À travers le temps et l’univers, certaines choses ne s’expliquent pas. Parfois, des actions involontaires entrainent des évènements surprenants ; parfois, des actions volontaires en entraînent des incompréhensibles. Naturellement, on a peur du nouveau, puisqu’il est inconnu. On ne sait pas comment réagir face à certaines choses, face à certaines personnes différentes de nous. Mais tout aussi naturellement, on s’y habitue.
Ou presque ?
Toute cette histoire commença en 1888 lorsqu’en France, des phénomènes inexplicables se produisirent : tous les enfants nés dix ans plus tôt ont développé cette année-là des capacités surnaturelles.
Au début, et jusqu’à aujourd’hui, aucun scientifique ne trouva de réponse. Les hypothèses s’étendaient sur tout le pays et ne cessaient de revenir à la capitale, complètement modifiées. Elles furent toutes abandonnées. Au final, après de nombreux congrès organisés à travers la France, le gouvernement considéra ces enfants comme des anomalies et les bannit dans des villages construits spécialement pour eux, entourés de grands murs : les Exymes. Certains furent même tués sans pitié suite à leurs protestations.
Au fil des années, de plus en plus d’enfants se retrouvèrent enfermés et coupés du monde extérieur. Tous les pays étaient touchés, comme si une malédiction se propageait à travers les routes et les mers.
Ce n’est qu’en 1928 que les choses s’arrangèrent enfin. Les Surnaturels devinrent des sortes de dieux et utilisèrent leur magie pour sauver la vie d’autrui. Mais certains profitaient de leur don pour faire le mal ; des meurtres, des vols… Le nombre de crimes par année avait considérablement augmenté.
Aujourd’hui, d’après de nombreux calculs, environ 20% de la population mondiale est destinée à avoir un don appelé maintenant « élément », et ainsi avoir la chance de devenir Combattant. Ces derniers sont rares à cause des épreuves difficiles à passer mais sont aussi extrêmement puissants ; ce sont des héros entrainés et prêts à tout risquer pour aider les gens ordinaires.
***
Manhattan, New York, États-Unis
2015
La nuit était tombée depuis longtemps mais, éclairée par les phares des nombreuses voitures, des enseignes commerciales et des lampadaires, l’atmosphère ne manquait pas de luminosité ni de vie.
Habillé d’un costume noir de grande qualité et quasiment neuf, Jordan Cooper déambulait de trottoir en trottoir, une valise de cuir rouge dans la main gauche. Ses chaussures martelaient le sol tandis qu’ils esquivaient les passants pressés.
Depuis qu’il avait dépassé la porte du lieu d’où il venait, il ne cessait de jurer. Dans quelques minutes, il avait un rendez-vous important – avec un homme qu’il n’appréciait vraiment pas – auquel il risquait d’arriver en retard. La lèvre pincée, il appréhendait déjà son arrivée là-bas.
Parmi la foule immense qui ne dormait toujours pas à cette heure-ci, Jordan se fraya un chemin jusqu’au bord de la route. Au milieu de tous les véhicules qui circulaient bruyamment, il chercha du regard un taxi. Ce n’est que lorsqu’il aperçut le plus différent de tous, d’une couleur rose vif extravagante, qu’il leva le bras pour faire un signe. Un air las prit place sur son visage alors qu’il jeta un œil à sa montre d’argent.
— Tu les as ? lui demanda aussitôt son chauffeur au moment où Jordan entra à l’avant de la voiture.
— J’ai seulement les noms et quelques infos inutiles… soupira ce dernier en tapotant la valise qu’il tenait sur ses genoux. Maintenant dépêche de démarrer, Caim, il est hors de question qu’on soit en retard.
Le dénommé Caim laissa échapper des injures et obéit, se lançant dans les bouchons de la ville éveillée. Il ricana et, lâchant le volant, passa ses mains moites dans ses cheveux roux. Ses doigts refirent automatiquement sa tresse décoiffée.
— Ça m’énerve, finit-il par dire, pourtant tout sourire.
La voiture tourna toute seule à gauche. Jordan leva un sourcil.
— Qu’est-ce qui t’énerve ? lui demanda-t-il. Tes stupides cheveux ou ton taxi rose bonbon autonome ?
Le roux s’esclaffa et frappa le haut de la tête de son interlocuteur, détruisant par la même occasion sa chevelure argentée bien coiffée.
— Stupides cheveux toi-même ! Non, ajouta-t-il ensuite en croisant ses bras sur sa poitrine. Ce qui m’énerve, c’est le fait que notre propre boss ait le culot de nous donner seulement une part du dossier. Comment sommes-nous supposés trouver deux gosses juste avec des noms ? On doit chercher dans la liste de chaque pays ?
Le taxi tourna à droite et ralentit pour s’arrêter au prochain feu rouge. On pouvait entendre plusieurs klaxons à l’extérieur et plusieurs flots d’insultes.
— Jordan, reprit calmement Caim., et si lorsqu’on les trouvera, on y arrive pas ? Je sais qu’on est entrainés pour ça depuis le début mais… j’ai quand-même l’impression qu’on nous lâche d’un coup dans la nature pour faire du baby-sitting à des ados magiques. Comme ça, paf !
L’homme aux cheveux gris hocha lentement la tête, un air pensif sur le visage. Le regard dans le vide, il ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais se ravisa.
Caim le dévisagea, un sourire aux lèvres qui laissait entrevoir des dents presque pointues.
— Oh ! s’exclama-t-il, joueur. Monsieur Jordan Cooper, futur mentor pour Combattant, aurait-il eu une légère lueur d’inquiétude et de réflexion dans son regard d’argent toujours aussi indéchiffrable ?
Ledit futur mentor se tourna vers le lui, impassible.
— Et toi ? rétorqua-t-il. Aurais-tu déjà eu ne serait-ce qu’une infime nitescence d’intelligence au fond de cet exécrable regard rose ?
Caim fit la moue en retenant un rire.
— Pourquoi tu fais toujours de meilleures phrases que moi ?
Jordan allait répondre mais se tut : leur véhicule venait de se garer devant un piteux immeuble. Autour d’eux, le nombre de gens avait considérablement baissé, les laissant quasiment seuls dans cette partie du quartier. Jordan resserra sa poigne sur la valise et les deux hommes sortirent du taxi en même temps. Au moment où ils allaient commencer à marcher vers l’entrée du bâtiment, le dernier lampadaire encore allumé grésilla et s’éteignit.
— Je prends ça comme un signe, Jo, lui chuchota Caim.
Ils échangèrent un regard.
— Tout se passera bien, lui assura Jordan. Il suffit de ne pas trop énerver la bête, termina-t-il en murmurant, ses jambes l’emmenant déjà en direction de leur lieu de rendez-vous.
— Un jeu d’enfant, renchérit Caim en le suivant de près.
Le monde a l'air intéressant. J'aime beaucoup les noms aussi. J'ai hâte de voir comment le récit évoluera et comment tu développeras ton univers. Vraiment un prologue intriguant!
Un prologue introductif pour nous lancer dans l'histoire et nous expliquer les bases. On se lance donc à la recherche d'enfants surnaturels !
Lorsque tu dis " tous les enfants nés dix ans plus tôt ont développé cette année-là des capacités surnaturelles." j'ai cru que ce n'était arrivé qu'une seule fois, ce qui n'est à priori pas le cas :)
J'aime beaucoup le mot Exymes !
Ta remarque me fait réfléchir, c'est vrai que la formulation peut prêter à confusion... Je note et je verrai comment arranger cela ^^
Klyfire
Original comme histoire, un mixte entre dystopie et fantasy!
Cela démarre joliment. Pour ma part, j'enlèverais peut-être à la phrase "Aujourd’hui, d’après de nombreux calculs, environ 20%", les mots d'après de nombreux calculs qui sont un peu imprécis. Peut être faudrait-il préciser?
Sinon hâte de continuer
Oui tu as sans doute raison, je note et je verrai comment reformuler cette idée !
Klyfire