Chapitre 1

Mathilde se réveilla. Elle fixa de ses yeux bleus les étoiles fluorescentes au mur, celles qu’elle avait depuis toute petite. 

Elle se souvint du jour où on lui avait offert. C'était un cadeau de son père, pour son anniversaire, après le décès de sa mère. Elle tourna la tête et fut surprise de voir un visage à trois centimètres du sien. Elle lâcha un petit cri. La femme à ses côtés remua un peu et ouvrit lentement ses yeux turquoises, qui contrastaient avec le teint mat de sa peau. Elle déplaça ses cheveux blonds foncé qui lui bouchaient la vue et marmonna :

-Ça va ?

-Oui, oui, désolée de t’avoir réveillée, Leah.

-Ne t’inquiètes pas.

-Il est quelle heure ?

Leah se redressa et regarda sa montre blanche.

-Il est huit heures sur Terre.

-Sur Terre ? répéta Mathilde.

-Oui, on a décollé hier soir. Tu ne t’en souviens pas ?

-Pas vraiment... Je dormais peut-être, je me suis couchée tôt.

-C’est vrai. Tu as faim ?

-Un peu, mais j’ai peur de descendre toute seule.

-Je t’accompagne. Laisse moi juste le temps de m’habiller et de me débarbouiller.

-Merci !

Leah se leva et alla ouvrir la penderie. Elle prit un chemisier rose pâle, un jean, une paire de chaussettes et des baskets blanches. Elle enfila le tout et trouva sa tenue plutôt réussie. Elle et Mathilde allèrent dans la salle de bain et se passèrent un peu d’eau sur le visage.

Puis elles ouvrirent la trappe et descendirent par l'échelle. Les deux filles traversèrent la salle de sport et descendirent encore. Elles arrivèrent dans la salle commune. Droit devant elles se trouvait une bibliothèque remplie d’une quarantaine de livres. Juste devant celle-ci il y avait un petit espace recouvert par un tapis. Dessus, quatre fauteuils se faisaient face, deux par deux. La jeune femme et sa protégée s'approchèrent de la table, qui se situait au milieu de la salle. Elle était haute et grande, entourée de deux banquettes parallèles. Le tout était conçu pour accueillir une quinzaine de personnes. Tant mieux, car, dans cette capsule, ils étaient quatorze. La table était déjà dressée. Non loin, collée au mur du fond, se trouvait la cuisine. Tout le nécessaire y était installé : un four, un micro-onde, des plaques de cuisson, un petit frigidaire et un plan de travail. On mettait dans les tiroirs du dessous les couverts, les verres, les assiettes et les bols. Dans ceux du dessus, on mettait les outils de cuisine comme les casseroles et les poêles. Les deux hommes qui étaient déjà là préparaient le petit-déjeuner, une jeune fille les accompagnait. Le premier homme avait l’air d’être plus jeune que son voisin de derrière. Le second le dépassait d’au moins 10 centimètres, et semblait avoir la trentaine. Il était roux, au yeux couleur bronze, à la peau légèrement hâlée et il portait des lunettes bleues assorties à son pyjama. La jeune fille, elle, avait la peau noire et était plutôt grande. Ses cheveux noirs et ondulés étaient remontés en chignon sur le haut de son crâne. On lisait dans ses yeux verts un peu d’incompréhension, car elle était anglaise et parlait très peu de français. Les deux garçons les saluèrent.

-Salut les filles ! dit le plus âgé, vous avez bien dormi ?

-Oui, merci Jeremy. Et vous ? répondit Leah.

-Ça allait.

-Les lits est confortables, dit le deuxième homme.

-Les lits sont confortables, renchérit Mathilde.

-Vous avez raison. Excusez moi.

-Pas de problèmes, Lucas, le rassura Jeremy, tu te débrouilles plutôt bien.

-Tu ne parles pas bien notre langue, pourquoi ? demanda Mathilde.

-Je suis allemand. Ma mère a été française, mais je ne l’ai pas connue longtemps. 

Ils entendirent un énorme bâillement derrière eux : Elisa était réveillée. Ses courts cheveux bruns habituellement lisses étaient en pagaille. Sa joue bronzée portait encore la trace de l’oreiller. Après qu’ils se soient habitués à la lumière, on voyait ses yeux marrons pétiller de bonne humeur.

Victoire se tenait derrière elle et retenait tant bien que mal un éclat de rire.

Contrairement à son amie, elle avait l’air de s’être réveillée depuis longtemps. Ses lunettes rondes cachaient partiellement ses yeux verts. Ses cheveux châtains étaient ondulés et descendaient sans noeuds jusqu’à ses épaules.

Ces deux jeunes filles se connaissaient depuis la maternelle et restaient toujours ensemble. Chacune avait une confiance aveugle en l’autre et riaient pour un rien. Elles s’asseyèrent sur une des banquettes et commencèrent à discuter. C’est alors que surgit Gabriel.

-Hey ! dit-il.

Il passa sa main dans ses cheveux caramel, pour remettre sa frange en place et se frotta les yeux.

-Vous préparez le petit-déjeuner ? demanda t-il

-J’ai fait des œufs brouillés et des toasts, l’informa Lucas, il y a du beurre et de la confiture dans le réfrigérateur. Vous voulez boire quelque chose ?

-Du jus d’orange ! s’écria Mathilde.

-Moi aussi, renchérit Gabriel.

-May I have water ? demanda la jeune anglaise.

-Comment ? questionna Lucas.

-Elle voudrait de l’eau, traduisit Elisa. Je voudrais bien du jus de pomme.

-Il me faut du café, prévint Leah

-Pour moi aussi ce sera du café, dit Victoire.

-De l’eau m’ira très bien, déclara Jeremy.

-Je vais me faire un chocolat chaud, annonça Lucas

-Moi aussi je veux un chocolat ! hurla Aaron en surgissant dans la pièce.

Le garçon courut se jeter sur une banquette et frotta ses yeux bleus pour se donner un air réveillé, en vain.

-Pas besoin de crier ! cria Ulysse en arrivant derrière lui.

Au même moment, Alice, sa jumelle, posa le pied dans la salle commune. Ils se ressemblaient beaucoup : même nez, même yeux bleus, même cheveux blonds et bouclés. La seule différence était les taches de rousseurs d’Alice, qu’Ulysse ne possédait pas.

Lucas servit les verres de jus et déclara :

-Les cafés sont prêts dans une minute !

Il prit son chocolat et donna le sien à Aaron.

-Et nous ? demandèrent les jumeaux.

-Faites ce que vous voulez !

Alice alla chercher deux sachets de thé dans l’armoire et Ulysse mit de l’eau à bouillir.

Lucas saisit la poêle avec les œufs brouillés et la corbeille avec les toasts. Victoire alla chercher des couteaux, le beurre et la confiture.

Les autres prirent ce dont ils avaient besoin et ils s’asseyèrent tous. Jeremy lança la conversation : 

-Comment était la nuit ?

-Ça allait. Même si la première nuit dans l’espace, c’est stressant ! répondit Leah.

-J’ai pas du tout eu peur ! se vanta Aaron.

-Vraiment ? l’interrompit Ulysse, si tu n’avais pas pleuré toute la nuit, j’aurais peut-être mieux dormi ! 

-Mais j’ai pas pleuré du tout !

-Oh que si ! dit Lucas.

-Sinon, les informa Elisa, moi j’ai super bien dormi !

-Bon, ils ne se lèvent pas les autres ? demanda Mathilde au bout d’un certain temps.

-Si, de toute façon, les lumières vont bientôt s’allumer dans les chambres. Ils devraient arriver dans dix minutes environ, répondit Gabriel.

Les conversations continuèrent, et bientôt on ne s’entendit plus penser. Personne ne vit Daniel arriver dans la salle commune. Le jeune homme mince et fin n’avait eu, malgré sa taille, aucun problème à se glisser entre Leah et Elisa. Sa peau chocolat était plus claire que ses cheveux noir d’ébène.

-Bonjour, lui lança Leah.

-Salut... répondit lentement le jeune homme.

-Je suis Leah et toi ? dit-elle gaiement. 

-Oh… Moi c’est Daniel, continua-t-il en hésitant 

-Ah oui c’est vrai ! Tu as quel âge déjà ? J’ai fêté mes 24 ans le 27 mars, l’informa la jeune femme.

-Je suis né le 2 juillet 2038, donc j’ai 26 ans.

-Tu viens d'où ?

-Comment ça ? interrogea Daniel.

-Tu est français non ?

-Oui et allemand, ma mère est allemande.

-Vraiment ? s’étonna Leah, Et tu parles aussi bien cette langue que le français ?

-Oui. Je suis né à Berlin mais j’ai grandi à Marseille, je parle français avec mon père et allemand avec ma mère.

-Je ne parle que français, mon père ne m’a pas appris l’arabe. Je ne connais que quelques mots qu'il lançait de temps en temps, s’amusa Leah. Surtout des grossièretés, que je ne répèterais pas… 

-Où est-ce que tu a vécu ?

-Je suis née à Nice et j’y ai grandi toute ma courte vie, l’informa la jeune femme.

Daniel et Leah parlèrent encore longtemps et fort. 

Quand ils eurent terminé leur repas, ils rangèrent tous ensemble. 

-Bon, Marie et Théodore dorment encore. Qui va les réveiller ? demanda Jeremy.

-Je vais chercher Marie, proposa Alice.

-Je me charge de Théo, déclara son jumeau.

Ils partirent chacun de leur côté, et revinrent quasiment en même temps avec Marie et Théodore.

Et là, ce fut le choc. Les deux s’arrêtèrent et se dévisagèrent avec une expression d’horreur, de surprise et de dégoût. Marie explosa la première.

-Lui ?! Lui ?! Pourquoi LUI ???!

-Elle ?! Elle ?! Pourquoi ELLE ???! lança Théo juste après.

Ils ne s’adressaient à personne en particulier, mais tout le monde les écoutait.

-Qu’est ce qu’il y a ? intervint Victoire.

Personne ne répondit, car seuls Marie et Théo connaissaient la réponse. Le silence était assourdissant. Ils prirent chacun des toasts et les mangèrent en vitesse. Puis on replia la table et les deux adolescents s’isolèrent dans leur coin.

Marie se mit en tenue et alla dans la salle de sport. La capsule était divisée en trois parties: les machines, les tapis et les consoles de jeux. L’adolescente pris sans réfléchir le tapis de course. 

Une fois la jeune femme partie dans capsule de sport, Victoire interrogea sa meilleure amie au sujet de celle-ci :

-Tu penses qu’elle va bien ?

-Bof. Je l’espère en tout cas.

-Elle m’a semblée très tendue, et j’ai bien vu que cela avait un rapport avec Théodore.

-Évidemment ! Tu as vu ce qu’il s’est passé tout à l’heure, non ?

-Oui, bien sûr, on devrait aller lui parler, pour savoir si elle va bien… persista Victoire

-Oui, tu as raison. Elle est montée dans la salle de sport. 

Les deux amies rejoignirent la jeune femme.

-Qu’est ce qu’il se passe avec Théo ? demandèrent-elles d’un ton curieux.

-Rien qui vous concerne, répondit froidement Marie en continuant son exercice sur le tapis de course.

-Tu es sûre ? S’il y a un problème, tu peux toujours venir nous voir.

Marie les fusilla du regard.

Les deux filles, déçues, quittèrent la salle de sport. 

Mais Marie savait bien ce qu’il se passait. Théo et elle avait été en couple quand ils avaient 15 ans. Leur histoire c’était très mal terminée, sur une énorme dispute, et ils ne s’étaient pas revus depuis. Marie gardait leur rupture comme le pire souvenir de sa vie, et voir Théodore ici lui faisait mal. Il lui rappelait une mauvaise période de sa vie. Marie essuya une larme qui coulait discrètement sur sa joue rose. 

Une demi-heure plus tard, elle descendit du tapis de course et relâcha ses cheveux châtains. Puis elle alla prendre une bonne douche chaude.

Dans la salle commune Théo avait pris un livre de la petite bibliothèque et s’était installé confortablement dans un fauteuil. Mais il ne faisait que semblant de lire.

C’était pour cacher son désarroi. Lui aussi gardait un mauvais souvenir de leur couple, mais il n’était pas près de l’avouer. Même avec le temps qui s'était écoulé, il n’avait rien oublié.  

Trop de pensées contradictoires tournoyaient dans sa tête, et ses yeux glissaient sur les mots sans les lire.

Ulysse se glissa derrière lui.Théo sursauta quand le garçon lui demanda:

-Il y a un problème avec Marie ?

-Quoi ? Oh… Rien, répondit Théodore 

-Tu es sûr que ça va ? s’inquiéta Ulysse

-Oui, oui, c’est juste qu’entre elle et moi, c’est compliqué.

-Dans quel sens ?

-On était ensemble, il y a quatre ans. Je ne pensais pas la revoir un jour, encore moins ici.

-Vraiment ? Toi et Marie ?

-Ouais… C’était la plus belle année de ma vie, mais après le collège, c’est parti en vrille.

-Aïe… ça a du faire mal… compatit Ulysse.

-Ça a été dur, c’est vrai.

-Mais pourquoi vous vous êtes séparés ? D’après ce que tu me dis, ça aurait dû bien se passer…

Théodore ne put répondre, car soudain Jeremy cria :

-Tout le monde dans la salle commune ! Communication avec la Terre !

 

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Benebooks
Posté le 11/06/2020
Le mot "elle" est répété beaucoup de fois... plutôt que dire "Mathilde se réveilla. Elle fixa de ses yeux bleus les étoiles fluorescentes au mur, celles qu’elle avait depuis qu’elle était petite. " tu peux : celles qu'elle avait depuis toute petite"

Et au lieu de de "La femme à côté d’elle" dire : "la femme à ses cotés"

Tu vois ? C'est tout de suite moins répétitif et donc plus immersif pour le lecteur !

J'ai aussi trouvé que certains détails étaient de trop dans les descriptions. par exemple "une quarantaine de livres". Pourquoi quarantaine ? Juste dire qu'il y a des livres serait suffisant je pense

Pour les personnages, je les aurais peut-être introduits plus en douceur ? Tous en même temps là ça fait beaucoup ^^ on n'a pas le temps de les connaitre je trouve
Blackval31
Posté le 12/06/2020
très bonnes suggestions, on va modifier. Pour les personnages, on les introduit tous a la fois, mais on va les developper chacun leur tour. En plus, tout ce "chaos" est volontaire, pour bien montrer qu'ils sont desorganisés, ce qui reflete aussi la nouvauté dans laquelle ils se trouvent. En tout cas, c'était notre intention. Si tu as des conseils pour améliorer ça n'hésite pas !
Benebooks
Posté le 12/06/2020
Peut-être en ne les décrivant pas tous physiquement. Par exemple : "Mathilde aperçut un autre garçon, plus âgée qu'elle, qui lisait dans son coin sans parler à personne. Un autre était en train de faire la cuisine, accompagné d'une fille qui lui ressemblait beaucoup. Mathilde se dit qu'ils étaient probablement frère et sœur."
Poser un cadre de suite est important. Mais il faut aussi laisser le temps au lecteur d'appréhender chaque détail avant de l’assommer avec trop d'un coup. Cela risque de le perdre plus qu'autre chose, et c'est encore plus vrai dans les premiers chapitres
Eryn
Posté le 10/06/2020
Bon ici c'est très vivant par contre ! Le dialogue donne de l'animation. Par contre, si j'ai bien compris, on a des jeunes qui se connaissent depuis longtemps et d'autres non. Ils n'ont pas eu une formation avant le départ ? Normalement si on t'envoie dans l'espace, tu es sensé savoir avec qui tu pars, ou alors c'est une spécificité de cette histoire qui fait qu'ils ne se connaissent pas entre eux.
Idem pour les objets : on est en apesanteur, donc pas de gravité, donc tout flotte (difficile pour le petit dej dans ce cas) sauf si on a recréé une sorte de gravité artificielle dans le vaisseau... Enfin tu vois ce que je veux dire !
Blackval31
Posté le 10/06/2020
très bonnes remarques !
Ils ont eu une formation, mais chacun dans son coin, avec interdiction de se voir et d'échanger avant le départ (on comprendra plus tard, a cause d'histoires d'epidemie...)
ensuite, pour la question de l'apesanteur, il sont dans le futur donc ont pu developper des générateurs de gravite. D'ailleurs, ce générateur va avoir son moment de gloire dans un chapitre qui n'est pas encore écrit !
merci pour ton commentaire !
Eryn
Posté le 10/06/2020
Je me demande dans ce cas si tout ça ne devrait pas être mentionné en quelques phrases dans ce cas .
Blackval31
Posté le 10/06/2020
Oui, je vais faire ça, merci !
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