** Il y a fort longtemps **
Je souffle bruyamment. L'astre solaire se déleste de sa vénusté et nous écrase de la chaleur accablante de ses rayons ardents. Ma peau me brûle à de multiples endroits, exposée sans protection à la morsure de la perle de jour, qui brille de mille feux dans son océan bleu dénué de nuages.
Mes muscles, crispés par ces nombreuses semaines de marche, se rappellent à moi douloureusement à chaque pas.
Cela fait des jours et des jours que mon compagnon et moi nous usons sur des chemins escarpés plus ou moins existants, espérant atteindre notre objectif. Des jours et des jours que des rencontres souvent improbables nous émerveillent ou nous terrorisent. Des jours et des jours que nous guettons chaque bruit suspect, préparés à se défendre face aux pires créatures de ce monde qui usent de tous leurs maléfiques pouvoirs, étalent leur puissance et rivalisent de dangerosité afin de nous faire sombrer dans un sommeil éternel, nous empêchant ainsi de mener à bien notre quête.
Mais la persévérance finit toujours par payer. Notre pénible périple prend fin.
Nous sommes enfin arrivés. Une imposante colonne de pierre s'élance à l'assaut du ciel face à moi. La structure semble avoir des siècles d'existence, et je sais que ce n'est pas qu'une impression. Un bref vertige s'empare de moi, comme devant chaque spectacle de la nature, que nous pensons inédit, juste pour nous. Or, cette construction était là bien avant la naissance de notre espèce, et de toutes les autres peuplant cette planète. Et elle sera là bien après notre disparition, surplombant les prochaines civilisations.
Avec efforts, je gravis les ultimes marches me menant au sceau de Chronos. Il s'agit là de la première étape d'un long périple, afin de délivrer le dragon du Temps de sa malédiction.
J'expire, fixant l'objet de notre convoitise. Mes épaules se détendent, et je comprends que j'étais crispée jusque là. Les maintes parois rocheuses que nous avons escaladées m'ont écorché les doigts, et ont raidi mes muscles.
Le sceau de Chronos n'est qu'une simple pierre, mais elle irradie de puissance et de prestige. Elle m'attire, comme l'aurait fait un aimant. Elle est posée là, sur son socle de roche naturelle installée dans une cavité de la colonne de pierre. De fines nervures bleutées la parcourent, luisant de magie et de pouvoir. Ce sont les veines de la relique mystique.
Je jette un coup d'oeil à mon compagnon de voyage, et je remarque ses traits tirés, son teint halé par le soleil, ses vêtements tâchés. Je suis heureuse de l'avoir à mes côtés aujourd'hui, lui qui a toujours été présent pour moi. Je dois sûrement être dans le même état, mais je ne m'en formalise pas. Je réalise que pour arriver là, chaque jour fut une véritable épreuve.
Je m'approche et tends la main pour m'emparer de notre récompense tant méritée. J'en oublie les mesures de sécurité, absorbé par notre objectif, et effleure la Pierre. Une douleur fulgurante me traverse le bras pour atteindre mon coeur, et me fait frissonner devant l'intensité de la douleur. Mes muscles se tétanisent, et alors que j'aimerais crier ma souffrance, il m'est impossible d'ouvrir la bouche.
Bientôt, je n'arrive plus à penser, un épais brouillard de douleur a envahi mon cerveau et ma vue se brouille. Je n'ai plus conscience de ce qui se passe autour de moi. Pendant un dernier instant de lucidité, je tente de me retirer, en vain. Ma paume reste collée à la Pierre, rendant mon supplice interminable. Enfin, ma main se détache, comme si le fragment ne voulait plus me faire souffrir, ou comme si c'était la fin. Je m'écroule, mes jambes ne me portant plus.
Une ultime pensée traverse mon esprit : ce n'est pas moi, la R'due. Je ne suis rien d'autre qu'un essai loupé.
Alors que je me sens sombrer dans les eaux sombres du sommeil éternel, je formule mon dernier souhait.
Aider le véritable héros.
J'aime bien ce prologue, il est bien agréable à lire. Tu maîtrises très bien les descriptions, tu as du vocabulaire, bref, c'est bien!
Il y a juste la dernière phrase du troisième paragraphe que je trouve un brin trop longue, mais un petit travail dessus et ce sera niquel ;)
Merci ! Oh oui je vois de quelle phrase tu parles, je vais voir ce que je peux arranger ! La suite ne devrait pas tarder, merci de tes retours ;)
Hâte d'en découvrir plus !
(Ça change un peu après, mais ça reste imagée)
Je suis venue jeter un coup d'oeil, parce que j'étais assez intriguée par ton avant propos, et que je me suis beaucoup retrouvée dedans ^^ Moi aussi j'ai un gros bébé de premier roman que je veux porter au max ='D Sauf que moi, ça dure depuis 12 ans, ouch. Mais je suis en passe de couper le cordon, j'y crois !
Pour le prologue, c'est très mystérieux, et cela me donne envie de lire la suite =D Pour le moment, on ne sait pas grand chose, mais assez pour qu'on se pose des questions. Il faut libérer un dragon, pourquoi ? Et pourquoi il est emprisonné ? C'est quoi la R'due ? Le voyage a l'air horrible quand même. Qu'est-ce qu'il arrive au compagnon ? Est-ce que le narrateur survit ?
Bref, personnellement, cela me donne envie d'aller lire la suite ^^
Quelques remarques :
"aux pires créatures de ce monde qui usent" répétition de user avec le début du paragraphe
" La structure semble avoir des siècles d'existence, et je sais que ce n'est pas qu'une impression." Moi je comprends cette phrase en mode "La tour a l'air vieille, alors qu'en fait non" sauf qu'après, on apprend que si, elle est très vieille, du coup, c'est un peu perturbant comme formulation.
"J'en oublie les mesures de sécurité, absorbé par notre objectif" Est-ce que le narrateur est une fille ? Vu qu'elle se pensait être la R'due, j'aurai tendance à dire oui. Du coup, "absorbée"
Bon courage pour la suite =D
Pluchouille zoubouille !
Bienvenue ! Alala ces romans qu'on souhaite tous porter au max ;) je passerai voir !
Je te remercie ! Merci également pour les corrections et remarques.