Première partie ~Chapitre 3~ Soin

Par Lyne246
Notes de l’auteur : Bonne lecture, les choses avancent ;)

~Chapitre 3~

Soin

YURI :

Mon dos pulse et chaque respiration est douloureuse. Je ne sais pas quand me suis évanoui mais j’ai compté 6 coups de fouet avant le trou noir. Je me souviens de la morsure du vent, du gout du sang et puis de quelque chose de chaud et doux m’enveloppant. Ce moment fu l’un des plus humiliant de mon existence, réduit à néant, enchainé comme un chien enragé et battu comme un mercenaire. Je me suis efforcé de serrer les dents lors des premiers coups mais très vite la douleur a repris le dessus faisant se crisper mon corps et rendant l’inconscience particulièrement attirante. Cependant, j’ai continué à lutter, me promettant de ne plus jamais me laisse traiter ainsi. C’est la rage au ventre que j’ai perdu connaissance.

Vu l’odeur de moisi que je crois reconnaitre, je dois être de retour dans ce trou à rats ou l’on m’avait jeté. Et pourtant bien que je sente les fers froids m’encercler les membres, sous moi se trouve quelque chose d’agréable du moins plus que de la pierre ne pourrait jamais l’être.

C’est avec peine que je réussi à ouvrir les yeux et ce pour découvrir que je suis bel et bien de retour dans ce cachot, mais cette fois, pas debout contre un mur. Plutôt couché à plat ventre sur une vielle couverture. Trouée et pleine de paille à certains endroits. Mais tous de même je ne refuse pas un si gentil geste de la part de mes hôtes. Riant intérieurement de l’ironie de la situation, je ne remarque pas de suite que je ne suis plus seul dans la pièce.

Se tient dans l’encadrement de la porte, l’homme encapuchonné, une pile de vêtements dans la main gauche et une boite en métal dans la droite. Il semble remarquer que je suis réveillé puisqu’il reste sur place sans bouger. Mais pas sans parler.

-Je pensais que tu serais resté inconscient plus longtemps.

Dans sa voix perce une pointe de ce qui ressemble à de la surprise.

-Désolé de ne pas être mort, j’ai fait ce que j’ai pu. Promis.

Lui répondis-je serrant les dents autant de colère que de douleur.

-Cela n’empêche que tu es bien arrangé.

-A qui la faute ? Lui crachais-je au visage.

-Pas la mienne en tous cas. Répond-t-il froidement. -Cependant tu ne peux pas resté ainsi. Continue-t-il.

-Enchainé ou couvert de sang ?

Rétorquais-je d’un air narquois.

-Dans cet état. Tranche-t-il.

-C’est précis. Marmonnais-je.

-Je te demande pardon. S’exclame-t-il faisant un pas dans ma direction visiblement énervé.

-Je me fais la remarque que ta réponse est très précise.

-Tu n’as pas besoin d’avoir une réponse précise.       

-C’est vrai que je ne dois pas m’attendre à grand-chose de la part d’un mec qui s’habille comme la faucheuse. Rétorquais-je moqueur.

Toujours allonger sur le ventre tel un saumon en train de sécher, je me crispe lorsque je sens mon dos m’élancer suite au petite rire moqueur qui secoue mon corps. Suite à ce violent rappel à l’ordre, je sens un liquide chaud couler le long de mes flancs et la fatigue que j’ai jusque-là réussie à repousser me frappe de plein fouet. Mon corps se met soudain à trembler et je hoquète sous les assauts de douleur. Lorsque l’élancement se calme suffisamment pour que je puisse reprendre mon souffle, je tourne la tête vers la porte. Je ne sais pas si c’est la fatigue, les larmes ou les vertiges qui m’obscurcissent la vue mais la silhouette dans l’encadrement me parait bien plus floue que quelques minutes au paravent.

-Bon je t’ai ramené quelques trucs. Les vêtements que tu portes doivent être changés.

M’explique-t-il rapidement, semblant sur le poing d’exploser tant il parait crispé.

Il est vrai que mes vêtements n’étaient déjà plus de première jeunesse quand je suis arrivé ici. Mais maintenant c’est à peine si l’on peut encore appeler cela des vêtements. Et ce n’est pas mes membres engourdis et mes lèvres bleuies qui vont dire le contraire.

-Ça. En soulevant son bras droit. -C’est de quoi boire, manger et te soigner. Et ça. Faisant de même avec son bras gauche. -C’est de quoi t’habiller.

Assez étonné par cette attention, je ne réponds pas de suite mais ayant réussi à ramener mes bras enchainés devant mon visage. Je lui tends mes poignets faisant tinter mes chaines.

-Manger ça devrait le faire, mais m’habiller et me soigner en plus dans le dos, ça risque d’être compliqué. Je peux à peine bouger mes muscles et puis au cas où tu n’aurais pas remarqué j’ai des menottes aux mains ET aux pieds.

Malgré sa capuche toujours sur son visage je peux remarquer qu’il réfléchit.

-Je peux t’habiller et te soigner pendant ce temps tu mangerais.

Je réfléchis quelques instants, fermant les yeux et essayant de faire abstraction des lésions qui me brûle la chair. Accepter cette proposition ressemble à une énième humiliation mais entre cela et une mort certaine par septicémie ou congélation je décide à contre cœur d’accepter son offre.

-Vas-y. Bougonnais-je  

-Bon. Dit-il en déposant sa boite en métal par terre. Commençons par un peu de ménage. 

Sur ce, il ramasse le seau qui traine toujours à ma droite et le relève.

-Tes latrines. M’explique-t-il en le pointant du doigt.

-Charmant. Lui répondis-je.

Ignorant ma remarque, il retourne chercher la boite qu’il a laissée devant la porte. Porte qu’il a visiblement fermée même si je ne me souviens pas l’avoir vu faire. Il s’approche ensuite de manière à se retrouver assis sur la couverture à un mètre de moi sur la gauche.

-Tiens ! Me dit-il en me tendant la fameuse boite. Mange.

Me hissant sur les coudes, je récupère la boite et entreprend de l’ouvrir. A l’intérieur se trouve un morceau de pain, un bout de fromage et tout au fond une seconde boite, plate et ronde. Avant même que j’ai le temps de l’observer, il me la prend des mains.

-Ça ce n’est pas à manger.

-Qu’est-ce ?

-Un onguent à base d’herbes, pour tes blessures.

M’explique-t-il en dévissant le couvercle de la dite boite révélant une pâte verdâtre à la forte odeur d’herbes.

-Et quesque ça contient ton truc ? Lui demandais-je acerbe.

-De la consoude, du plantin, de la pimprenelle, de la bourrache et de l’huile de poisson.

-Un mélange réfléchi. Je dois l’admettre.

Ce sont toutes des plantes que je connais et aucune n’a de conséquences négatives en cas de dosage non respectés. Je ne cours donc aucun risque à le laisser m’en appliquer.

-Je vais commencer par ton visage comme ça tu pourras manger tranquillement après.

-Mon visage ?

-Oui, ton visage. Il est sacrément arrangé et si tu ne veux pas avoir de cicatrices je te conseil de me laisser faire.

-J’préfère éviter d’être défiguré oui.

Il s’approche en grommelant quelque chose à propos d’être défiguré. Une fois assis à mes côtés, il glisse ses bras sous mon corps meurtris et me bascule sur le côté. Je veux le repousser mais des étoiles constellent rapidement ma vue et je m’agrippe a la couverture attendant désespérément que la nausée passe. Les mains sur les genoux, l’homme semble attendre que je reprenne mes esprits. Une fois cela fait et sans se préoccuper de ma précédente tentative de le repousser, il pose une main sur le haut de mon postérieur et place la seconde dans le creux de ma nuque. Sentant encore ma tête tourner, je me laisse aller contre ce soutien et sens mon corps se faire redresser.

Quand je rouvre les yeux, je constate que nous sommes maintenant dans la même position, les genoux presque se touchant. Bien que maintenir cette pose me demande un effort surhumain, je réussi à me stabiliser sans l’aide de mon geôlier.

Lorsque je le fixe, essayant de percevoir quelque chose dans la noirceur de la pièce et de son vêtement combiné, il s’exclame quelque chose. Je ne comprends pas ce qu’il me confie tant la douleur qui m’enserre le crane fait bourdonner mes oreilles.

L’homme se décide enfin à retirer la cape qui le couvre entièrement. Détachant d’abord la broche au niveau de son cou, il la laisse glisser le long de ses épaules jusqu’à ce qu’elle ne forme plus qu’un tas de replis sombre sur le sol.

Moi qui m’attendais à un vieux soldat ou à un garde un peu crasseux. Quel ne fus pas ma surprise en découvrant un jeune homme à peine plus âgé que moi. Lui ne fait guère attention à moi et a déjà plongé son doigt dans la pommade.

-Il n’y a pas assez de lumière. Ça ne va pas le faire. S’exclame-t-il en regardant autour de lui.

Il essuie son doigt sur son pantalon et se précipite dans le couloir ouvrant la porte à la volée. Il revint presque aussi vite une lanterne à la main. Venant se rasseoir en face de moi, il dépose cette nouvelle source de lumière entre nous. Ce n’est que là que je remarque l’immense cicatrice qui lui barre le visage. Partant de sa tempe gauche, elle passe sur son œil jusqu’à rejoindre la commissure de ses lèvres.

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