Prologue

☼ Éclats d’ailes ☼



 

La soirée était dénuée de clarté, la lune n’était plus. De grands nuages chargés d’éclairs et de pluie survolaient le Mont, l’air lourd était embaumé d’une surcharge électrique. Ce soir, les cœurs battirent plus forts, et les esprits furent plus vif. 

Non loin de la ville, dans une chambre sombre, un cri déchira le silence. Un autre, plus étouffé, glissa des lèvres d’un jeune garçon. 

 

«Armanse !»

 

Un autre hurlement s’éleva dans la nuit, presque inhumain, monstrueux. Pour le jeune garçon, agenouillé au bord d’un lit de satin aux draps trempés, le vent sembla hurler plus fort encore et son cœur battre plus vite encore qu’à l’accoutumé. La lampe près de lui n’offrait guère de lumière, seul un légers halo brillant. Elle illuminait sans peine sa chevelure foncé, mais ne pouvait atteindre le fond de la pièce, là où se tenait une silhouette silencieuse, tapie dans l’ombre. Au loin, on entendit hurler à la lune un loup, d’un cri similaire à celui qui raisonnait plus tôt dans la petite chambre. 

 

Le corps dans le lit fut pris de nouveau spasmes dévastateurs, mais le visage du jeune homme resta enfoncé dans les draps, son corps secoué de sanglots et son cœur serré d’angoisse. Entre ses lèvres mourrait le prénom de la malade, sans qu’il ne puisse parler plus fort que des chuchotements que lui même ne comprenaient pas. 

 

Dehors, la tempête faisait rage, le vent battait fort contre les volets de la chambrée, et les tremblements des murs faisaient vaciller la flamme de l’unique bougie. Un énième hurlement déchira la nuit, et le jeune valet se crispa un peu plus. Cela n’avait-il donc pas de fin ? Il cria à son tour au creux des draps, et les larmes qui torturait son visage tombèrent avec rage et désespoir. 

 

La lumière vive d’un éclair traversa la pièce froide, et sans même lui offrir plus de chaleur, elle dévoila le visage de l’homme, qui portait à présent autour de lui le rayon brûlant de la foudre. Sa figure, atone et terne, portait toute la force qu’il incarnait. Entre deux âge, son visage portait une beauté particulière, et son corps une allure de gentilhomme. 

 

«Armanse.. ! » 

 

A nouveau, la jeune femme avait poussé un cri, plus long, plus terrible. Elle semblait agoniser sous les draps, et personne ne pouvait rien y faire. Son valet l’observait, tétanisé d’une impuissance qui lui brisait le cœur. Le supplice n’en finissait pas. Les hurlement se firent écho toute la nuit. Pour la première fois, le jeune homme releva son visage du lit et observa si doucement l’autre homme qu’il ne sembla pas se déplacer. Il le regarda, les yeux mouillés de larmes mais le visage passif, presque serein. Toute sa chevelure retombait sur son visage, avec une élégance particulière.  Puis, tandis qu’il semblait avoir arrêter ses larmes, il éclata en sanglots. Il pleura si fort que le marbre de l’homme sembla se fissurer un instant, pour redevenir dans la seconde le masque qu’il était. 

 

« Je suis terriblement impuissant… Souffla le valet. Je suis impuissant et incapable. Ajouta-t-il plus fort. Je suis incapable de la sauver ! Et je la regarde, du haut de toute mon impuissance… »

 

La paume de l’homme tressaillit, autour de sa canne au manche doré, presque comme s’il se retenait de faire un geste. Il ne fit rien, et se contenta de secouer la tête. 

 

« Nous ne pouvons rien y faire non plus, Horace... » 

 

Il avait prononcé ces mots comme parlerait un enfant incapable de calmer les larmes d’un ami ; or son visage restait moulé dans l'âge adulte et la contenance ; il avait quitté l’enfance depuis longtemps déjà, bien avant que son corps ne le fasse. Horace lui en voulu presque de se montrer si impassible ; mais il savait qu’ils avaient tous besoin d’un adulte ici, et que par conséquent il ne pouvait flancher. Un souvenir traversa rapidement l’esprit du valet. Il se souvenait être encore tout jeune, rien n’était vraiment net, mais des couleurs chaudes lui revenait, et réchauffait son cœur.  Au milieu de l’imbroglio de couleur glissait une voix rassurante mais ferme ; « Le sais-tu Horace ? Être ambassadeur est comme être valet, il ne faut montrer aucune émotion et faire ce qu’il y a à faire, sans poser de question. Nous ne sommes pas si différents, n’est-ce pas? ». 

 

A présent, Horace comprenait le sens de cette phrase qu’il avait trouvé si mystérieuse dans son enfance. Maintenant qu’il pleurait au chevet de la comtesse, il n’était plus un valet, mais son ami. Et tant qu’Armanse hurlerait dans sa petite chambre, il resterait là, en sentinelle éternelle, posté près de son lit défait. 

 

«Je ferais ce qu’il faut. Clama Horace, je resterais là, pour la protéger. Pour le restant de mes jours s’il le faut. C’est mon devoir, n’est-ce pas ? »

 

Au loin, un second éclair déchira le ciel, tandis que dans la chambrée, un cri brisa le silence.  

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Bigflo99
Posté le 24/06/2020
hello,
Ton prologue et très prenant, bravo ! On a envie d'en savoir plus. J'ai noté qu'il manquait un "s" à hurlement, dommage qu'on ne puisse pas le noter juste à côté du texte. En tous cas bravo pour ce début
_HP_
Posté le 14/05/2020
Coucou !

Ton prologue est très prenant ! On sent l'angoisse, la détresse et la tension dans la pièce, et l'orage en "fond" ajoute quelque chose de dramatique ^^
Il est très bien écrit et très intriguant ! Beaucoup de questions sont soulevées, hâte d'en avoir la réponse 😜

J'ai remarqué que Luna avait relevé quelques coquilles, j'en ajoute juste certaines 😅

• "son cœur battre plus vite encore qu’à l’accoutumé" → accoutumée ^^
• "Elle illuminait sans peine sa chevelure foncé" → foncée
• "d’un cri similaire à celui qui raisonnait plus tôt dans la petite chambre" → résonnait
• "Horace lui en voulu presque de se montrer si impassible" → voulut
• "mais des couleurs chaudes lui revenait, et réchauffait son cœur" → revenaient / réchauffaient
Atreyu Norska
Posté le 15/05/2020
Merci beaucoup ! J'espère que la suite te plaira !
Alice Janes
Posté le 14/05/2020
Bonjours...
J'ai beaucoup aimé ce premier chapitre. Cela promet d'être palpitant. On sent bien la loyauté d'Horace envers cette femme, Armanse (j'aime beaucoup ce nom) qui agonise et souffre dans son lit. Avec le tonnerre et l'éclair en arrière fond, ça donne un côté dramatique très prenant.
Je me demande comme Horace va la sauver et la protéger de ses souffrances
Atreyu Norska
Posté le 14/05/2020
Merci beaucoup pour ton commentaire ! J'espère que la suite te plaira !
ZouwuGirl
Posté le 13/05/2020
Hello!
Je trouve ton prologue très prenant. Avec en plus le résumé, déjà me viennent pleins de questions sur ce monde et ses personnages chose propre au récit intriguant qu'on a envie de continuer de lire!
L'orage est très bien rendu avec ces scènes qu'on n'entrevoit que par flashs de lumière et participe à la tension du texte.

Je me demande bien de quoi souffre Armanse... Une maladie chronique? Une malédiction?
Atreyu Norska
Posté le 13/05/2020
Merci beaucoup pour avoir pris le temps de me lire !
Ravie que tu sois intriguée par mon prologue haha x)
Shangaï
Posté le 09/05/2020
Bonjour !
Un prologue prenant et assez angoissant, emprunt d'une grande détresse...
J'ai trouvé cela bien écrit !
Toutefois j'ai eu un peu de mal à dissocier le nombre de personnages... Il y a la comtesse Armanse (très beau prénom d'ailleurs) et Horace le valet ! Mais j'avais le sentiment qu'il y avait un deuxième valet qui pleurait ou alors était-ce la description d'Armanse ? Le début prête un peu à confusion et j'ai cru comprendre sur la fin qu'il n'y a dans la pièce qu'Armanse et Horace !

Une petit lourdeur :
« le vent sembla hurler plus fort encore et son cœur battre plus vite encore qu’à l’accoutumé"  → Répétition encore
Atreyu Norska
Posté le 10/05/2020
Merci beaucoup pour ton commentaire !
Pour tenter de t'éclairer un peu, il y a trois personnages dans cette scène : Armanse, son valet Horace et un troisième personnage (qui n'est pas nommé par le moment je crois) l'Ambassadeur
Je suis navrée de t'avoir perdu.e haha x)
Shangaï
Posté le 10/05/2020
Ah ok ! Je ne suis donc pas folle il y avait bien 3 personnages ^^
Merci ahah !
Du coup je pense que même si tu ne veux pas citer le 3ème personnage il serait peut-être bon d'éclaircir un peu les choses ;)
LysKrysler
Posté le 02/05/2020
On peut dire que tu donnes le ton à ton prologue ! Très intéressant, on est tout de suite dans l'ambiance, j'aime beaucoup le foreshadowing avec la météo et tes descriptions sont vraiment poignantes. Les personnages sont bien avancés aussi, même si il y a beaucoup de points obscures : pourquoi le valet est aussi attaché à sa maîtresse, etc. Mais je suis certaine que ce sont des choses que nous apprendrons par la suite du récit ^^
J'ai juste deux petites remarques, à un moment tu dis :
"tétanisé d’une impuissance" -> par l'impuissance, non ? Je trouve que ça sonne bizarrement, c'est peut-être juste moi ;)
Et au niveau des dialogue aussi, tu fais mal l'incise ^^
J'ai hâte de découvrir la suite !
Atreyu Norska
Posté le 03/05/2020
Merci pour ton commentaire et tes remarques pertinentes !
On m'a déjà fait la remarque pour l'incise, il faut juste que je prenne le temps de modifier ça mais merci beaucoup !
Alice_Lath
Posté le 27/04/2020
Eh bien! Un début qui m'a l'air fort intrigant et j'avoue avoir été attirée par ton résumé huhu J'ai beaucoup aimé l'intensité que tu dépends et les affres de la douleur, de même que l'ambiance très bien décrite avec les orages. J'ai remarqué que Luna t'avait déjà souligné quelques coquilles huhu donc je ne répéterai pas. Juste un détail au début, ce n'est pas très clair que ce n'est pas Horace qui est malade. J'avoue que j'ai dû remonter dans ma lecture pour m'en assurer.
Enfin, en dehors de ça, je suis vraiment curieuse de lire la suite huhu
Atreyu Norska
Posté le 27/04/2020
Merci beaucoup pour ton commentaire !
Oui, j'ai lu tout ça et j'entame bientôt des corrections !
Pour ce qui est de la suite, je pense la mettre en ligne dans la semaine, peut être même aujourd'hui, et je suis heureuse que cela te plaise !
Luna
Posté le 27/04/2020
Salut !

Intriguée par ton histoire et sa jolie couverture qui m’a tout de suite fait penser à un univers steampunk, je me suis laissée tentée :) D’avance désolée pour le pavé que je m’apprête à faire, je n’arrive pas à commenter en faisant court xD

Cette entrée en matière est très chouette ! J’ai beaucoup aimé ton utilisation du point de vue externe au début qui fait une sorte de « zoom » progressif sur la scène au milieu de ce ciel orageux. Ça crée une très bel effet visuel et ça nous plonge tout entier dans cette atmosphère angoissante. Le point de vue bascule après et ça nous permet de mieux faire le point sur les personnages présents. Bref, je trouve que c’est vraiment bien joué !

J’ai eu peur pour le garçon quand tu as introduit cet homme qui me semblait menaçant, mais tu m’as surprise puisqu’il s’est avéré qu’il ne l’était pas du tout. Je suis très intriguée et je serai au rendez-vous pour la suite si tu la mets en ligne :)

Quelques petites coquilles et réflexions (que tu es libre ou non d’écouter évidemment ^^) :
>> « La soirée était dénuée de clarté, la lune n’était plus. De grands nuages chargés d’éclairs et de pluie survolaient le Mont, l’air lourd était embaumé d’une surcharge électrique. » : La répétition du « était » dans la première phrase crée un joli effet, mais c’est dommage de le retrouver détaché dans la deuxième phrase, ça crée une lourdeur. Je pense que tu pourrais aisément l’éviter en remplaçant « l’air lourd était embaumé d’une surcharge électrique » par quelque chose du style « une surcharge électrique embaumait l’air lourd », mais tu trouveras certainement quelque chose de mieux que ma proposition x) l’idée serait d’éviter la répétition en évacuant la forme passive de ta phrase.
>> « La lampe près de lui n’offrait guère de lumière, seul un légers halo brillant. » : pas de s à « léger. »
>> « Entre ses lèvres mourrait le prénom de la malade, sans qu’il ne puisse parler plus fort que des chuchotements que lui même ne comprenaient pas. » : « lui-même » (avec le tiret) et « comprenait » (c’est le garçon qui ne comprenait pas).
>> « Il cria à son tour au creux des draps, et les larmes qui torturait son visage tombèrent avec rage et désespoir. » : « les larmes qui torturaient », je pense également que la virgule n’est ici pas nécessaire puisque tu utilises la conjonction « et » pour séparer les deux ensembles.
>> « Entre deux âge, son visage portait une beauté particulière, et son corps une allure de gentilhomme. » : « âges » avec le s. J’aurais aussi bien aimé comprendre pourquoi cette beauté est particulière ;)
>> « A nouveau, la jeune femme avait poussé un cri, plus long, plus terrible. » : « À » avec son petit accent, comme les autres majuscules.
>> « Les hurlement se firent écho toute la nuit. » : « hurlements » avec son s. J’aime beaucoup cette phrase, mais j’ai le sentiment qu’elle ne se trouve pas au bon endroit, car elle évoque quelque chose qui dure alors que juste après tu embrayes sur une action immédiate « Pour la première fois, le jeune homme releva son visage du lit et observa si doucement l’autre homme qu’il ne sembla pas se déplacer. » Ma suggestion serait simplement de la déplacer un peu plus haut. D’ailleurs, je chipote, mais ton « jeune garçon » devient ici un « jeune homme », ça m’a mise un peu dans la confusion car je me représenter le garçon très jeune, pas plus de dix-douze ans. Pourquoi ne pas simplement le désigner au début avec le mot « garçon » ? Le terme de « jeune homme » conviendrait très bien après du coup.
>> « Toute sa chevelure retombait sur son visage, avec une élégance particulière. » : pas besoin de virgule ici, j’ai remarqué que tu en mettais beaucoup qui ne sont pas forcément utiles pour faire respirer le lecteur (je n’ai pas tout relevé). Attention car ça peut hacher la lecture.
>> « Puis, tandis qu’il semblait avoir arrêter ses larmes, il éclata en sanglots. » : « avoir arrêté » (participe passé).
>> « Je suis terriblement impuissant… Souffla le valet. Je suis impuissant et incapable. Ajouta-t-il plus fort. Je suis incapable de la sauver ! Et je la regarde, du haut de toute mon impuissance… » : pas besoin de majuscule pour tes verbes d’incise/dialogue, on les place toujours après une virgule, trois petits points, un point d’interrogation ou un point d’exclamation, mais jamais en majuscules.


À bientôt pour la suite j’espère :)
Atreyu Norska
Posté le 27/04/2020
Salut ! Pour commencer, merci beaucoup d'avoir donné un peu d'attention à mon roman, c'est génial, d'autant plus que tu as beaucoup écris et surement pris du temps pour ça, merci encore !
J'ai lu tes conseils, et je m'y pencherais dessus le plus vite possible pour améliorer mon texte.
Encore merci pour ton commentaire, passe une bonne journée !
Luna
Posté le 27/04/2020
Je t'en prie, ravie d'avoir pu te donner matière à réflexion. Et puis, Plume d'Argent est là pour ça ^^ tu verras c'est une communauté très bienveillante où on reçoit souvent de bons conseils et où on découvre de belles histoires !
J'ai vu que tu avais posté la suite, j'y jetterai un coup d’œil dès que possible. À bientôt ;)
Atreyu Norska
Posté le 27/04/2020
je suis ici que depuis quelques jours, et c'est fou comme l'ambiance est chaleureuse, puis très passionnée aussi, c'est ce que j'avais perdu sur wattpad, et je suis contente de me retrouver ici !
Merci beaucoup pour ton intérêt ! J'ai hâte de lire tes futures impressions
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