le silence s'imposa. Tous attendirent la Sainte Parole. La grande silhouette ne bougea pas. La plus petite, dont le sourire glaçait les ardeurs, fit un pas en avant et s'adressa en des mots presque imperceptibles :
— Suppôts d'Outremonde, votre roi arrive et approuve vos exactions. Distillez la terreur parmi les Grands. Leurs privilèges sont une honte à l'équilibre des mondes. La Révolution ou la Mort. L'Égalité et la Justice. Laissez-nous ce Marquis, nous nous occupons de sa sentence. Allez par monts et par vaux. Répandez la Parole de notre roi. La Révolution ou la Mort ! L’Égalité ou la Justice ! Maintenant !
Un éclair de circonstance conclut grandieusement cet appel aux armes. La foule obéit sans condition. Elle scanda à l'unisson ce cri de ralliement avec force et conviction :
— La Révolution ou la Mort ! L'Égalité et la Justice !
Le cercle se dissipa, laissant la Marquise dans la fange et le Marquis confronté aux horreurs que les deux démons lui réservaient. Ombelyne braqua un regard désorienté vers le toit du carrosse. Elle balbutia, l'effroi au bord des lèvres :
— Qu'avez-vous ordonné ? Père risque d'être la cible de vos fanatiques décérébrés.
Le Marquis remit en place sa perruque légèrement décentrée par l'agitation de ses adorateurs secrets :
— Ils ont bon cœur. À Monsieur de Pastelbour de se prémunir du juste courroux du peuple opprimé. Comme dirait l’Auguste Gamin, s'il rejoint la cause, il ne risquera rien d'eux.
— Mais du Parakoï et de la Justice oui ! Vous l'avez condamné !
Fil comprit le désarroi de la jeune Demoiselle mais n'en éprouva aucune compassion.
— Condamné à choisir, comme tous ces seigneurs qui ont usé et abusé de leurs privilèges au détriment de ces braves gens. À leur tour de donner. À leur tour de faire des concessions.
D'un saut léger, Bulle de Savon descendit du toit. Il prit appui sur la roue disproportionnée et posa pied à terre. Krone s'assit et laissa pendre dans le vide ses jambes lourdes. Il orienta le visage vers les cieux impénétrables. Il laissa la pluie fraîche fouetter son visage pour raviver son esprit endormi.
Ombelyne avança d'un pas, sa toilette méconnaissable.
— Vous avez provoqué une guerre civile. Le sang va couler abondamment par votre faute.
— J'n'ai rien provoqué du tout. Nous n'avons fait qu'accélérer l'inéluctable.
Ombelyne ne savait pas si elle était prête à se confronter à cet avenir sombre. Que devenaient ses ambitions de grandeur dans cette guerre civile ? Plus que jamais, elle devait s'opposer à ce trio maléfique et faire triompher le Parakoï. Sans Justice parakoïale préservée, aucune gloire envisageable. Ces misérables devaient échouer.
Ruisselante et tremblante de froid, elle montra d'un large geste le carrosse. Elle expulsa le dégoût que lui inspirait l'odieux personnage :
— À quoi rime cette mascarade alors ? Vous haïssez les gens comme moi et pourtant vous vous travestissez en un magnifique seigneur pour entrer dans notre monde ! Allez avec vos gueux et menez leurs troupes sans vous cacher derrière vos faux-semblants !
Fil cracha au sol et livra son ressenti :
— Pour combattre un ennemi, il faut l'avoir à portée, qu'il puisse sentir notre souffle chaud sur la nuque. Nous frapperons de l'intérieur.
Fil laissa un coup de tonnerre résonner. Après un silence réfléchi, il compléta sa pensée :
— Si cette comédie me permet d'approcher de Loren, alors j'endosserai tous les costumes, même les plus ridicules. Votre destin est lié au nôtre jeune Demoiselle. Que vous le vouliez ou non. Vous avez besoin de nous pour vos projets évidents, nous ne sommes pas dupes. Malheureusement, pour l'instant, vous nous êtes nécessaire. Soyez en sûre, quand nos chemins se sépareront, nous n'oublierons pas votre perfidie, la méchanceté qui vous anime et le camp auquel vous appartenez.
Krone, paupières closes sous sa douche vivifiante, intervint dans la dispute entre ces deux personnages irréconciliables :
— Nos projets ne sont pas incompatibles. Un monde juste n'exclut pas une élite glorieuse et responsable. Jeune fille, rien ne vous oblige à voir en nous vos ennemis. Rejoignez notre cause, comprenez notre idéal, dans la société que nous souhaitons, le rang auquel vous aspirez est primordial. L'égalité n'est pas l'égalitarisme. La Justice n'exclut pas la richesse et la réussite individuelle.
— Non mais Gamin ! Qu'est-ce que tu baragouines encore ! C'est à la Pimbêche que tu causes là ! Celle qui a une dague à la place de chaque ongle et un martinet pour langue ! Que son père entende tes propos, admettons, mais elle…
Bulle de Savon fit des petits pas, sautillant joyeusement dans une flaque boueuse. Il tendit une main amusée vers Fil et murmura depuis les ombres de son capuchon :
— Quatre nouvelles pièces Marquis. Je pense que nous pouvons communément admettre que qualifier notre Marquise de pimbêche est incontestablement grossier.
— Petit...
Fil retint in-extremis un mot doux qui lui aurait coûté monnaie supplémentaire. Frappé par un questionnement soudain, il pencha sa tête hors de la portière et demanda :
— D'ailleurs, où est passé mon valeureux cocher ? Je n’le vois nulle part. On dirait bien qu'il a disparu...
Ce chapitre a quelque chose de très percutant visuellement, presque "cinéma", c'est génial.
J'aime aussi beaucoup la petite guégerre Ombelyne (qui réalise la galère où elle s'est mise) / Fil, et c'est intéressant de voir la dynamique qui se crée avec Krone en médiateur.
Contrairement à d'autres lecteurs je ne trouve pas son explication "politique" sur le fait qu'il peut y avoir des riches aussi dans le monde qu'ils essaient de construire opposée à ce qui a été dit et fait avant (et qui est surtout du fait de Fil), par contre je trouve la tirade peu naturelle et pas très cohérente avec la fatigue dont il souffre à ce moment là ^^'
Voilà voilà, à bientôt
En effet, Ombelyne s'est mise dans un sacré pétrin, et ce n'est pas fini :)
Mes explications politiques n'ont pas convaincus tous mes lecteurs, notamment dans les derniers chapitres que j'ai postés... jespere que tu trouveras la suite des évènements assez cohérents tout de même !
Je trouvais pas la tirade si longue que ça ^^ mais elle mériterait d'être racourcie, elle gagnerait en effet en efficacité. Merci !
Bravo pour la partie son et lumière de chapitre ! Chapeau (à la plume bleue) bas !
J'ai bien aimé lire Fil se faire rabattre le caquet par Ombelyne après le passage de Velya. Tu vois, là, c'est parfait ! Finis ses lllooooonnnngggggsssss monologues indigestes, il a enfin trouvé sa place, celle d'homme de paille derrière tous les autres ! Merci d'avoir mis en avant les vrais démons de cette histoire.
Pour le reste, la révolte et toute ces émulsions, le langage démonique manque encore ! De la foudre, des démons, une petite incantation des familles ?
Chapitre très bien décrit, plaisant à lire. Ton style s'affine et se fludifie. Que la révolte soit en marche et que le Parakoï réagisse enfin.
Mon grand dadais de Krone a bien géré. J'espère juste qu'il ne se fera pas géré à son tour par Ombelyne, nouveau top 2 de tes personnages :)
Au plaisir de lire la suite !
Je suis content que tout ça te plaise. J'espère que la suite te plaira davantage!
J'ai bien aimé ce chapitre. Malgré les nombreuses conneries que les trois ont faites, il y a tout de même des suiveurs qui souhaitent aussi abolir les privilèges des riches. Ombelyn semble à peine réaliser là où elle a mis les pieds et Fil s'en amuse. Du coup, ça m'a amusé aussi. 🙂
Je reviens sur un point que j'avais déjà soulevé plus tôt, mais je pense qu'il manque un peu au début du roman qu'on voie vraiment ces privilèges et cette noblesse décalée dont tu parles. Des riches qui profitent du travail des autres quitte à les appauvrir davantage. Comme on arrive vraiment dans le côté justicier de l'histoire et du trio ici (et c'est sympa), plus de show permettrait d'immerger le lecteur totalement. Tu as beaucoup de tell qui explique ces privilèges des nobles, mais peu d'éléments concrets, à part la scène dans le village des paysans affamés. Mais dans cette anecdote, tu t'es davantage focus sur la mort d'un cheval random que sur la détresse des paysans ponctionnés par les riches et ça, c'est un peu dommage je trouve.
Sinon, le chapitre est bien. Krone s'en tire bien et la scène est dantesque à souhait. Je m'imagine bien leur apparition avec l'éclair. Les émotions de Fil vis-à-vis d'Ombelyn sont cohérentes. On devine un mépris de classe contre elle qui me paraît logique et je le trouve bien amené.
Au tout début, ils sont réfugiés sous un saule et je me suis demandés pourquoi ils s'étaient arretés la. Après tout, le cocher pourrait bien continuer sous la pluie. Sont-ils embourbés ou quelque chose, ce qui expliquerait qu'ils soient immobilisés ? Après c'est un détail, peut-être que Fil a eu pitié du cocher ? Il manquerait peut-être une petite phrase pour bien décrire la situation initiale.
Un moment, tu as une phrase qui explique la vision politique du trio, une justice basée sur la richesse, et la définition d'une égalité basée sur le maintien des privilèges de classe, ce qui est contradictoire pour moi. J'avoue ne pas cerner ce que tu essaies de nous dire (les détails sont en bas).
Mes notes :
"une myriade de perles d'eau qui s'écraseraient inévitablement sur le sol rugueux."
> Tu me connais, j'enlèverais l'adverbe 🙂 Aussi peut-être que le passé simple serait mieux ? Mmh je dis ça en relisant après coup après avoir isolé la phrase. Sur le coup, ça ne m'avait pas choqué non plus
"confronté à une armée qui se retournait, sans le savoir, contre leur véritable dirigeant"
> Ça j'avais comprisbpar son discours, pas la peine de le repréciser ensuite à mon avis
"avait pu fuiter si rapidement"
> J'arrêterais la phrase là perso
"Fil s'était attendu à une telle fuite mais, devait-il l'admettre, pas si prestement."
> La fin de la phrase se lit bizarrement
"Un sabot de bois vint frapper la caisse à un doigt de distance de son visage"
> J'ai du mal à comprendre ce que tu veux nous dire ici. Un sabot donc quelqu'un donne un coup de pied dans la caisse, mais quelle caisse ? À un doigt de distance de son visage ? Une caisse proche du visage d'Ombelyn ? À moins que par caisse, tu désignes la voiture, mais c'est de l'argot moderne. Et pourquoi une voiture proche de son visage alors ? Non décidément, je ne comprends pas cette phrase 🤔
"cria p ar-dessus"
> Typo
"Ombelyne cria p ar-dessus la masse une menace vaine :"
> La phrase sonne bizarre du fait du masse/menace
"Fil comprit le désarroi de la jeune Demoiselle mais n'en éprouva aucune compassion."
> Haha 😄
"dans cette guerre civile"
> Au lieu du terme guerre civile, ne faudrait-il pas plutôt employer "lutte des classes" ? Puisque c'est bien ça le but
"Si cette comédie me permet d'approcher de Loren"
> "d'approcher Loren" ou "approcher De Loren" ? La minuscule est-elle appropriée ?
"dans la société que nous souhaitons, le rang auquel vous aspirez est primordial. L'égalité n'est pas l'égalitarisme. La Justice n'exclut pas la richesse et la réussite individuelle."
> Je peine à te suivre. Ils veulent donc maintenir les titres et les rangs quitte à appeler ces privilèges l'égalité ? Et il ne souhaite pas une justice aveugle où tous pourraient être jugés de façon juste sans que les riches ne soient privilégiés, mais veulent au contraire une justice où les plus riches puissent s'en sortir en payant (comme notre monde) ? Pour le coup, soit c'est formulé bizarrement, soit ton idée me paraît bizarre...
Au plaisir de lire la suite 🙂
Merci pour ta lecture attentive !
"Mais dans cette anecdote, tu t'es davantage focus sur la mort d'un cheval random" > Ahaha, je ne peux pas te laisser dire ça ! Joyeuse n'était pas un cheval lambda :( Pauvre poupette, c'était la compagnonne de route de Bulle et de notre trio ! J'y étais très attaché personnellement :)
Mais sur le fond de ta remarque, je comprends ce que tu dis. Je pensais que mon univers, s'inspirant en partie du 18eme siècle, le lecteur aurait en tête l'existence de ces privilèges, comme ce fut le cas dans notre propre Histoire, sans avoir besoin d'en décrire davantage :) Ce chapitre s'inspire par exemple des "Jacqueries" très violentes de ce siècle et qui annonçait les événements de la Révolution française.
Grâce à toi, je fais la chasse aux adverbes. Avant de poster sur PA, crois-moi, j'ai beaucoup élagué ces adverbes de mon premier jet :D Promis, je fais un effort dessus !
Merci pour le reste de tes commentaires, toujours aussi précieux.
J'espère que la suite te plaira !
Je rebondis sur ça :
"Je pensais que mon univers, s'inspirant en partie du 18eme siècle, le lecteur aurait en tête l'existence de ces privilèges, comme ce fut le cas dans notre propre Histoire, sans avoir besoin d'en décrire davantage :) Ce chapitre s'inspire par exemple des "Jacqueries" très violentes de ce siècle et qui annonçait les événements de la Révolution française."
> Tu te situes dans un récit de fantasy dans lequel tu entremêles diverses époques. Ton récit peut faire penser à une période pré-révolutionnaire, mais aussi au XVIIe siècle en mode Zorro, voire carrément au Moyen-Âge avec les épées et les armures. Je pense que ce n'est donc pas du tout cuit. Je n'imagine même pas que je suis en France. Je pourrais tout à fait me représenter l'Angeterre en mode Robin des Bois ou alors le Mexique en mode Zorro. Les perruques et les froufrous me font penser à la France, c'est vrai, mais pas forcément le reste. Donc si tu veux que cette ambiance pré-révolutionnaire soit palpable dans ton récit, il te faut des scènes et des descriptions qui vont en ce sens à mon avis. Ce serait même primordial selon moi de ne pas laisser ce point de lore, central à l'intrigue, à l'imagination des lecteurs. Nous, on va s'imaginer n'importe quoi, pas du tout ce que tu as en tête quoi ! :-)
J'ai vu que tu avais posté un nouveau chapitre, je viens très vite le lire :-)
Ils ont pas de bol de tomber comme ça sur une troupe prête à les étriper, c'est vraiment le manque de chance ^^" Surtout pour le rouquin. Au final, est-ce qu'il a essayé de prévenir les autres et il s'est fait tuer, est-ce qu'il a été embarqué de force ou est-ce qu'ils les a suivis de bonne volonté ? =o J'espère qu'il aura pas trop d'emmerdes, il avait l'air sympathique.
Sinon, j'aime bien le fait que, malgré la situation dans laquelle se trouve Ombelyne, elle garde du répondant et elle ne se laisse pas faire, notamment face à Fil. Bon, assez naturellement, face à la foule armée, c'est pas la même, mais le contraire aurait été surprenant. Et le fait qu'elle pense à son père et proteste pour lui, c'est cool <3 Bon, il faut juste espérer que la famille de sa cousine ait pas subi le même sort que les nobles du coin, sinon ça risque d'être compliqué pour la suite de leurs plans ^^"
Bon, clairement, ce qu'ils ont lancé a pris beaucoup plus d'ampleur plus vite que ce qu'ils avaient prévu. Au moins là, ça a l'air d'aller dans le sens qu'ils voulaient, pas de la récupération crade de la part de Loren. On va juste espérer qu'ils vont réussir à cadrer ça et que ça parte pas trop en cacahuètes ^^" Avec la guerre qui gronde aux frontières, c'est pas très rassurant tout ça.
Bref, toujours curieuse de voir ce que ça va donner =D Bon courage pour la suite !
Coucou Flammy,
Merci de ta lecture rapide, ça fait plaisir de voir que apprécies mes Peregrinations !
Toutes tes questions sur le rouquin auront réponse dans pas longtemps ! Patience :)
La situation intérieure est extérieure n'est clairement pas des plus favorables pour le Parakoï (qu'on a toujours pas vu d'ailleurs), il faut qu'il se ressaisisse !
Question d'auteur : le passage sur le "pendentif" enfoncé dans le goulot de la noble dame n'est pas trop dérangeant? Est ce que ça peut détourner le lecteur de mon récit ?
A bientôt !
Et pour ce passage, personnellement, j'ai limite été soulagée parce que dans ce genre de contexte, je m'attendais plus à un viol collectif, donc bon, je préfère ça x)