Le jour, chacun vaque à ses occupations, celles-ci étant plus ou moins habituelles. Le jour, dans leurs interactions sociales, la grande majorité des gens cherchent sans cesse à se rendre prévisibles de leurs congénères. Une personne mal intentionnée envers d’autres personnes se rendra donc, d’une manière ou d’une autre, imprévisible dans son comportement.
Par mimétisme, chacun se conduit de manière à ne pas déranger les autres, à ne pas entrer dans la sphère intime d’autrui sans le connaître ou sans avoir sa permission. Ces lois « implicites » à nos comportements sont donc rarement transgressées. Lorsqu’elles le sont, il s’agit soit de maladresse, soit de méconnaissance vis-à-vis de ces « lois » (puisqu’il s’agit de coutumes, variant d’une région du monde à l’autre). Mais cela peut aussi être la manifestation de mauvaises intentions. Ainsi, puisqu’il y a une chance sur trois pour qu’un comportement étrange soit potentiellement dangereux pour nous, notre système d’alarme incorporé se met en route : la peur.
La nuit, nous sommes censés – dans la majorité des cas – dormir. Toute activité ayant lieu la nuit n’est pas perçue comme habituelle, ou « normale » : il y a très peu de métiers nocturnes, par exemple, et les soirées festives sont des évènements ponctuels.
Ainsi, en étant actif tard le soir, ou durant la nuit, tout évènement sensoriel (mouvement, son… ) suscite notre peur de l’inconnu. Imaginez-vous sortir vous balader au milieu de la nuit. Premièrement, le silence et l’obscurité stimuleront votre imagination. À partir de ce moment, tout évènement vous mettra en alerte. Et même si rien ne se passe, rien que le fait d’être éveillé alors que vous devriez dormir vous effraiera, car « en temps normal vous ne devriez pas être là, ou faire ce que vous faîtes là ».
C’est ce sentiment de « ne pas être à sa place » – et ce, même si l'on est chez soi – qui en vient à produire le sentiment de peur.
Si deux personnes se rencontrent de nuit, elles ont donc tout intérêt à se montrer le plus prévisible possible, paraître « normales », afin de se rassurer l’une l’autre. De jour, on s’attend à ce que chacun agisse normalement, mais de nuit, puisque nous croisons beaucoup moins de monde, nous analysons chaque personne que nous croisons. Si une des deux personnes qui se croisent agit anormalement, la peur en est décuplée, d’autant plus qu’il y a beaucoup moins d’aide disponible alentour si la situation devient dangereuse.
Il y a aussi un autre phénomène qui entre en jeu, que l’on appelle en psychologie « l’effet de surfocalisation » : l’esprit établit des liens de cause à effet entre n’importe quel petit évènement et un évènement plus ancien sur lequel l’individu se focalise. Par exemple, lors d’une séance de Ouija, tous les petits bruits habituels de la maison la nuit seront perçus comme la preuve qu’un démon a été libéré !
Au final, pour nous qui ne sommes que des êtres « diurnes », la nuit n’est pas un « lieu » pour nous.
Où que nous soyons une fois la soirée bien avancée, la peur peut donc survenir au moindre petit son inconnu, au moindre petit mouvement perçu dans l’ombre.
La nuit est donc un contexte parfait pour une histoire effrayante.
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