Prologue

Par Johanna

Assis devant l'horloge, il écoutait le tic-tac qui semblait rythmer ses tics nerveux. Son jambe tapait nerveusement le sol, calquée sur le mouvement saccadé de l'aiguille des secondes. Ses yeux, fixés sur le cadran, paraissaient hypnotisés, clignant à peine. L'aube, avec sa lumière douce et timide, commençait à filtrer à travers les rideaux pliés, ajoutant une teinte dorée à l'atmosphère tendue.

Il se souvenait de la matinée, de ces gestes automatiques, presque robotiques, qu'il avait accomplis. Choisir ses vêtements dans le placard de son père, enfiler son costume noir, tout cela s'était fait sans qu'il en soit vraiment conscient. Puis, il s'était retrouvé devant son armoire, les cravates roulées dans la boite devant lui. La vision de ces cravates l'avait mis mal à l'aise. Il avait détourné les yeux et aperçu le miroir. C’est là que son regard avait croisé son reflet. Ses yeux ternes, cernés, son visage marqué par les affres du tourment, l’avaient figé sur place. L'angoisse l’avait envahi, le forçant à se réfugier sur le canapé du salon, où il était resté, perdu dans ses pensées. Il n’avait jamais pu nouer une cravate. 

Soudain, il sentit une main se poser doucement sur son épaule, un contact qui le fit sursauter. Il tourna brusquement la tête et découvrit le visage de sa mère, vêtue de noir, tout comme lui.

- "Ça va ? Tu tiens le coup ?" demanda-t-elle d'une voix douce, empreinte d'inquiétude.

Il resta silencieux, toujours perdu dans ses pensées. Il ne parvint pas à répondre, se contentant de constater la sueur qui perlait sur son front et trempait sa chemise. Il réalisa à quel point le poids de l'anxiété se faisait sentir, écrasant ses épaules et nouant sa gorge.

- "Mon chéri, tu n'es pas obligé de venir. Tu peux rester... ils comprendront."

Effrayé par sa proposition, il se leva subitement.

- "Non, non maman, cela va aller, je viens. Il était... Enfin,... il était quand même..." Il ne put finir sa phrase, et s'essuya le front avec la manche de sa chemise.

"Bien sûr, c'était ton meilleur ami, même si cela fait longtemps que vous ne vous êtes pas vus..." Elle s'interrompit, laissant son regard se perdre dans le vide tandis qu'elle faisait une rapide estimation. "Cela doit bien faire presque dix ans..." murmura-t-elle, plus pour elle-même que pour son interlocuteur. À cet instant, elle prit pleinement conscience de la vitesse à laquelle le temps avait filé. Une vague de nostalgie l'envahit, lui révélant soudain qu'elle avait vieilli sans même s'en apercevoir. Ce n'était pas la seule chose qui lui échappait : elle n'avait jamais deviné la véritable raison du silence de son propre fils. Elle ne savait rien, rien du tout. Il n'avait jamais pu lui raconter. Des secrets inavouables le rongeaient de l'intérieur. Le passé était devenu une prison dont il ne trouvait pas la sortie. Il baissa les yeux, se sentant soudainement plus seul que jamais, malgré la présence réconfortante de sa mère. Elle lui tint le bras, s'assurant qu'il soit bien prêt, puis le conduisit vers la porte. Celle-ci s'ouvrit en grinçant doucement, laissant passer les silhouettes qui s'éloignaient lentement, puis se referma derrière elles, laissant le salon dans un silence lourd. La seule compagnie de la pièce était désormais un rayon de soleil qui perçait à travers les rideaux, illuminant un faire-part de décès posé sur la table basse. Sur le faire-part, une photo d'un homme aux cheveux bouclés noirs, qui semblait n'avoir pas encore atteint la trentaine. Il souriait de toutes ses dents blanches, respirant la joie de vivre.

 

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Hypatia de S.
Posté le 14/07/2024
Un début prometteur avec de vraies questions au sujet du protagoniste et de son ami.
Il y a quelque chose d'inquiétant, qui met mal à l'aise dans le dernier paragraphe notamment. On sent planer quelque chose, même si, évidemment, il est encore impossible d'en tracer les contours à ce stade.
ABChristLéandre
Posté le 10/07/2024
Hum ! En voilà, un début palpitant !
Cette histoire s'annonce vraiment très rebondissante.
Dans le fond, l'essence est presque toxique. Nous plongeant dans une atmosphère noire et morose à chaque ligne.
Néanmoins, dans la forme, le chapitre semble beaucoup trop court et n'a pas pu déployer tout son potentiel. Un peu trop de précipitation peut-être ? Les paragraphes sont lourds et ça alourdi également la lecture. Avec un texte aussi petit, on pourrait souhaiter que les paragraphes et les phrases le soient toute autant. Ça rééquilibrerait le rendu et allégerait la lecture à l'œil.
Et... cette fin, je pense qu'elle aurait pu être un peu plus énigmatique et sombre.

Ce qui n'empêche évidemment pas que c'est un début très prometteur et enthousiasmant.
coeurfracassé
Posté le 04/07/2024
Salut !
Je suis d'accord avec Ety, bon début ! Il suscite la curiosité du lecteur, on aimerait beaucoup comprendre. Je ne vais pas répéter toutes les petites choses à corriger, mais ça n'a pas encore été fait ':D
Sinon, j'ai vraiment beaucoup aimé ce prologue, j'ai hâte de découvrir pourquoi, comment... Et ce qu'il deviendra !
Ety
Posté le 27/06/2024
Joli début!
Jusqu'au bout j'avais espéré que la conclusion au sujet de l'ami ne soit pas celle-là... :(
A la 2e phrase il y a "son jambe" au lieu de "sa"; et il me semble qu'il faut choisir entre débuter/fermer un dialogue par des guillemets ou se restreindre aux tirets. Après le mot "interlocuteur", il vaut mieux en outre effectuer un saut de ligne, afin que le dialogue qui précède ait son propre paragraphe et aider à l'aération du texte (dont je ne suis moi-même pas spécialiste comme tu l'as peut-être constaté...).
Mon expression préférée (mais il y en a plein, c'est vraiment très riche, bravo): "son visage marqué par les affres du tourment".
Merci pour l'ajout PAL, et bon courage dans la poursuite de ce texte :)
Johanna
Posté le 04/07/2024
En effet, je fais souvent des fautes d'accord féminin/masculin. Merci de me l'avoir fait remarquer. Au moment d'écrire, j'ai eu un doute concernant l'utilisation des guillemets et des tirets. J'aurais dû vérifier avant de publier XD.
Merci pour le commentaire
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