Jean claqua la portière de sa voiture. Il fit vrombir le moteur, et s’éloigna le long de la nationale. Une sorte de grondement se fit entendre derrière lui. Mais ce n’était pas un orage, un animal blessé ou une voiture en panne… Il jeta un coup d’œil dans le rétroviseur. Dans le petit miroir, se reflétait une fumée grise. De cette fumée, jaillit une forme aux contours flous, qui ressemblait vaguement à une fusée, mais plus large et plus longue. C’était cinq capsules, semblables à de gros cylindres, accrochées les unes aux autres.
Le cœur de Jean se serra. Sa petite fille partait probablement pour toujours.
Il avait déjà perdu sa femme quelques années auparavant, mais la blessure était encore à vif. Et maintenant, il devait perdre la deuxième femme de sa vie, sa fille unique, il devait la laisser lui filer entre les doigts. Il fixa la Lune, mais se concentra vite sur la route. Mathilde partait encore plus loin que le satellite de la Terre.
Il n’avait pas vraiment le choix, cette mission était le dernier espoir de l’humanité. En ce soir de mai, treize autres jeunes accompagnaient sa petite fille.
Ils allaient en direction d’Elpis. Elpis était le dieu grec de l’espoir, mais aussi le nom de la planète vers laquelle ils se dirigeaient. Elle avait été découverte récemment et plusieurs capsules avaient été envoyées vers cette inconnue. Sa fille s’était portée volontaire, et Jean n’avait rien pu faire pour l’en dissuader. Au fond de lui, malgré la morsure de l’absence de Mathilde, il était fier d’elle, et de son courage sans limite.
Mais sa petite n’aurait pas eu à partir, si les hommes n’avaient pas détruit la planète sur laquelle tous vivaient. Les températures devenaient intenables, les catastrophes pas si naturelles s’enchaînaient, les animaux disparaissaient plus vite que la glace à la vanille dans l’estomac de sa blondinette.
Alors, il l’avait laissé partir. Et même s’il ne la revoyait jamais, il ne regrettait rien.
Le père et la fille continuèrent de s’éloigner l’un de l’autre, inexorablement.
Et puis à la fin, tu parles des températures qui ont monté, peut-être que tu peux y faire allusion ? L'homme pourrait essuyer son front plein de sueur... bref ce genre d'allusions qui te font comprendre et ressentir au lieu que cela soit simplement dit
Ce n'est pas la phrase la mieux tournée qui soit, mais tu vois l'idée ?
Alors j'aime bien l'idée de base : des adolescents qui sont envoyés au loin, l'idée de quitter la terre et aller peupler une autre planète. (As-tu lu Phobos, de Victor Dixen ? ). Sinon, je tique sur la phrase "c'était sa fille, mathilde, qui s'éloignait lentement de lui" : je trouve que c'est trop "raconté", j'aurai placé le point de vue dans les yeux du personnage comme tu l'as fait au début, donc il ne se dit pas "c'est ma fille", mais plutôt "Son coeur se serra (bla bla bla)... Mathilde s'éloignait lentement de lui (lentement ? dans une fusée ?)." Bref, je sais pas si je suis claire, c'est des détails de formulation.
J'aime bien l'idée du personnage qui regarde partir au loin la seule personne qu'il lui reste, par contre, ça me fait aussi penser au film interstellar.
Pour le lentement, la fusée est déjà loin donc on a l’impression qu’elle est lente ! Oui, c’était clair !
Et sinon, je n’ai pas vu interstellar, je vais essayer !