Ce n’était pas un hasard si j’attendais dans ce salon depuis plus d’une demi-heure, une vieille photo en main et la peur au ventre. Des rumeurs circulaient sur ce lieu et je devais en avoir le cœur net. Certaines connaissances s’étaient fait tatouer ici et depuis, elles n’étaient plus tout à fait les mêmes personnes. Je patientais donc là, comme je le pouvais en essayant de ne pas imaginer le pire. Mes yeux se baladaient un peu partout mais je ne trouvais absolument rien d’anormal. Je commençais à me demander si la rumeur n’était tout simplement pas une de ces histoires que l’on invente autour d’un feu de camp pour faire peur.
Le bruissement léger de quelqu’un qui s’affairait derrière le rideau sombre m’indiquait que ce serait bientôt mon heure. J’avais envie de prendre mes jambes à mon cou et fuir le plus loin possible sans me retourner. Mon cœur manqua un battement lorsque le rideau s’ouvrit sur un homme imposant dont les mains étaient avalées par des gants noirs. Il me fit signe de le suivre et j’y allais comme une enfant qui va recevoir sa première punition. Nous passâmes dans une salle à l’écart qu’il referma derrière nous. Ma respiration se fit plus courte. Je m’installai sur la chaise et exposai mon corps vierge de toute trace. L’homme n’était pas très bavard mais restait professionnel, me rappelant ce dans quoi je m’engageais et m’invitant à me détendre. D’après lui, l’encre pouvait faire effet dès le début. Je déglutis, serrant la photo de ma sœur, espérant la revoir une dernière fois. Tout son matériel était prêt et disposé à coté de lui. Il désinfecta ma peau, appliqua le motif et pressa fermement. Un rapide coup d’oeil dans le miroir : le dessin était là, bien réel. L’artiste trempa son aiguille dans l’encre luisante et le petit moteur se mit à ronronner. Je fermai les yeux et il commença à tracer les contours du motif.
Quelques secondes plus tard je tombais dans un grand lac noir et brillant. Tout était gris. Une légère odeur chimique flottait dans l’air. Je nageai jusqu'à avoir pied. Autour de moi, il ne semblait pas y avoir âme qui vive. Un corbeau croassait dans mon dos. Je me retournai vivement et le vis perché en haut d’un arbre tordu. Un chat noir l’observait, calmement assis dans l’eau. Il ressemblait étrangement au mien, mort noyé un an plus tôt. Lorsqu’il plongea ses yeux dans les miens, je crus m’étouffer. Des bulles d’air s’échappaient de sa gueule tandis qu’il miaulait d’un air las. Nous étions sous l’eau. Je me débattais pour remonter à la surface. Je voulu crier mais l’air me manquait et je pensai mourir.
Lorsque je me réveillai une heure après le début de la séance, le tatoueur rangeait ses affaires. Je me levai en titubant et admirai le dessin dans le miroir. Le premier. Le seul. Et il était parfait.
Après avoir entièrement retrouvé mes esprits, l’homme me fit ses dernières recommandations avant de me laisser quitter les lieux. J’attendais le soir et les futures rencontres que je ferais désormais en rêve avec impatience.
Des tatouages qui donnent la capacité de voir les morts en rêve, c’est une idée très intéressante. Cependant, cette expérience ne paraît pas vraiment agréable.
L’ambiance est inquiétante dès le début et on a l’impression que la narratrice aimerait juste un tatouage normal. C’est seulement vers la fin qu’elle semble souhaiter qu’il lui donne des visions.
Ton écriture est plaisante à lire.
Coquilles et remarques :
si la rumeur n’était tout simplement pas une de ces histoires [Je dirais plutôt « n’était pas tout simplement » ]
Il me fit signe de le suivre et j’y allais comme une enfant [Ici, je mettrais plutôt le passé simple : « allai »]
et disposé à coté de lui [à côté]
Un rapide coup d’oeil dans le miroir [œil ; si « œil » est déjà dans les options de correction automatique de ton traitement de texte, il est possible qu’il ne se corrige pas à cause du « d’ »]
Quelques secondes plus tard je tombais dans un grand lac noir et brillant [J’ajouterais une virgule avant « je tombais »]
Je voulu crier mais l’air me manquait [Je voulus]
Après avoir entièrement retrouvé mes esprits, l’homme me fit ses dernières recommandations [Si tu commences la phrase par « Après avoir entièrement retrouvé mes esprits », tu dois la continuer avec « je ». Je propose : « Dès que (Après que, Quand) j’eus entièrement retrouvé mes esprits »]