Mon cher, mon tendre ami.
Puisque tu y tiens tellement, que tu me forces à le dire, vois et lis ce qu’ici je t’écris. Mais je ne suis pas sûre que ma réponse t’apaise plus qu’elle ne te hante. Et déjà, ta réaction m’épouvante.
Te souviens-tu du Zwing ? Non celui d’aujourd’hui, mais d’il y’a quelques mois, plus d’une année déjà. Les lumières dansantes. La musique flottante. Et moi, qui passait dans vos bras, l’un après l’autre. Et vous, qui tombiez dans mes bras, l’un avant l’autre. Oh ! comme j’étais heureuse dans ces moments fugaces. Mais je m’égare. Alors voici, lis bien ! Les mots sont tous pesés. Je n’en renie aucun.
Mon cœur ne va à personne, si ce n’est à moi. Si ce n’est à vous. A chacun de vous.
Ce que je t’ai donné, je ne l’ai offert qu’à toi, et à personne d’autre. Ce n’était par défaut, ou par lâche abandon. Ce n’était par dépit. C’était mon propre vœu.
Je lui ai bien donné une place dans mon cœur. A côté de la tienne. Aucun n’est au-dessus, vous m’êtes tous les deux chers.
Mais ce soir-là, c’est toi que je voulais. Je voulais te sentir. Je voulais ton regard, m’y refléter vivante. Je voulais ton sourire, ta bouche et ton désir. Je voulais ressentir tes muscles et tout ton corps. Et je te veux encore.
Oui, je l’ai embrassé. Comme à un ami, comme à un amant. Oui, je l’ai désiré. J’ai rêvé de ses yeux, j’ai rêvé de ses mots. Et dans le creux du lit, j’ai rêvé de son corps.
Tu me demandes de choisir, je ne peux m’y résoudre. La nuit je crains le pire : que l’un ou l’autre parte. Mon bonheur c’est vous deux. Oui, je devrais choisir, mais pas en ces moments : durant ces temps de guerre où je crains de vous perdre. L’un ou l’autre. L’un sans l’autre. C’est tout pareil pour moi, un grand tunnel froid.
Quand tout sera calmé, nous partirons toi et moi. De le savoir vivant, je pourrais t’aimer, toi.
Mais d’ici là, prends-en grand soin. Je veux que tu me reviennes, et que lui puisse revivre. Loin de cette guerre affreuse, qui a pris nos enfances.
Reviens-moi ! Avec lui ! Je ne pourrais supporter que l’un de vous deux meure. Ma vie, c’est l’un et l’autre.
Revenez-moi. Tous deux !
Cynthia