En Enfers, il n'y avait jamais eu autant de joie.
C'est ce que disaient les plus anciens membres infernaux, observant dans le brouhaha ambiant la prochaine tête recevant la couronne se dévoiler à ses sujets. La divinité élue, élevée sur un bouclier d'or et de pierres précieuses, se laissait mener jusqu'aux portes du palais. L'assistance l'acclamait de cris et d'applaudissements incessants, presque faux. C'était beaucoup d'engouement pour une seule personne : celle-là même qui remplacerait Hadès sur son trône.
Déméter, cachée dans la foule, avala sa salive avec amertume. Elle haïssait tout de cet endroit qui lui avait arraché sa fille. Sa petite Coré, tombée amoureuse du roi, forcée à devenir la reine Perséphone. Celle-là même qui disparut soudainement et que personne ne retrouva jamais. C'était de la faute d'Hadès, Déméter en était persuadée. Et qui que ce soit qui bénéficiait de son absence, elle allait le lui faire payer.
Les portes du palais s'ouvrirent, invitant dieux et déesses à s'avancer dans la salle du trône. Cette pièce ressemblait à de nombreuses autres en Olympe. Immense, froide, parsemée d'imposantes colonnes le long des murs, ainsi que d'une estrade pour la royauté. Le trône des Enfers, un siège massif fait de matériaux rares et précieux, dominait la salle. Devant celui-ci, une femme gracieuse et sage tenait la couronne d'obsidienne de ses doigts pâles. Hestia, la déesse du feu sacré et du foyer. Certaines voix venimeuses l'appelaient la reine oubliée. Elle était la sœur des trois plus grandes figures olympiennes : Zeus, Poséidon et Hadès. La seule qui n'avait jamais eu droit à un royaume. Pourtant, personne ne l'avait jamais entendue revendiquer quoi que ce soit. Hestia était une femme discrète et irréprochable. Ce jour-là, elle poserait la couronne de son frère sur une autre tête que la sienne. Pourtant, son visage ne trahissait pas la moindre émotion.
À cet instant, alors que la divinité héritière s'avançait sur le tapis d'ébène qui le menait à son destin, Echo invita les muses à chanter l'hymne d'Asphodèle. Leurs voix cristallines et mélodieuses résonnèrent dans le large hall.
Hestia posa la couronne sur les cheveux décolorés de la déité, proclamant officiellement sa légitimité à gouverner les Enfers. Les applaudissements couvraient les voix des muses. Après tant de temps, le trône était à nouveau occupé.
Chaque dieu et chaque déesse se présentèrent officiellement, posant sur l'autel leur cadeau, symbole de respect. Mais l'hypocrisie se lisait sur beaucoup de visages, étirés en faux sourires et en révérences à peine correctement exécutées. Lorsque ce fut au tour d'Athéna, déesse de la sagesse et de la stratégie, un silence lourd étouffa le palais. Elle était connue pour sa franchise sans pareille. Athéna était une guerrière. Elle avait remporté tous ses défis, donné son nom à une capitale. Elle avait été sur le champ de bataille. Tout ce qui relevait du domaine royal, Athéna le trouvait futile. Elle fut la seule qui ne baissa pas les yeux devant la nouvelle figure des Enfers. Au lieu de cela, elle inspira un coup, prête à exposer sa vérité.
Elle n'eut pas le temps de prononcer un seul mot, coupée par le bruit sourd des portes du palais. D'un mouvement commun, l'assemblée se tourna vers le trouble-fête. Hermès se tenait là, ses cheveux dorés en bataille et la sueur brillant sur son front. Le messager des dieux, en retard ? Lui qui mettait un point d'honneur à respecter la ponctualité à chacune de ses missions ? Zeus fronça les sourcils et l'invita à s'exprimer afin de calmer les regards pris de panique.
« Le Tartare, réussit-il à dire entre deux respirations haletantes. Le Tartare est ouvert à nouveau. »
Alors, l'effroi secoua l'échine des dieux.
Je découvre ton prologue et je te fais un petit retour !
Je note deux petites maladresse :
"En enfers" -> aux enfers ou en enfer
"Cette pièce ressemblait à de nombreuses autres en Olympe" -> de l'Olympe
Ton prologue est intrigant. On se demande qui va être couronné, en même temps on sent une désapprobation générale et hypocrite... Puis cette arrivée à la fin d'Hermès donne le ton sur un événement majeur qui s'apprête à se produire.
Beaucoup d'informations, surtout si on ajoute à ça le début, avec Déméter qui raconte une histoire antérieure aux événements, mais ça reste parfaitement lisible.
Je suis curieuse de découvrir la suite :)
À bientôt.