Première partie ~Chapitre 2~ Châtiment

Par Lyne246
Notes de l’auteur : Donnez moi votre avis sincère, n'ayez pas la langue dans votre poche. Bonne lecture ;)

 

Yuri :

Ce n’est pas la chaleur du soleil ni ses rayons qui me réveillent mais le tintement de mes chaines que quelqu’un s’efforce de détacher du mur. Malgré ma nuque raide et mon œil contusionné je parvins à pivoter la tête pour voir le profil de mon invité. Il s’avère que c’est le porteur de torche de la veille. Refermant les yeux, j’essaye d’évaluer les dégâts commis à mon corps en remuant un à un tous mes membres.

Ce n’est qu’en entendant un grognement à ma gauche que j’arrête mon examen. Ses manches maintenant retroussés, laissant apparaitre ses avant-bras, recouvert de larges bandes de cuir brunes. L’homme s’affaire avec vigueur ou plutôt semble se battre avec les anneaux qui retiennent mes entraves au mur.

Quand il réussit enfin à libérer mon coter gauche, c’est au moins 2 mètres de chaine qui tombent sur le sol. Tandis qu’il passe devant moi pour s’attaquer à la deuxième paire de menottes qui me retient encore prisonnier. Je peux observer l’état de mon poignet. Entaillé et couvert d’ecchymose, il ne me serait pas d’une grande aide au cas où je me retrouverai à devoir me battre. Dans le doute, je tente tous de même de serrer le poing, action qui provoqua de vifs élancements jusque dans mon épaule.

Tentant de chasser cette désagréable sensation, je fais rouler mon épaule d’avant en arrière. Ayant retrouvé une certaine mobilité, j’effectue un pas vers l’avant. Mais une pression sur mon tors m’en dissuade rapidement. Frustré, je tourne lentement la tête vers le propriétaire de la main qui me retient dans cette position.

Il ne me regarde même pas et de sa deuxième main, encore libre maintient mon poignet plaqué contre le mur. J’essaye d’y opposer une résistance, tirant de toutes mes forces sur ce lien fait de chair. Mais en un mouvement qui lui semble d’une facilité folle, il me repousse contre le mur humide expulsant dans un même temps l’air de mes poumons.

-Ne t’avise pas de tenter une évasion.

Scar :

Cela ne me fait en rien plaisir de devoir ainsi persécuter ce jeune homme. Mais le choix n’est pas mien et je me dois d’obéir aux ordres. Je comptais simplement faire ce qui m’a été demandé sans commentaires, espérant que cela passe vite. Mais si ce prisonnier se met en tête de me résister, je n’aurais pas d’autre choix que de le recadrer par la force. Aussi injuste que cela puisse paraitre. Après tous, nous avons tous deux un point commun : Nous sommes enchainés, l’un par la justice, l’autre par allégeance.    

Yuri :

Une fois complètement libre de mes fers, l’inconnu se replace devant moi. Attrape mes poignets sans une once de délicatesse et les noues à l’aide d’une vieille corde élimé. Il doit surement penser que dans mon état, même cette attache serait trop dure à délier pour moi. Pendant qu’il s’affaire sur son nœud en 8, je tente d’en apprendre davantage sur le physique de ce geôlier peut bavard. De sa capuche ne s’échappe que quelques mèches noires, mais c’est finalement assez courant comme caractéristique physique. Même si il me dépasse largement en termes de taille, il a la tête tellement baissée que c’est impossible pour moi d’en distinguer plus à son égard.

Quand il semble satisfait de son œuvre, il se redresse, me saisit par le biceps et me pousse vers la sortie de la cellule. Nous traversons un dédale de couloirs et d’escaliers aussi sombres et lugubres que le trou duquel je viens d’être sorti. Durant ce périple mon esprit tourne à mille à l’heure projetant sous mes paupières fermées des milliers d’images me rappelant mon enfance. Comment ai-je pu me retrouver là? Moi qui cherchais de l’aide, je me retrouve dans la position de celui qui doit être aidé.

Me perdant dans mes réflexions, les yeux clos, je rate une marche et rouvre précipitamment les yeux lorsque le geôlier resserre fortement son emprise sur mon bras. Après un grommellement intraduisible, il m’enjoint d’un violent coup de coude dans les coudes de reprendre ma marche.

N’appréciant pas ce geste, je secoue vigoureusement mon bras dans l’espoir qu’il desserre son emprise. En réponse, il décide de troquer sa poigne sur mon biceps pour une prise bien moins confortable pour moi. Ses doigts se replièrent sur ma nuque l’entourant de part en part et tirant dans un même temps sur la naissance de mes cheveux. N’ayant pas d’autre choix, je me remets en route partagé entre la rage et l’humiliation.

Les murs de ses souterrains suintent et tout ici sent le moisi. Plus nous avançons et plus le bruit du vent entre les briques se fait entendre. Après une longue marche dans le silence et le froid, nous débouchons devant une petite porte en bois tout juste assez grande pour moi.

En sortant, la première chose qui me frappe est le froid mordant et le vent glacial qui fouette mon visage et fait voler mes cheveux. Une fois que mon accompagnateur a fini de verrouiller la porte derrière nous, il me pousse vers l’avant. Dans une cour, entourée de rempart. Entre les flocons et le blizzard, je le vois. Le pilori, ce poteau de malheur se dresse, là, devant moi, n’attendant que mon châtiment. A côté se tient l’homme en armure de la veille, un fouet à la main et une expression de fierté sur le visage. Instinctivement, je veux reculer, mais s’est sans compté sur l’homme toujours derrière moi qui me saisis par les épaules et me chuchote à l’oreille:

-Alors blondinet on ne fait plus le fier ? 

Il m’entraine sans ménagement vers le pilori et entreprend de m’y attacher, genoux à terre, les bras noués autour de ce dernier. Cependant, il n’a pas pris en compte ma volonté de liberté.

Je projette violement mon coude en arrière tentant de l’atteindre à l’estomac, mais il se décale avec une vitesse déconcertante. Furieux et le corps parcouru par l’adrénaline, je plante mes pieds nu dans la neige et d’une poussé me dégage de son emprise. Surpris qu’il me lâche aussi facilement, je manque de tomba mais reprend vite mes esprit et m’élance vers une grille au fond de la cour.

Les flocons m’obstrue la vue et viennent pour certains se loger dans mes yeux m’obligeant à les fermer frénétiquement. J’ai à peine parcouru 1 mètre qu’un cri résonne dans l’enceinte du bâtiment. Interpellé par cet ordre, les gardes postés dos aux murs se ruent vers moi me plaquant au sol, coinçant mes mains toujours liées entre elles, sous le poids de mon corps. Contre mon gré et malgré mes débattements, ils réussissent à m’entraver au pilier.

Entre mes cheveux et les larmes de colères qui obstrue ma vue, je vois l’homme qui m’a escorté jusqu’ici. Il n’a pas bougé depuis l’incident et reste planté dans la neige, les bras ballants.

Un coup de fouet à ma gauche lui fait reprendre ses esprits et il va se positionner bien droit le long des remparts qui nous entourent.

Scar :

J’ai joué mon rôle, ma mission est remplie. J’ai fait ce qu’on attendait de moi, alors pourquoi diable veut-il que je reste là ? Cela fait-il aussi partie de son plan pour faire de moi un soldat compétent et docile ? Dans tous les cas, regarder un prisonnier en haillons grelotter contre un bout de bois ne faisait pas partie du programme que je m’étais fixé pour la matinée. Et pourtant me voilà en train de prendre en pitié  un jeune homme ennemi de la couronne sur le point de se faire fouetter. Ce sera donc ça le reste de ma vie ? Ecouter mon oncle et faire ses sales besognes ?!

Ce jeune homme m’a étonné de par sa détermination, il n’a que faire des convenances et ne sait pas fait prier pour attaquer la garde royale. Sa liberté semble plus importante à ses yeux que tous ce que l’on pourrait lui offrir. Le voir ainsi, se débattre comme un beau diable entre les mains de ces soldats, m’a donné envie de moi aussi me rebeller.  Seulement je ne puis, pas après ce que ce château a fait pour moi. Cependant, détourner les règles, est-ce vraiment désobéir aux ordres ?

Je suis soudain sorti de mes réflexions par le claquement distinctif du fouet et me dépêche d’aller reprendre ma place. Puis vint un deuxième, suivi d’un troisième toujours aussi violent. La chemise du prisonnier est maintenant en lambeau laissant apparaitre de longues lacérations rougeâtre sur sa peau pale. Les coups continuent de fuser et le sang de couler.

Si bien que les flocons se mélangent avec, formant une bouillie rosâtre au sol. Le condamné se laisse maintenant choir au sol recroquevillé sur lui-même. Agité de temps en temps par un spasme, il ne semble plus conscient. Ou du moins, pas assez pour se rendre compte que mon oncle l’a libéré de ses entraves et qu’il est pratiquement libre de ses mouvements. Enroulant son fouet sur lui-même, il se dirige vers moi et s’arrête à ma hauteur.

-A partir de maintenant c’est a toi de t’en occuper. Fait lui cracher le morceau. Pour ton roi.

-Bien mon oncle. Comment dois-je m’y prendre ?

-Peut m’importe tant que tu finis par savoir ce qu’il manigance.

Perdu, je jette un coup d’œil à la forme inerte et sanglante que forme le jeune homme au pied du pilori. Mon oncle dû remarquer mon regard puisqu’il me lance de sa voix autoritaire.

-Ne te laisse pas gouverner par tes émotions. Ces gens sont de la racaille, ils ne méritent rien d’autre. La seule chose dont tu dois te soucier, c’est qu’il reste en vie afin de savoir répondre à nos questions.

-Vos questions ? N’est-ce pas moi qui suis-je sensé m’en occuper comme vous me l’avez demandé ?

-Tu t’en occupe mais cela ne veut pas dire qu’il n’est plus mon prisonnier. Je passerais le voir dans trois jours et utiliserais des méthodes différentes s’il ne s’est toujours pas décidé à parler.

Sur ces mots, il repart dans ses quartiers me laissant là avec cette mission sur les bras. Une fois sorti de ma torpeur et sûr de ce que je devais faire, je me décide à agir. En commençant par me rendre dans les écuries au pas de course chercher une couverture. Une fois mon protégé bien emballé dans la couverture et ce en faisant bien attention à son dos. Je le porte telle une princesse et entrepris de retourner vers sa cellule.

Cela fait, un dilemme se pose à moi. Le rattacher comme précédemment et se faisant, le condamnant à une très probable infection due à ses nouvelles plaies. Ou l’installer plus confortablement mais en prenant le risque d’une attaque une fois qu’il serait en meilleur forme ? J’opte pour un entre deux, toujours enchainé poignets et chevilles mais avec plus de mou. Ce qui me permet de l’allonger à plat ventre sur la couverture que j’avais étalé quelques instants plus tôt à même le sol. Une fois certain qu’il est à la fois enchainé et bien installé, je pars en quête de quelques petites choses pour améliorer son séjour dans ce cachot.

Mon oncle n’approuverait certainement pas mais après tous, c’est moi qui suis chargé de m’occuper de ce prisonnier et il n’a pas précisé la manière d’on je devais procéder.

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Ophelij
Posté le 20/07/2024
Comme pour le premier chapitre, je confirme que j'aime beaucoup ce principe de double narration entre les deux personnages principaux. Cette phrase exprime assez bien la situation : "Nous sommes enchainés, l’un par la justice, l’autre par allégeance", je trouve cela très intéressant. J'aime aussi cette ambiance de dialogue sans parole.

J'aime beaucoup la fin du chapitre et la façon dont tu organises l'intrigue, le fait que le personnage de Scar se trouve à devoir interroger Yuri et obtenir de lui les réponses que j'ai moi-même envie d'obtenir en tant que lectrice.

Je te livre aussi quelques petites interrogations :
- j'ai moins bien compris la phrase de dialogue " -Alors blondinet on ne fait plus le fier ? " cela ne cadre pas avec l'idée que je me faisais du personnage de Scar et j'avais pourtant l'impression que c'était lui qui conduisait Yuri ?

- c'est un petit détail, je pinaille un peu, mais dans cette phrase "Mais en un mouvement qui lui semble d’une facilité folle" il me semble que c'est Yuri qui suppose, alors il serait peut être plus juste de dire " Mais en un mouvement, qu'il semble effectuer avec une facilité folle..." Je trouve qu'une des forces de ton récit vient de cette alternance de point de vue (ce qui n'est certainement pas le plus simple à manier, bravo à toi !) c'est pour ça que je me permets de relever cette phrase.

- dernier petit point d'interrogation : "Moi qui cherchais de l’aide, je me retrouve dans la position de celui qui doit être aidé." A priori cela semble normal, je cherche de l'aide, donc j'ai besoin d'être aidé.

J'espère que mes remarques pourront t'aider dans ta belle lancée, c'est vraiment le but.
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