Prologue

 

POLICHINELLE

 Deuxième partie : Les Toits de Paris

Prologue

 

 

Clac ! Les commerçants empilèrent les dernières caisses en bois sur le côté de leur boutique et arrangèrent deux ou trois poireaux sur les étalages. Il n’était pas huit heures du matin que le marché était déjà opérationnel et que les Parisiens se bousculaient dans l’allée à l’affût de quelques emplettes.

 

Baguettes sortant du four, poissons frais, fromages et viandes à gogo, poulets en train de rôtir, fruits et légumes du verger… On ne savait plus où se donner de la tête. Les odeurs alléchantes chatouillaient les narines des piétons et relevaient du supplice. Comment ne pas céder à la tentation ? Plus les minutes passaient, plus la rue Mouffetard se peuplait de vieux et moins vieux armés d’un panier ou d’un chariot à courses.

 

–       Y sont beaux mes poissons ! lança à tout-va un commerçant dans l’espoir d’attirer la clientèle. R’gardez comme y sont beaux et frais mes poissons, ma bonne p’tite dame ! Allez, on n’hésite pu ! Dix euros le kilo !

 

Dans les cafés, certains profitaient de la douceur du mois de juin pour boire leur petit café et lire Le Monde, le Parisien ou Métro sur les terrasses aménagées. Chacun trouvait son compte, à la rue Mouffetard. Même les musiciens de jazz manouche au coin de la rue qui égayaient la matinée des passants et récoltaient par la même occasion quelques pièces de monnaie.

 

Un homme, étranger à ce rituel quotidien, se faufilait dans la foule. Ses cheveux blonds plaqués à l’arrière de son crâne, sa peau blanche et ses yeux bleus glacés étaient les seules touches de couleur qui le composaient. Habillé en costume noir, il frôlait et bousculait bien des personnes, mais aucun ne semblait le remarquer. Les Parisiens, le matin, avaient autre chose à penser.

 

Deux mamies lui barrèrent la route et marchèrent au passage sur ses souliers cirés pour rejoindre un filet de pommes de terre sur l’étalage le plus proche. Il grimaça en sentant ses pieds écrabouillés avec si peu de manières. Contrarié, il se maudit de ne pas avoir emprunté les toits de Paris pour se rendre jusqu’à sa destination. Le chemin aurait été certainement moins encombré.

 

Une dame armée d’une dangereuse poussette (et d’un gamin aux cordes vocales redoutables) le bouscula sans ménagement et il lui jeta un regard assassin. Elle l’ignora et ne s’excusa même pas, ce qui eut le don de le rendre davantage de mauvaise humeur.

 

Si tu savais, connasse, si tu savais seulement qui je suis… Tu tremblerais de peur…

 

Mais bref. Il n’était pas là pour apprendre la politesse à une vulgaire femme du peuple. Reprenons notre sang-froid, concentrons-nous sur les numéros des immeubles, et repartons à la recherche de cette femme qui a causé notre perte. Cette traîtresse, cette mante religieuse, cette veuve noire, cette… cette fille géniale, incroyable et extraordinaire.

 

Au fur et à mesure qu’il remontait la rue Mouffetard, il pensait à elle et le minois de la mystérieuse adolescente qu’il avait pris son aile à l’époque lui revenait parfaitement en mémoire. Une adolescente ? Mais non ! Elle avait grandi depuis ces cinq dernières années où il avait été séparé d’elle. Elle devait être un sacré bout de femme maintenant !

 

Cinq ans…

Cinq ans à se faire oublier. De la presse. De l’État. Des forces de l’ordre.

Cinq ans à se faire oublier. Pendant qu’elle s’épanouissait.

 

L’heure était enfin venue de quitter l’ombre, de reprendre les affaires. De la retrouver. Il s’arrêta devant le numéro d’une porte qu’il reconnut. C’était l’entrée d’un immeuble pas chic, mais pas pourri non plus. Juste coincé entre deux commerces. Personne ne regardait par les fenêtres : parfait. Il voulait vérifier par lui-même, en toute discrétion, les paroles que ses hommes lui avaient rapportées la veille.

 

Son regard froid parcourut les sonnettes de l’interphone, vissé à côté de la lourde porte en vieux bois. Une étiquette de travers attira son attention et un léger sourire éclaira son visage pâle. Il les avait retrouvés. Ils habitaient ici. Lui. Elle.

 

AJACIER – LAURIER

 

 

 

« Le droit et la loi, telles sont les deux forces : de leur accord naît l'ordre, de leur antagonisme naissent les catastrophes. »

Victor Hugo

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Keina
Posté le 09/02/2011
Oooooh quelle entrée en matière ! Je suis toute... toute... O_O Évidemment, l'homme aux cheveux blonds ne peut être que Mickaël, et la façon dont tu l'introduis fait tout bonnement froid dans le dos. C'est cruel de commencer ainsi, avec l'imminence d'un malheur à venir alors que tu ne nous as encore même pas fait profiter du bonheur de Camille et Joël ! 
Cinq ans ! Cinq ans ! Je me demande à quoi ressemble Camille aujourd'hui, niveau caractère... j'imagine qu'elle a un peu mûri, mais en même temps je la pressens aussi caractérielle et farfelue qu'à 18 ans. 
Superbe entrée en scène pour cette deuxième partie, vraiment. On imagine tout de suite que l'histoire va être passionnante, et on n'en est qu'au prologue ! Toi qui disais ne pas savoir faire un prologue... je te tire mon chapeau ! Je cours lire la suite ! ^^ 
La Ptite Clo
Posté le 09/02/2011
=D Eeeeh oui, c'est Michaël, de retour pour nous jouer un mauvais tour ! ^^ Enfin un mauvais tour, pas vraiment, c'est particulier, mais oui, d'un côté, on peut dire que c'est craignos ! ^^ De toute manière, je ne comptais pas m'attarder sur le bonheur de Camille et Joël... ça ne durera que dans le premier "vrai" chapitre, on ne va pas s'encombrer de ça alors qu'on peut les tourmenter, hein ? xD
Cinq ans ont effectivement passé, mais nos deux personnages n'auront 23 ans qu'une fois dans le premier chapitre, avant de subir à nouveau une grosse ellipse. Mais pour le moment, oui, ce sont deux étudiants, et Camille est restée toujours aussi spéciale (et sans spoiler, je dois avouer que son CV est tout aussi particulier qu'elle). ^^ Mais ça, ça reste la grande surprise du chapitre un, sur lequel je patauge un peu d'ailleurs...
Merci pour tes encouragements Keina, j'espère que la suite te plaira tout autant ! Bisoudoux ! ^^ (Moui, t'as vu, je commence à avoir la main pour écrire des prologues, la preuve, j'en ai écrit même deux XD) 
Seja Administratrice
Posté le 10/01/2011
Michael *o*
5 ans ? Je comprends mieux pourquoi tu disais que c'était la dernière fois qu'on les voyait à 17 ans.
Et puis, ça commence à pas sentir bon. Pas bon du tout...
Bientôt la suite, j'espère ! Ce prologue a bien mis l'eau à la bouche *o* 
La Ptite Clo
Posté le 10/01/2011
=D
5 ans, et plus encore. Et wii.
Merci pour ton commentaire, j'espère que cette histoire te plaira autant que l'autre. ^^ À très bientôt pour la suite au compte-goutte ! ;)
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