Le lundi 5 novembre 2018, l'agent funéraire procéda à l'ouverture du cercueil pour l'exhumation, il était vide. Parmi les témoins de la scène rassemblés autour du trou béant, c’était bien lui le plus surpris.
— En 23 ans de carrière, c’est la première fois que je vois ça ! Et pourtant, j’en ai eu des cas bizarres. Un jour, j’ai même libéré un vieillard de son cercueil, juste avant qu’on le mette en terre. Mais un cercueil vide, alors là…
Une fois le moment de flottement passé, Clara se rapprocha de Gabriel, le fils de la présumée défunte et l’entraîna à l’écart. Cela faisait des semaines qu’elle organisait cette opération, impatiente d’avoir des réponses à ses questions. Au vu des draps immaculés qui tapissaient l’intérieur du cercueil, il faudrait qu’elle attende encore un peu.
— Vous m’aviez pourtant dit que votre mère souhaitait un enterrement classique, une mise en terre auprès de ses parents. Est-ce que c’est possible qu’il y ait eu une erreur au funérarium ? Une crémation accidentelle ?
Encore hébété par ce qu’il venait de voir, l’homme maigrelet secoua la tête.
— Non. Je l’ai vu le matin de son enterrement, dans son cercueil. Ses vœux ont été respectés.
Il se mordilla les lèvres, perdu dans ses pensées.
— De toute façon, le four crématoire était hors service, ajouta-t-il. Je me souviens que ce jour-là, une famille est venue se plaindre à cause de la fournaise en panne. Ils devaient faire 70 kilomètres pour la crémation de leur oncle. Ils étaient tellement en colère, impossible d’oublier ça.
Pas de corps dans le cercueil. Pas de cendres. Il fallait se rendre à l’évidence. Huguette Damiens, 72 ans, avait disparu. Mais si elle n’était ni enterrée près des géraniums familiaux ni réduite en cendres, alors qui hantait Clara depuis des mois ?
Merci pour ce prologue !