DAEMONES
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« Et il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre, il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui. »
Apocalypse 12:9
« My lies are the truth! So listen to me, all you unbelievers. Listen to me, all you wretched souls. »
Jon Bassoff - The Incurables
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Prologue
La chaise était bigrement inconfortable. Il essaya de trouver une position moins douloureuse sur l’assise de paille creusée par des générations de séants, en vain. La sueur lui coulait dans les yeux tant il faisait chaud. Il poussa un soupir, posa son stylo pour s’essuyer les mains dans un chiffon, et se remit à l’ouvrage.
Un quart d’heure plus tard, il reposa le stylo et relut, à la lumière tombée de la fenêtre, ce qu’il avait écrit. Les boucles et les traits d’encre brillaient, pas encore secs. Il secoua un peu le papyrus.
Satisfait, il revint à la table de travail, fit de la place en passant un coup de bras dans le fatras et piocha une enveloppe. Il y traça une adresse :
Magistra Powell – Le bois, troisième à droite, Église – 722 Little Rock
Il plia soigneusement le papyrus et l’inséra dedans. Une chandelle brûlait sur l’étagère ; il la saisit et, au-dessus de l’enveloppe, en approcha un bâton de cire noire. La cire tomba lentement, goutte à goutte. Lorsqu’il y en eut assez, il reposa chandelle et bâton et attrapa un rond de bois grossièrement taillé. Il l’enfonça dans la cire fondue pour y imprimer le sceau : une étoile avec des ailes.
Les yeux clos maintenant, il écoutait le silence. Des objets déplacés dans l’autre pièce et un toussotement. Après un temps il rassembla son énergie et se leva, ayant pris l’habitude de faire un tour dans l’église quand il ne savait plus comment utiliser son temps.
Il faisait encore trop chaud. L’éclat du jour poussiéreux se coulait dans les vitraux jaunes et parsemaient le sol de taches et d’ombres. Les pierres. Ses chaussures en cuir souple, tressées de cordons usés, les caressaient sans presque émettre un son.
Il observait son paysage quotidien, délivrance autant que prison, celui dans lequel il était venu s’enterrer tant d’années auparavant.
— Oli, dit une voix derrière lui.
Il se retourna. Une femme dans l’encadrement de la porte menant à la pièce qu’il venait de quitter lui tendait la main.
— La prière.
La prière. Oli leva les yeux vers le vitrail le plus proche. Peut-être était-il déjà midi, finalement ; avec cette luminosité qui n’avait guère changé depuis le matin, et sans être sorti de l’église pour goûter la chaleur ou l’aspect réel du ciel, il avait du mal à se rendre compte. Il revint sur ses pas. L’autre n’avait pas bougé ; un collier pendait de son autre main. Il lui attrapa doucement le poignet, le collier s’emmêlant entre leurs doigts, et tous deux fermèrent les paupières.
Dieu de cendres Déesse de pluie tombez sur nous venez Déesse de lumière et Dieu de la nuit nous vous attendons dans la mort et la vie tombez sur nous venez Dieu de cendres Déesse de pluie veillez sur nous venez à nous
Les mots résonnaient dans la pénombre, et le soleil continuait de briller.
Court et intrigant, ce prologue remplit parfaitement son office et je vais filer voir la suite, pour voir ce que nous réserve ces prieurs de l'apocalypse.