Elle était là. Proche. Il l'avait su à la seconde où c'était arrivé.
Son premier réflexe l’avait poussé à partir à sa recherche. Il la savait désorientée, totalement vulnérable… Cela l’avait mis dans un état d'anxiété indescriptible. Qui savait quelle rencontre elle pouvait faire? Il avait conscience, mieux que quiconque, du besoin qu’elle aurait d’être rassurée. Et plus que tout, protégée.
Soudain, il avait senti sa peur, filet d’azote liquide, aussi visqueuse que de la bave d’escargot. Quelque chose de grave était en train de se passer.
Sans réfléchir, il s’était précipité sur son cheval, un Turkmène à la robe baie qui broutait tranquillement attaché à l’ombre d’un grand chêne. Mais à peine avait-il posé ses mains sur l’encolure que l’animal s’était brusquement cabré en poussant un hennissement strident. Il avait aperçu des camarades se précipiter vers sa monture avant d’être violemment projeté au sol.
Il ouvrit les yeux. Il gisait par terre, couvert de boue. Personne ne l’avait touché. A quelques pas, trois hommes entouraient son cheval : il n’avait dû perdre connaissance qu’une poigné de secondes. Il se releva lentement. Une douleur atroce, disproportionnelle à ses quelques ecchymoses, prit lentement possession de lui. Il retint sa respiration, blême. Sa chair se consumait dans son dos.
— Que s’est-il passé ? le questionna l’un d’eux en désignant l’animal du menton.
— Une guêpe.
— Evidemment, répondit l’autre, amusé.
On lui avait rendu les rênes puis le groupe s’était éloigné, hilare.
Il avait alors rattaché son cheval au tronc d’arbre, fébrile. Il ne pouvait pas la rejoindre : il l’a mettrait immédiatement en danger. Les résolutions bâties au fil des années s’effondrèrent comme un château de carte. Ses désirs n’existaient plus, il n’y avait plus que son intérêt supérieur, à elle.
Un goût métallique lui envahit la bouche. Il souffrait depuis sa naissance : une douleur folle, permanente, qui avait marqué sa vie sous le sceau du supplice.
Pourtant, rien ne l’avait préparé à ce qu’il était en train de vivre : rester loin d’elle, c’était comme s’arracher le cœur. Ça lui broyait les tripes, le sang battait à ses tempes. Ses pupilles se couvrirent d’un voile rouge : il fallait s’isoler d’urgence.
Il fit volte-face et courut avec difficulté vers la lisière de la forêt. Quelques rires moqueurs fusèrent dans son dos.
Il lui aurait suffi de se retourner. Juste de se retourner. Il leur aurait fait face, les aurait massacré jusqu’au dernier.
Imaginer leurs vains efforts pour se défendre, leurs pitoyables supplications avant que leurs têtes ne roulent au sol le détourna momentanément de son chagrin.
Il entendit le bruit familier de l’eau bouillonnante : enfin, il était sur son territoire. Il s’arrêta devant la cascade, le souffle court. Ici personne ne le dérangerait. Il tituba, au bord de l’évanouissement, et tomba sur les deux genoux. D’un geste, il se découvrit le buste, essayant d’atteindre du bout des doigts la cime de son dos. Il eut l’impression de s’y être enfoncé la pointe d’un couteau et retira précipitamment sa main, hurlant de douleur : ses ongles étaient maculée de sang jaunâtre et empestaient la chair putréfiée.
Les contours des rochers et des arbres commencèrent à perdre de leurs nettetés. Jamais encore il n'avait accueilli avec autant de résignation cette plongée en enfer, là où l’esprit rendait les armes, perdus aux confins de la conscience et de la folie.
Au moins, il n'aurait plus à penser à elle pendant un cours instant. Serrant les dents, il s’affaissa tel un chiffon mou, la tête dans ses bras. Sa poitrine se serra et il s'abandonna alors complètement.
Me voilà donc :)
Alors, tout ça est extrêmement mystérieux, et ça me plaît… J’aime beaucoup que l’on ne sache pas les noms, les personnages, etc. Côté action, argh, c’est super ! Toujours ce mystère qui donne envie de savoir qui « elle » et « lui », leur relation, et le passé du jeune homme qui s’est esquissé « Il souffrait depuis sa naissance : une douleur folle, permanente, qui avait marqué sa vie sous le sceau du supplice » et ses pouvoirs qui paraissent fous !
Bref, très bon prologue, fluide, qui interpelle, donne envie de savoir comment on en est arrivé là :) Pour les points à améliorer, je pense que tu pourrais encore plus décrire les sensations, pour que l’on se rattache à quelque chose dans tout ce mystère, et peut-être même décrire le lieu (intérieur/extérieur ? Chaud/froid ?…).
J’ai noté quelques petites remarques au fil de ma lecture :
« Il l'avait su à la seconde où c'était arrivé. » → où elle était arrivée ?
« Cela l’avait mis dans un état d'anxiété indescriptible » → le mettant dans un état d’anxiété indescriptible
« Et plus que tout, protégée. » → d’être protégée
« Soudain, il avait senti sa peur » → peut-être plus décrire ce que lui ressent (un frisson le parcoure, sa respiration se coupe…?)
« un Turkmène à la robe baie qui broutait tranquillement attaché à l’ombre d’un grand chêne » → la phrase n’est pas très fluide (enlever une des propositions ?)
« qu’une poigné de secondes » → poignée
« comme un château de carte » → cartes
« leurs pitoyables supplications avant que leurs têtes ne roulent au sol le détourna momentanément de son chagrin. » → virgule entre « sol » et « le détourna »
Bien entendu, mes remarques, et suggestions sont subjectives, et tu es libre de choisir de les intégrer à ton histoire. C’est toi le capitaine ;P
A bientôt !
On sent tout de suite que tu as de l'aisance à raconter une histoire, c'est fluide.
J'essaie d'imaginer comment tu pourrais améliorer ce prologue. Je fais quelques remarques à chaud, prends ce qui t'inspire :
Tu dis dans un com' : "Je pense qu'il peut être intéressant de lire le prologue rétrospectivement, comme souvent." C'est vrai, mais avant qu'on lise le roman une 2ème fois, on va le lire une 1ère :-) . C'est en effet assez mystérieux comme entrée en matière ; peut-être un chouia trop mystérieux ? Une femme inconnue, un narrateur inconnu, des 'camarades' inconnus, et beaucoup de sentiments très forts et de douleurs mais dont on ne sait pas encore sur quoi ils reposent. Si bien qu'ils n'émeuvent peut-être pas le lecteur autant qu'ils t'émeuvent toi (car toi tu sais déjà tout ce qu'il y a derrière ; tu sais même ce qui n'est pas écrit ;)
Ou, qui sait, peut-être que ce n'est pas "assez" mystérieux !? Il s'agirait peut-être de ne laisser en guise d'intro que quelques esquisses ?
Bon courage pour la suite en tout cas, et au plaisir d'en reparler !
J'ai écris ce prologue car c'est une scène que j'avais en tête lorsque j'ai commencé mon roman. C'est la manière dont j'ai moi-même rencontré un de mes personnages principaux.
Et c'est cette envie de le connaître davantage qui m'a poussé à écrire la suite. Mon but ici est donc de transmettre cette curiosité au lecteur, pour lui donner envie de poursuivre, et pas forcement de l'émouvoir puisque forcement, on ignore qui est cet homme est à ce stade et qu'on ne peut pas y être attaché.
J'espère que le but est atteint ;)
A bientôt !
Puisque tu ne donnes jamais le nom du personnage que l'on suit et que l'on commence sur un non-dit, c'est très intrigant et ça donne tout de suite envie d'en savoir plus :)
Petite question : il a quel âge ?
Bon courage et à plus tard !
Il a une vingtaine d'année ;)
Déjà bienvenue sur PA ! ^^
Cette réaction du cheval, et toutes ces blessures sont...intriguantes. Je suppose qu'il y a quelque chose de caché là-dessous :p
Je suppose que cette femme est l'impératrice évoquée dans le résumé, et dans ce cas il serait l'empereur... Mais pourquoi ne peut-il pas la rejoindre ?
Beaucoup de questions sont soulevées par ce prologue... Et tant mieux ! Ca donne envie de lire la suite tout ça :p
Courage pour la suite !
Tout d'abord, bienvenue ici, j'espère que tu te plairas là =D
Le prologue marche vachement bien je trouve =D Il soulève pas mal de questions et donne vachement envie de lire la suite ^^
Le lien qu'il a avec la femme à laquelle il pense, je suppose que c'est lié au lien empereur/impératrice évoqué dans le résumé mais visiblement, il faut cacher ce lien pour le moment. A cause du putsh qu'il y a eu ? Et ses compagnons ne savent visiblement rien de son ascendance réelle...
ET à la fin, la poussée de violence, à quoi c'est dû ? Juste la frustration de ne pas pouvoir la rejoindre ? Vu comment ça empire dans la suite avec le sang jaune et la perte de conscience, je suppose qu'il y a plus, et c'est vraiment très intriguant ! =D
Bon courage pour la suite ! Pluchouille zoubouille !
C'est le premier commentaire de quelqu'un que je ne connais pas et je suis toute émue !
Je pense qu'il peut être intéressant de lire le prologue rétrospectivement, comme souvent. Pour l'instant c'est vrai que c'est un peu mystérieux.
Merci beaucoup d'avoir pris le temps de me lire :)