Prologue

Mon amour,

Mon cher Stan

Stan,

J’aimerais te dire que je suis désolée. Sincèrement. Mais ce serait te mentir. Et, idiote sentimentale que je suis, je n’ai pas envie d’ajouter cet affront à la longue liste de griefs que tu auras bientôt contre moi.

Je prendrai bien soin de nos filles. Tu peux me reprocher ce que tu veux, mais au fond, tu sais que c’est pour elles que je le fais. Un jour viendra, pas si lointain, où tu comprendras que j’avais raison.

Je sais que tu n’es pas d’accord, mais tout ici menace la santé et la vie de nos filles. Les ondes sont partout. Les Radiés deviennent de plus en plus nombreux. Parmi nos amis, combien sont ceux qui ont vu dépérir leurs enfants ? Qui ont dû les regarder perdre toute humanité, toute conscience, toute substance en ce monde ?

Je peux faire quelque chose pour épargner ce sort horrible à nos filles. Je le peux et je le fais.

Je n’espère pas que tu me pardonnes. Juste, j’ose croire que tu réussiras peut-être, pas tout de suite, mais dans quelque temps, à me comprendre.

Je trouverai un moyen de te donner des nouvelles. Là où nous allons, nos nanos ne fonctionneront pas. Même les vieux téléphones tactiles ne fonctionnent pas, apparemment.

Donc, ce sera probablement par lettres. J’imagine ta surprise quand tu recevras la première. N’est-ce pas d’une tristesse infinie que le papier soit devenu une relique ?

À bientôt,

Ai-je encore le droit de te dire que je t’aime ? Si oui, eh bien… c’est dit. Et si non, c’est dit quand même.

Flora