Je n’ai jamais eu une santé mentale très saine. Je dois dire, en réalité, que j’ai toujours été attiré vers les choses susceptibles de me mener à ma perte.
J’ai fait de longues études. Pourtant, à chaque fois que je me rendais en cours, j’avais une horrible nausée qui ne voulait pas me quitter la gorge. J’étais dégoûté par la « petite vie parfaite » que je menais et j’avais un légitime sentiment de culpabilité parce que je savais intimement que je ne la méritais pas.
Du moins, pas bien plus que ceux qui vivaient réellement comme des misérables.
J’ai toujours été pris de passion pour les choses qui étaient aux antipodes de ce que j’étais censé apprécier. Du moins, c’est ce que les dires des gens m’avaient toujours laissé entendre. Ils disaient de mon père : « Le grand avocat, défenseur des causes perdues, qui passent toutes ses journées à lutter laborieusement pour que les discriminations sociales disparaissent a, cependant, dans sa maison, un individu qui est loin de représenter la stabilité morale et se voue plutôt d’admiration pour l’hérésie ».
Pfff !
Comme si le terme stabilité morale existait réellement.
Pourtant, croyez-le ou pas, j’ai bien essayé de lutter contre mon côté lunatique – oui, je sais que j’en ai un – et j’ai même eu, comme raison de changer, “l’amour” de mes proches. Cependant, je pense que si l’amour, la confiance et l’admiration des parents et des amis suffisaient, Judas n’aurait jamais trahi Jésus ou, plus lointain, Adam et Ève n’auraient jamais trahit Dieu. Donc, je ne crois pas que j’étais en réserve lorsque je passais toutes mes journées à courir de vanité en vanité à la recherche de ce que j’appelle la Chose.
Néanmoins, aujourd’hui, Je le reconnais. Ma quête du bonheur absolu par l’exploitation de l’absurde n’était en réalité que pure folie. C’était comme penser réussir à donner la vie en éliminant, au passage, quelques hommes.
J’ai eu tellement de morts dans ma vie. Je pense que c’est sans doute pour ça que j’aime autant l’odeur du cadavre. Pas que je sois un assassin ou que je vous un culte particulier à l’acte du meurtre. Mais, je sais par résignation que tout le monde est appelé à mourir. Voilà pourquoi, à une certaine époque, je ne me donnais plus la peine d’essayer de plaire aux autres. Je me contentais seulement d’éprouver des sentiments nécessaires en présentiel de ceux à qui ils étaient censés être adressés. Et, quand ils me tournaient le dos, je retournais dans ma taverne pour continuer à y rôder sans peine ni but en attendant que le jour refasse surface.
Un soir lugubre, sombre et effroyable, je sorti de la maison dans laquelle j’avais grandi suite à une énorme dispute. Je marchais pendant de longues heures en quête d’un coucher. J’avais juste envie de mourir, ce soir-là, et grande a été ma déception lorsque j’ai été confronté à ma faiblesse : mon incapacité à me suicider.
Jadis, la vie m’avait toujours horriblement répugné et, alors même qu’elle balançait sur moi tous ses tourments, je la menaçais souvent de me suicider si elle ne s’en arrêtait pas. Pourtant, ce soir-là, je n’avais même pas pu me jeter sur une simple et stupide foutue voiture en pleine course pour mettre un terme à cette vie de merde que je menais.
La merde que je suis toujours, d’ailleurs.
Cette nuit-là, je déambulais dans les rues de Chester - ma belle Chester, ville de mes vieilles déviances, ville de mes moments les plus intimes - en attendant que la mort personnifiée ne se présente devant moi pour enfin venir récolter mon âme et la ranger avec celle des autres damnés. Or, hélas, elle ne vint jamais. Oui, la mort – Cette entité surnaturelle si redoutée – ne s’est jamais montrée. Elle n’avait pas honorée son rendez-vous. Elle n’est jamais apparue et je vouais, dès lors, une haine effrénée à son égard. Me faire une telle honte, moi qui comptais sur son cher et tendre soutien avec toute la foi du monde. Je ne pensais pas que j’allais m’en remettre un jour. Néanmoins, après avoir passé une nuit à dormir à la belle étoile, je m’étais rendu chez ma grande sœur à l’aube
Il n’y avait aucune étoile, à ce propos. Juste de nombreuses gouttes de pluie aiguës et froides.
Je n’étais parti toquer à la porte de personne pendant la nuit, car voir le lendemain ne faisait absolument pas parti de mes projets – J’envisageais très sérieusement de mourir et je pensais que si je le souhaitais très fort, la mort n’aurait pas eu d’autres choix que de m’obéir – Je pensais que ça allait être ma dernière nuit sur terre et j’étais bien disposé à ce que les choses se déroulent comme tel. Hélas ! Comme d’habitude depuis près de 10 000 jours jusqu’à cette période, j’avais revu le lendemain et l’horreur du levé du jour à la surface de la terre. La même expérience horrible dont je faisais les frais depuis le début de mon existence. Sans doute la chose qui me répugnait le plus dans ce bas monde : Sortir de mon sommeil à l’aube d’un nouveau jour et voir le soleil comme si le jour précédent n’avait jamais existé.
J’avais tout raconté à ma sœur, le lendemain. Elle m’avait accueilli chez elle, m’avait soigné et m’avait nourrit. Alors qu’elle se rendait dans ses activités quotidiennes, je restais au chaud dans son appartement. Je mangeais, dormais et passais de longues heures sur mon téléphone. Et, pendant que je faisais tout ça, je priais intérieurement pour qu’aucun des évènements de la veille ne soit qu’un rêve.
J’avais longtemps été le protagoniste de songes où mon départ de la maison survenait après de graves disputes avec mes parents pour de diverses raisons. Il faut croire que c’était la providence, que c’était mon destin. Je ressentais une joie terrible à l’idée que ça ce soit enfin réalisé même si, avant ce jour encore, je me réveillais en sueur pendant les nuits, priant Dieu pour que ces rêves ne soient justes que ça : des rêves. Ces évènements se sont pourtant réalisés et j’étais enfin délivré de ces cauchemars qui me hantaient pendant la nuit et me provoquaient des sueurs froides durant le jour.
Le soir succédant mon arrivée chez Claire, je m’étais réveillé d’une longue sieste bien méritée. Sieste que je n’avais visiblement pas eue depuis des lustres. La maison était solitaire, froide, néanmoins accueillante. Pour éviter de périr dans une ambiance aussi empreinte de morosité, j’avais décidé d’aller faire les cent pas.
Je marchais dans les rues de mon ancien quartier, je rôdais et j’avais décidé d’aller un peu plus loin.
Je marchais et marchais encore quand, soudain, je la vis…
Je viens de commencer ton histoire et pour l'instant : j'adore ! :)
J'ai hâte de lire la suite !
Alors je l'avoue, j'ai été attirée par ta cover, mais je trouve que ce prologue est une jolie mise en bouche. Ta plume est très agréable à lire et j'arrive facilement à matérialiser la scène dans ma tête.
Sans compter que j'adore cet univers ! Gros +1 pour moi !
C'est très encourageant et je souhaite que les prochains chapitre vous maintiennent dans la même ambiance.