PROLOGUE

- Elle ! Ne restes pas là ! hurla une femme pirate aux cheveux bruns et à la forte poitrine.

- Mère, laissez moi vous aider ! dit Elle, persuadée de le pouvoir.

- Tu n'as que onze ans ! Retournes te cacher ! insista sa mère, la foudroyant du regard, une épée à la main.

La jeune fille n'osa pas défier l'autorité de sa mère plus longtemps et fit profil bas, se dirigeant vers le sous pont du navire afin de s'y cacher.

Alors que Elle se trouvait en sécurité, des soldats royaux montèrent à bord du Raven.

- Votre navire n'a aucun droit de navigation, intervint le lieutenant du palais royal.

- Descendez du Raven avant que les choses ne dégénèrent, mit en garde le capitaine Blowday, une épée prête à jaillir.

- Nous ne venons pas nous battre, nous venons vous demander de repartir sur vos eaux troubles. Loin de nos terres, où vous n'êtes pas les bienvenus. Vous entrez dans un territoire qui ne vous appartient pas, s'expliqua le lieutenant, essayant de se faire entendre.

- Je ne me répéterai pas, répondit-il, sortant son épée en guise de menace.

Son regard semblait empli de noirceur. Sa rage envers la noblesse et les Hommes civilisés parlait pour lui. Voyant que le dialogue ne serait pas possible, l'homme de la garde royal fit :

- Cela m'aurait étonné, vous ne connaissez que la violence, vous, les Pirates.

Sentant que le combat approchait, le capitaine et père de famille lança l'ordre d'attaque. Ainsi, hommes et femmes se mirent à descendre du mât, sortir de trappes secrètes et bondir de derrière des tonneaux. Tous armés jusqu'aux dents, ils se mirent en position, face aux soldats royaux qui étaient trop peu nombreux.

Ne voulant pas battre en retraite, les hommes du palais royal déclenchèrent le compte à rebour avant la première attaque. Se fixant dans les yeux, chacun ciblait la personne qu'il allait attaquer.

Alors qu'elle voyait son père charger l'ennemi, entre les planches de bois du pont, Elle se mit à s'énerver.

- Ils m'entraînent aux combats depuis toute petite ! Et maintenant que j'ai l'occasion de mettre en pratique ce que j'ai appris... mère me dit de me cacher !

- Parles moins fort Elle, intervint un jeune garçon de son âge, tu sais très bien que si les ennemis nous voient, ils nous enlèveront !

- Noromé... tu crois vraiment à ces histoires que te racontent ta mère ? demanda-t-elle, c'est uniquement pour te faire peur et t'obliger de rester à l'écart.

- Non Elle. Ce ne sont pas que des histoires. Mère m'a expliqué avoir perdu son frère de cette manière ! lui confia-t-il, apeuré.

- Écoutes moi bien Noromé, ta mère n'a jamais eu de frère. Elle te ment et te manipule par la même occasion ! fit-elle, sans aucune pitié.

- Tu es horriblement méchante ! pleura le jeune garçon.

- Je ne suis pas méchante, je suis une pirate ! lui lança-t-elle, le sourire aux lèvres.

Amusée et poussée par l'adrénaline, Elle se mit en tête de venir en aide aux adultes. Elle regarda autour d'elle et vit deux épées accrochées sur le mur.

- Parfait ! chuchota la jeune fille, un rictus incontrôlé sur le visage.

Elle s'approcha de l'une des épées et la saisit d'une main. Ne pensant pas qu'elle soit lourde, elle la souleva afin de la déloger de son assise murale. La seconde qui suivit, l'arme emporta Elle en arrière et la fit tomber sur les fesses.

- Aïe... elle est trop lourde, rumina-t-elle, déçue.

Pendant que la jeune pirate se voyait contrainte de rester cachée, sur le pont les choses dégénéraient.

Des bruits d'épées s'entrechoquant et de gémissements de douleurs, ainsi que de rages, se firent entendre. Les soldats avaient tué plusieurs membres de l'équipage du capitaine Blowday qui, lui, essayait d'éliminer le lieutenant royal.

La femme du capitaine, et mère de famille, hurlait à la mort à chaque soldats qui passaient entre ses mains. En l'espace d'une demi-heure, les cadavres semblaient s'entasser.

- Yah ! hurla la femme, transperçant le dernier soldat sur son passage.

Du sang sur sa poitrine et sur ses cheveux ondulés, c'est avec fureur qu'elle vint en aide à son époux. Saisissant, de sa main droite, l'épaule gauche du lieutenant, elle cogna le haut de son mollet avec son pied. Ce qui lui fit perdre l'équilibre, laissant le capitaine choisir de le tuer ou de le gracier.

Pointant la pointe de son épée sous la gorge de celui-ci, il souria et dit :

- Je vous avais prévenu de descendre avant que cela ne dégénère.

- Vous pouvez me tuer et, vous avez beau eu tuer tout mon équipage, vous ne serez jamais les bienvenus sur nos terres, fit le lieutenant en guise de derniers mots.

- Vous m'auriez écouté, nous serions reparti sans histoire, et je n'aurai tué personne, encore moins vous, répondit-il, s'avançant légèrement afin de planter, doucement, la pointe de son épée dans son cou.

- Pourquoi vous ne me tuez pas ? demanda-t-il, perplexe à l'idée de rester en vie après un tel carnage.

- Parce que vous allez passer un message à votre roi. Vous lui direz que Geriko, Vanita et Elle Blowday lui passent le bonjour, lança-t-il, entaillant légèrement la gorge du lieutenant qu'il décida d'épargner.

Aussitôt, il ôta son épée, afin de le laisser repartir avec les corps de ses hommes morts sous le bras, en direction du palais royal.

De ce fait, la famille Blowday, ainsi que le Raven, firent objets de toutes rumeurs.