Présence ?

Il m’a fallu quelques minutes pour m’habituer au changement de luminosité. Nous sommes dans un couloir sans fenêtre, dans le noir complet. Mon cœur a pris un rythme frénétique, être dans le noir dans un lieu inconnu, ce n’est vraiment pas ce qui m’enthousiasme le plus. J’ai mis ma lampe frontale en marche et la peur n’a pas tellement reflué. Je guette les pleurs qui, bizarrement, ne résonnent plus à mes oreilles.

Le sol dallé de carrelage est jonché de feuilles mortes et de papiers, je crois. Les murs, à la peinture écaillée, ont l’air de suinter l’humidité. En parcourant le couloir, je me suis rendu compte que le lierre ne s’est pas contenté de l’extérieur. Il mangeait aussi l’intérieur. J’ai même cru reconnaître un rosier dans le fond. La végétation ne tarde pas à reprendre ses droits quand l’humanité cesse d’intervenir.

La première porte, que nous croisons, m’a confirmé que ce bâtiment faisait bien parti de l’hôpital, malheureusement. Les portes battantes étaient partiellement ajourées de verre, à l’époque. Actuellement, il gît par terre en morceau.

« − C’est tout de même dangereux l’urbex, Holly, il y a du verre par terre.

J’avais fait ma remarque sans baisser ou élevé la voix et pourtant j’ai eu l’impression d’hurler. Je ne suis pas parvenue à maintenir mon aire bravache sur mon visage.

« − Oui méfie-toi. C’est ce qui donne du charme et qui rajoute à l’ambiance me répondit une Holly enthousiaste

− Pour qui aime ça, soufflais-je.

− Je sais Gwen que le frisson ce n’est pas ce que tu aimes. Moi j’adore, ça m’aide à écrire mes livres.

− Pour une autrice, ça parait logique.

− Allez courage, Gwen. Je suis avec toi et si ça fonctionne tu seras soulagée de pouvoir entrer dans un hôpital en toute sérénité. »

Malgré la différence de tailles entre nous, mon amie qui m’arrive à peine à l’épaule, Holly me caresse le dos afin de me réconforter. C’est que j’ai toujours aimé avec elle, elle est un pilier, un soutien indéfectible. J’ai la chance de la compter parmi mes amies de longues dates.

Nous nous connaissons depuis la Première sans nous perdre de vue une seule fois pendant ces vingt-trois ans d’amitié. Holly est une personne chatoyante qui se démène pour ses amis. Et malgré l’amour que je lui porte, mon envie de fuir s’immisce un peu plus dans mon esprit. Je viens de comprendre que, étrangement, ce bâtiment ne contient que des blocs opératoires. Je pensais qu’en visitant ce petit local, je ne verrais pas les endroits les plus intimidant pour moi.

« − Gwen, tu veux sortir ? Je comprends que ces lieux te posent problème. »

Je suis sur le point d’accepter quand soudain, la porte, au fond du couloir, a bougé, toute seule. Il n’y a pas de courant d’air. Rien. Au même instant que j’ai entendu les pleurs, encore une fois. Je me suis ruée en avant. C’étaient ceux qui hantent mes nuits : les larmes de souffrances de Vicky et les premiers cris d’un nouveau-né.

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