Premier danger

    N°4 s'aventurait dans les rues de la ville en quête d'indices, n'importe quoi qui aurait pu lui dire qui elle était. Mais ce n'importe quoi ne se trouvait pas ici. Elle avait renoncé depuis longtemps à son projet et ses recherches soit disant assidues étaient réduites à une simple promenade de découverte.

    De ce qu' elle avait pu observer, la ville était déserte, abandonnée. Des débris de bâtiments jinvhaient le sol et à certains endroits effectivement, on pouvait voir que des immeubles, des commerces ou encore des maisons tombaient en ruine, se fissuraient et se faisaient envahir par le lierre. En effet, ces plantes étaient partout, on ne savait pas d'où elles avaient pu sortir puisqu'il n'y avait que du béton... Mais elles étaient là, sur le sol, sur les bâtiments, entourant les réverbères et autres meubles placés dans la ville. Cela en devenait anxiogène... N°4 essayait tant bien que mal de se dégager un chemin mais elle en était réduite à couper les plantes grimpantes, à les tuer en quelque sorte...

    À bout de souffle, elle s'assit sur un banc, entre deux branches de lierre qui étaient légèrement écartées. Elle inspira et expira plusieurs fois avant de s'affaler sur le dossier sans se soucier des apparences. De toute façon qui la jugerait ? Il n'y avait personne ici... Sans qu'elle ne s'en rende compte, ses yeux clignèrent lentement et sa tête commença à dodeliner. Sa vision se brouilla et elle entama une courte sièste.

    Le sifflement d'une flèche lancée à pleine vitesse la tira de ses rêves ténébreux. Une flèche lancée à pleine vitesse ? Mais il fallait une personne pour lancer cette flèche ! Et la ville était vide, à l'abandon ! N°4 ouvrit grand ses yeux. Elle n'eut pas le temps de reprendre ses esprits que quelque chose fonça dans sa direction. Lancée à pleine vitesse, la chose percuta la jeune fille et l'envoya se cogner contre la vitre d'un arrêt de bus. Le verre vola en éclats et certains bouts frôlèrent la peau de la jeune fille, lui provoquant des entailles par lesquelles le sang coulait. Elle put enfin apercevoir son agresseur. C'était... Le lierre ?! Sentant une attaque imminente de la part de la plante grimpante, n°4 plongea sur le sol. Mais il était trop tard !

    Le lierre fusa sur la jeune fille sans défense et s'enroule autour d'elle avant de la soulever à plusieurs mètres au dessus du sol. Elle ne pouvait plus s'enfuir ! Les tiges se resserraient autour du corp de la victime dont le souffle se faisait de plus en plus saccadé. Elle ferma les yeux, se réparant à terminer sa vie pour de bon. Soudain, elle ne sentit plus l'étreinte meurtrière de la plante autour d'elle. Tout ce qu'elle sentait c'était un chatouille ment au creux du nombril, le vent contre sa peau, l'air qui s'ecartait sur son passage. Elle entendait des cris aussi, on aurait dit un combat acharné... Quelqu'un était-il venu à son secours ? Pourtant cette ville était inhabitée, elle en était presque certaine... Alors elle se décida à regarder ce qu'il se passait en dessous d'elle. 

    Là première chose qu'elle vit fut le sol qui se rapprochait à une vitesse alarmante. Puis elle tourna la tête et aperçut une forme floue qui combattait le lierre. Où plutôt qui peinait à garder la vie sauvé face à la plante qui se défendait avec hargne. La personne, comme si elle possédait un pouvoir, se retourna. 

    C'était un jeune garçon, peut-être un peu plus grand qu'elle ? Elle ne le savait pas, elle ne connaissait pas son âge exact... Ses yeux bleus reflétaient l'inquiétude. Tout chez lui respirait l'agilité, de sa fine musculature à ses gestes harmonieux. Une chevelure roux foncé dansait autour du visage transpirant de l'adolescent. Le lierre commençait à perdre l'avantage, à force de se faire harceler de coups, il encaissait  les chocs de moins en moins bien et finalement il finît par se replier. Pendant ce temps là, n°4 tombait. Sa chute semblait sans fin. Elle avait l'impression que plusieurs heures étaient passés depuis le début de l'attaque. Elle ne faisait plus attention au sol qui se rapprochait dangereusement. Elle était captivée par cet I connu sorti de nulle part. 

    L'inconnu en question souffla puis se précipita à la rencontre de n°4. Celle-ci se rendit compte qu'elle s'apprêtait à terminer sa chute. Et de manière tragique ! Elle n'avait pas pris conscience du temps qui passait ! Elle ferma les yeux, se préparant au pire, se préparant à l'arrêt complet, le néant de la mort de fermait en elle tel une vague gigantesque et inévitable. Mais quelque chose perça cette vague. Le jeune sauveur s'était précipité à la rencontre de l'adolescente et l'avait rattrapé in-extremis. Il ne tint pas longtemps avec la jeune fille dans ses bras mais ce fût suffisant pour amortir le choc de la chute. 

    N°4 retomba à terre dans un "boum" sonore. Elle grogna de douleur et se releva difficilement :

- Que... Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ? demanda-t-elle. 

- Bonjour ! Moi aussi je suis ravi de te rencontrer ! C'est avec plaisir que je t'ai sauvé la vie mais si j'ai failli y perdre la mienne ! 

- Oh... Dé... Désolé... Je ne voulais pas te vexer... Mais merci... De m'avoir sauvé la vie. 

Un sourire s'étira sur les lèvres du garçon et il annonça :

- Je ne sais pas qui je suis mais peut-être sais-tu ? Et toi... Qui es-tu? 

- Moi je n'ai qu'un Matricule pour me nommer mais c'est mieux que rien. Je suis le n°4. Je me suis réveillée tout à l'heure dans la neige...

- Je vois ça... Tu es très pâle et tes lèvres sont bleues. Tu es restée longtemps dehors ?

- Je ne sais pas... repondit n°4.

Sans se dire un mot de plus, il se mirent à vagabonder côte à côte dans les rues de la ville abandonnée. Ils marchaient depuis plusieurs minutes déjà lorsque n°4 se décida enfin à demander :

- C'était quoi ça tout à l'heure ? 

- Je ne sais pas du tout, repondit son compagnon : Mais une chose est sûre, ce n'est pas une simple plante. 

- Je me demande s'il y a d'autres gens que nous... 

- Eh bien tu as dis que tu étais la n°4... Peut être que moi aussi je porte un matricule... Et s'il y a le 4, il y a certainement les numéros 1, 2 et 3...

- Ton résonnement n'est pas bête du tout... Au fait... Je crois qu'on est morts...

- Oui c'est sûrement ça... Je me rappelle un peu de ma mort...

- Et tu n'as pas d'autres souvenirs ?  Ton nom ou ton âge ? interrogea la jeune fille. 

- Aucun...

- On ferait mieux de chercher d'autres personnes. 

- Tu as raison, ça serait dommage que le lierre s'attaque à d'autres personnes que toi si on est pas seuls...