Prologue

— Je m’en fous complètement de ses foutus pouvoirs, vous me la laminez sinon je ne garantis pas votre état à votre retour !

— D’accord, d’accord, on va tuer votre petite protégée, faites-nous confiance.

 Un homme traversa la pièce d’un air rageur, il voulait que le travail soit fait rapidement et sans qu’on conteste ses ordres. Il n’en pouvait plus de contenir sa rage bouillonnante à longueur de temps. Deux autres individus étaient dans la pièce, une rouquine et un brun, ils devaient tous deux s’occuper de ça mais ils semblaient particulièrement soupçonneux. L’un d’eux, la fille, était sûrement la plus courageuse de ce duo, c'est elle qui demandait des explications claires et précises.

— C’est le manoir des Grintofk c’est ça ?

— Oui, elle devrait être dans sa serre à cette heure, c’est une femme plutôt ponctuelle. Vous passerez par le jardin où j’ai coupé un trou au préalable dans la clôture.

— Bien patron.

— Vous avez une heure, pas plus.

— Vous êtes sérieux ? On ne sait même pas de quoi elle est capable !

 Deux mains frappèrent avec force le bois de la table qui trônait là, l’homme paraissait furieux et sur le bord de la crise de nerfs.

— Une heure. Pas plus.

 Pour faire entrer l’information dans le crâne de ses imbéciles de sous fifres, il détacha chaque mot en prenant bien soin d’avoir un ton particulièrement menaçant.

— Si vous mettez une seule petite minute de plus qui sait si quelqu’un ne vous verra pas ? Ils ne sont pas très aimés du village mais très appréciés de l’Impératrice alors je ne tiens pas à être pendu et vous non plus je suppose ?

— N…Non chef.

— Bien.

 Dans un soupir, l’homme reprit contenance avant de continuer sur sa lancée d’explications tout en remettant ses boutons de manchette en place, geste davantage mécanique que véritablement nécessaire.

— Normalement, le manoir devrait être vide à une exception près. Les deux parents ainsi que le frère aîné sont dans une mission professionnelle mais son cadet… devrait être à l’intérieur du manoir.

— Nous ne devons pas nous faire repérer au risque qu’il accourt, c’est ça ?

— Vous n'êtes pas aussi bêtes que vous en avez l'air finalement, mais oui, c’est exactement ça. Ses pouvoirs ne sont pas encore parfaits mais assez pour vous anéantir alors prenez garde.

— D’accord, un autre détail à donner, monsieur ?

— Aucun, partez sans attendre, je vous attends dans une heure précisément, si ce n’est pas le cas, je saurai qu’elle aurait eu raison de vous.

 Avec appréhension et un regard méprisant, les deux compères partirent sans un mot pour l’homme qui les avait engagés. Ce dernier prit sa montre à gousset qui était dans la poche de son pantalon, une montre de luxe d’un des plus grands horlogers du royaume, un véritable bijou. Il la consulta et retint mentalement l’heure qu’il était.

— Je suis pratiquement certain qu’ils n’ont aucune chance.

 Dans un rire sinistre, il se décida à partir, les Dieux savent où, pour s’occuper pendant l’heure qui allait suivre.

— Je sais très bien qu'ils n'auront aucune chance face à toi mon amour, tu es beaucoup trop forte pour eux. Par les Dieux que je t’aime.