En cet instant si particulier, je me remémore mes cours de français, ceux de mes premières années du secondaire. Je les adorais. Toutes ces histoires, des courtes aux longues, que la professeure nous poussait à décortiquer. Les opposants, les adjuvants, les défis et les exploits de tous ces personnages… ainsi que leurs échecs cuisants. J’ai en mémoire une pléthore d’histoires aux fins noires et déprimantes, gluantes ou même choquantes.
C’est comique, ces histoires, j’ai tendance à les ranger entre les années 1800 et 1900. Lorsque les vêtements des dames les corsetaient jusqu’au cou, séparant en deux hémisphères leurs corps menus au moyen de longs pointillés de boutons. Les hommes étaient élégants, même rapiécés et poussiéreux, parés de costumes redingotes aux multiples poches, couches et pièces de tissu qu’ils surmontaient d’un chapeau leur offrant l’allure d’un longiligne et gracieux point d’exclamation.
Et voici Luce qui s’égare…
Effectivement. De la réalité historique autant que de ma propre narration.
M’égarer en pensées… Dès l’enfance, j’ai pris goût à fuir la réalité. Ce que m’offrait mon imagination était si puissant, si grisant, si parfait. Je n’ai jamais cessé, même lorsque j’ai commencé à travailler, de transformer la réalité en quelque chose de plus coloré, de fantasmagorique. Chaque jour, je prenais le temps de plonger vers d’exotiques décors, où les objets étaient beaux, les vêtements originaux et les paysages spectaculaires. Avec, toujours, de légers soupçons de magie.
Le fantastique… Ma prédilection sismique. J’en reviens à ces anciens cours de français. Si je creuse dans mes archives, je retrouve ce souvenir où j’entends la voix cristalline de notre Madame D. prenant plaisir à le définir.
Madame D. Elle portait toujours de longues jupes plissées qui l’enveloppaient du haut des hanches jusqu’aux chevilles avec, par-dessus, des gilets cardigans. Je me souviens même de ses yeux turquoise et souriants, de sa bouche artificiellement rosée et de cette coiffure démodée, la même année après année. C’est étrange la nostalgie qui accompagne ce souvenir.
Le fantastique, disait-elle, c’est lorsqu’un élément irréel s’immisce et bouscule notre monde réel, transformant irrémédiablement la vie du héros ou de l’héroïne.
Presque toutes les histoires que nous avions analysées pour consolider cette règle sont à ranger dans le tiroir 1800 à 1900.
Mais moi, je suis une enfant du nouveau millénaire. Moi, j’ai droit à un autre tiroir.
Toutefois, songeant à tout cela, je m’interroge. Ai-je réellement été bouleversée par le fantastique ? En est-ce toujours lorsque c’est l’élément réel qui plonge au cœur de l’irréel ?
C’est ce qu’il m’est arrivé… Il y a bien des quatrains déjà.
Je marchais dans la rue. Un bus jaune mangue s’est arrêté. Et en quelques heures à peine, moi et dix-neuf autres passagers quittions le monde réel.
Soyez prévenus, ce récit, ma vie à partir de ce bus jusqu’à maintenant, se déroule ailleurs. Là-bas, être qualifiée d’Étrangère ou d’Étranger signifie que vous avez été moissonné.
Me reviennent les cris de cette foule traversée ce premier soir : Vive les vainqueurs de la Moisson !
Chance ? Malchance ? J’ai longtemps oscillé. Et en ce jour où je dois faire un choix, je réalise qu’il m’est encore bien difficile de trancher.
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- Cette histoire, son idée et son contenu, sont ma propriété et ma création exclusives, toute ressemblance avec un écrit déjà existant serait fortuite -
- Tous droits réservés -
2023
Sans originalité aucune, suite à la lecture des autres commentaires, je me sens tout de même obligée de souligner mon questionnement sur le point de vue de ce prologue. Était-ce une douce et poétique entrée en matière ou une préface concernant l'expérience de l'auteure ? La fin m'aiguilla dans la bonne direction après une foule de questions.
D'ores et déjà, je remarque et apprécie une plume fluide aux accents rythmés, de rimes ? La description des allures de la société du XIXe siècle est encore un point qui me séduit ; celle faite de ces messieurs qui rappelle sous votre plume un point d'exclamation notamment est une belle image qui me fait sourire.
Maintenant, quant au bus jaune mangue... la curiosité m'étreint quant à sa récolte.
L'idée de ce prologue est arrivée toute seule... Et je l'ai écrit sans chercher le moins du monde à jouer avec quoi que ce soit. C'est vraiment un hasard, ou un accident. ^^' Mais oui, c'est entortillé de mon vécu. Madame D. a été ma professeure. Et je me souviens ainsi de ces histoires fantastiques étudiées en début de secondaire. :p Imaginons seulement que c'est mon héroïne qui prend seule la plume et se questionne. Elle trouvera sa réponse à la fin du roman. ^^
Bon voyage en bus jaune mangue (si tu choisis d'en lire plus)^^ Merci pour ton retour :)
Je rejoins certaines Plumes sur l'ambiguïté entre auteurice/narrateurice. L'avantage, c'est que vu la fin, on comprend qu'il ne s'agit pas de ton autobiographie.
Que la Moisson commence !
Ca me fait bien plaisir de te voir par ici :)
Qui sait ! Dans une autre vie, peut-être était-ce moi... Ca expliquerait ma méfiance à l'encontre des bus jaune mangue. À méditer. :p
Premier jour sur ce site, premier texte que je choisis de lire, et le moins qu'on puisse dire c'est que tu places la barre haut ! Comme le disent les autres, le style est fluide, et surtout, on se demande qui parle et où est-ce que ce qu'elle raconte nous mène, et ça, c'est prenant d'entrée.
Ce n'est peut-être que moi, mais j'ai buté sur la transition vers la phrase "En est-ce toujours lorsque...". La phrase est complètement correcte syntaxiquement, et maintenant que je la relis elle passe tout seul, mais sur le coup mon cerveau a perdu le rythme. Peut-être parce que les phrases précédentes sont très rythmées, très ponctuées. Ou que je suis fatigué. Je signale au cas où.
Et j'ai hâte de me plonger dans la suite !
Bienvenue sur PA <3 Je suis chanceuse que tu passes par ici pour tes débuts :) Tu vas aussi poster tes écrits ?
Merci, je suis toujours heureuse (et surtout rassurée) quand on décrit ma plume de fluide. C'est très important pour moi. ^^'
Je prends note de ton retour :) Je le dépose dans mon fichier réécritures (pour quand j'y serai).
Tu verras que la suite n'est pas aussi "léchée". Ou certains bouts par-ci par-là ? En tout cas, si tu poursuis la lecture, j'espère qu'elle te plaira. :)
Au plaisir ^^
Bonnes découvertes à venir sur le site :)
Je posterai sûrement, mais le Pallenge sera la priorité des jours et semaines à venir :)
Comme d'autre, j'ai lu cela avec un petit sourcil levé de questionnement, ne sachant qui du personnage ou de l'auteur écrivait ses lignes, mais je dois avouer que c'était prenant !
Je vais de ce pas lire quelques chapitres pour me faire une idée plus en détail de cette mise en bouche prometteuse ♥
Môôôh <3 Et du coup, tu as tout lu d'un coup ; je suis tellement heureuse d'avoir pu offrir un moment lecture agréable - papillon de joie dans mon ventre ! J'ai pris un plaisir fou à lire tous tes retours. J'ai le temps d'écrire demain matin, je me sens gonflée à bloc pour boucler ma partie en cours <3 Merciiii ! ^^ Je vais te répondre par-ci par-là. :) Merci pour tous ces partages de ressentis, c'est tellement, mais tellement riche <3 ^^
Merci a toi ! Je voulais simplement te donner un peu de courage, car je sais que des fois, on doute et on se demande si ça vaut le coup x3 ❤️❤️
Trop bien ce prologue ! Comme Isa je me suis aussi demandé qui de l'auteur ou d'un personnage prenait ainsi la parole, c'est trop cool ce petit flou.
J'ai vraiment hâte de découvrir la suite en tout cas, ta plume est très agréable !
Heureuse de te voir par ici. :)
Petite anecdote : cette Madame D. que j'évoque a réellement été ma professeure de français en 1ère et 2ème secondaire (en France, ça correspondrait aux premières années du lycée ?). Je l'ai décrite telle qu'elle m'est demeurée dans mon souvenir. Mes premières entrées dans la compréhension fine de l'écrit. ^^ C'est véritablement très entremêlé dans ce prologue. Je pense que j'avais besoin de ça pour retrouver mon chemin dans l'écriture. ^^'
Au plaisir de te retrouver par ici. Si cela te dit, je peux passer par une de tes publications en remerciement pour le temps consacré à commenter ici. Dis-moi si cela t'intéresse. ^^
Mes petites mains frémissent et mes joues rougissent.
J'espère surtout que la suite te plaira.
J'aime beaucoup ce prologue car on se demande tout du long si c'est l'auteure ou le personnage qui s'y épanche. La fin donne la solution à cette question, mais pas après une légère désorientation. Parfait, ça commence bien !
J'aime aussi que tu donnes sans détour le début de l'histoire et que ce soit sous forme d'avertissement. C'est un procédé un peu... désuet, mais comme tu fait référence à la période 1800-1900, c'est parfait !
En tout cas ta plume est agréable, à la fois simple et riche, ça se lit tout seul.
Pour ce qui est de l'histoire, c'est évidemment un peu court pour se projeter, mais les ingrédients que tu laisses filtrer sont déjà bien intrigants.
Assez pour que je vienne voir la suite, en tout cas.
Détails :
"Lorsque les vêtements des dames les corsetaient jusqu’au cou, séparant en deux hémisphères leurs corps menus au moyen de longs pointillés de boutons. " : j'adore !
"Me reviennent les cris de cette foule traversée ce premier soir : Vive les vainqueurs de la Moisson !" : ça me fait penser à Hunger games, cette histoire de moisson, mais je sens que ce sera le seul point commun, non ?
A bientôt !
"C'est un procédé un peu... désuet," -> Ah bon ? L'ayant écrit comme cela m'est venu, tu m'apprends quelque chose. ^^
Assez pour que je vienne voir la suite, en tout cas. -> J'espère que la suite sera à la hauteur de cette attente.
Effectivement, ce ne sont pas les Hunger games ^^. J'avoue qu'après l'avoir écrit... le parallèle m'a mise mal à l'aise. Mais le terme moisson m'était venu si naturellement... J'ai choisi de le garder. On écrit en s'inspirant consciemment ou inconsciemment de nos lectures ; quelque part, ça vient peut-être de là. ^^ Même si cette moisson a une tout autre raison d'être.
Merci beaucoup, Isa, pour ce riche retour. <3
J'ai réellement commencé mon histoire par ce prologue. ^^' J'entends par là que je ne l'ai pas inventé par après. Je pense qu'il m'a servi de tremplin pour plonger dans le récit. Je suis restée un moment sans rien écrire. Il me fallait ça pour m'y remettre. Plonger. Mais en le publiant, j'ai vraiment eu la trouille qu'il ne donne pas envie à d'autres de m'y suivre. Heureuse qu'il t'ait plu. :)
J'espère que la suite sera à la hauteur de ton attente. ^^