Prologue

Lorsqu’on vous parle d’une catastrophe imminente, on ne la prend pas forcément au sérieux. Ou bien on ne veut tout simplement pas y croire. Quand la catastrophe se révèle inexistante, peu importe qu’elle ait été crédible ou non, vous aviez raison et vous exultez. Vous lancez des regards entendus en ressortant l’éternel « Je te l’avais bien dit ».

Mais si la catastrophe est réellement sur le point de se produire et que vous l’avez niée, que vous avez détourné les yeux, vu le vide là où d’autres pointaient du doigt l’évidence, alors la sanction est brutale. À cet instant, vous avez deux possibilités : soit vous réagissez pour limiter les dégâts, soit vous vous enfoncez encore un peu plus dans votre bêtise en jurant par tous les dieux, contre vents et marées, que vous avez encore et toujours raison. Et là, le retour sur Terre est encore plus violent.

Le récit qui suit raconte l’histoire d’une civilisation, la nôtre, qui s’est prise pour une autruche ; une civilisation qui a caché sa tête dans le sol comme si cela pouvait faire passer le danger.

L’autruche était dans le déni, elle était persuadée qu’il n’y avait pas de léopard. Lorsqu’elle a entendu le rugissement, il était trop tard. Alors l’autruche a choisi : elle est restée la tête enfoncée dans le sable.

Après tout, si elle ne le voyait plus, pourquoi le léopard existerait-il ?

Et elle s’est fait bouffer.