Un. Deux. Trois.
Une musique très rythmée régnait bruyamment dans la caverne. Trois enfants à la peau pâle âgés d’environ douze ans se tenaient chacun devant divers outils. Un jeune garçon aux cheveux de jais et aux yeux bleus foncés était assis sur un rocher face à ce que l’on appelait des « caisses », un instrument de musique utilisé peu fréquemment du fait du bruit qu’il produisait. Il frappait ces caisses avec de fines baguettes de bois.
Face à lui, avec un grand sourire, se tenait un garçon avec des yeux un peu plus clairs bien que gris et des cheveux cependant bien plus noirs, se confondant dans la pénombre du lieu. Celui-ci avait deux longues épées en mains et les frappait l’une contre l’autre. Le son était plutôt aigu et s’accordait très bien avec l’instrument qu’utilisait son ami.
Leur troisième acolyte, une jeune fille, se détachait énormément des deux autres, autant par son physique, son « instrument » ou sa tenue. Alors que ses deux amis portaient des tenues simples composées d’une tunique et d’un pantalon, tout de noir vêtu, elle possédait une robe blanche et bleue très courte devant mais longue derrière, avec un short. De plus, ses cheveux blonds mi-longs la rendait noble à côté d’eux, de même que ses jolies yeux bleus clairs. Quant à son instrument… Eh bien elle avait en main un espèce de coffret de bois d’une longueur de deux mains et d’une largeur de quatre pouces avec deux trous sur chaque face de la largeur. La jeune fille avait posé ses paumes sur les trous pour les boucher et un son délicat et posé en sortait. En fait, elle infusait de l’énergie magique dans l’objet, ce qui lui permettait de fonctionner. L’harmonie de chacun de ces instruments était plutôt jolie pour des amateurs tels qu’eux.
Alors qu’ils s’amusaient beaucoup, l’un d’entre eux s’arrêta, celui assis. Il se leva et posa ses bâtons sur le matériel musical.
_ Mon père a besoin de moi, je reviens.
_ Encore ? fut surprise la jeune fille en se levant à son tour.
Il hocha la tête avec une grimace.
_ Je ne sais franchement pas ce qu’il a en ce moment. D’après mon oncle, une mission s’est très mal déroulée deux ans plus tôt.
Il haussa les épaules.
_ Sur ce, on se voit plus tard !
Il passa entre les deux autres musiciens et sortit vers la lumière, bien que toujours assez faible, provenant de l’extérieur de leur petite grotte.
Dehors… Non. En dehors de cette grotte, il y avait une autre caverne. Immense, beaucoup beaucoup beaucoup plus grande. Une surface presque aussi grande qu’une ville. Cependant, ce n’était pas la seule chose remarquable qu’il y avait. Une foule et un bruit créé par l’écho dû à l’enfermement de l’endroit dominait le lieu. On ne les percevait pas dans la petite bulle que représentait la grotte de taille ridicule par rapport à la seconde.
Le jeune garçon s’avança dans les dédales d’une ville dans la grotte, constituée de nombreuses maisons à un étage assez délabrées. Les passages étaient très étroits et la ville, construite telle un labyrinthe. Ceci afin de parer à toute intrusion.
Il arpenta donc les rues bondées, nauséabondes et malpropres du bourg et finit par arriver devant une toile tendue bien connue. Celle d’un meurtre et de bien d’autres.
Le jeune garçon écarta le bout de tissu qui servait de porte et se retrouva face à un homme.
De courts cheveux bruns poussaient sur son crâne. Du haut de sa grande taille, son regard sombre mais bienveillant se posa sur l’arrivant. Il lui fit un petit sourire que l’enfant lui rendit.
_ Elle est avec Celian dans le local, le prévint simplement l’enfant.
L’homme hocha la tête montrant qu’il avait compris et ils attendirent dans un silence gênant.
_ Que se passe-t-il ? Demanda finalement le dernier arrivé.
_ Je ne sais pas trop. Apparemment il était énervé hier. Il a passé sa journée à critiquer les capacités de nos guerriers. Les pauvres jeunots étaient effrayés.
La dernière phrase fit lâcher un petit rire au plus jeune.
_ Pour qu’il soit d’aussi mauvaise humeur, c’est qu’il a dû passer une longue et mauvaise nuit. Enfin bon, tu connais ton père.
En effet, l'enfant connaissait bien les habitudes de son géniteur.
Le drap de l’entrée se souleva alors pour laisser entrer deux personnes sous la tente.
La première était une femme, jeune, dotée de muscles saillants malgré sa petite taille égalant presque celle d’un enfant de 12 ans. Il fallait dire… Elle avait aussi de longs cheveux bruns coiffés en une tresse avec quelques mèches blondes coincées dans cette même coiffure. Elle portait une tenue noire moulante finissant à mi-cuisse mais avec de longues manches pour les bras. Une ceinture tenait aussi autour de sa taille ainsi que des bottes de cuir à ses pieds.
Le second, un homme dont on ne pouvait pas vraiment définir l’âge, avait l’air alerte à tout potentiel danger. Sa tête était cachée sous une large capuche qui ne laissait au regard des autres que sa bouche, fine et souriante. A part cette capuche, sa tenue était un peu différente de celle de sa coéquipière. Ses chaussures montaient jusqu’en dessous du genou. Et le bas de sa tenue descendait à ses chevilles. De plus, malgré sa tenue recouvrant l’entièreté de son corps, on pouvait voir que ses bras étaient fins et que sa musculature n’était pas très développée, contrairement à tous ceux présents dans la tente. Pourtant la jeune femme pouvait attester que cela n’était pas aisé de se battre contre lui. Ces deux-là s’étant battus l’un contre l’autre quelques heures plus tôt.
Il fut d’ailleurs le premier à poser son regard sur le jeune garçon. Il lui tendit sa main.
_ Je ne crois pas que nous nous soyons déjà rencontrés. Kino Tamahok. Je fais partie du 2ème régiment d’infiltration.
Le garçon accepta la poignée de main de l’étrange homme et se présenta.
_ Enrik Raltier, huitième régiment d’attaque.
Le dénommé Kino hocha la tête. Il pensait avoir enfin compris la raison de la convocation de son équipière et de lui-même.
_ Enrik, maintenant qu’ils sont là je vais y aller. Cette histoire ne me concerne pas.
L’homme dans le coin de la pièce se leva de la table contre laquelle il s’était appuyé peu après l’arrivée du garçon. Il passa près de celui-ci pour lui murmurer deux mots avant de sortir de la sombre toile tendue.
_ Bonne chance.
Cela eut le don d’inquiéter le destinataire alors qu’il n’avait pas pour habitude de l’être.
Après le départ du gentilhomme, la femme se présenta à son tour.
_ Gallica Lemenos, 1er régiment d’attaque. Je suppose que tu ne sais pas exactement ce que nous faisons là ?
L’enfant secoua négativement la tête. Il n’en savait rien. Et à dire vrai, personne n’en savait rien. A l’exception de l’homme qui se faisait attendre.
Un courant d’air dans l’entrée fit voler le tissu qui faisait office de porte. Le silence avait pris place après la présentation des guerriers. Le temps d’attente se fit long et Enrik finit par s’asseoir sur un tabouret à proximité.
Quelques longues secondes passèrent dans ce vide bruyant avant que les deux jeunes adultes ne commencent à discuter de choses et d’autres. Le jeune garçon était quant à lui dans ses pensées qui furent interrompues par un nouvel arrivant.
C’était un grand homme avec des cheveux noirs mi-longs attachés en queue de cheval. Sa carrure et sa présence étaient dignes d’un chef. De plus, ses sourcils étaient froncés et son air menaçant ne laissait pas de doute sur l’émotion qui dominait ses pensées à ce moment-là. Enrik se tendit à sa vue. Voilà la personne qui les avait convoqués.
_ Chef, déclarèrent uniformément Kino et Gallica en s’agenouillant.
Le dénommé « Chef » les toisa et s’avança vers celui qui ne semblait le respecter. Il resta juste devant lui avant de s’adresser à tout le monde.
_ Bien, je vois que vous êtes tous là. Kino, Gallica, je vais vous envoyer en mission d’infiltration à Coswel. Vous serez avec le sergent en second du premier régiment d’infiltration. Votre but sera de récolter des informations sur le groupe qui y sévit afin de savoir ce qu’il se prépare. Il y a quelques jours, trois humains sont rentrés du royaume en question et disaient avoir rencontré un nouveau groupe criminel.
L’homme laissa un silence et reprit.
_ Les anciens et moi-même voulons nous assurer que ces deux groupes ne fassent pas d’alliance. Si vous n’avez pas de question, vous pouvez aller rejoindre votre capitaine de mission, le sergent Valin Skar.
Les deux combattants avaient plusieurs questions mais l’humeur massacrante de leur chef les dissuadèrent de les poser. Le tissu de l’entrée se souleva une nouvelle fois pour laisser sortir le couple. Le jeune garçon prit alors la parole.
_ Que veux-tu, père ? siffla-t-il.
_ J’ai besoin que tu ailles en Orane et que tu me ramènes quelqu’un. C’est un humain mais il nous a déjà aidé plusieurs fois par le passé.
_ Je vois. Qui est-il ?
_ Elrei. C’est un libraire dans la capitale. Nous n’avons pas son nom complet mais il a des cheveux noirs et une allure déplorable. Il ne ressemble vraiment pas à un guerrier. Mais fais attention, il est redoutable malgré sa frêle apparence.
Enrik hocha la tête et commença à partir.
_ Et… Fais attention à toi, chuchota le père de ce dernier, ses sourcils s’inclinant dans un angle qui ne lui était pas habituel.
L’enfant ne sût pas comment réagir et continua simplement son chemin vers la sortie, ignorant son géniteur. Il retourna voir ses amis avant de partir pour préparer son départ qui eut lieu le soir même.
J'ai cliqué sur ton histoire par curiosité parce que la cover m'a vachement plue ! Ton synopris est accrocheur et donne envie de lire ton œuvre. J'aime aussi beaucoup ta plume, elle est fluide et on arrive facilement à se projeter et à imaginer les scènes. D'habitude j'ai du mal avec les récits à la troisième personne mais le tien fait partie des rares que j'apprécie particulièrement.
Ce chapitre est une jolie mise en bouche. Félicitations ! Continue comme ça :)
Sybel
Je suis ravie par tous ces compliments ^^ Et merci beaucoup !
Je ne sais pas si tu as fait attention mais ceci est un tome 2 alors si cela te donne envie, tu devrais peut-être lire le tome 1 ! Tu pourras le trouver sur mon profil !
En tout cas ça me fait plaisir que l’histoire te donne envie ^^
Au plaisir de te relire dans l’espace commentaire
Bonne journée !