Prologue

Par Gaïa
Notes de l’auteur : Salut ! Je reviens sur PA avec Quid, encore et toujours. Le scénario a été repensé entièrement, les motivations des personnages aussi et, gros challenge pour moi mais ça ne se voit pas dans le prologue : on est sur un PDV omniscient.

Je ne vais pas mettre beaucoup de chapitres en ligne, juste assez pour avoir des premiers retours sur l'introduction de l'univers et pour savoir si je me débrouille correctement avec l'omniscient. Je tiens à le maîtriser !

Si vous voulez me faire des retours, ne vous concentrez pas trop sur la forme (à part pour l'omniscient, encore). On est sur un texte qui subira une réécriture, et je suis beaucoup plus intéressée par vos ressentis : qui semblent être les personnages ? Des enjeux se dessinent-ils ? Comment imaginez-vous l'univers ? Faites-vous confiance aux personnages ? J'aimerais être sûre que les petits grains d'intrigue que je sème sont faciles à trouver pour le lecteur.

Bonne lecture !

La dernière fois que Quid avait tourné son regard sur Talamaque, c’était en l’an cinquante-huit de son ère, lorsque les Hommes avaient perdu toute grâce à ses yeux. L’endroit était chargé de souvenirs amères. Elle avait voulu installer son trône là-bas, autrefois. Avoir une armée de fidèles venant des quatre coins du monde pour vénérer la déesse qu’elle était, prêts à se tuer si elle en évoquait l’envie ou, mieux encore, prêts à tuer pour elle.

Ces pensées mégalomanes étaient venues avec la magie, lui semblait-il. Lorsqu’elle était encore humaine, ses aspirations étaient bien moindres. Vieillir, se trouver un mari, être jolie, ne plus l’être, mourir. Dignement, de préférence. La violence l’avait changée. Lorsque la Terre – la vraie, l’ancienne – s’était transformée en champ de bataille démesuré et qu’absorber l’entièreté de sa magie était devenu sa seule chance de survivre, l’alchimie de son cerveau s’était modifiée pour toujours.

Avec le recul, il lui semblait qu’elle s’était enfin trouvée. Libérée de toutes contraintes, morales ou physiques, ses actions et ses désirs ne pouvaient qu’être ceux qui la définissaient réellement.

C’était là tout le problème, d’ailleurs. Son emprise sur la magie – cette chose que les humains appelaient Quid – s’amoindrissait avec le temps. Son corps s’était déjà rigidifié, transformé en statue de pierre, et elle ne pouvait plus exister qu’à travers le Quid. Si elle n’agissait pas, sa conscience allait s’évaporer complètement, diluée à l’extrême dans une masse tourbillonnante de magie.

Et elle sentait au plus profond d’elle-même, dans son infinité d’extrémités qu’était le Quid, que la réponse à sa détérioration soudaine venait de quelque part en Talamaque.

Sa vision n’était plus exactement la même qu’avant. Naviguer à travers le Quid était comme se retrouver au milieu d’un monde miroir, fait de l’évidence indescriptible que les choses étaient là où elles l’étaient et qu’elles possédaient une quantité très exacte d’atomes. Après tout, c’était à eux que le Quid s’accrochait, en quelque sorte. Il ne touchait jamais vraiment rien. Il était simplement dans un pan de réalité superposé à celui-ci et, parce qu’il décidait de s’accrocher aux atomes, il en imitait la disposition et le faisait d’ailleurs si bien que bouger l’un revenait à bouger l’autre.

Puisque Quid était, pour ainsi dire, l’entièreté du Quid, il lui suffisait simplement de se concentrer sur Talamaque pour la ressentir, exactement de la même façon que l’on peut décider de se concentrer sur son propre orteil et soudain prendre conscience de la texture de notre chaussette sur notre peau.

Ainsi, Quid se concentra sur Talamaque et, d’un coup, prit conscience du million trois d’habitants qui la parcouraient, mais aussi de chacune de leurs maisons, du mouvement de la poussière lorsque leurs pieds foulaient le sol, de l’air pollué qui pénétrait leurs poumons à chacune de leurs inspirations et de l’infinité d’autres choses qui constituaient la ville. Elle prit particulièrement conscience du palais, parce que c’était ce qui l’intéressait. Une tumeur rongeait le cerveau du roi tandis que ses fils complotaient. Les apprentis Inquisiteurs s’entrainaient dans leur arène. Les courtisans comméraient. Et, au cœur du palais, quelque part au bout d’un dédale de passages secrets, un laboratoire d’autant plus secret conduisait des recherches bien plus secrètes encore. Sur elle. Non pas sur le Quid, mais bien sur Quid. Elle en était sûre, parce que malgré la septarine au milieu de la pièce et les outils de mesure qui y étaient reliés, malgré son omniscience, elle ne pouvait pas voir qui était en train de taper à l’ordinateur.

Ce qu’elle pouvait voir, néanmoins, c’était l’absence de la personne. Un Sans-Quid. Et, comme pour confirmer ses pensées, un frisson désagréable parcourut son être, hérissant chacun de ses poils imaginaires. Une peur millénaire la prit aux tripes ; la même qu’elle avait ressentie sur l’ancienne Terre avant de partir. L’Anti-Quid.

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Feydra
Posté le 05/01/2024
J'aime beaucoup ce prologue. Il est très bien écrit et on entre facilement dans les pensées de cette déesse. C'est mystérieux. On parle de magie et de technologie en même temps. Le genre d'univers que j'aime bien. Le prologue est réussi et fait bien son travail.
Gaïa
Posté le 05/01/2024
Salut Feydra ! Merci pour ton passage et ton message encourageant. Je suis contente que ça t'ait plu. :)
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