Prologue

  Dans cette métropole du Japon faiblement éclairée par la lumière de la Lune régnaient les cris et les pleurs que les ténèbres mettaient en valeur. L’automne s’installait progressivement depuis plusieurs jours sur le pays, entraînant sur son passage les feuilles des arbres qui disparaissaient dans le vent de minuit.

  La nuit avait toujours été associée à la mort et aux criminels pour faire naître les peurs en raison de ses abyssales ténèbres qui permettaient à quiconque de frapper sans craindre d’être aperçu. Le jour, quant à lui, avait toujours été dépeint comme sécurisant du fait de la puissance des rayons solaires qui le caractérisaient et permettaient de mettre la lumière sur les pires formes de cruauté.

  Pourtant, même en ces jours de l’an 3253, alors même que la vision néfaste de la nuit perdurait dans la majorité des esprits, une jeune criminelle qui brillait sous la constellation d’Andromède ambitionnait de se servir de cet instant méprisé pour changer la société.

  Alors que beaucoup considéraient le Soleil comme preuve irréfutable de pureté et de sécurité, cette femme préférait le voir comme le projecteur des vanités. Ainsi, là où les autres voyaient en la nuit un moment de terreur durant lequel Mort gouvernait, elle préférait y voir le moment propice pour effacer les vices de l’humanité et purifier ce monde qu’elle savait dépravé.

  De la lame de son canif résulta le pourpre du sang qui se refléta dans le clair de ses saphirs. Un sourire satisfait naquit sur ses lèvres. Sa proie avait enfin cessé de lui polluer l’audition avec ses immondes gémissements et supplications.

  Le vent s’immisça par la fenêtre que les constellations avaient ouvertes sur leur route, balayant les rideaux blanc maculés du rouge de leur défunte propriétaire. La légère brise s’aventura dans la chevelure de l’assassin, faisant danser quelques-unes de ses longues mèches de jais. Les puissants cobalts omnipotents dans lesquels se reflétait le clair de Lune se levèrent en direction du ciel sombre où s’étaient dessinées les constellations stellaires.

  Cette femme que l’Astre nocturne avait choisit une nuit pour guérir les maux de l’humanité considérait que les Hommes étaient divisés en trois catégories distinctes. Pour elle, il existait une très grande majorité et deux minorités. Cette majorité avait décidé de vivre en cohésion avec la plus brillante des minorités que la tueuse aimait qualifier de soleils, laissant de côté les lunes bien moins nombreuses et reconnues. Les soleils étaient ces Hommes sûrs d’eux et de leurs capacités, porteurs de tous les vices de l’humanité. Les moutons de la majorité avaient décidé de suivre ces sources de lumière, ne souhaitant guère prendre le risque de se perdre dans les ténèbres peu rassurantes de la nuit. Ce fut ainsi que les lunes, plus réservées, se sont retrouvées sans appui, ne pouvant compter que sur leur seule force pour redresser la société.

  Mais la tueuse gardait espoir, elle était parvenue à rallier à sa cause la plus puissante des boules en fusion, rendant plus accessible jour après jour son rêve d’un monde où régnerait une parfaite égalité.

  Les grandes billes bleues de la meurtrière fixaient les quatre autres personnes à ses côtés qui la toisaient avec fierté. Aidée de ses amies constellations, elle visait l’accomplissement de son dessein que beaucoup jugeraient immoral. Elle en était persuadée, avec eux à ses côtés, tous ses objectifs avaient une chance de se réaliser.

  Seulement, Andromède ignorait que même au sein de la plus grande des puretés, Trahison pouvait danser en toute liberté.