Première partie ~Chapitre 1~ Isolation

Yuri :

Me voilà dans une geôle, ils m’avaient dit que cela finirait par m’arriver. Mais l’occasion était trop belle je ne pouvais pas la laisser passer. C’est si rare qu’un convoi en direction du château passe par les bas-fonds de la ville, que je n’ai pas hésité une seconde à sauter à l’arrière. J’aurais peut-être dû les écouter, eux qui ont toujours dit que ma volonté me tuerai.

Même les yeux fermé ce n’est pas compliqué de comprendre que je suis dans une pièce sombre. Ça doit faire quelques heure qu’ils mon jeter dans ce cachot et ils n’ont pas été tendres. Tous mes membres sont ankylosés et la douleur de mon œil gauche me confirme qu’un bleu a eu le temps de s’y formé. Je suis donc ici depuis un petit bout de temps.

Je me décide enfin à tenter d’ouvrir les yeux, après maintes tentatives de me reposer. Mais debout c’est assez complexe. Mes poignets et chevilles sont enchainés au mur que je sens humide derrière moi. Lors de mon emprisonnement je n’ai pas vraiment eu l’occasion d’observer en détail ma nouvelle demeure. Et franchement ça vaut le coup d’œil, entre les araignées, la moisissure et la vieille porte en bois, c’est du luxe. Plus sérieusement cet endroit pourrait répugner bien des gens mais vu d’où je viens on pourrait voir cette cellule comme un endroit rempli de charme qui manque juste d’un peu d’entretien. 

En baissant la tête je remarque que je n’ai plus ni sac, ni chaussures, ni veste. Mais qu’en revanche une flaque carmin s’étend sous mes pieds. Je dois être plus amoché que ce que je ne pensais. Mais là tout de suite, c’est le cadet de mes soucis et j’ai un plan à mettre en place. Malheureusement cela risque d’être plus compliqué que de base puisque que maintenant, je suis enfermé. A vrai dire, la première fois je n’avais même pas de plan. J’ai foncé sur un coup de tête et voilà le résultat.

Interrompant mes réflexions des bruits de pas se font entendre et ils semblent se rapprocher. Scrutant comme je le peux la petite pièce dans laquelle je me trouve, je remarque très vite un mince filet de lumière se glisser sous la porte. Celui-ci, se balance au même rythme que celui de la marche de mon visiteur mystère. Plus les pas résonne fort et plus la source de lumière s’intensifie. Quand ils s’arrêtent, c’est pour laisser place à l’affreux grincement des gonds de la porte. J’ai alors le réflexe de fermer les yeux, ne sachant pas à quoi m’attendre. Et pour ne pas éveiller les soupçons afin d’espérer une fuite plus simple s’ils me croient toujours endormi.

C’est alors que je reçois un seau d’eau glacé suivi d’un :

-DEBOUT LE POUILLEUX. Lancé avec force par une de ces voix qui est capable de mener une armée à la baguette.

Inspirant à grande goulée, j’ouvre alors les yeux. Se tient devant moi un homme à la stature imposante et à l’armure clinquante, un seau à la main. « C’est donc lui que je devrais égorger pour m’avoir trempé jusqu’aux os ! » Me fis-je la réflexion. Après avoir violemment lancé le seau à ma droite il s’approche de moi une expression dégouté sur le visage.

-C’est donc à cause de toi que cours la rumeur d’une invasion au château ? Et bien si même les brigands ne sont plus ce qu’ils étaient, je ne sais pas où va le monde. Amène-moi la torche par ici que je puisse voir comme il se doit le visage de ce miséreux. Déclara-t-il en se retournant.

C’est seulement à ce moment-là que je remarque la silhouette restée dans l’encadrement de la porte et portant la torche. L’homme, vêtu d’une cape noire et d’une capuche tout aussi sombre s’approche pour éclairer mon visage. Je sens la chaleur de la flamme à quelques centimètres de ma tempe, lorsque le premier homme s’avise :

-Ma parole mais tu n’es qu’un gamin. Croyais-tu vraiment pouvoir entrer ainsi dans le château ? 

Il accompagne sa remarque d’un rire gras auquel son acolyte ne pris pas part. Du moins c’est ce qu’il me semble puisque sa capuche recouvre entièrement son visage. Après s’être joyeusement esclaffé, il reprend son air sérieux et darde sur moi son regard d’acier.

-Bon, plus sérieusement que nous veut-tu le mioche ?

Un silence de plomb s’abat sur notre petit groupe et même le bruit incessant de la chute des gouttes d’eau ne parvint pas à briser l’ambiance lourde de la pièce. Je ne comprends qu’il attend une réponse de ma part que lorsqu’il pousse un grognement en ma direction tous en se faisant craquer les doigts.

Je lui réponds alors avec l’air le plus désinvolte possible.

-Je voulais parler au roi.

Ce à quoi il rétorque par un :

-Ne te fiche pas de moi, il y a des audiences pour les requêtes et s’attaquer à l’un de nos convoi n’est pas le meilleur moyen d’y accéder.

Pris d’un soudain élan de courage, je tente de lui porter un coup, tirant au passage sur mes entraves. Je ne peux de plus, pas  m’empêcher de lui faire remarquer que Sa Majesté, le roi n’en a que faire des requêtes de ces citoyens, si ceux si n’ont pas les moyens d’habiter dans les plus riche quartiers de la ville.

Il n’a pas l’air d’apprécier ma tentative de rébellion puisque presque aussitôt il me décroche un direct dans les côtes. Ayant pour effet immédiat, de me faire cracher un peu plus de sang. Saisissant à son tour la torche, il s’approche toujours plus près, de manière à pouvoir m’empoigner par les cheveux m’obligeant ainsi à le regarder en face.

-Ne crois pas pouvoir sortir d’ici tant que tu ne m’aura pas dit ce que tu trames. Et crois-moi nous avons les moyens de te faire parler. Tu en auras la preuve dès demain. Sur ce, je te laisse profiter d’une bonne nuit de sommeil.

Son geste semble surprendre son acolyte puisqu’il me semble le voir esquisser un pas en avant alors qu’un son me parvint depuis le dessous de son vêtement. Se ravissant presque aussitôt, il reprend sa position initiale et accompagne son geste d’un discret raclement de gorge, comme pour reprendre contenance.

Sa tirade finie, le vieil homme sort de ma cellule suivi de son compagnon qui contrairement à lui, marque un temps d’arrêt sur le pas de la porte. Je le vois tourner imperceptiblement la tête dans ma direction, avant de faire un signe de  main au garde posté devant ma porte. Surement lui indique-t-il de la fermer derrière lui.

A travers le battant de la porte et avec une certaine distance j’entends une voix caverneuse s’exclamer.

-Pourquoi traines-tu ainsi ?

Réplique presque immédiatement suivie par une voix grave et des pas précipités partant de derrière le mur de ma cellule.

-J’arrive.

                                                                      Scar :

Enfin de retour dans mes appartements. Cette journée a été plus qu’éprouvante. En enlevant mes bandes aux poignets je repense à l’entrainement de ce matin et aux paroles de mon oncle. « Tu as du potentiel mais tes émotions te gouverne et cela est ta faiblesse, je sais comment y remédier ».

Et c’est ainsi que je me suis retrouvé dans les geôles, comme porteur de torche pour son interrogatoire. Auprès de l’intrus qui avait été arrêté, plus tôt dans la journée. J’ai été étonné qu’un type dans son genre ait réussi à rester entier après être passé entre les mains des hommes de mon oncle. Il n’en menait certes pas large, mais il se tenait tous de même debout et ce n’était pas dû à ses chaines présentes juste pour l’empêcher de s’enfuir. Sur ce et après avoir allumé un bon feu, je saisi mon carnet ainsi qu’un fusain et commence la seule activité qui, dans ce château, me permet quelque peu de m’échapper. Lorsque le sommeil commence à me gagner, me faisant lutter contre mes paupières lourdes, je pars me coucher ne préférant pas penser au lendemain et à ce qu’il représente.