Petite, Vania adorait les histoires racontées par son père. Ses frères étaient adeptes des jeux en réalité augmentée, choisissant eux-mêmes la destinée des héros qu'ils se construisaient sur mesure. Mais Vania, elle, préférait les contes et légendes portés par la voix douce et grave de son géniteur. Elle trouvait cela rassurant de ne pas avoir à choisir les chemins que prendraient les personnages, d'être juste spectatrice sans avoir à vivre les difficultés, tout en pouvant apprendre d'elles. Suivre ses héros, rire à leurs blagues, pleurer de leurs peines, sans jamais s'en mêler lui plaisait. Elle n'avait pas à réfléchir, juste à se laisser porter par leurs aventures et leurs périples.
Vania avait un faible pour les quêtes, les princes et leurs merveilles. Découvrir des mondes fabuleux au bras d'un puissant chevalier ou d'une guerrière sans peur. Pourtant, sa légende favorite restait celle du Dieu unique et de l'Aefa originel.
« Au début de tout, il n'y avait rien » lisait son père en chuchotant dans la nuit. « Puis un amas d'Energie cosmique se forma et créa Ismir, le Dieu unique, puissant parmi les puissants et père de l'Absolu. Ce dernier, frigorifié et terrifié par le noir, créa d'abord les étoiles, ces boules incandescentes de feu. Puis, ennuyé et lassé de jongler avec elles, il créa les mondes. Au premier essai, il fit apparaître une planète si chaude qu'elle ressemblait à un magma de lave en fusion. Au deuxième, ce fut le contraire et il obtint un glaçon si froid qu'il se brûla les mains dessus. Les fois suivantes ne furent guère fructueuses : trop sèches, trop humides, trop mouvementées, les planètes se succédaient sans pouvoir abriter la vie. Car c'est cela que recherchait le grand Ismir : un moyen de ne plus être seul.
Las de cette guerre incessante contre les éléments, Ismir, dans un mouvement de colère et de frustration, récupéra les planètes qu'il avait créées et les broya entre ses mains. C'est alors que se produisit une chose tout à fait inattendue. De ces planètes si hostiles qu'on ne pouvait, au mieux, que qualifier de caillou stérile, prit naissance un nouveau monde incongru. Sa surface était balayée de vents et de poussière mais, en-dessous, se cachait des lacs et des grottes souterraines idéaux pour voir s'épanouir la vie. Mais, plus étonnant encore, ce monde était déjà habité. L'énergie déployée pour écraser les carcasses des globes qu'avait inventé Ismir s'était concentrée et fit éclore un être puissant et indomptable : l'Aefa originel. Ce dernier se déplaçait dans chacun des éléments : le feu, la terre, l'eau et le vent ; et n'apparaissait que lorsqu'il voulait être vu, sous forme d'un splendide cheval. Alors, ses naseaux fumants rougeoyaient comme de la braise, son corps ondoyait tel une vague, sa crinière et sa queue formaient des tornades et ses sabots avaient la puissance d'un roc. L'Aefa originel salua son créateur et lui demanda, dans son infinie générosité, de lui léguer ce monde si enclin à la vie.
Ismir aurait voulu garder l'Aefa avec lui pour toujours, comme compagnon dans la construction des mondes. Mais il savait que l'Aefa, dans sa brûlante envie de liberté, aurait été malheureux. Il lui légua donc le monde, mais à une unique condition : de créer d'abord ensemble des êtres vivants pour le peupler.
Ainsi apparurent d'abord les Aefas secondaires, enfants d'un ou deux éléments ayant le même aspect chevalin que l'Aefa originel. Puis les plantes, regorgeantes de fruits et de fleurs, naquirent près des lacs souterrains pour les nourrir. Enfin, animaux et êtres humains surgirent pour peupler la terre. Quand le premier bébé humain fit son premier pas dans ce nouveau monde fabuleux, Ismir quitta l'Aefa originel et lui laissa la responsabilité de la vie telle que nous la connaissons. Depuis, l'Aefa originel veille sur chacun d'entre nous, pendant qu'Ismir, à l'assaut de l'espace, créé encore aujourd'hui des mondes. »
J'aurais juste changé le début où tu répètes deux fois que Vaina adorait/préférait les histoires de son père.
Et j'aurais mis "caillou stérile" au pluriel ^^
Merci beaucoup pour ton retour :) je corrigerais mes deux petites coquilles dès que possible!
En tout cas, contente que ce prologue t'ait plu :)
Le fait de le mettre en scène via Vania qui écoute son père, j'ai beaucoup aimé, cela permet d'incarner le récit dès le début via un personnage.
J'aime aussi le contraste entre un début futuriste (jeux en réalités virtuelle) et une légende qui remonte à la nuit des temps, c'est assez inattendu.
La légende, aux saveurs de mythologie, est très jolie aussi, vivement la suite : )
Eh oui, j'ai pris le pari de mélanger un monde fantasy avec de la technologie! A voir si ça marche ^^