— Ms Twynyho, surtout, ne faites pas de folie. Vous savez que nous n’approuvons pas...
— Oui, monsieur, marmonna-t-elle distraitement.
Son professeur voulut continuer de lui prodiguer des conseils, mais elle ne prêtait plus attention à la voix qui émanait de son intracom et préféra même couper la communication, d’une pression sur son bracelet-terminal. Elle se débrouillerait toute seule. Sa caméra dans la poche, elle hésitait à quitter son poste d’observation, sous un porche à l’angle de deux rues. Elle avait déjà contacté l’organisateur de la soirée dans laquelle elle avait prévu de s’incruster - il lui avait paru suspicieusement charmant – et elle avait usé son temps libre à faire des recherches sur le vampirisme. Une mode que certains avaient dite passagère, qui pourtant s’était ancrée dans le paysage underground culturel et musical.
Adhaley était arrivée une heure en avance, poussée par la nervosité. La fraîcheur créait des fourmis dans ses doigts. Maintenant qu’elle voyait la file d’attente grandir, les nerfs recommençaient de s’échauffer et elle tentait de se raccrocher aux détails insignifiants et familiers : le bruit du vent et de la ville, qui lui semblait tout à coup bien plus attrayant que cette rue dans laquelle elle s’apprêtait à se perdre. Elle avait conscience de potentiellement se jeter dans la gueule du loup. Rien ne lui garantissait que le grand gourou des vampires de San Francisco ne lui sauterait pas à la gorge, malgré son apparente gentillesse. Mais elle le faisait pour la bonne cause ; et impossible, au fond, de nier l’adrénaline que sécrétait son cerveau. Le stress avant l’acte artistique, ce n’était que ça. Elle retrouverait bientôt sa détermination et son courage.
Adhaley sortit la caméra de sa poche et l’approcha de son visage. Elle en essuya la surface tachée d’empreintes de doigts sur sa manche, jeta un œil à l’enseigne lumineuse d’une échoppe plus loin, aux lumières des rails au-dessus de sa tête, hésita une fraction de seconde puis, choisissant de suivre son instinct, murmura :
— Couleurs. Filtre nuit claire.
L’appareil, plat et tenant dans sa paume, émit un grésillement signalant qu’il se configurait de la manière souhaitée. Elle n’avait emmené que le strict nécessaire : pas d’éclairage en plus, pas d’autre micro que celui intégré. Comme ça, si les choses tournaient mal, elle pourrait ramasser ses clic et ses clac plus vite.
Adhaley ne tenait plus en place. La porte du club devant laquelle attendaient ces gens venait de s’ouvrir, libérant un filet de musique bizarre. Voilà, ses neurotransmetteurs se mettaient en transe créatrice.
Caméra à la main, elle fit un pas hors de sa cachette.
Pour l'instant, Adhaley me fait plutôt penser à une sorte de Lara Croft contre les vampires, mais je suis sûre que je vais être surprise.
Je continue !