Prologue
Chaque jour, Hestia voyait ses frères et sœurs descendre sur Terre. Elle ne pouvait qu'imaginer ce que ça faisait de sortir. L'Olympe était à la fois sa maison et sa prison. Ses neveux et nièces, eux, avaient le droit de partir. Mais pas elle. Son frère, Zeus, la retenait ici pour veiller sur le feu de l'Olympe. Il prétextait que c'était pour son bien, que c'était là qu'était sa place. Après tout, elle contrôlait le feu et le foyer… Malgré les services et la gentillesse de la déesse, les gens avaient commencé à l'effacer. On avait fini par oublier qu'elle était l'aînée des Olympiens et sa place sur l'Olympe. Hestia prenait sur elle, refusant de détester sa famille, c'était contre nature… La déesse repoussait sa colère, sa fustration, sa solitude depuis trop longtemps. Elle n'en pouvait plus… Il n'était plus possible pour elle de rester enfermée. Elle avait l'impression de croupir, seule dans un coin. Ce matin-là, elle se rendit dans le bureau du roi des dieux. Avant d'entrer dans la pièce, elle soupira et arrangea son voile. La salle reflétait parfaitement le caractère vaniteux de son frère. Les murs couverts de miroirs étaient striés de veines dorées et de reflets argentés. Zeus était assis sur une chaise derrière son bureau de verre. Il sembla surpris de son arrivée. Hestia, elle, ne l'était pas. Il passait son temps à observer le monde sur son trône en or alors que lui avait la possibilité de quitter l'Olympe.
- Que fais-tu ici, petite sœur ?
Hestia essaya de garder son calme malgré la fureur qui lui lacérait le crâne. Elle était une déesse vue comme paisible et aimante.
- Je suis venue te faire part de quelque chose qui me taraude depuis un certain temps.
Zeus poussa alors la chaise dorée en face de lui du bout du pied.
- Je t'écoute.
Hestia remit son voile en place et lissa sa robe. Elle tenta de maîtriser la colère dans sa voix.
- Je n'en peux plus de t'obéir et de m'effacer.
Le dieu écarquilla les yeux et serra la mâchoire. Elle ne s'était jamais plainte de sa situation jusqu'à présent.
- T'effacer ? Mais je t'offre un travail digne et une raison de vivre ! Je t'ai confié la Flamme de l'Olympe !
Le rouge monta au visage de sa sœur. Elle n'en pouvait plus ! Elle n'en voulait plus de ce "travail digne" et de cette "raison de vivre" ! Pourtant, sans se départir de son sourire, elle garda son calme car il restait son frère.
- Zeus, peut-être n'as-tu pas bien compris ma requête… Je veux quitter l'Olympe. Je veux voir le monde. Je veux parler à des mortels. Je veux découvrir ce qu'est devenu le monde d'aujourd'hui. Ne crois-tu pas que je t'ai assez rendu service ?
Zeus se leva brusquement, attrapa son éclair et pointa un doigt accusateur sur la déesse.
- Tu étais bien contente quand je t'ai attribué cette tâche ! Je ne vois pas pourquoi ça ne te plairait plus !
Le dieu des dieux avait un tempérament colérique et sa sœur avait l'habitude. C'est pourquoi Hestia joignit les mains et prit sa voix la plus apaisante.
- Je ne dis pas le contraire. Mais maintenant je n'en ai plus besoin, je suis assez forte pour descendre sur Terre.
Zeus se redressa de toute sa hauteur mais l'aînée ne se laissa pas intimider pour autant et elle poursuivit :
- Je comprends parfaitement ta détermination à me protéger mais je ne suis plus aussi faible qu'avant. J'ai mûri en même temps que l'humanité s'est développée.
- Non.
La réponse de Zeus surprit Hestia.
- Mais tu…
- Non !
Le ton de son frère écrasa toutes les barrières de contenance d’Hestia. Comment osait-il lui parler sur ce ton ?! Les paroles du roi de l'Olympe lui revenait en avalanche. Tu es une femme. Tu es faible. Tu ne seras jamais capable d'endosser le rôle d'aînée ni le rôle de reine de l'Olympe. Tu ne m'arriveras jamais à la cheville. L'étincelle s'embrasa et un véritable incendie consuma Hestia.
- Comment oses-tu me parler sur ce ton ?! Moi qui t'es laissé être le chef avec gentillesse ! Moi qui ai aimablement accepté de m'occuper de la Flamme !
Une flamme dansait dans ses yeux.
- Je ne me plierai plus à tes ordres ! Jamais !
Et elle quitta la pièce en claquant la porte. Hestia n'allait plus se laisser faire… Elle allait laisser son feu brûler pour de bon.
C'est un prologue plutôt engageant pour qui est amateur de mythologie grecque ! Il est vrai que Hestia n'est pas la déesse la plus représentée dans les livres s'inspirant de l'Olympe. Mais c'est agréable de la voir prendre une place plus centrale grâce à ton histoire :)
Souhaiterais-tu quelques corrections de syntaxe de ton prologue ? Je préfère demander car tout le monde n'apprécie pas forcément qu'une personne inconnue apporte son avis sur un texte qui lui est cher (chose qui s'entend évidemment) ;)
Désolée pour le retard !
Oui, j'aime bien Hestia et je voulais explorer son histoire 😊
Merci de demander, oui, ce serait très gentil ! Merci !
J'essaye de me relire mais je n'ai pas vraiment le courage de tout modifier quand je suis en train d'écrire une autre histoire...
Merci beaucoup pour ton commentaire !
Albane
Pas de problème ;)
Très bonne idée d'explorer le personnage d'Hestia en tout cas. Comme tu as l'air d'apprécier la mythologie grecque, Marine Carteron a sorti deux livres récemment sur l'histoire de Pallas ; peut-être que ça t'intéressera !
Et oui, les corrections sont toujours un passage complexe de l'écriture haha
« L'Olympe était sa maison et sa prison en même temps. » => L’Olympe était à la fois sa maison et sa prison (en même temps sonne plutôt familier, une expression que tu utiliserais à l’oral ou par message mais un peu moins dans un roman)
« Ses neveux et nièces aussi avaient le droit de sortir. » => répétition de « sortir » avec une des phrases précédentes
« Les épaules d’Hestia s'affaissèrent. » => cette phrase au passé simple fait un peu tache dans le paragraphe : on n’a jusque là pas d’autre notion du présent d’Hestia, tu n’évoques que les interdits sur un long terme (donc au passé simple). Les épaules qui s’affaissent font partie d’un discours actuel, il serait de bon goût de nous introduire au décor dans ce cas, sinon ça fait effet « white room »
« la retenait ici, pour veiller sur le feu de l'Olympe. » => virgule inutile entre ici et pour.
« Après tout, ses pouvoirs étaient le feu et le foyer… » => formulation un peu enfantine/exposé, si l’on sait déjà qu’Hestia veille sur le feu de l’Olympe, introduire ses fonctions divines de cette manière est un peu de trop
« commencé à l'oublier […], fini par oublier […] à oublier sa présence sur l'Olympe. » => répétition d’oublier
« , refusant de détester son petit frère et les autres » => « sa famille » ferait l’affaire, tu ne crois pas ? plutôt que de réduire certains membres à simplement « les autres » ;) et « se refusant » serait peut-être judicieux, à voir
« La déesse repoussait sa colère » => les émotions d’Hestia ne sont pas assez mises en avant selon moi. On ne sait pas si elle est triste, fatiguée ou véritablement en colère. J’ai l’impression de flotter dans un entre-deux étrange pendant ma lecture. Essaie de t’imaginer cloitrée à l’Olympe à la place de la déesse. Serais-tu en pleurs, amorphe, dépourvu du goût de toute chose ? Ou serais-tu prise d’une rage intense, destructrice ?
« C'est pourquoi » => inutile, ce genre de formulation est implicite (tu nous as expliqué quelle était son histoire, on se doute bien qu’elle va voir Zeus pour ce motif)
« Il était là, évidemment » => pourquoi « évidemment » ? En tant qu'écrivain, tu choisis la direction de ton récit. Si tu souhaites faire de Zeus un personnage immuable de l’Olympe, tu le peux. Si tu veux faire de lui le personnage batifolant à droite et à gauche que l’on retrouve classiquement dans la mythologie, tu le peux aussi. Il faut donc que tu le précises car il n’y a jamais aucune « évidence » dans un récit pour le lecteur
« Hestia prit son mal en patience. La vengeance était un plat qui se mangeait froid. » => Pourquoi prend-elle son mal en patience ? En tant que lecteur, on a surtout l’impression qu’elle déboule devant le trône de Zeus pour lui exprimer ses quatre vérités, pas qu’elle attend patiemment dans son coin que son heure vienne. Et puis, Hestia souhaite-t-elle se venger ? Tu ne l’avais pas encore exprimé jusqu’alors, on avait surtout l’impression qu’elle voulait se libérer un peu du joug de Zeus mais pas forcément en faire du hachis parmentier :’) Les expressions toutes faites sont rarement une bonne idée dans les romans car elles s’adaptent mal aux subtilités.
« Zeus poussa alors la chaise dorée en face de lui du bout du pied. » => c’est sans doute le premier élément du décor que tu nous décris et c’est super mais il y avait si peu de description jusque là qu’on avait l’impression que Zeus et Hestia étaient dans un espace tout blanc sans rien autour.
« Le dieu écarquilla légèrement les yeux » => je pinaille mais la définition d’écarquiller est « ouvrir exagérément/démesurément les yeux » ce qui ne s’accorde pas de fait avec l’adverbe à côté duquel tu l’as mis.
« pensa que son heure viendrait. » => il y a une contradiction avec le reste du texte et ce passage : Hestia ne souhaite plus attendre de ce que tu nous as fait comprendre car elle a déjà trop attendu. Elle ne peut donc pas penser de cette manière, « que son heure viendra », au contraire, Hestia se lève pour la prendre, la saisir cette heure de changement !
« - Zeus, peut-être n'as-tu pas bien compris ma requête… Je veux voir le monde, je veux quitter l'Olympe, je veux parler à des mortels, je veux découvrir ce qu'est devenu le monde d'aujourd'hui. » => la répétition de « je veux » pourrait être utilisée comme une figure de style mais elle est un peu trop maladroite ici pour que ça ne sonne pas simplement comme une répétition.
« ça ne te plairais plus ! » => plairait
« Tu es une femme. Tu es faible. » => attention à ne pas transposer les problèmes sociétaux humains, il n’y a pas de notion d’égalité ou d’inégalité des sexes parmi les divinités grecques. Il existe bien des dieux/déesses mineur(e)s mais leur sexe ne joue pas dans cette répartition.
« Moi qui t'es laissé le rôle de chef avec gentillesse ! » => répétition de rôle avec le passage précédent
« Et elle quitta la pièce en claquant la porte. » => toujours cette histoire de « white room », on ne savait pas qu’il s’agissait d’une pièce avec des portes jusqu’à ce qu’Hestia la claque
Sur ce, passe une très bonne journée :)
J'ai ajouté Pallas de Marine Carteron dans ma liste de livres à livres.
J'ai conscience que j'ai encore une plume hésitante mais j'essaye de m'améliorer en écrivant de nouveaux livres😊
En tout cas, merci beaucoup ! C'est très gentil d'avoir fait ça !
Bonne soirée,
Albane