Il était une fois un homme bon qui vivait heureux avec sa famille dans un petit village au milieu de la forêt. Noël, c’est ainsi qu’il se nommait, aimait fabriquer des objets et jouets en bois.
Vêtu d’un lourd manteau rouge bordé de fourrure blanche, il les distribuait ensuite aux enfants des alentours et des hameaux voisins, grâce à un gigantesque traîneau rutilant, tiré par huit rennes à la ramure majestueuse.
Il partait alors une semaine avant les fêtes et revenait le jour de noël, dont il portait le nom, pour passer ce moment avec son épouse et ses deux enfants.
Une année, le matin de son retour, il trouva un attroupement devant sa maison et un mauvais pressentiment lui étreignit le cœur. Ses amis, le garde forestier et le charpentier, tentèrent de le retenir pour l’empêcher d’assister à la scène macabre. Les deux hommes, bien que forts, en furent incapables.
Noël s’effondra dans la neige, sans s’émouvoir du froid et de l’humidité. Ni de tout le sang qui maculait l’entrée de la demeure. Une longue traînée vermeille courait jusqu’à la forêt, mais on ne retrouva jamais les corps de ses enfants. Il prit celui inerte de son épouse entre ses grands bras et la serra fort contre lui, hurlant son chagrin et son désespoir.
On ne sut jamais qui perpétra cet horrible crime et Noël entra dans une fureur incontrôlable. Après avoir enterré sa femme, il jura de lui rendre justice et mit le village à feu et à sang.
Personne n’avait rien vu, rien fait, tous étaient pour lui responsables.
Les habitants désertèrent le lieu maudit et laissèrent l’homme dépérir de rage et de tristesse.
On raconte que sa peau se couvrit d’une toison sombre, que des cornes poussèrent sur son crâne, qu’une langue bifide émergea d’entre ses dents pointues, et que des griffes acérées remplacèrent ses doigts autrefois agiles.
Chaque année depuis ce jour, dans la semaine précédant noël, on aperçoit une créature rôder dans un village ou un autre. Le lendemain accueille toujours un mort, éventré par de longues griffes. La victime est inévitablement un homme malveillant, violent ou un agresseur d’enfants.
C’est ainsi que le Père Noël devint le Krampus, le diable de noël, et que la légende se perpétua depuis ce temps lointain.