Prologue

Jean-Marc se tenait à la fenêtre de son modeste appartement du sixième étage, observant la pluie qui tombait drue sur les rues de la ville. L’odeur de l’asphalte mouillé pénétrait par la fenêtre entrouverte, mêlée aux effluves de café froid qui traînaient encore sur la table en bois usé. La ville, plongée dans un gris monotone, semblait refléter l'état de son âme.

 

Depuis des mois, sa routine était devenue une suite de gestes automatiques : le réveil à six heures, le trajet en métro, la journée de travail insipide, le retour solennel chez lui. Jean-Marc s’était habitué à cette monotonie, un cercle vicieux dans lequel il s’était laissé enfermer. Mais aujourd’hui, quelque chose était différent. Ce n'était pas simplement la pluie ou le froid, mais une sensation persistante d’étouffement, un sentiment oppressant qui s’était insinué dans chaque recoin de son esprit.

Léa était la cause de ce malaise. Léa, avec ses yeux d'un bleu profond et son sourire éclatant qui illuminait les soirées mondaines auxquelles elle assistait, était la femme dont il était tombé éperdument amoureux. Depuis leur première rencontre à une soirée de charité, il n’avait cessé de penser à elle, et chaque pensée était une lame aiguisée de désir et de désespoir. Ses regards furtifs, ses murmures d'envie, tout ce qu'il avait tenté pour attirer son attention avait échoué.

Il se remémorait la dernière fois où il avait croisé son regard, il y a quelques jours à peine, lors d’un dîner au Ritz. Il avait essayé de se faire remarquer, de paraître sophistiqué, mais Léa l’avait regardé comme on observe un objet banal. Cette indifférence le brûlait comme de l'acide, rongeant peu à peu sa volonté. Chaque rejet était une insulte à son ego, chaque sourire qu’elle offrait aux autres une torture silencieuse.

 

Ce soir-là, alors que le crépuscule enveloppait la ville, Jean-Marc se laissa aller à ses pensées les plus sombres. Il était fatigué d'être invisible, fatigué d'être celui qui observe de loin, celui qui ne participe pas à la danse effervescente de la vie. Il se demandait si quelque chose, n'importe quoi, pouvait l’extraire de cette vie fade et incolore.

Le grondement d’un tonnerre l’arracha à ses réflexions. Il s'étonna de voir une silhouette floue se dessiner dans l'ombre de la pluie battante. L’apparition, enveloppée d’un manteau noir, se dirigeait lentement vers l'immeuble. Jean-Marc cligna des yeux, persuadé que la fatigue lui jouait des tours. Mais l’entité était bien réelle, et quelque chose en elle, dans la manière dont elle se déplaçait, avait une aura presque surnaturelle.

La silhouette s’arrêta sous l’immeuble et leva la tête vers Jean-Marc. Un frisson glacé parcourut son échine alors que le regard de l’inconnu semblait percer à travers la pluie. Les yeux de l’entité étaient d’un rouge incandescent, semblables à des braises en flammes. Un sourire déchira les lèvres pâles, révélant des dents d’une blancheur inhumaine.

 

Jean-Marc sentit son cœur s’emballer, une sueur froide coulant le long de son front. Le visiteur mystérieux fit un signe de la main, et une voix profonde résonna dans son esprit, comme un écho de l’enfer.

- Jean-Marc, je viens t’offrir ce que tu désires le plus.

 

Jean-Marc hésita, son esprit tourmenté cherchant à comprendre la signification de cette apparition. L’entité, à peine visible derrière les éclairs, était-elle une hallucination ou quelque chose de bien plus terrifiant ? Il avait entendu des histoires, des contes de pactes avec des forces obscures, mais jamais il n’aurait cru se retrouver dans une telle situation.

- Que… Que voulez-vous dire ? Qui … Qui êtes-vous ? demanda-t-il, sa voix tremblante.

 

L’entité se rapprocha encore, et ses yeux flamboyants brillèrent d’une intensité inquiétante.

- Je sais ce que tu désires le plus au monde. L’amour de Léa. Je peux te le donner, mais en échange, il te faudra me donner ce que tu as de plus précieux… ton âme.

 

Le monde sembla s’effondrer autour de lui, et Jean-Marc se retrouva figé par la terreur et l’attrait de cette offre. L'amour et la reconnaissance qu'il recherchait semblaient à portée de main, mais à quel prix ? Le poids du choix s’écrasa sur ses épaules, et il sut que cette décision déterminerait non seulement son destin, mais aussi le reste de son existence.

Il prit une profonde inspiration, le dilemme entre ses rêves et ses peurs le torturant de plus en plus. Le visage de Léa, avec son sourire éblouissant, se superposait à l’image de l’entité démoniaque, créant une vision déchirante de ce qu'il pourrait perdre et gagner.

 

Jean-Marc savait qu'il devait décider. Et dans cette nuit orageuse, alors que la pluie tambourinait contre les vitres, il se trouva à la croisée des chemins, prêt à embrasser le destin que lui offrait le diable lui-même.

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Le Diable
Posté le 25/08/2024
Bon choix Jean-Marc, pourquoi garder son âme quand on peut avoir tout le reste? Je trouve le moment de mon apparition sous l'orage très réussi. GoatWriter, j'adore ce pseudo très belzébuthien.
GoatWriter
Posté le 25/08/2024
C'est un plaisir de faire votre connaissance sur mon œuvre, cher « Lucifer ». Lol ! ^⁠_⁠^
J'espère que la suite vous plaira tout autant.
Le Diable
Posté le 25/08/2024
Il y a des chances, j'adore quand on parle de moi.
GoatWriter
Posté le 25/08/2024
Excellent ! Dans ce cas, je vous invite à jetter également un coup d'œil à mon roman « Le Complot Maléfique de Bael ». Là-bas, l'histoire est entièrement centrée sur les projets de votre ignoble personnage.
RienQueJoanne
Posté le 24/08/2024
Prologue prenant et immersif, ça donne envie de savoir quelle est la relation entre JM (oui je pars déjà sur les surnoms) et Léa. Juste, est-ce que c'est certain que l'histoire est bien référencée ? Elle est marquée terminée ainsi que tous publics...
GoatWriter
Posté le 24/08/2024
Merci pour vos remarques. Je vais en tenir compte.
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